Classicisme
La notion d’auteur classique ne s’est précisée en France peu à peu qu’au cours du XVIIIe siècle, alors que les écrivains du XVIIe siècle apparaissaient à la no uvelle génération littéraire
comme des modèles, tant pour la pureté de la langue que pour la perfection de l’art, et que l’on commençait à ce titre à les étudier dans les classes des collèges. Mais ce sont les polémiques romantiques qui ont achevé de dégager avec netteté les traits caractéristiques du classicisme.
Au sens strict, le terme de classique s’applique à la génération des écrivains dont les oeuvres commencent à paraître autour de 1660 : La Fontaine, Molière, Boileau, Racine. Sans former à proprement parler une école groupée autour d’un manifeste, ils sont unis par une communauté de goûts et de principes : imitation des Anciens, souci de vérité et de naturel, aversion pour le singulier ou l’exceptionnel (d’où élimination du lyrisme personnel), intérêt presque exclusif pour l’analyse morale, discipline de l’imagination et de la sensibilité par la raison, libre soumission aux règles qui régissent les différents genres, recherche de la clarté et de
l’harmonie. C’est la doctrine que Boileau finira par exposer dans son Art poétique (1674), et qui, peu à peu élaborée depuis Malherbe, a plus ou moins régi toute la littérature du siècle
jusqu’à La Bruyère et Fénelon, sauf quelques irréguliers, et compte tenu des nuances introduites par les tempéraments divers. Aussi désigne-t-on souvent aujourd’hui du terme de classiques tous nos écrivains du XVIIe siècle, et aussi ceux des écrivains du XVIIIe siècle qui, comme Voltaire, ont affirmé leur attachement à l’idéal littéraire du siècle de Louis XIV, sans parfois égaler (=gleichsetzen, jdm. Gleichkommen) les maîtres qu’ils s’étaient donnés comme modèles.
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I. Présentation générale du mouvement littéraire
Les mouvements littéraires du XVIIème siècle sont le baroque, la préciosité et le classicisme, dont ce-dernier est le mouvement majeur de cette époque.
1. Le classicisme (1660 – 1700)
Etymologie :
Le terme classicisme dérive du terme latin « classicus », qui à l’époque désignât une catégorie sociale. Servius Tullius, roi de Rome, remania les institutions de l’Etat et créa cinq classes sociales de citoyens, suivant leur fortune : l’expression classici ciues désignerait « les citoyens de la première classe », « l’élite » ; d’où les expressions comme classici scriptores, « les écrivain de premier ordre ».
Le français à retenu l'idée de qualité, d'excellence. Au XVIIe siècle, ce terme désigne les auteurs antiques, latins particulièrement, dignes d'être enseignés dans les écoles. Ce n'est en fait qu'au début du XIXe siècle que les premiers écrivains du Moi donnent à ce mot son sens moderne, en l'opposant au romantisme naissant.
2. Etude sémantique
- Ensemble des théories et règles propres aux grandes œuvres littéraires et artistique de l’Antiquité et du XVIIe siècle.
- Dans la littérature et dans l’art, doctrine des partisans des écrivains de l’antiquité et du XVIIe siècle ou de leurs imitateurs.
3. Equivalents linguistiques
Allemand : Sens1, Klassik. Die deutsche Klassik: Bewegung von etwa 1786 bis 1805. Il est à noter que le classicisme allemand recouvre une courte période de 1786 (voyage en Italie de Goethe) à 1805 (mort de Schiller).
Sens 2, Klassizismus, antikisierender Kunststil.
Le besoin général de codifier et normaliser
Le XVIe siècle et les précieux[1] avaient cherché à enrichir leur vocabulaire. A La fin du XVIIe siècle on va maintenant chercher à établir la liste officielle des mots. Le premier dictionnaire paraît en 1694, accompagné d'un précis grammatical. La langue française est ainsi normalisée. En littérature, on s'attache à différencier les genres : farce, comédie, drame, tragédie ; roman et nouvelle.
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[1] Les précieuse: femmes qui adoptèrent au XVIIe siècle une attitude nouvelle et raffinée envers les sentiments et un langage recherché.