"El mundo es ancho y ajeno". La vision du monde andin au 20e siècle


Hausarbeit (Hauptseminar), 2004

23 Seiten, Note: 1,5


Leseprobe


TABLE DES MATIÉRES

1. Avant-propos : les sources de la vision du monde
1.1. Le problème de la littérature indigeniste comme source
1.2. Alegria et la culture andine

2. Le roman ‘El Mundo es ancho y ajeno’
2.1. Le contexte historique- à la charnière entre deux visions du monde
2.2. Résumée
2.3. Réalité et fiction - le contexte historique de l’œuvre

3. La vision du monde
3.1. « Hijos de la tierra » - espace, temps et dieux dans les Andes
3.1. 1. Un monde dualiste
3.1. 2. L’espace
3.1. 3. Le temps
3.1. 4. Vénération des dieux andins
3.2. « ¡Tierra, dulce madre abatida ! » - le bouleversement
3.2. 1. Le syncrétisme
3.2. 2. Doutes
3.2. 3. Le déclin de la croyance indigène
3.3. « ¿Adónde ? ¿Adónde ? » - un nouveau regard

Bibliographie

1. Avant-propos : les sources de la vision du monde

Martin Lienhard distingue deux catégories de sources qui constituent deux visions différentes du monde andin[1]:

D’un côté il y a les récits mythiques qui témoignent de l’origine et de l’évolution du monde de manière traditionelle. Ils sont rarement pénétrés par des éléments hispaniques, crétiens voire contemporains.

De l’autre côté il y a les récitations ou chants rituels qui mettent l’accent sur la future et proposent des mesures de lutte contre l’opression et pour l’autonomie culturelle. Pour Lienhard cette différence s’explique facilement par la nature de la médiation :

Es ist offensichtlich, dass der Tanz, gemeinsame und öffentliche Kunstform par excellence, zur Mobilisierung der Bevölkerung ein geeigneteres Mittel darstellt als die Erzählung. Es erstaunt daher nicht, dass die solchen Riten eingegliederten Gesänge zu einer dynamischeren und aktiveren Handhabung der Geschichte neigen.[2]

Au-delà il remarque que cette différence temoigne de la transition entre l’époque des ‘vieux’ (les médiateurs des mythes) qui s’éteind, et la nouvelle génération (dont font parti les créateurs des danses historiques) qui a abandonné quelques éléments de la vie traditionelle et qui agit contre l’isolation par la politique et des syndicats.[3]

Une troisième source excellente pour déterminer la vision du monde andine serait à mon avis la littérature écrite des indigènes. Hélas elle se fait encore rare et souvent elle n’est pas traduit en espagnol. Au lieu de cela, je voudrais – sous réserve - ajouter la littérature indigéniste comme source ultérieure d’analyse.

Selon Esteban la littérature indigéniste est une variante de la littérature régionaliste[4]. Outre que les romans du 19e siècle ayant pour sujet l’indigène, elle n’est ni costumbriste ni exotiste. Au contraire il est marqué par l’ « approfondissement des racines américaines, une analyse d’un territoire donné et de l’état des choses qui le caractérise ». La littérature régionaliste est considerée comme une littérature ‘authentique’ d’Amérique Latine qui se démarque de tous qui est européen ou angloaméricain en se concentrant sur les Amérindiens (et les Afro-Américains). Grâce à elle une grande publique était confronté à la vie et l’identité des indigènes qui jusqu’à ce moment-là était inconnu aux élites citadins.

Comme le terme ‘régionalime’ laisse entrevoir, ce mouvement littéraire est construite autour de l’opposition ville/campagne.

La littérature indigéniste confond cet dichotomie avec la « confrontation particulière entre civilisation et barbarie »[5], mais inversée : Les autochtones apparaissent comme civilisés par rapport aux étrangers qui se comportent de manière barbare, comme Julio Ramón Ribeyro (*1929) le problematise dans un de ses essais de la collection ‘Prosas apátridas’ (1975) :

Les seules personnes civilisées de la plage d’Albufeyra sont ces paysans […] à contempler en silence, avec hauteur et non sans une indulgente sagesse les touristes […] qui sont maintenant vautrés dans le sable à lire Die Welt, The Times, Le Monde, en intruisant, sans le savoir, dans ce paradis sublime, les premiers signes de la barbarie.

Mais qu’est-ce qui est plus précisement la littérature indigéniste et où sont ses limites ? Luis Alberto Reyes fait remarquer que le fait que des indigènes figurent dans un texte n’en fait pas automatiquement un texte ‘indigéniste’ :

El tema indígena no es, por sí, indigenismo. […] Nos damos en [la literatura] por un lado con el indígena tratado como personaje literario en el romanticismo y modernismo, como objeto exótico ambiguamente perteneciente a los ámbitos de la fantasía y de la realidad. Terrible o dulce, siempre interesante por extraño o pintoresco. Por otro lado nos encontramos con la literatura propiamente indigenista, en que se denuncian los ataques de ayer y hoy a los pueblos indígenas y se reivindica autonomía espiritual, política, económica, cultural.

Plus nettement encore Carlos Villanes, éditeur du roman d’ Alegría, distingue les différents courants littéraires en Amérique Latine qui ont pour sujet l’indigène mais qui ne sont pas tous « indigéniste » :

Au 19e siècle Rousseau a crée le terme du ‘noble sauvage’ qui en vient au fait avec une idée qui existe déjà depuis ‘Alzire’ (1736) de Voltaire (1694 – 1778) et continuera jusqu'à ‘Hablador’ de Vargas Llosa (* 1938) : Dans cette littérature ‘indianiste’ l’indigène est vu comme élement exotique et décoratif.

Au délà Villanes fait la distinction entre indigenisme et néo-indigénisme. Ce premier existe “si el universo creado asume desde la literariedad el auscultamiento y presentación de los diversos matices del indio como elemento afectado por la cultura del blanco y por lo tanto expuesto al modo de vida material y espiritual de occidente”. Cette vision des autochthones comme des êtres assimilés et dépendants est remplacée par une tendance néo-indigéniste qui insiste sur l’autonomie culturelle des amérindiens. Villanes définit le néo-indigénisme comme « manifestación del indio desde su perspectiva y cultura a través de la palabra, por lo común oral » qui tâche de « [descubrir], [valorar] y [asumar] la defensa del hombre andino ». Comme idéal la littérature néo-indigéniste viserait alors que c’est l’indigène qui lui même prend la plume pour se libérer.

De fait le roman de Alegría fait parti au réalisme indigéniste qui est situé entre l’indigénisme et le néoindigénisme.

1.1. Le problème de la littérature indigeniste comme source

Beaucoup de scientistes de la littérature latinoaméricaine font comme Villanes remarquer que « la contradicción del indigenismo es que casi siempre un mestizo o un blanco hablan en nombre del indio ». Dans son essai sur cette littérature Sabine Hartmuth critique le positivisme des écrivains blancs qui essaient de s’approprier la réalité indigène. Pour elle leur accès est toujours problématique, parce qu’ il est indirect : « La historia del indio en América, si es que existe, es unilateral y manipulada, hecha al margen de ellos, es decir, una seudohistoria revelado por otros, falsificada con buenas o malas intenciones. […] En una palabra : los autores no-indios tienen que reflejar en sus obras una realidad en gran parte desconocida, que perciben y valoran con los esquemas de su propia realidad, de su cultura. »[6] . Est-ce qu’il faut de même reprocher cet ignorance et positivisme à Alegría ? Est-ce qu’il avait l’ accès intellectuel à la vie autochthone des Andes ? Est-ce qu’on peut en fait se confier à son roman comme source de la vision du monde indigène ?

1.2. Alegria et la culture andine

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Le point de vue adopté de la narration laisse entrevoir beaucoup. Au fait le narrateur dans le roman ‘raza de bronze’ (1919) de Alcides Algüedas (1879 – 1946) rapporte sur la vie des indigènes d’un point de vue omnicient et se soumet ainsi verbalement toute une culture même inconnue par l’auteur.

Par contre le narrateur est une des raisons pourqoui j’ai choisi l’œuvre de Ciró Alegria (1909 – 1967). Au contraire d’Alguedas et beaucoup d’autres ‘indigenistes’ il est né dans les Andes, sur une hacienda à Quilca. Comme son père et son grand-père soutenaient les indigènes, Alegría est dès son enfance en contact avec la terre et les paysans dont il tire ses connaissance sur le monde indigène. Dans le prologue de la 10e édition du roman il se souvient de son enfance dans le monde andin :

Nací en una hacienda, crecí en otra-ambas pertenecientes a la provincia de Huamachuco, en los Andes del norte del Perú-, y desde niño hube de andar largos caminos para ir a la escuela y el colegio, situados en la ciudad andina de Cajabamba y en la costeña de Trujillo. Así me llené los ojos de panoramas y conocí al pueblo de mi patria. Mujeres de la raza milenaria me acunaron en sus brazos y ayudaron a andar ; con niños indios jugué de pequeño ; siendo mayor alterné con peones indios y cholos en las faenas agrarias y rodeos. En brazos de una muchacha trigueña me alboreó el amor como una amanecida quechua. Y en la aspera tierra de surcos abiertos bajo mis pies y retadoras montañas alzadas frente a mi frente, aprendí la afirmativa ley del hombre andino. [7]

L’œuvre de Alegría ne s’inspire pas seulement de ce qu’il a vécu en tant que membre de la société andine, mais également par les mythes et contes qui lui étaient racontés par plusieurs conteurs amérindiens.

Évidamment Alegría est une exception dans les rangs des auteurs indigénistes qui, selon Karsten Garscha, viennent le plus souvent des grandes villes et se ‚chargent’ des amérindiens dans une manière de paternalisme. [8] Les amérindiens d’ Alegría n’ont pas besoin d’un quelquonque paternalisme : Leur mode de vie et leur économie est plus efficace et créatif que celui des ‘haciendas’ autour.

Par sa biographie et par son écriture on peut considérer l’auteur de ‘El mundo es ancho y ajeno’ comme voix native qui – sans être de descendance amérindien lui même – est capable de représenter l’esprit amérindien de cette époque assez fidèlement. Le fait que son roman apparaît en español et pas en quechua n’y est pas une contradiction vu que les indigènes de la région du nord des Andes, dont traite le roman, avaient déjà adapté la langue de l’evahisseur à l’époque.

2. Le roman ‘El Mundo es ancho y ajeno’.

2.1. Le contexte historique - à la charnière entre deux visions du monde

Au 20e siècle, la Première Guerre Mondiale déclenche un bouleversement profond non seulement en Europe mais dans le monde entier. Europe tombe dans une crise politique, intellectuelle et morale et elle est radicalement mise en question, surtout par les pays colonialisés qui tentent d’optenir l’indépendance.

En Amérique Latine les différences extrêmes dans la société font éclater la guerre civile de Mexique (1910-1917) qui finit par la ‘Révolution Mexique’ en 1917. Au Pérou ces événements sont le prélude à un mouvement universitaire de la reforme, qui tâche de créer un nouveau Pérou qui s’est libéré de la dépendance (néo)coloniale et impéraliste. Cette émancipation culturelle se manifeste entre outres dans la magazine avantgardiste ‘Amauta’ crée par José Carlos Mariátegui en 1926 et dont participent tous les intellectuels du Pérou.

2.2. Résumée

Le roman ‘El Mundo es ancho y ajeno’ se déroule dans la période de 1912[9] à 192x. Il est situé principalement en trois lieux : la région de Cajamarca, une plantation de coca et le forêt équatoriale, la ‘selva’ où le caoutchouc est cueilli. Je me concentre sur la partie du livre qui joue dans la région de Cajamarca et Rumi parce que c’est là, que se déroule l’action principale.

Le roman décrit le tournant d’une communauté andine, l’ ‘ayllu’ Rumi, de la vie traditionelle à la soumission fatale par les grands propriétaires des haciendas autour. Cette expérience formatrice et charnière ainsi que la vision traditionelle du monde sont répercutées par le point de vue d’un indigène, le sage et clairvoyant « indio Rosendo Maqui », maire viellissant de la communauté Rumi.

Sa perspective est celui de quelqu’un qui anticipe sa mort et qui veut transmettre l’histoire et la conscience du monde de son communauté aux futures générations ainsi qu’ il même l’a hérité de ses prédécesseurs. Par la technique du monologue intérieur le lecteur perçoit ses pensées intimes, qui se promènent dans les anticipations de la futur (dont il attend de conserver les traditions) ou dans l’observation du présent (déterminé par les histoires du quôtidien voire les grands événements comme la récolte ou la fête du patron du village). Mais surtout, c’est le souvenir du passé, des récits mythiques qui déterminent ses pensées et qui se reflètent même dans sa vision du présent et de la futur. Son idéal d’une vie modeste et communautaire qui trouve sa bonheur dans la terre se fait au mieux resumer par une citation: « Así lo habían esteblecido el tiempo, la fuerza de la tradición, la voluntad de los hombres y el seguro don de la tierra. Los comuneros de Rumi estaban contentos de su vida. »

La manifestation militante des hacienderos met à l’épreuve les ‘anciens’ valeurs et la croyance aux esprits qui semblent abandonner les membres de la communauté qui ont été déracinés de leur terre et travailent comme esclaves sur des plantations de coca. Après la mort de Rosendo Maqui une nouvelle génération d’indigènes voit le jour et le pouvoir et décide de chasser les esprits pour éviter l’esclavage et la dépendance économique…

2.3. Réalité et fiction - le rapport entre l’œuvre et l’histoire

Comme évoqué avant, Ciro Alegría profitait de ses propres expériences avec les indigènes pour écrire ses romans, non seulement pour les coutumes et la vision du monde, mais aussi pour le cadre événementiel. Ainsi l’expulsion des indigènes de leurs communautés n’était point du tout une invention de la part d’Alegría mais une réalité vécue : Le père et le grand-père de Ciro Alegría ont en effet accueilis des réfugées indigènes sur leur ferme (‘hacienda’) à l’époque: « Un día llegó a refugiarse un indio communero, llamado Gaspar, y al otro día un indio colono, llamado Pancho. Ambos contaron dramaáticas historias. Gaspar andaba p erseguido por sublevarse y gran parte de las tierras de su communidad le habían sido arrebatadas. […]. »

[...]


[1] LIENHARD, p. 200.

[2] « Il est bien évident que la danse, art commun et public par excellence, est un meilleur moyen pour mobiliser la population que la narration. Donc il n’est pas étonnant que ces chants rituels traitent l’histoire d’une manière plus active et plus dynamique. » (Traduction par moi, C.F.).

[3] Lienhard, p. 200f.

[4] Les autres variantes selon Esteban sont le roman de la Révolution Mexicaine, le roman « de la terre » et les romans « gauchesco ».

[5] Esteban, p. 67.

[6] HARTMUTH, p. 185f.

[7] ALEGRÍA, Ciro: Prologue.

[8] Cp. GARSCHA, p. 96.

[9] Cp. EL MUNDO…, p. 75.

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Details

Titel
"El mundo es ancho y ajeno". La vision du monde andin au 20e siècle
Note
1,5
Autor
Jahr
2004
Seiten
23
Katalognummer
V109060
ISBN (eBook)
9783640072453
Dateigröße
631 KB
Sprache
Deutsch
Anmerkungen
Die Arbeit befasst sich aus komparatistischer Persp. mit dem Weltbild der indigenen Andenbevölkerung zur Inka-Zeit und im 20. Jh. Sie untersucht, wie sich die Wahrnehmung von Raum, Zeit und rel. Kosmos durch den massiven Einbruch der Moderne verändert und fragt nach den Handlungskonsequenzen, die die Indios aus ihrem neuen Selbstbewusstsein entwickeln. Methodologisch interessiert, inwiefern die moderne indigene Belletristik das kollektive Gedächtnis einer genuin oralen Kultur wiedergeben kann.
Arbeit zitieren
Christina Felschen (Autor:in), 2004, "El mundo es ancho y ajeno". La vision du monde andin au 20e siècle, München, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/109060

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