Compte-rendu de lecture - Natalie Zemon Davis et Henri-Jean Martin sur "Publier à Lyon au XVIème siècle"


Élaboration, 2013

12 Pages, Note: 1,7


Extrait


Cette citation du poète et compositeur Fontaine met en évidence l'affairement qui a régné dans les ateliers d'imprimerie à Lyon au XVIème siècle, alors une ville qui était le pivot du marché du livre. Mon compte-rendu de lecture a pour but de comparer deux articles qui portent sur l'histoire de la publication des œuvres à Lyon, les différents acteurs qui y participent, ainsi que sur les personnages majeurs à l'époque, et les difficultés auxquelles ils étaient confrontés.

Dans un premier temps, je donnerai un aperçu de l'histoire de Lyon afin d'expliquer les raisons pour lesquelles la ville a acquiert une telle importance. Tant Natalie Zemon Davis que Henri-Jean Martin soulignent le rôle des foires, également mentionnées dans le poème ci-dessus, mais aussi l'étroite coopération professionnelle. Dans un deuxième temps, je parlerai donc des métiers qui sont liés à la production et la publication d'un livre. Ensuite seront présentés quelques personnages clé qui étaient partie prenante de la diffusion du texte imprimé, dont par exemple Guillaume Rouillé, Sébastien Gryphe, et Jean de Tournes. Puis, je parlerai des années du mécontentement qui se sont terminées par la grève des ouvriers. Tout au long de ce travail, je prendrai en considération les textes et enjeux évoqués pendant le cours.

Finalement, il y aura une brève conclusion, etj'indiquerai les sources quej'ai pu consulter.

L'histoire et l'importance de Lyon au XVIeme siècle

Dans les articles de Davis et Martin, trois arguments principaux sont invoqués qui visent à illustrer la situation spécifique lyonnaise. Premièrement, la confrontation avec l'imprimerie parisienne révèle ses points forts : malgré le manque d'une université et d'un Parlement qui pourraient lancer la demande de textes imprimés, il se trouve à Lyon des institutions religieux. De plus, contrairement à Paris, son domaine sont les textes en langue vernaculaire. La ville est « le troisième centre typographique européen » (Martin p. 210) où, quatre fois par an, ont lieu les foires de livre - la deuxième raison pour laquelle elle gagne en richesse et prestige. Pendant ces événements, il n'y avait ni barrières ni taxes à payer, non seulement afin de garantir le libre échange, mais également pour attirer les marchands étrangers. Fontaine, lui aussi, met en avance le commerce fluvial international qui est à la base d'une intense activité économique. Le dynamisme grâce aux étrangers et l'ouverture vers un marché de plus en plus mondialisé représente le troisième argument des auteurs. Le nombre des lecteur se multiplie, de façon que les vendeurs et aussi tous ceux qui participent à la réalisation des livres apprennent à s'adapter à ce nouveau public.

En s'interrogeant sur l'histoire de Lyon sous le point de vue de la publication, la transfor­mation de ces notions mêmes a été pris en compte pendant le cours, faisant partie du développement de l'imprimerie. Ainsi, nous avons noté les différentes sens que peut prendre les mots « publication » ou « public ».

Les acteurs et leurs tâches

« Par dessus tous austres artz, les Maistres et Compagnons [en l'imprimerie] ne sont ou ne doivent faire qu'un corps ensemble, estans comme d'une famille et fraternité » (Davis p. 275). En effet, la collaboration entre les parties prenantes est indispensable pour assurer un déroulement de production sans accroc. Je reviendrai sur ce point encore une fois quand je parlerai en détail de la procédure de l'impression.

Étant donné que les conditions de publication ont beaucoup changé, les acteurs concernés s'organisent ; ils ont leurs traditions, règles, et rites. Davis fait mention des apprentis qui, après quatre ans environ, entrent dans l'atelier et sont accueillis dans la collectivité par un grand banquet. En outre, il existe un syndicat, à savoir la compagnie des Griffarins, dont la tâche consiste à «pratiqu[er] l'entraide envers les compagnons ou leurs familles [...], et devait être chère à des hommes venus d'un peu partout et se sentant perdus dans une grande ville étrangère » (Parguez p. 71). Cependant, tandis que Davis ne prend en compte que les avantages et les acquis de cette organisation, Parguez lajuge de manière plus critique. En m'appuyant principalement sur l'article de Davis, je considérerai le rôle de la compagnie lors de la grève. Or, il est nécessaire de présenter en premier lieu les métiers ainsi que l'attitude des employés envers leur travail.

Quand nous avons analysé le poème de Fontaine en cours, on a vu que l'écrivain souligne la dimension mécanique du travail avec l'image des dents ; donc, le savoir-faire et l'application des gens sont valorisés. Dans ce qui suit, j'aimerais regarder de près quelques acteurs, débutant par les (marchands-)imprimeurs et les (marchands-)libraires.

Le plus d'informations sur ces métiers peut être trouvé dans l'article de Davis. Les marchands- libraires, vu que ce sont eux qui ont les moyens financiers pour payer les œuvres imprimées et qui conclurent les contrats, sont considérés comme « [l]es chefs de file de l'industrie du livre » (Davis p. 255). Ils symbolisent le « faire faire » par les maîtres-imprimeurs et les ouvriers, mais nombreux sont aussi ceux qui participent activement à l'édition. Néanmoins, ils sont parfois dépeint comme des avares incompétents par ceux qui leur envient le succès économique. On leur reproche de vendre les livres à un prix exagéré, d'où leur fortune considérable. Or, les marchands-libraires sont également obligés d'assumer une grande responsabilité, et de faire face aux problèmes qui s'interposent, par exemple en ce qui concerne l'acquisition du capital, la création des relations, ou la procuration des manuscrits. Une autre question est celle de la diffusion : quelle stratégie de publication faut-il adopter pour obtenir les meilleures chiffres de vente ? Il importe de réfléchir à plusieurs choses, telles que les commodités de fabrication, les réseaux de communication, l'adaptation à la diversité des marchés, du public et des langues,... .

En outre, Davis compare les marchands-libraires avec les marchands-imprimeurs : ceux-ci doivent également penser aux stratégies et à la présentation de leurs publications. Bien que tous n'en aient pas les mêmes, ils ont des idées communes, comme la fierté de leur travail. Pourtant, il gagnent moins d'argent que les marchands-libraires qui, naturellement, sont capables d'investir beaucoup plus de temps et d'argent. Pour cette raison, ils peuvent bien s'en sortir pendant les saisons creuses, alors que les marchands-imprimeurs souffrent pendant les temps d'inactivité.

L'article de Parguez aborde brièvement le métier du libraire, selon l'auteur de vrais « hommes d'affaires » (p. 66) qui ne se bornent pas au domaine de l'imprimerie, mais investissent aussi ailleurs. Une autre réflexion sur les finances concerne l'achat du papier, un matériau extrêmement cher à l'époque : ne pas voulant supporter les frais tous seuls, ils se mettent avec des autres libraires et produisent une édition partagée. On comprend qu'un imprimeur-libraire doive prendre des décisions qui peuvent avoir des corollaires de longue portée. Voilà pourquoi les faillites sont nombreuses - il s'agit de « publish or perish ».

La procédure de l'impression

Dans le manuel « Orthotypographia », œuvre de Jérôme Hornschuch parue en 1608, il se trouve une image sur laquelle sont représentés tous les employés d'un atelier d'imprimerie afin de montrer toutes les étapes de la production d'un livre. En plus, l'auteur met en exergue qu'il s'agit plutôt d'une structure familiale que hiérarchique. Ainsi, cette image fait référence à la collaboration des acteurs dontj'ai déjà parlé, et qui est un aspect essentiel de la production du livre. De nouveau, c'est l'article de Davis qui explique les étapes consécutives : le premier maillon de la chaîne de production sont les marchands-libraires qui fournissent le papier qui vient soit des papetiers lyonnais (dont Rollet

Viard qui possède deux moulins ; ou Simon Gault qui, lui aussi, se trouve dans une bonne situation financière), soit des fabricants venant d'autres villes. Deuxièmement, il faut choisir un type de caractères convenable. Ce sujet est traité en détail chez Martin dont l'article s'ouvre en parlant des innovations orthotyographiques qui ont souvent été vues d'un œil critique. Un peu plus loin dans son article, il est question du Catalogus gloriae mundi de 1527, imprimé en caractères gothiques que l'on a cherchés à rendre plus lisibles. Aussi en ce qui concerne la structure du livre, on prend soin de se faire comprendre, alors que l'éloquence n'est que secondaire. En ce sens, l'auteur s'oppose aux « humanistes amateurs de beau langage » (p. 216). Nombre de marchands-libraires conservent l'écriture gothique, mais utilisent en même temps la technique de la glose afin de présenter aux lecteurs une œuvre attractive.

La troisième étape de la procédure est l'impression elle même ; le travail est exécuté par trois acteurs principaux, le compositeur, l'encreur et le pressier. Pendant le cours, nous avons regardé quelques illustrations qui les montrent ensemble, travaillant en étroite collaboration. Ils s'enorgueillissent de leur métier et qualifient l'imprimerie d'art divin. Cependant, il ne faut pas oublier la dimension mécanique que j'ai déjà mise en avant : « l'atelier d'imprimeur avec ses encres salissantes et ses presses bruyantes », comme le dit Davis (p. 259).

Une fois les livres produit, ils doivent être divulgués. Maintenant, les marchands entrent en jeu, et à l'aide de leurs moyens financiers dont ils disposent, les textes sont commercialisés.

Présentation de personnages

Guillaume Rouillé

A l'instar de l'éditeur et libraire Guillaume Rouillé (v. 1518-1589), Davis montre le déroulement d'une carrière extraordinaire. Celui-là a travaillé avec Gabriele Giolito, éditeur vénitien, avant de marier une fille dont le père était un marchand-libraire. Ses affaires n'allaient certes plus bien, mais Rouillé a pu profiter de ses relations. En outre, son cousin et un officier l'ont aidé financièrement, de sorte que le nombre de ses publications a augmenté sans cesse.

Cependant, avoir de l'argent n'est pas tout ce qui compte : il faut également être rusé, inventif, et avoir une bonne stratégie. Rouillé s'est rendu compte du fait qu'il était primordial de répondre aux besoins de ses lecteurs ; d'où le choix du format sextodecimo qui est très pratique, parce que facile à transporter. Il a également pensé aux étudiants de médecine pour lesquels il a imprimé de nouvelles traductions qui ont été commentées par des médecins contemporains.

[...]

Fin de l'extrait de 12 pages

Résumé des informations

Titre
Compte-rendu de lecture - Natalie Zemon Davis et Henri-Jean Martin sur "Publier à Lyon au XVIème siècle"
Note
1,7
Auteur
Année
2013
Pages
12
N° de catalogue
V231872
ISBN (ebook)
9783656487203
ISBN (Livre)
9783656492658
Taille d'un fichier
440 KB
Langue
français
Mots clés
compte-rendu, natalie, zemon, davis, henri-jean, martin, publier, lyon, xvième
Citation du texte
Manü Mohr (Auteur), 2013, Compte-rendu de lecture - Natalie Zemon Davis et Henri-Jean Martin sur "Publier à Lyon au XVIème siècle", Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/231872

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