Compte Rendu de "Cing méditations sur la beauté" de François Cheng


Essai, 2007

7 Pages, Note: B


Extrait

Cing méditations sur la beauté, de François Cheng, est né tout d’abord d’une série de réunions publiques puis reprises et réécrites dans cet ouvrage. C’est une réflexion sur la beauté développée par rapport à une autre réalité du monde, celle du mal à qui elle fait face. Dans cet ouvrage, Cheng nous rappele ce qui signifie la beauté comme expérience et nous explique que chacun peut faire l’expérience de la beauté. Il explique d’une manière claire et consice que la beauté est omniprésente et qu’elle est fondée sur l’idée de la bonté. Il met au clair aussi que la beauté est liée à cette idée de l’unicité de l’instant ou en d’autres termes, à la mortalité de l’homme. Cet ouvrage de Cheng m’a impressionné etje n’ai pas eu du mal à me concentrer sur cette réflexion. A mon avis, c’est une écriture très poétique et l’affirmation de l’auteur qu’il est possibile de connaître la beauté infinie dans un monde souvent laid et chaotique m’a invité à y entrer totalement.

Cheng nous apprend dans le plus simple des façons que la vraie beauté est désintéressée et gratuite. Elle est fondée sur la bonté et c’est les bons sentiments tels que la justice, la générosité, la dignité humaine et la responsabilité qui nourrit la beauté et lui donnent une qualité spirituelle et fraternelle.[1]Il qu’il existe un rapport étroit et universel entre la beauté et la culture et qu’il faut revenir à la bonté. C’est la bonté qui est la vraie beauté de la vie humaine et c’est elle qui nous mène vers la vie ouverte d’où engendre les autres vertus liées à la bonté, telles que : la sympathie, empathie, solidarité, compassion et miséricorde qui impliquent que la vie humaine et l’univers et un immense don. Pour Cheng, la vraie beauté est partout dans l’univers de l’homme et nous pouvons la perçevoir parmi les êtres dans le désir et dans l’élan vers l’autre. Elle surgit de l’intérieur et « l’état suprême de la beauté est la grâce »[2]et « dans le mot grâce on entend celui de bonté »[3]et c’est ce don qui nous permet de faire face au mal. Et, Cheng nous convainc que ce qui rend la grâce encore plus belle est cette idée de l’unicité de l’instant des moments précieux entre les êtres. Tous ces beaux moments dans la vie qui ne durent que pendant un instant et qui nous rappellent la fragilité de la condition de l’univers engendrent une nostalgie d’un moment perdu et un autre à venir. Par exemple, Cheng précise :

« Chaque être étant unique, chacun de ses instants étant unique, sa beauté réside dans son élan instantané vers la beauté, sans cesse renouvelé, et chaque fois comme neuf. »[4]

Pour lui, l’unicité des êtres rend la beauté encore plus possible dans un univers qui est déjà beau.

Cheng arrive aussi à mettre au clair qu’un sens universel de la beauté peut se voir d’une manière très basique dans la nature qui est perçue avec la même émotion par tout les êtres. Pour lui, un Chinois transplanté dans la culture de l’Occident, la nature se révèle comme un don universel dans lequel l’essence de la transfiguration relève la vraie beauté jusqu’au sens divin. Dans la nature comme « mosaïque chargée de sens et de symboles on y retrouve des éléments conceptuels, des attitudes, des valeurs, des images mentales, des connotations, des associations »[5]qui peuvent servir à nous démontrer toutes les possibilités de nous transformer et de mieux saisir que la vraie beauté se retrouve dans l’unicité de la bonté où tout renaît avec chaque nouveau geste. Pour Cheng, cette persepctive sur la qualité éphémère de la beauté est primordiale et ceci porte sur l’opposition entre la vie et la mort qui donne à la vraie beauté une essence spirituelle. Tout comme la vie et la mort sont en symbiose, l’esprit de l’univers et l’esprit de l’homme sont intrinsèquement liés et nous devons nous considérer comme partie inhérente de l’univers en participant à sa création à travers la bonté.[6]A propos de l’univers, Cheng ajoute :

« Si nous revenons au thème de la beauté, nous pouvons dire que dans la durée qui habite une conscience, la beauté attire la beauté, en ce sens qu’une expérience de beauté rappelle d’autres expériences de beauté précédemment vécues, dans le même temps, appelle aussi d’autres expériences de beauté à venir. Plus l’expérience de beauté est intense, plus le caractère poignant de sa brièveté engendre le désir de renouveler l’expérience. »[7]Selon Cheng, ce qui est important de noter est que l’univers est une extension de nous-mêmes et le grand thème des débuts et terminaisons est significatif dans le sens qu’il lie l’homme à l’espérance et à la connaissance d’être avec le monde.[8]Inspiré par la tradition chinoise, il croit que la nature est un espace sacré dans le sens qu’elle est représentative de la continuité de la vie de l’homme et le splendeur de ses débuts et terminaisons deviennent le paysage intérieur de l’homme.[9]Ensuite, Cheng souligne que la vraie beauté est aussi liée à l’amour.

Pour lui, l’état suprême de la beauté est l’amour qui permet à l’homme de s’épanouir comme une ouverture de l’âme. L’amour nous permet de surmonter les obstacles et incertitudes de la vie humaine dans la reconnaissance de l’autre ou à travers la construction de la bonté-beauté intérieure qui se développe dans l’amour et qui dépasse la beauté physique ou extérieur. En d’autres termes, l’amour relève la force de l’esprit humain dans lequel la bonté nous dépasse et nous permet de reconnaître l’unité de l’homme et l’univers. Par exemple, Cheng déclare :

« C’est bien d’âme à âme, et non corps à corps, qu’une communion totale peu s’accomplir. Tout se passe comme si le monde physique voulait nous initier et former la beauté en montrant qu’elle est; en nous signifiant en outre qu’elle est extensible et transformable, qu’à partir de la beauté formelle d’autres harmoniques, d’autres résonances, d’autres transfigurations sont possibles. »[10]

Cheng nous démontre d’une manière poignante qu’il est grâce à la hauteur spirituelle de l’amour que nous arrivons à comprendre ce qui est le beau, le bien et le vrai. Selon lui, la croissance spirituelle de l’amour qui se développe dans l’intérieur de l’homme signifie l’univers qui est « beau ». L’univers comme espace physique dans lequel la vie se déroule nous permet d’expérience l’union de l’âme à son corps à travers les sens qui communiquent une relation encore plus forte avec le monde extérieur et ses composants.[11]C’est dans le monde extérieur que l’homme cherche son origine et à se définir dans différents champs de connaissance inspirés par l’univers, en particulier la nature d’où surgit le « vrai ». C’est en découvrant les vérités de son existence telles que le mal que l’esprit acquiert la personnalité et commence à prendre conscience du pouvoir de la transfiguration qui est visible dans la vraie beauté ou la bonté-beauté.[12]De plus, c’est la grâce inspirée par l’amour qui le mène vers l’état suprême de l’être ou le « bien » qui est la hauteur spirituelle de la beauté.[13]Mais Cheng ne s’arrête pas ici, il nous éclaire sur la possibilité de conquérir cette chose en soi, l’âme.

Poussé par la pensée de la culture asiatique, Cheng arrive à nous révéler que c’est la force de cette chose en soi qui nourrit l’imagination de l’homme et que l’union des deux facultés lui permet de conquérir l’esprit en le relevant jusqu’au sens divin.[14]Cheng soulève un argument convaincant que la conquête de l’âme est atteint par la forme la plus élevée de l’appréciation esthétique ce qui est l’art. Selon lui, l’objet d’art permet à l’homme une expérience de transcendance à travers la connaissance et reconstruction de la nature et la genèse comme celle du créator.[15]Cheng affirme :

« la vraie beauté - celle qui advient et se révèle, qui en est apparaître-là touchant soudain l’âme de celui qui la capte - résulte de la rencontre de deux êtres, ou de l’esprit humain avec l’univers vivant. »[16]

Pour Cheng, la nature reproduite en art n’est pas seulement une représentation mentale du beau. Il implique une dynamique entre l’homme et le monde qui l’entoure et qui lui permet de devenir acteur dans la création de son univers donnant vie à son expérience du beau, du vrai et du bien. Le processus de création dans les beaux-arts met l’homme en contact avec cette partie de lui-même qui dépasse le corps pour créer une nouvelle perspective de l’univers et « une nouvelle pensée de la forme qui renvoie à l’inconscient le plus profond de l’humanité. »[17]L’interaction entre l’homme et le processus de création est un don qui permet à lui de soigner la souffrance du mal en dégageant la beauté de l’univers à travers ses représentations mentales de la bonté-beauté et son désir de « créer pour comprendre. »[18]Pour l’homme, l’art devient un espace dans lequel il s’engage dans le processus de réaliser ses passions et de trouver une expérience de liberté à travers le contact intime avec cette chose en soi d’où surgit la vraie beauté.

Dans l’ensemble, Cheng arrive à nous offre une très belle réflexion sur la beauté. Il me semble que c’est l’importance qu’il porte à la nature qui fait naître ses perspectives qui paraissent dans cette réflexion. Cheng nous fait croire qu’il y a quelque chose de mystérieux en nous-mêmes que nous ne pouvons saisir les limites ni arriver à comprendre totalement son intensité. De plus, le message fondamentale que Cheng nous donne est que c’est la beauté de l’amour qui fait naissance à la bonté- beauté dans laquelle se retrouve le pouvoir de changer le monde et de surmonter le mal avec chaque nouvel instant. De plus, l’expérience du soi à travers le beau et les sensations, les émotions et la faculté de connaître et de comprendre que le mal se termine point mais que l’amour et la beauté existe dans l’infini donne à l’humanité l’espérance de continuité, ce qui est la conquête ultime. Finalement, il semble que Cheng nous suggère qu’un monde d’équité et de la fraternité existe hors de l’absurdité devant laquelle nous nous trouvons dans la vie quotidienne. C’est en se rendant compte des aspects de la bonté-beauté de la condition humaine que l’homme retrouve en lui la force de combattre le mal de la vie quotidienne ainsi que le désir de remettre de la cohérence dans son univers.

Bibliographie

BARBERY, Stéphane. L'imagination chezKant, <http://www.barbery.net/phil/imho/imagination- kant.htm>. 1994. 70p.

BILLOT, Fr. Benoît. « La beauté sauvera le monde : Qu'il n'est de beauté sans bonté... » Dans La Maison de Tobie, № 50, 15 septembre 2007. <http://lamaisondetobie.com/index.php?

page=activites&act=85>

Conférence de Monsieur François Cheng, de l’Académie française au Colloque de l'Association

éducative dominicaine à la Colle-sur-Loup (Alpes Maritimes), le 6 mai 2005. Publié dans la Revue du Rosaire, n° 175,janvier 2006. <http://biblio.domuni.org/articleshum/delabeaute/>

COUSINEAU, François. Mémoire de maîtrise, « Architectonie: espace sacré », Université du Québec à Chicoutimi, 1995, 75p.

DAVID, Catherine. Un maître, une civilisation, Dans Le Nouvel Observateur, No2126, 04 août 2005. <http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2126/articles/a273912-la_chine.html>

DUMAS, Denis. L'esthétique environnementale d'Allen Carlson. Cognitivisme et appréciation esthétique de la nature. Trois-Rivières, Université du Québec à Trois-Rivières, Revue candienne d’esthétique, « http://www.uqtr.ca/AE/Vol_6/Carlson/dumas.html », automne 2001, vol 6, 14p.

GAGNON, Renée. Mémoire de maîtrise, « La mise en scène du corps en arts visuels dans une perspective transdisciplinaire en peinture », Université du Québec à Chicoutimi,1995, 62p.

MICHEL, Albin. Cing méditations sur la beauté, Paris, Editions Albin Michel, 2006, 161p.

PARTOUNE, Christine. La dynamique du concept depaysage, Université de Liège, 2004, Revue Education Formation, no 275, 23p.

SAINT-AMANT, Ginette. Mémoire de maîtrise, « Une méditation sur le temps /pour une espace poétique », Université du Québec à Chicoutimi, 91p.

TOUVINEN, Tapani. Doctoral Dissertation, The Burial Cairns and theLandscape in theArchipelago of Âboland, SW Finland, in the Bronze Age and the Iron Age, Linnanmaa, Oulu University, 2002, 317p.

[...]


[1] Conférence de Monsieur François Cheng, de l’Académie française au Colloque de l’Association éducative dominicaine à la Colle-sur-Loup (Alpes Maritimes), le 6 mai 2005. Publié dans la Revue du Rosaire, n° 175,janvier 2006. <http://biblio.domuni.org/articleshum/delabeaute/>

[2]BILLOT, Fr. Benoît. « La beauté sauvera le monde : Qu'il n'est de beauté sans bonté... » Dans La Maison de Tobie, № 50, 15 septembre2007. <http://lamaisondetobie.com/index.php?page=activites&act=85>

[3]Ibid.

[4] MICHEL, Albin. Cing méditations sur la beauté. Paris, Éditions Albin Michel, 2006, p26.

[5] PARTOUNE, Christine. La dynamique du concept depaysage, Université de Liège, 2004, Revue Éducation Formation, no 275, p2.

[6] DAVID, Catherine. Un maître, une civilisation, Dans Le Nouvel Observateur, №2126, 04 août 2005. <http://hebdo.nouvelobs.com/hebdo/parution/p2126/articles/a273912-la_chine.html>

[7] MICHEL, Albin. Cine méditations sur la beauté. Paris, Éditions Albin Michel, 2006, p51.

[8] COUSINEAU, François. Mémoire de maîtrise, « Architectonie: espace sacré », Université du Québec à Chicoutimi, 1995, p6.

[9] TOUVINEN, Tapani. Doctoral Dissertation, The Burial Cairns and the Landscape in the Archipelago ofÂboland, SW Finland, in the Bronze Age and the Iron Age, Linnanmaa, Oulu University, 2002, pp67-74.

[10]MICHEL, Albin. Cine méditations sur la beauté, Paris, Éditions Albin Michel, 2006, p66.

[11]SAINT-AMANT, Ginette. Mémoire de maîtrise, « Une méditation sur le temps /pour une espacepoétique », Université du Québec à Chicoutimi, p8.

[12]Ibid.

[13]MICHEL, Albin. Cine méditations sur la beauté, Paris, Editions Albin Michel, 2006, p73.

[14]BARBERY, Stéphane. L’imagination chez Kant, <http://www.barbery.net/phil/imho/imagination-kant.htm>, 1994, pp50-53.

[15]DUMAS, Denis. L'esthétique environnementale d'Allen Carlson. Cognitivisme et appréciation esthétique de la nature. Trois-Rivières, Université du Québec à Trois-Rivières, Revue candienne d’esthétique, « http://www.uqtr.ca/ AE/Vol_6/Carlson/dumas.html », automne 2001, vol 6, p3.

[16]MICHEL, Albin. Cing méditations sur la beauté, Paris, Editions Albin Michel, 2006, p146.

[17] SAINT-AMANT, Ginette. Mémoire de maîtrise, « Une méditation sur le temps /pour une espacepoétique », Université du Québec à Chicoutimi, p19.

[18]GAGNON, Renée. Mémoire de maîtrise, « La mise en scène du corps en arts visuels dans une perspective transdisciplinaire en peinture », Université du Québec à Chicoutimi,1995, p33. 6

Fin de l'extrait de 7 pages

Résumé des informations

Titre
Compte Rendu de "Cing méditations sur la beauté" de François Cheng
Université
York University  (Department of French Studies)
Cours
L'Esthétique et La Poétique FREN 5237
Note
B
Auteur
Année
2007
Pages
7
N° de catalogue
V270767
ISBN (ebook)
9783656623915
ISBN (Livre)
9783656623908
Taille d'un fichier
386 KB
Langue
Français
Mots clés
French, François Cheng, Compte Rendu, Summarization, Litérature, Études Littéraires, Essay, Essai, Review
Citation du texte
Brian Burke (Auteur), 2007, Compte Rendu de "Cing méditations sur la beauté" de François Cheng, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/270767

Commentaires

  • Pas encore de commentaires.
Lire l'ebook
Titre: Compte Rendu de "Cing méditations sur la beauté" de François Cheng



Télécharger textes

Votre devoir / mémoire:

- Publication en tant qu'eBook et livre
- Honoraires élevés sur les ventes
- Pour vous complètement gratuit - avec ISBN
- Cela dure que 5 minutes
- Chaque œuvre trouve des lecteurs

Devenir un auteur