Dans ce travail, il était question pour nous de décrire les interrogations en Shupamem. Mais aussi d’apporter une explication à certaines structures interrogatives que le Shupamem présente. Et pour cela, nous nous sommes donné pour tâche principale d’identifier les marqueurs des interrogations, les types des interrogations, les structures des phrases interrogatives et les différents mécanismes ou contraintes qui entrent en jeu dans la formation des questions.
Table des matières
Dédicace
Remerciements
Résumé
Abstract
Abréviations et signes diacritiques
Signes diacritiques
Index des tableaux, graphes et schéma
Index des graphes
Index des cartes
Index des schémas
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
0.1 Problématique
0.2 Motivation de la recherche
0.2.1 Motivation scientifique
0.2.2 Motivation pédagogique
0.3 Objectif général de la recherche
0.4 Objectifs spécifiques de la recherche
0.5 Questions de recherche
0.6 Hypothèse générale de recherche
0.7 Hypothèses secondaires
0.8 Méthodologie
0.8.1 Approche minimaliste
0.8.2 Démarche empirico-inductive
0.8.3 Démarche hypothético-déductive
0.8.4 Population de recherche
0.8.4.1 Population cible
0.8.4.2 Population accessible
0.8.5 Echantillon de recherche
0.8.6 Instruments de collecte de données
0.9 Revue de la littérature
0.10 Corpus
0.11 Plan du travail
Chapitre I: PRESENTATION DE LA LANGUE
Introduction
1.1 Origine du peuple bamoun
1.2 Localisation du peuple bamoun
1.3 Localisation du Shupamem
1.4 Activité économique du peuple bamoun
1.5 Classification du Shupamem
1.6 Rappel phonologique
1.6.1 Les consonnes et les voyelles en Shupamem
1.6.1.1 Les consonnes en Shupamem
1.6.1.2 Distribution des consonnes en Shupamem
1.6.1.3 Les voyelles en Shupamem
1.6.1.4 Distribution des voyelles en Shupamem
1.7 Analyse suprasegmentale
1.7.1 Les tons du Shupamem
1.7.1.1 Les tons ponctuels
1.7.1.2 Les tons modulés
1.8 Les classes nominales en Shupamem
1.9 Les verbes en Shupamem
1.9.1 L’infinitif du verbe en Shupamem
1.9.2 La dérivation verbale
1.10 Les temps verbaux en Shupamem
1.11 Le présent
1.11.1 Le futur
1.11.1.1 Le futur 1 (Futur immédiat)
1.11.1.2 Le futur 2 (Futur proche)
1.11.1.3 Le futur F3 (Futur lointain)
1.11.2 Le passé
1.11.2.1 Le passé 1 (Passé immédiat)
1.11.2.2 Le passé 2 (Passé récent)
1.11.2.3 Le passé 3 (Passé lointain)
1.11.2.4 Le passé 4 (Passé très lointain)
1.12 Construction périodique et directionnelle du verbe en Shupamem
1.13 Aspects du verbe
1.13.1 Aspect inhérent
1.13.2 Aspect perfectif
1.13.3 Aspect imperfectif
1.13.4 Aspect habituel
1.13.5 Aspect inchoatif
1.14 La quantification des procès
1.14.1 Le procès répétitif
1.14.2 Le procès itératif
1.15 La modalité temporelle
1.15.1 Le mode réel
1.15.2 Le mode irréel
1.15.3 La nécessité
1.16 La négation en Shupamem
1.16.1 La négation du présent
1.16.2 La négation du futur immédiat (F1)
1.16.3 La négation du futur proche (F2)
1.16.4 La négation du futur lointain (F3)
1.16.5 La négation du passé immédiat (P1)
1.16.6 La négation du passé récent (P2)
1.16.7 La négation du passé lointain (P3)
1.16.8 La négation du passé très lointain (P4)
Conclusion
Chapitre II: CADRE THEORIQUE
Introduction
2.1 Le Programme Minimaliste
2.1.1.2 La fusion interne
2.1.1.3 Le déplacement
2.2 Les contraintes d’économie universelle
2.2.1 Le principe de dernier recours
2.2.2 Le principe d’avarice
2.2.3 Le principe de distance minimale
2.3 On Wh-movement
2.3.1 Le mouvement Qu laisse une trace
2.3.2 Le mouvement Qu se produit vers la position du complémenteur
2.3.3 Le mouvement Qu est cyclique
2.3.4 Le mouvement Qu respecte la contrainte de la sous-jacence
2.3.4.1 La Contrainte de l’îlot Qu
2.3.4.2 La Contrainte du Syntagme Nominal Complexe
2.3.4.3 La Contrainte de la Structure Coordonnée
2.3.4.4 La Contrainte du Sujet Conditionné
2.4 Mouvement de l’argument (A-movement)
2.4.1 Mouvement de la tête (Head movement)
2.4.2 Mouvement du syntagme (Phrase movement)
2.4.3 Mouvement Qu
2.5 Mouvement Non argumental (A-bar movement)
Conclusion
Chapitre III: LES MARQUEURS DE L’INTERROGATION EN SHUPAMEM
Introduction
3.1 Les marqueurs de l’interrogation en Shupamem
3.1.1 Les pronoms interrogatifs en Shupamem
3.1.1.1 Les pronoms interrogatifs monosyllabiques en Shupamem
3.1.1.2 Les pronoms interrogatifs polysyllabiques en Shupamem
3.1.2 Les adjectifs interrogatifs en Shupamem
3.1.3 Les adverbes interrogatifs en Shupamem
3.1.3.1 Adverbe interrogatif de lieu
3.1.3.2 Adverbe interrogatif de temps
3.1.3.3 Adverbe interrogatif de cause
3.1.3.4 Adverbe interrogatif de manière
3.1.3.5 Adverbe interrogatif de durée
3.1.3.6 Adverbe interrogatif de quantité
3.1.3.7 Adverbe interrogatif de prix
3.1.4 Utilisation des marqueurs de l’interrogation «ə̀», « mə̀», «nə̀», «ì» et «nì»
3.1.4.1 La distribution de «ə̀ », « mə̀» et «nə̀» dans les interrogationsen Shupamem
3.1.4.2 La distribution de « ì » et « nì » dans les interrogationsen Shupamem
Conclusion
Chapitre IV: TYPOLOGIE DES QUESTIONS EN SHUPAMEM
Introduction
4.1 La phrase de base
4.2 Type d’interrogations en Shupamem
4.2.1 Interrogation totale
4.2.1.1 Interrogation totale directe
4.2.1.2.. Interrogation totale indirecte
4.2.1.2.1 Les constituants de l’interrogation totale indirecte
4.2.1.2.2 Distribution des constituants de l’interrogation totale indirecte
4.2.2 L’interrogation Qu
4.2.3 Interrogation partielle directe
4.2.3.1 Les constituants de l’interrogation partielle directe
4.2.3.1.1 Distribution des constituants de l’interrogation partielle directe
4.2.3.2.. Interrogation partielle indirecte
4.2.3.2.1 Les constituants de l’interrogation partielle indirecte
4.2.3.2.2 Distribution des constituants de l’interrogation partielle indirecte
4.2.4 Interrogation alternative
4.2.4.1 Les constituants de l’interrogation alternative
4.2.4.2 Distribution des constituants de l’interrogation alternative
4.2.5 Interrogation oratoire
4.2.5.1 Les constituants de l’interrogation oratoire
4.2.5.2 Distribution des constituants de l’interrogation oratoire
4.2.6 Interrogation averbale en Shupamem
4.2.6.1 Les constituants de l’interrogation averbale en Shupamem
4.2.6.2 Distribution des constituants de l’interrogation averbale
4.3 Analyse des interrogations à Qu multiple
4.3.1 Distribution des syntagmes Qu en Shupamem
Conclusion
Chapitre V: LA PERIPHERIE GAUCHE EN SHUPAMEM
Introduction
5.1 L’éclatement de SC
5.2 La focalisation
5.2.1 Focalisation du sujet
5.2.2 Focalisation du complément d’objet direct
5.2.3 Focalisation du complément d’objet indirect
5.2.4 Focalisation du complément circonstanciel
5.2.5 Focalisation du verbe
5.2.6 Focalisation des arguments dans les interrogations averbales
5.2.7 Focalisation des adjoints référentiels
5.2.8 Focalisation des adjoints non référentiels
5.2.9 La focalisation postverbale en Shupamem
5.3 La topicalisation
5.3.1 Topicalisation du sujet
5.3.2 Topicalisation du complément d’objet
5.3.3 Topicalisation du complément circonstanciel
5.4 La relativation
5.4.1 Relativation du sujet
5.4.2 Relativation du complément d’objet direct
5.4.2.1 Le complémenteur nə́
5.4.3 Relativation du complément d’objet indirect
5.4.4 Relativation du complément circonstanciel
5.5 La cartographie de la périphérie gauche en Shupamem
Conclusion
CONCLUSION GÉNÉRALE
REFERENCES
Dédicace
Je dédie ce travail à mes parents Jonas NJI NGOUPAYOU et Aminatou LUEMGOUROU
Remerciements
Ce travail qui arrive à sa fin ne pouvait pas se réaliser sans l’aide de mes enseignants, de mes camarades, de mes frères et de mes amis. C’est pour cette raison que je tiens à remercier très sincèrement le Professeur Edmond BILOA, mon directeur de mémoire, pour avoir accepté de me diriger dans ce travail délicat, subtil et contraignant, malgré ses multiples occupations. Je le remercie aussi pour toute sa rigueur, ses remarques, ses conseils, ses encouragements car c’est grâce à tout cela que j’ai pu braver les difficultés rencontrées au cours de la rédaction de ce mémoire de Master; sans lui, je ne pouvais pas réaliser ce travail. Et pour cela, j’aimerais qu’il trouve ici toute ma gratitude.
Je tiens à remercier le Docteur Florence TABE qui nous a encouragé à aimer la syntaxe en nous montrant son importance dans l’étude des langues en général et des langues africaines en particulier. Elle nous a permis de découvrir et de comprendre le Programme Minimaliste de Noam Chomsky qui est aujourd’hui incontestablement l’une des théories la plus importante et la plus influente en syntaxe.
Je tiens à remercier le Professeur Clédor NSEME pour tous les conseils qu’il n’a cessé de nous prodiguer en Master I et en Master II; lesquels conseils nous ont permis de travailler d’avantage et de nous améliorer de manière incessante. Je tiens aussi à remercier tous mes enseignants du Département de Langues Africaines et Linguistique qui ont, chacun à son niveau, contribué à ma réussite.
Je remercie le Docteur Théodore BEBEY qui a accepté de lire mon travail. Je le remercie pour toutes les remarques pertinentes et aussi pour tout le temps qu’il a consacré sur ce travail.
Je dis un grand merci au Docteur Gaston BESSALA NDZANA BILOA qui m’a permis d’améliorer considérablement la qualité de ce travail ceci à travers les remarques et toutes les suggestions qu’il a fait dans le cadre de la rédaction de ce mémoire.
Je remercie Blaise MKOUNGA TALA TEKU qui m’a assisté tout au long de la rédaction de ce mémoire. Je le remercie aussi pour ses observations.
Je ne saurais ne pas remercier mon épouse Midéle Coralie qui m’a soutenu tout au long de la rédaction de ce mémoire.
Je tiens aussi à remercier tous mes frères pour leur assistance et leur encouragement.
Résumé
Dans ce travail, il était question pour nous de décrire les interrogations en Shupamem. Mais aussi d’apporter une explication à certaines structures interrogatives que le Shupamem présente. Et pour cela, nous nous sommes donné pour tâche principale d’identifier les marqueurs des interrogations, les types des interrogations, les structures des phrases interrogatives et les différents mécanismes ou contraintes qui entrent en jeu dans la formation des questions. De manière générale, l’interrogation est marquée en Shupamem par «ə̀», «mə̀», «nə̀», « ì », « nì » et les syntagmes Qu. Nous utilisons les marqueurs de l’interrogation «ə̀», «mə̀» ou «nə̀» comme marqueurs de l’interrogation dans tous les types de questions à l’exception de l’interrogation oratoire où « ì » et « nì » sont utilisés comme marqueurs de l’interrogation. Par ailleurs, dans les interrogations Qu, la question est marquée par le mot Qu et l’un des marqueurs de l’interrogation «ə̀», «mə̀», «nə̀», « ì » ou « nì ». Nous avons recensé cinq (05) types d’interrogations et douze (12) structures interrogatives en Shupamem. Par ailleurs, nous avons constaté qu’à l’inverse des langues comme le français et l’anglais qui admettent des interrogations (interrogations totales) sans marqueurs de l’interrogation, en Shupamem, il n’existe pas des interrogations sans marqueurs de l’interrogation. Notre étude nous a aussi révélé que le Shupamem est une langue à Qu in-situ et à Qu ex-situ. Dans cette langue et ceci dans les interrogations à syntagme Qu, le syntagme Qu peut apparaître en initial de phrase (ex-situ) ou en finale de phrase (in-situ). Il convient alors de noter que le syntagme Qu est in-situ lors qu’il n’est pas focalisé, alors qu’il est ex-situ soit lorsqu’il est focalisé ou lorsqu’il est dans une interrogation averbale. En outre, nous avons parlé de la périphériegauche; c’est ainsi que nous avons parlé de la topicalisation, de la focalisation et de la relativation. Parlant de la focalisation, nous nous sommes rendu compte que tous les constituants peuvent être focalisés en Shupamem et par ailleurs, la stratégie utilisée en Shupamem pour focaliser est le clivage et la duplication verbale. En outre, nous avons parlé de la topicalisation. Nous avons découvert que les constituants topicalisés se trouvent en initial de phrase, et ils laissent souvent un pronom résomptif. Parlant de la relativation, nous avons découvert que le sujet, le complément d’objet direct et indirect ainsi que les adverbes interrogatifs peuvent être relativés en Shupamem. Il a été révélé que pendant la focalisation et la relativation du sujet, la trace du sujet est remplacée par le pronom résomptif. Et ceci se justifie par le fait que le Shupamem n’admet pas que la position sujet soit vide. La périphérie gauche est constituée des projections qui se présentent dans l’ordre suivant:
- SForce > SRel > (STop1) > SFoc > (STop2)
- SForce > (STop1) > SRel > SFoc > (STop2)
Abstract
In this dissertation, our goal was to analyze question formation in Shupamem. More precisely, we wanted to explain the structures of interrogative sentences that are peculiar to Shupamem. For this reason, our main task was to identify questions markers, types of questions and the structures of interrogative sentences. Also, our aim was to identify some of the constraints and mechanisms that are generated by questions formation in Shupamem. Our data revealed that questions are marked in Shupamem by the following question markers: «ə̀», «mə̀», «nə̀», « ì », « nì » and Wh words. In fact, we used the question markers «ə̀», «mə̀» and «nə̀» in all types of questions apart from rhetorical questions where we use « ì » and « nì ». In Wh questions, the question markers are the Wh word and one of the following interrogators «ə̀», «mə̀», «nə̀», « ì » or « nì ». We found five (05) types of interrogative sentences in Shupamem. It was discovered that Shupamem exhibits twelve (12) interrogatives structures. We noticed that contrary to languages like French and English that admit question formation (as in “yes” or “no” question) without questions markers, in Shupamem, there is always a question marker in interrogative sentence. Moreover, we found out that Shupamem is both a Wh in-situ and a Wh ex-situ language. In fact, in this language, the Wh word can appear in sentence initial position (ex-situ) as well as in sentence final position (in-situ). We should note that the Wh phrase is in-situ when it is not focalized and is ex-situ or in sentence initial position when it is focalized and when it appears in verbless question.
Furthermore, we talked about the left periphery. And for this reason, we talked about focalization, topicalisation and relativization. Talking about focalization, we found out that all the constituents can be focalized in Shupamem. And the main techniques used in focalization are clefting and verb doubling. Talking about topicalisation, we discovered that topicalised constituents are usually at sentence initial position and may leave behind a resumptive pronoun. Our data revealed that subjects, objects and adverbials can be relativized in Shupamem. Finally, it was revealed that Shupamem does not allow any empty subject position and for this reason, in the process of focalization and relativization of the subject, the trace of the subject is replaced by a resumptive pronoun. From this analysis, we discovered that the left periphery in Shupamem has the following projections in this order:
- SForce > SRel > (STop1) > SFoc > (STop2)
- SForce > (STop1) > SRel > SFoc > (STop2)
Abréviations et signes diacritiques
1sg: première personne du singulier
2pl: deuxième personne du pluriel
2sg: deuxième personne du singulier
AC: aspect accompli
Accs: accord sujet
Adv Int: adverbe interrogatif
BB: bas bas
BH: bas haut
BHB: bas haut bas
BHH: bas haut haut
BHHBH: bas haut haut bas haut
F1: futur immédiat
F2: futur 1
F3: futur 2
HAB: aspect habituel
HB: haut Bas
IMPF: imperfectif
INC: inchoative
INF: infinitif
INH: aspect inhérent
Int Or: interrogateur oratoire
Int: interrogateur
ISV: inversion sujet-verbe
IT: itératif
M.Int: marqueur de l’interrogation
Mot int: mot interrogatif
N AC: Aspect non-accompli
Nég: négation
Ø: morphème zéro
Op.cit. : (opus citatum ou opere citato) déjà cité
P1: passé 1
P2: passé 2
P3: passé 3
P4: passé 4
PERF: perfectif
PPR: pronom personnel de reprise
Pro Int: pronom interrogatif
PRS: présent
SInt: syntagme de l’interrogation
SAccor: syntagme de l’accord
SC: syntagme du complémenteur
SClivée: syntagme de la clivée
SFoc: syntagme du focus
SI: subordonnée interrogative
Spéc: spécifieur
SRél: syntagme de la relativation
STop: syntagme du topique
SVO: sujet verbe objet
V.I: verbe interrogatif
Signes diacritiques
/ ´/: ton haut
/ `/: ton bas
/ ˆ/: ton descendant
/ ˇ /: ton montant
Index des tableaux, graphes et schéma
INTRODUCTION GENERALE
Tableau 1: Les informateurs
Chapitre I
Tableau 1: Les consonnes en Shupamem
Tableau 2: Variation contextuelle des consones, adapté de Nchare (2012: 23)
Tableau 3: Les voyelles en Shupamem
Tableau 4: Différentiation des mots selon leur ton, adapté de Nchare (2012: 66)
Tableau 5: Récapitulatif des tons en Shupamem
Tableau 6: Les classes nominales en Shupamem Nchare (2012:99)
Tableau 7: Les marqueurs temporels en Shupamem
Tableau 8: Les marqueurs de la négation en Shupamem
Chapitre III
Tableau 1: Les mots interrogatifs en Shupamem
Chapitre IV
Tableau 1: Récapitulatif des caractéristiques des types d’interrogations en Shupamem
Tableau 2: Récapitulatif des structures des interrogations en Shupamem
Chapitre V
Tableau 1: Les stratégies de focalisation en Shupamem
Index des graphes
Chapitre IV
Graphe1: Fréquence et pourcentage des structures des interrogations en Shupamem
Index des cartes
Chapitre I
Carte N°1: Langues standardisées du Cameroun
Carte N°2: Le Shupamem dans le département du Noun
Index des schémas
Chapitre I
Schéma1: Classification du Shupamem parmi les langues du grassfields, Nchare (2012 :9)
INTRODUCTION GENERALE
0.1 Problématique
De prime abord, il convient de noter que dans chaque recherche, notre objectif est de résoudre un problème particulier. Dans ce travail, nous voulons savoir comment l’interrogation est formée en Shupamem. Ceci résulte d’une part du fait que certaines structures interrogatives en Shupamem ne soient pas encore expliquées. Et d’autre part, le nombre réduit des documents écrits qui parlent de l’interrogation en Shupamem fait qu’il soit difficile de parler ou d’expliquer les différents mécanismes observés lors de la formation de certaines structures interrogatives dans cette langue. Il est certes vrai qu’il existe une littérature sur le Shupamem, car nous savons qu’aucune recherche n’est faite ex nihilo c’est-à-dire à partir de rien. Pour cela, nous avons Boum (1977), “Esquisse phonologique du bamoun ’’. Djeunou (1981), “Le verbe en bamoun’ ’. Ondoua (2004), “La structure phrastique du Shupamem: Une approche générativiste’ ’. Nchare (2005), “Une analyse minimaliste et dérivationnelle de la morphosyntaxe du Shupamem ’’. Nchare (2012),“The grammar of Shupamem’ ’. Ils ont tous menés des études très variées sur le Shupamem, mais seulement, ils n’ont pas fait de notre sujet l’objet principal de leurs différents travaux.
En outre, le Shupamem comme la plupart de langues camerounaises connait un véritable problème de standardisation. Ce travail vient à point nommé afin d’apporter un plus à la standardisation du Shupamem. Nous devons le noter, la plupart de nos langues nationales sont plutôt des langues à tradition orale c’est-à-dire qu’elles ne sont pas écrites. Or, nous savons que l’enseignement oral n’est pas le meilleur gage d’exactitude. Le plus souvent les renseignements transmis sont sujets à des additions ou des soustractions, à des modifications et des déformations, à des exagérations et des confusions de tel point qu’il devient difficile de distinguer la vérité de l’invention. Et aussi, l’enseignement oral ne laisse pas de trace; donc il est difficile que cet enseignement puisse survivre au cours des années, et garder toute sa subtilité et sa finesse d’antan. Tout ceci vient justifier la raison pour laquelle nous nous sommes décidés à mener nos recherches sur cet aspect particulier du Shupamem.
0.2 Motivation de la recherche
Notons que la motivation est l’ensemble des causes conscientes et inconscientes qui sont à l’origine du comportement individuel. La motivation est aussi le stimulus de la volonté qui donne une raison d’agir. Tout acte que nous posons dans la vie a une motivation, à ce moment précis, la motivation devient comme une sorte de justificatif ou de mobil à nos actes. Cette recherche a deux motivations principales à savoir : lamotivation scientifique et la motivation pédagogique.
0.2.1 Motivation scientifique
La motivation scientifique consiste en la recherche de rendre compréhensible des connaissances ou des phénomènes qui ne le sont pas. C’est grâce à la recherche scientifique que tout le monde, spécialiste ou non, peut comprendre comment tel ou tel phénomène fonctionne. C’est pour cette raison que la motivation scientifique constitue le fondement de toute recherche. La motivation scientifique nous permet de rendre notre tâche ou notre travail explicable parce qu’elle est purement empirique, c’est-à-dire qu’on dit ce qu’on voit, on parle de ce qu’on observe, on n’invente rien. Bref on présente les faits tels qu’ils sont, sans rien ajouter ni rien retrancher. Ce qui nous permet de dire que la motivation de cette recherche vient du fait que nous voulons permettre aux chercheurs de comprendre comment on forme l’interrogation en Shupamem. Nous voulons permettre aux chercheurs de cerner et de différencier les transformations que subit une phrase interrogative en Shupamem et de pouvoir les expliquer à leur tour. Donc, nous voulons ici inventorier et répertorier les différents mécanismes qui ont lieu pendant la formation des questions en Shupamem.
0.2.2 Motivation pédagogique
La motivation pédagogique est d’une très grande importance en ce fait que c’est grâce à elle que tout enseignement est possible. Et nous savons tous quelle place l’enseignement occupe au sein de notre société aujourd’hui. Et par ailleurs, à l’heure actuelle ou l’Afrique en général et le Cameroun en particulier est en train d’introduire dans le programme de l’enseignement scolaire l’enseignement des langues nationales, il devient tout à fait urgent pour nous de travailler dans le sens de rendre facile l’enseignement de nos langues maternelles. Car comme le dit Diongue (1980:21), “Ce que l'on a sur le cœur, ne peut être bien exprimé que dans sa langue maternelle”. Cette recherche va inévitablement permettre aux enseignants des langues nationales de comprendre le fonctionnement de certains phénomènes grammaticaux en Shupamem. Elle permettra aussi aux pédagogues d’aborder certaines leçons qu’ils seront appelés à enseigner avec aisance et assurance sachant ce qu’ils font et comment ils vont le faire. Et l’élève pourra alors comprendre facilement la leçon qui lui est enseignée parce que celle-ci est enseignée dans sa langue maternelle qu’il maîtrise mieux. Diongue (1980:55), confirme ceci en nous rappelant que “Toute connaissance quel que soit sa nature ne peut être diffusée et acceptée que dans une langue connue”.
Par ailleurs, les langues africaines véhiculent et sauvegardent nos cultures, car, comme le dit si bien Sow (1971: 6), “Les langues africaines demeurent dans nos sociétés où l’oralité représente la forme de communication par excellence, les témoins privilégiés de l’itinéraire culturel de nos nations et les réceptacles de la pensée et de la civilisation de nos peuples”.
0.3 Objectif général de la recherche
L’objectif général de cette recherche est d’expliquer la formation des questions en Shupamem.
0.4 Objectifs spécifiques de la recherche
L’objectif spécifique est une sous composante de l’objectif général. C’est grâce aux objectifs spécifiques que nous atteignons l’objectif général de toute recherche. Les objectifs spécifiques constituent en quelque sorte les différentes étapes d’une recherche. Dans le cadre de ce travail, les objectifs spécifiques sont:
1) Identifier les différents marqueurs de l’interrogation en Shupamem;
2) Identifier la position du syntagme de l’interrogation en Shupamem;
3) Identifier les différentes possibilités de formation des interrogations en Shupamem.
0.5 Questions de recherche
Nous utilisons les questions de recherche lorsque nous avons à faire un travail descriptif et explicatif. Ce qui est les cas ici. Ce travail est qualifié de descriptif parce que nous allons décrire ou présenter ce qu’on voit. Il est aussi explicatif parce que nous n’allons pas simplement présenter les faits, mais nous allons aussi les expliquer afin de savoir le pourquoi de tel ou de tel mouvement ou de tel phénomène. Pour mener à bien cette recherche, nous avons retenu les questions suivantes:
1) Quels sont les différents marqueurs de l’interrogation en Shupamem?
2) Quelle place occupe le marqueur de l’interrogation en Shupamem?
3) Qu’est-ce qui justifie le déplacement ou non d’un marqueur de l’interrogation en Shupamem?
0.6 Hypothèse générale de recherche
En Shupamem, l’interrogation se forme de deux façons: soit par l’utilisation du marqueur de l'interrogation ə̀, mə̀, nə̀ , ì et nì tous en fin de phrase ou soit par l’utilisation du syntagme Qu et du marqueur de l’interrogation ə̀, mə̀, nə̀ , ì et nì tous en fin de phrase.
0.7 Hypothèses secondaires
- Hypothèse secondaire n°1
L’interrogation est marquée en Shupamem par le marqueur de l’interrogation ə̀, mə̀, nə̀ ou l’interrogateur oratoire ì et n ì.
- Hypothèse secondaire n°2
Le syntagme Qu est en initial de phrase lorsqu’il est focalisé alors qu’il est in-situ lorsqu’il n’est pas focalisé.
- Hypothèse secondaire n°3
Le syntagme Qu est en initial de phrase dans les interrogations averbales.
0.8 Méthodologie
Il sera question pour nous ici de parler de la méthodologie que nous avons utilisée dans le cadre de ce travail.
0.8.1 Approche minimaliste
L’approche minimaliste est une approche descriptive et en même temps explicative. Car ici, il est question de décrire les phénomènes que nous observons mais aussi de les expliquer c’est-à-dire de donner les raisons de tel ou de tel comportement linguistique. C’est pour cette raison que nous avons opté pour cette approche car elle va inévitablement nous permettre de comprendre certaines structures syntaxiques des phrases interrogatives en Shupamem.
0.8.2 Démarche empirico-inductive
Dans ce travail, nous allons utiliser la démarche empirico-inductive. Ici on ne part pas a priori d’une théorie, mais, on part d’une problématique, c’est-à-dire d’une question que l’on pose à un ensemble de phénomènes. On va d’abord recueillir de nombreuses données, les catégoriser et les ordonner. Et par la suite, on formule un schéma de compréhension organisant la compréhension du fonctionnement global des phénomènes. C’est pourquoi Gondard-Delcroix (2007 :26) estime que “cette méthode est plus apte à révéler une information à la fois riche et précise”.
La méthode empirico-inductive consiste à s’interroger sur le fonctionnement et sur la signification de phénomènes humains qui éveillent la curiosité du chercheur. Elle recherche des réponses dans les données, en incluant les interactions mutuelles entre les diverses variables observables dans le contexte global d’apparition du phénomène, dans son environnement, ainsi que les représentations que les sujets s’en font (enquêteur comme enquêtés, l’observateur étant également observé). II s’agit de comprendre c’est-à-dire de donner du sens à des évènements spécifiques et non d’expliquer des lois universelles de causalité. Selon Gondard-Delcroix op.cit., cette approche méthodologique et épistémologique se caractérise par les dix points suivants :
1) Une recherche qualitative est inductive : les chercheurs tentent de développer une compréhension des phénomènes à partir d’un tissu de données, plutôt que de recueillir des données pour évaluer un modèle théorique préconçu ou des hypothèses a priori ;
2) Dans une méthodologie qualitative, les sujets ou les groupes ne sont pas réduits à des variables, mais sont considérés comme un tout : le chercheur qualitatif étudie le contexte dans lequel évoluent les personnes ainsi que le passé de ces dernières ;
3) Le chercheur est attentif à l’effet qu’il produit sur les personnes concernées par son étude : cet effet d’interaction inévitable doit être pris en compte dans l’interprétation des données ;
4) Le chercheur essaie de comprendre les sujets à partir de leur système de référence : il observe la signification sociale attribuée par les sujets au monde qui les entoure ;
5) Le chercheur ne met pas ses propres convictions, perspectives et prédispositions en avant : rien n’est pris d’emblée comme « vérité »;
6) Tous les points de vue sont précieux ;
7) Les méthodes qualitatives relèvent d’un courant humaniste qui implique l’ouverture à l’autre et au social ;
8) Les chercheurs insistent sur la qualité de validité de leur recherche : en observant les sujets dans leur vie quotidienne, en les écoutant parler, ils obtiennent des données non filtrées et donc non tronquées par des concepts a priori, des définitions opérationnelles ou des échelles de mesure et de niveau ;
9) Tous les sujets sont dignes d’étude mais restent uniques ;
10) La recherche qualitative exige, plus que l’utilisation des techniques, un savoir-faire : elle n’est pas standardisée comme une approche quantitative et les manières d’y parvenir sont souples ; le chercheur crée lui-même sa propre méthodologie en fonction de son terrain d’observation.
0.8.3 Démarche hypothético-déductive
La démarche hypothético-déductive est une méthode scientifique qui consiste à formuler une hypothèse afin d'en déduire des conséquences observables futures (prédiction), mais également passées (rétrodiction), permettant d'en déterminer la validité. Elle part du connu pour arriver à l'inconnu, du particulier pour aller au général, du concret pour aller vers l'abstrait. Elle est une méthode de recherche qui vise à conduire l'apprenant à une vérité à laquelle on voudrait aboutir.
0.8.4 Population de recherche
La population d'étude est l'ensemble dont les éléments sont choisis parce qu'ils possèdent tous une ou plusieurs caractéristiques communes et sont de même nature. Deux termes sont très importants quand on parle de la population de recherche. Il s’agit de la population cible et de la population accessible.
0.8.4.1 Population cible
Selon Njifon (2011), la population cible est l'ensemble des individus sur lesquels les résultats d'une étude peuvent être appliqués. Le résultat de cette recherche sera important aux chercheurs qui s’intéressent au Shupamem.
0.8.4.2 Population accessible
La population accessible est la partie de la population dont l'accès s'offre aisément au chercheur sans difficultés manifestes. La population accessible de notre recherche est tout locuteur natif du Shupamem et qui a une maîtrise parfaite du Shupamem.
0.8.5 Echantillon de recherche
Un échantillon est un ensemble d'individus extraits d'une population étudiée de manière à ce qu'il soit représentatif de cette population, au moins pour l'objet de l'étude. Pour ce faire, on peut le tirer de façon aléatoire, par un ensemble de méthodes mathématiquement très contraignantes, ou quand ces méthodes se révèlent impossibles à appliquer, par des méthodes pratiques comme la méthode des quotas1.
0.8.6 Instruments de collecte de données
Pour conduire notre analyse, nous avons collecté les données auprès de nos informateurs. Pour ce faire, nous avons utilisé les instruments de collecte de données qui sont le questionnaire et l’interview.
0.9 Revue de la littérature
Bien qu’étant une langue peu étudiée, le Shupamem a tout de même constitué un champ d’étude à bon nombre de personnes. C’est ainsi que quelques travaux ont été recensés à savoir :
1. Esquisse phonologique du bamoun, (Boum 1977);
2. Le verbe en bamoun, (Djeunou 1981);
3. La structure phrastique du Shupamem: Une approche générativiste, (Ondoua 2004);
4. Une analyse minimaliste et dérivationnelle de la morphosyntaxe du Shupamem, (Nchare 2005);
5. The grammar of Shupamem, (Nchare 2012).
Boum (1977), dans “Esquisse phonologique du bamoun ’’ a mené une étude sur la phonologie du Shupamem, ce qui lui a permis de répertorier les consonnes et les voyelles dans cette langue et de dresser les différents tableaux consonantiques et vocaliques en Shupamem; toute chose qui nous permet d’avoir une idée sur sa phonologie.
Djeunou (1981), dans “Le verbe en bamoun ’’, s’est attelé à étudier le verbe en Shupamem. Cette étude occupe une place très importante parce que faisant partie des toutes premières études menées sur le verbe en Shupamem. Djeunou (1981) a étudié la structure du verbe en Shupamem pour cela; il a pu identifier le marqueur de l’infinitif en Shupamem et la place que ce marqueur occupe. Par ailleurs, il a aussi étudié la dérivation verbale en Shupamem. C’est justement pour cette raison qu’il a parlé de l’aspect, du temps et du mode dans cette langue.
Ondoua (2004), dans “La structure phrastique du Shupamem: Une approche générativiste ’’, étudie la structure de la phrase en Shupamem. Il analyse en particulier la structure des syntagmes et celle des phrases.
Nchare (2005), dans “Une analyse minimaliste et dérivationnelle de la morphosyntaxe du Shupamem ’’ s’est attelé à parler du Shupamem sur le plan de sa morphologie et de sa syntaxe. A travers cette étude, Nchare étudie les mouvements des constituants en Shupamem ainsi que les propriétés morphosyntaxiques de cette langue.
Et pour se faire, il a étudié la morphosyntaxe2 du syntagme du déterminant et cela lui a permis d’établir les différentes classes morphologiques et sémantiques du substantif en Shupamem.
Par la suite, il a aussi examiné la morphosyntaxe du syntagme verbal ou il a étudié le système aspecto-temporel et modal, ceci pour avoir une idée claire et précise sur les éléments qui constituent le syntagme verbal en Shupamem.
En outre, Nchare (2005) a étudié la morphosyntaxe de la négation pour savoir les éléments du syntagme de la négation en Shupamem.
Nchare (2005) a aussi étudié les questions en Shupamem et de cette étude, il ressort que c’est la focalisation qui déclenche le mouvement du syntagme Qu en Shupamem.
Finalement, Nchare (2005) nous a permis de comprendre à travers cette étude que la variation dans l'ordre des mots se traduit par les déplacements de certains constituants vers les différentes positions dans la phrase. En fait ceci revient à dire que la structure de la phrase varie avec le type de phrase.
Dans la thèse de Nchare (2012) intitulé “The grammar of Shupamem ’’ , il a mené une étude globalisante sur le Shupamem, c’est ainsi qu’il a examiné tour à tour la phonétique, la phonologie, la sémantique et la syntaxe. Ce qui nous permet de dire qu’il a étudié des aspects très variés de la grammaire du Shupamem.
0.10 Corpus
Pour réaliser ce travail, nous avons collecté les données sur le terrain. La collecte des données s’est faite par le biais d’un questionnaire. Notre questionnaire a été divisé en quatre parties. La première partie nous a permis d’identifier les marqueurs de l’interrogation en Shupamem. La deuxième partie quant à elle a contribué à l’identification des types et des formes des phrases interrogatives en Shupamem. La troisième partie était consacrée sur les structures des interrogations en Shupamem. La quatrième partie nous a permis de parler de la focalisation, de la topicalisation et de la relativation en Shupamem. Nous avons aussi utilisé les interviews pour collecter nos données. Ces interviews avaient pour but d’amener nos informateurs à nous apporter plus de clarifications sur certains aspects importants du Shupamem tels que les interrogations averbales, les interrogations à Qu in-situ ou à Qu ex-situ. Nous avons aussi utilisé les documents écrits sur le Shupamem tels que le mémoire de DEA de Nchare (2005) intitulé: “Une étude minimaliste et dérivationnelle de la morphosyntaxe du Shupamem’’, le livre d’Emmanuel Matateyou (2008), “Palabres au Cameroun’’. Nous avons aussi utilisé la thèse de Nchare (2012) intitulé: “The grammar of Shupamem’’.
Le tableau ci-dessous est celui de nos informateurs.
Tableau 1: Les informateurs
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Sur le tableau ci-dessus, nous avons tous les informateurs qui nous ont aidés dans le cadre de ce travail. Nous avons par ailleurs donné les informations sur le statut social, la résidence, l’âge et le sexe de nos informateurs.
0.11 Plan du travail
Ce travail intitulé “La structure de la phrase interrogative en Shupamem ’’ comporte cinq chapitres. Le chapitre 1 intitulé « Le peuple bamoun et le Shupamem » parle brièvement du peuple bamoun, tout en retraçant leur origine. En outre, il présente un aperçu phonétique et phonologique du Shupamem. Pour finir, il recense les temps verbaux dans cette langue. Le chapitre 2 intitulé « Cadre théorique » présente la théorie sur laquelle nous nous sommes appuyés pour mener cette recherche. Le chapitre 3 intitulé « Les marqueurs de l’interrogation en Shupamem » identifie les marqueurs de l’interrogation en Shupamem. Le chapitre 4 intitulé « Typologie des questions en Shupamem » parle de la distribution des constituants de la phrase interrogative d’une part, et d’autre part, il identifie et explique les différents mouvements que subissent les constituants des phrases interrogatives en Shupamem. Le chapitre 5 intitulé « La périphérie gauche en Shupamem » parle de la focalisation, de la topicalisation et de la relativation. Et par ailleurs, il nous permet aussi d’identifier la cartographie de la périphérie gauche en Shupamem.
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Chapitre I:
Introduction
Dans ce chapitre, il sera question pour nous de parler du peuple bamoun, du système consonantique et vocalique du Shupamem ainsi que de classes nominales, du verbe et de la négation.
1.1 Origine du peuple bamoun
Les origines du peuple bamoun remontent au 13ème siècle. Les bamouns sont partis de Bankin, sous la conduite de Nchare. Selon Nicod (2002), le royaume bamoun a été fondé par Share yen. En fait, après la mort de Fonrifum (Roi de Rifum ou Tikar), son fils Dikum, au détriment du très ambitieux Nchare est désigné comme successeur. Ce dernier en est très vexé, et sa mère, la reine Yen, se sent déshonorée. D’un commun accord et sous la conduite de Nchare, ils décident de s’en aller hors du royaume qui se trouve à Bankin. La reine réunit donc ses enfants et quelques fidèles et prennent la direction de Léké où ils prennent refuge. Mais malheureusement,ils constatent très vite qu’ils sont en insécurité et décident de progresser vers la droite à l´Ouest. L’un des neveux du feu roi nommé Njimongha qui connaît mieux le pays et a souvent entendu parler de la cruauté des hommes d´une tribu Tikar nommée Manté, suggère alors à ses compagnons de se diriger vers la gauche afin de traverser le fleuve Ripah (actuel Mbam) à son confluent avec le fleuve Mvi et de se rendre à Njipou. Suivant cet itinéraire, les fugitifs arrivent sans encombre au bord du fleuve Mbam. C´est là que se présente le premier obstacle. Le groupe présente un poids supérieur à celui que peut supporter la pirogue qu´il doit emprunter pour traverser le fleuve Mbam. A ce niveau, il est important de désigner ceux des membres du groupe qui auront un rôle important à jouer. Ce sont les cinq enfants de la reine YEN : Fomban, Koumjouon,Nchare, Mfom et Nguonsoh, qui empreinte la pirogue. Quand ils atteignirent l´autre rive, la reine Yen ordonna que la pirogue fût détruite, condamnant ainsi deux de ses enfants et leurs compagnons à demeurer sur les terres des Tikars.
Durant la marche pour l´assaut de Njimon, ils conquirent plusieurs tribus en soumettant de nombreux rois. Ainsi tombèrent: Fondouobouh, Nfonpalap, Fonpayat, etc.
Après, vint le jour où il fallut choisir un guide (roi) pour diriger le groupe de conquérants d´origine Tikar. La tradition voulant que ce fût quelqu’un ayant un sang noble, ce guide ne pouvait être que l´un des fils ou des filles du Roi Fonrifum ; plus précisément un des enfants de feue la reine Yen. Les aspirants furent Koumjouom, Nchare et leur sœur Mfom. Les trois prétendants devaient faire une compétition en vue de la désignation du roi. La discipline choisie fut une course sur une distance d´un peu moins de cents mètres à partir du tronc d´arbre où étaient assis les trois prétendants. Le premier à poser le pied sur la pierre allait devenir le roi. Njimongha, en sa qualité de neveu de Forifoum, fut chargé de donner le signal de départ. Koumjouom, grand, costaud et bien bâti d’un point de vue sportif, jubilait d’avance. Il voyait bien qu´il partait favori. Face à lui, Nchare, petit et fluet n´avait aucune chance... Pourtant, tout le monde souhaitait que Nchare devienne roi. La raison était simple : au contraire de son frère qui était arrogant et antipathique, Nchare était modeste, affable et sociable. Quand approcha l’heure du départ, Njimongha s’avança très discrètement vers Mfom et lui donna quelques consignes. Celle-ci alla s’asseoir sur le tronc d’arbre, emprisonna sous ses fesses, un pan du pagne de Koumjouom. Quand Njimongha vint donner le signal du départ, Mfom eut de la peine à lever son gros corps, comme par mégarde, retardant en même temps le démarrage de Koumjouom. Nchare fonça tête basse et gagna la compétition. Nchare devint Roi et l’état bamoun est proclamé et Njimom devient la première capitale du royaume.
Né autour des années 1873-1874 selon Njele (2010), le roi Njoya est le concepteur du shumom qu’il utilise pour transcrire la parole bamoun.
1.2 Localisation du peuple bamoun
Le peuple bamoun est localisé au Cameroun plus particulièrement dans la région de l’Ouest et dans tout le département du Noun. Le département du Noun a une superficie de 7 700 km² et est peuplé d’environ 820 000 habitants. Il couvre plus de la moitié de la Région de l’Ouest. Il est constitué d’un haut plateau (700 m) à l’ouest, surmonté de trois massifs alignés le Mbapit (1910 m), Nkogham et le Mbam (2200 m) et d’une plaine encaissée au pied de la falaise à l’Est de Foumban. Cette plaine longe la rive du Mbam jusqu'au point de confluence avec le Noun près de Bafia.
1.3 Localisation du Shupamem
Le Shupamem est parlé au Cameroun dans la région de l’Ouest et plus particulièrement dans le département du Noun dont le chef-lieu est Foumban. C’est la seule langue parlée dans le département du Noun par le peuple bamoun.
1.4 Activité économique du peuple bamoun
D’après Matateyou (1990:90), l’économie du Noun est dominée par la sculpture, la poterie, la fonderie, la pêche, l’agriculture et l’élevage. La principale activité économique du peuple bamoun est l’agriculture comme le pense Tardits (1980). Cela s’explique sans doute par le fait qu’ici, la terre est très fertile et à cela, il faudrait ajouter le fait que cette partie du pays a une terre volcanique, ceci dans les arrondissements de Kouoptamo, Baïgom et de Foumbot en particulier.
1.5 Classification du Shupamem
Dieu et Renaud (1983) classe le Shupamem dans la zone 9. Le Shupamem est classé sous le code 901. Nchare (2012 :9) propose la classification suivante du Shupamem:
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Schéma1: Classification du Shupamem parmi les langues du grassfields adapté de Nchare (2012 :9)
Ce schéma nous permet de noter que le Shupamem appartient au groupe grassfields-Est (Mbam-Nkam) et plus particulièrement au sous-groupe Noun.
Dans la carte suivante, nous allons représenter le Shupamem au sein des langues standardisées du Cameroun.
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Cette carte nous permet de noter que le Shupamem est la seule langue parlée dans tout le département du Noun. Le département du Noun est limité à l’Ouest par les départements du Mbam-et-Kim et du Mbam-et-Inoubou, au Nord-Ouest par le département du Donga Mantung et au Nord-Est par l’Adamaoua.
1.6 Rappel phonologique
Essono (2006:167) définit la phonologie comme:
«La discipline qui prend en charge l’étude des phonèmes. Elle analyse les propriétés distinctives des sons de la parole. En relation avec le signifié, la phonologie étudie dans une langue donnée, les unités phoniques du point de vue de leur fonction. Elle interprète et rend compte de l’utilisation des sons par l’homme pour communiquer. En définitive, la phonologie est l’étude scientifique du système des phonèmes et de leurs règles de combinaisons.»
1.6.1 Les consonnes et les voyelles en Shupamem
Dans un premier temps, nous allons parler des consonnes.
1.6.1.1 Les consonnes en Shupamem
En nous appuyant sur les consonnes répertoriées par Boum (1977) et Nchare (2005, 2012), nous avons recensé 25 consonnes en Shupamem. Ces consonnes sont les suivantes:
[p, b, t, d, k, g, f, v, s, z, ʃ, ʒ, m, n, ɲ, ŋ, l, r, ɣ, χ, kp, gb, j, w, ʔ]
Le tableau suivant nous permet de classer les consonnes selon leurs places et modes d’articulation.
Tableau1: Les consonnes en Shupamem
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Dans ce tableau, nous avons recensé et classé toutes les consonnes que nous avons en Shupamem.
1.6.1.2 Distribution des consonnes en Shupamem
Il est question pour nous ici d’identifier le contexte d’apparition des consonnes en Shupamem. En fait, nous allons plus particulièrement nous intéresser aux consonnes qui changent de forme selon leur contexte d’apparition.
Selon Nchare (2005: 23), les consonnes [p, d et g] changent selon leur contexte d’apparition. En plus de ces consonnes identifiées par Nchare nous avons aussi découvert que / j / change selon son contexte d’apparition. Nous allons dans la section suivante parler de changement de ces différentes consonnes.
1.6.1.2.1 Le phonème /p/ se réalise [b] après la nasale
Le phonème / p / se réalise [b] après la nasale comme nous indiquent les exemples suivants :
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Les exemples (2a, b et c) nous permettent de voir que / p / se réalise [b] aprés la nasale.
Le phonème /l/ se réalise [d] après la nasale
Nchare (2005:23), nous montre que le phonème /l/ se réalise [d] après la nasale.
Observons les exemples suivants:
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Les exemples (3a, b, c et d) nous montrent clairement que le phonème /d/ se réalise [l] après la nasale.
1.6.1.2.2 Le phonème / χ / se réalise [g]après la nasale
Considérons les exemples suivants:
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La constrictive vélaire/χ/ devient une occlusive vélaire sonore [g] après une nasale.
1.6.1.2.3 Le phonème / j / se réalise [ʒ]après la nasale
Observons les exemples suivants:
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Le phonème / j / devient [ʒ] après la nasale.
Tableau 2: Variation contextuelle des consonnes, adapté de Nchare (2005: 23)
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Comme nous pouvons le constater à travers le tableau ci-dessus, en Shupamem les phonèmes / p, d, χ et j / changent selon qu’elles se trouvent en initial de mot, après le nasale ou entre deux voyelles. Nous devons noter que ce changement se fait généralement avec les verbes et les noms dérivés des verbes.
1.6.1.3 Les voyelles en Shupamem
Dans cette partie, nous allons recenser et catégoriser les voyelles que le Shupamem comporte. Nous allons nous inspirer des voyelles recensées par Boum (1977) et Nchare (2005, 2012).
Tableau 3: Les voyelles en Shupamem
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Comme nous pouvons le constater, il existe en Shupamem 12 voyelles reparties comme nous indique le tableau ci-dessus.
1.6.1.4 Distribution des voyelles en Shupamem
En Shupamem, certaines voyelles changent totalement dans certains contextes. Selon Nchare (2004: 24), la suffixation de la voyelle [a] à la marque du possessif / ì / et /ù/ donne respectivement [e] et [o].
1.6.1.4.1 / i / se réalise [ e] après [ a]
Observons les exemples suivants:
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Comme nous pouvons le constater [à + ì]= / è /.
1.6.1.4.2 /u/se réalise[o]après[a]
Soient les exemples suivants:
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
1.7 Analyse suprasegmentale
Nous allons parler ici des tons utilisés en Shupamem.
1.7.1 Les tons du Shupamem
D’après Essono (2006), le ton est un trait prosodique, un palier mélodique sur lequel chaque syllabe est réalisée. Wiesemann et al (1983), quant à eux pensent que le ton est la hauteur relative de la voix pendant l’exécution d’un ton. Les tons sont généralement classés selon leur nature et leur fonction. Sur le plan de leur nature, on distingue les tons ponctuels et les tons modulés. Alors que sur le plan purement fonctionnel, nous distinguons les tons lexicaux et les tons grammaticaux. Notons aussi que le Shupamem est une langue à ton parce que dans cette langue, le ton est utilisé à des fins distinctives, c’est-dire pour différencier les mots qui ont une même orthographe. Le Shupamem comporte quatre tons: le ton haut, le ton bas, le ton haut bas (HB) et le ton bas haut (BH). Observons le tableau suivant:
Tableau 4: Différentiation des mots selon leur ton, adapté de Nchare (2012: 66)
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Dans ce tableau, nous avons deux colonnes des mots qui s’écrivent tous de la même façon. D’un côté, nous avons le singulier et de l’autre côté nous avons le pluriel des mots. Ces deux colonnes se distinguent par les tons. Dans ce cas précis, le ton a une fonction distinctive (voir Njoya (2009) pour plus d’éclaircissement). Ce qui nous amène à conclure que, le ton nous permet de différencier entre le singulier et le pluriel en Shupamem.
1.7.1.1 Les tons ponctuels
Les tons ponctuels sont les tons qui gardent la même hauteur pendant la réalisation de la syllabe. En nous appuyant sur Nchare (2012), nous distinguons deux tons ponctuels en Shupamem à savoir: le ton haut et le ton bas.
1.7.1.1.1 Le ton haut
Le ton haut renvoie à l’élévation du ton sur une syllabe. Conventionnellement, le ton haut est noté par le signe diacritique suivant / ′/, (accent aigu) placé au-dessus de la voyelle où il y a accentuation.
(9) a. nkáp: richesse
b. méví: la chèvre
c. mésí: l’oiseau
d. nʃá: le poisson
e. mbí : cafard Nchare (2012:46)
Les exemples (9a, b, c, d et e) illustrent le ton haut.
1.7.1.1.2 Le ton bas
Le ton bas renvoie à l’abaissement du ton sur certaines syllabes lors de leur réalisation. Le ton bas se note par l’accent grave / ` / placé sur le centre de syllabe.
(10) a. pàm: le sac Nchare (2012:458, ex. 4a)
b. ʒàm: la hache
c. pə̀ɲàm : les animaux
d. pùm: l’œuf
Les exemples (10a, b, c et d) illustrent le ton bas en Shupamem.
1.7.1.2 Les tons modulés
Un ton modulé est un ton qui résulte de l’association de deux tons ponctuels. En Shupamem, il existe deux tons modulés: le ton haut bas (HB) et le ton bas haut (BH).
1.7.1.2.1 Le ton haut bas
Le ton haut bas (HB) est la combinaison du ton haut et du ton bas. Le ton haut bas (HB) se note comme suit: / ˆ/.
(11) a. ndâ: vraiment
b. pô : avec
c. ndâp : le fil
e. ŋâŋâ : maintenant
Nous pouvons noter à travers les exemples (11a, b, c et d) que le ton haut bas existe en Shupamem.
1.7.1.2.2 Le ton bas haut
Le ton bas haut (BH) est la combinaison du ton bas et du ton haut. Le ton bas haut (BH) est noté / ˇ/.
(12) a. nǎ: maman
b. wǎ: père
c. sǒ: scie
d. lǎp: tas
e. mə̌ : je
Cette analyse nous permet de noter qu’il existe en Shupamem deux combinaisons de tons ponctuels possibles: le ton haut bas / ˆ/ comme indiquent les exemples (11a, b, c, et d), et le ton bas haut (BH) noté / ˇ/ comme indiquent les exemples (12a, b, c, et d). Le tableau suivant récapitule les différents tons du Shupamem.
Tableau 5: Récapitulatif des tons en Shupamem
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Ce tableau nous permet de récapituler les différents types de tons en Shupamem.
1.8 Les classes nominales en Shupamem
Comme toutes les langues bantoues, le Shupamem est une langue à classe nominale. Cela revient à dire que la façon dont on forme le pluriel des mots dans cette langue n’est pas stéréotypée. En fait, dans cette langue, un nom peut appartenir à une classe donnée en raison de traits caractéristiques de son référent, tels que le sexe, la distinction animé / non animé, etc. De manière générale, il y a trois critères sur lesquels on se base pour ranger les noms en classes nominales. Nous pouvons classer les noms en fonction de leur similitude de sens, en fonction de leur similitude de forme ou en se basant sur les conventions arbitraires. Dans cette section de notre travail, nous allons essayer d’expliquer le mécanisme de formation du pluriel des noms en Shupamem, question pour nous de recenser les classes nominales en Shupamem. Nchare (2005) a recensé 11 classes nominales en Shupamem et par la suite il a actualisé son travail, ce qui lui a permis de recenser 15 classes nominales. Dans le tableau suivant, nous allons récapituler toutes classes nominales recensées par Nchare (2012).
Tableau 6 : Les classes nominales en Shupamem Nchare (2012:99)
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Dans ce tableau nous avons toutes les classes nominales qui existent en Shupamem. Comme nous pouvons le constater, le Shupamem a 15 classes nominales. Les marqueurs de classes nominales apparaissent sur la première colonne, Il s’agit ici du marqueur du singulier et pluriel des mots. La deuxième colonne contient les mots au singulier, la troisième colonne recense la traduction en français. La quatrième colonne est consacrée au pluriel des mots et enfin, la dernière colonne est dédiée à la traduction.
La classe nominale 1/2 est celle dont le singulier et le pluriel sont marqués respectivement par «p» et « b». Cette classe regroupe généralement les parties du corps humain ainsi que les noms des animaux. Les exemples suivants illustrent la classe 1/2.
(13) a. m ɔ́n: enfant (singulier)
b. p ɔ́n: les enfants (pluriel)
(14) a. m ɔ́n mɔ́n: arrière-fils (singulier)
b. p ɔ́n pɔ́n: les arrière-fils (pluriel)
En (14a et 15a), nous avons à faire au singulier, c’est d’ailleurs pour cette raison que ces mots commencent tous par «p» ceci nous permet de remarquer que le singulier de la classe 1 est indiqué par «p». En (13b et 14b), nous avons le pluriel des mots; ici, on constate que le pluriel commence par /b/.
La classe 1/2 a deux sous-classes la classe 1a/2a et la classe 1b/2b. Le singulier de la classe 1a/2a est la nasale alors que le pluriel est le morphème zéro. C’est ce qu’indiquent les exemples suivants:
(15) a. n -sàsɯ́: grand-frère (singulier)
b. Ø -sǎsɯ̀: grand-frères (pluriel)
Le singulier de la classe nominale 1b/2b est le morphème vide alors que son pluriel se forme par l’adjonction du morphème «pa » au nom singulier.
(16) a. Ø -ɲú: abeille (singulier)
b. pà -ɲú: les abeilles (pluriel)
(17) a. Ø -wǎ: le père (singulier)
b. pa -wǎ: les pères (pluriel)
(18) a. Ø -nǎ: la mère (singulier)
b. pá -nǎ: les mères (pluriel)
Les exemples (16b, 17b et 18b) illustrent bien ce que nous venons de dire.
La classe 3/4 forme son singulier avec le préfixe «mɯ̀ » et son pluriel avec le préfixe « pɯ̂ ». Cette classe regroupe les noms des animaux et des outils. Les exemples suivants illustrent cette classe nominale.
(19) a. mɯ̀ -vì: chèvre (singulier)
b. pɯ̂ -vì: les chèvres (pluriel)
(20) a. mɯ̀ -sì: oiseau (singulier)
b. pɯ̂ - sì: les oiseaux (pluriel)
(21) a. mɯ̀ - tɔ̀ʔ: la boite (singulier)
b. pɯ̂ -tɔ̀ʔ : les boites (pluriel)
(22) a. mɯ̀ -ŋì: couteau (singulier)
b. pɯ̂ - ŋí : les couteaux (pluriel) Nchare (2012 :103), ex. (63a, b et c))
Les exemples ci-dessus nous permettent de voir que la classe 3/4 forme son pluriel par préfixation, en transformant le préfixe «mɯ̀ » en «pɯ̂ ».
Le singulier de la classe 5/6est le morphème zéro alors que le pluriel est la nasale homorganique «N».
(23) a. Ø - púm: œuf (singulier)
b. m bùm: les œufs (pluriel)
(24) a. Ø - kùt: pied (singulier)
b. ŋ - kùt: les pieds (pluriel)
(25) a. Ø - pwò: main (singulier)
b. m -pwò: les mains (pluriel)
(26) a. Ø - kjɛ̀t : la flèche (singulier)
b. ŋ- kjɛ̀t : les flèches (pluriel)
Nous notons que cette classe ne forme pas son pluriel de la même façon.
La classe 7/8 est celle qui forme son pluriel par réduplication. En fait, le mot est totalement répété ici. Soient les exemples suivants:
(27) a. fɔ́n: roi (singulier)
b. fɔ́nfɔ́n: les rois (pluriel)
(28) a. sʉ́m: champ (singulier)
b. sʉ́m sʉ́m: les champs (pluriel)
(29)a. ndàp: maison (singulier)
b. ndáp ndáp: les maisons (pluriel)
Les exemples ci-dessus nous permettent de confirmer que la classe 7/8 forme son pluriel par réduplication.
La classe 9 forme son singulier par le ton bas-bas alors que la classe 10 quant à elle forme son pluriel par le ton bas-haut-haut. Observons les exemples suivants:
(30) a.ʃìrə̀: piège (singulier)
b. ʃǐrə́: les pièges (pluriel)
(31) a.fèʃə̀: aiguille (singulier)
b. fěʃə́: les aiguilles (pluriel)
(32) a.màpàm: gandoura (singulier)
b. mǎpám: les gandouras (pluriel) Nchare(2012:107), ex. (65a, b et c))
Il ressort des exemples ci-dessus que le ton nous permet de faire la différence entre la classe 9 et la classe 10.
Les classes 11 et 12 se différent au niveau du ton. Par ailleurs, ces classes sont constituées des mots dissyllabiques et particulièrement des emprunts. La classe 11 forme son singulier par le ton bas-haut-bas alors que la classe 12 quant à elle forme son pluriel par le ton bas-haut-haut-bas-haut. C’est ce qu’illustrent les exemples suivants:
(33) a. màtwâ: voiture (singulier)
b. mǎtwâá: les voitures (pluriel)
(34) a. gàtô: gâteau (singulier)
b. gǎtôó: gâteaux (pluriel)
(35) a. kàkǎ: cacao (singulier)
b. kǎkâá: cacao (pluriel)
(36) a. télê: télévision (singulier)
b. tělêé: télévisions (pluriel) Nchare(2012:107 & 109), ex. (66a, b et c))
Les exemples ci-dessus nous permettent de constater que la différence entre la classe 11 et la classe 12 est au niveau du ton.
La classe 13 utilise le préfixe «jìm » pour marquer le singulier alors que la classe 14 utilise le préfixe «pìm » pour marquer le pluriel. Soient les exemples suivants :
(37) a. jìm -bòkɛ́t : le bon (singulier)
b. pìm -bòkɛ́t : les bons (pluriel)
(38) a. jìm -bỳkɛ́t : le mauvais (singulier)
b. pìm -bỳkɛ́t : les mauvais (pluriel)
(39) a. jìm -zɛtkɛ́t : le lourd (singulier)
b. pìm - zɛtkɛ́t : les lourds (pluriel) Nchare(2012:110), ex. (67a, b et d))
Les exemples ci-dessus nous permettent de constater que le singulier de la classe 13 est marqué par le préfixe «jìm » alors que la classe 14 utilise le préfixe «pìm» pour marquer le pluriel.
La classe 15 est indiquée par la nasale homorganique qui s’attache généralement au verbe pour former les adjectifs. Considérons les exemples suivants:
(40) a. sǎ (grandir) : verbe
b. (grand) : adjectif (classe 15)
(41) a. lǎm (bavarder) : verbe
b. n -dàm (bavard): adjectif (classe 15)
Les exemples ci-dessus nous permettent de noter que la classe 15 est marquée par la nasale homorganique comme indiqué en (40b) et (41b).
1.9 Les verbes en Shupamem
Le verbe est un mot qui sert à exprimer l’action ou l’état du sujet, et qui prend différentes formes selon le mode3, le temps, la personne et le nombre.
1.9.1 L’infinitif du verbe en Shupamem
En Shupamem, l’infinitif du verbe se forme par l’adjonction du morphème grammatical jín au radical du verbe comme nous indiquent les exemples suivants:
(42) a. jín-twó: venir
b. jín-fáʔ: travailler
c. jín-táʔ: chercher
d. jín-ŋgwón : partir
e. jín-bíʃə̀: demander
Comme nous pouvons le constater, contrairement au ŋ̀gjɛmbɔɔŋ4, le Shupamem forme son infinitif par préfixation. En fait, le marqueur de l’infinitif en Shupamem se place en début du verbe.
1.9.2 La dérivation verbale
La dérivation verbale encore appelée extension verbale permet aux verbes dans bon nombre de langues africaines d’exprimer le temps, l’aspect et le mode.
1.10 Les temps verbaux en Shupamem
Dans une phrase, le temps peut servir à évoquer une action, une situation en cours de l’évolution ou encore l’apparition d’un sentiment, un mécanisme intellectuel: c’est ce qu’on appelle un procès. Il peut aussi évoquer un état ou un sentiment permanent. Il existe en Shupamem trois temps: le présent, le passé et le futur. Nchare (2005 & 2012) a répertorié un présent, quatre passés et trois futurs.
1.11 Le présent
Soient les phrases suivantes:
(43) a. polo ø - fáʔ ŋgbǒm. Paul PRS -travailler maïs «Paul travaille le maïs.»
b. í ø - jú pàjú. 3sg PRS-manger nourriture «Il mange la nourriture.»
Comme nous pouvons le constater, le présent n’est pas morphologiquement marqué en Shupamem c’est ce que nous montrent les phrase (43a et b).
1.11.1 Le futur
En Shupamem, il existe trois futurs: le futur immédiat (F1), le futur proche (F2) et le futur lointain (F3).
1.11.1.1 Le futur 1 (Futur immédiat)
Le futur immédiat (F1) sert à parler des états ou des actions très proches. Généralement, les actions dénotées par le futur 1 sont des actions qui ont lieu le même jour. Considérons les phrases suivantes:
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
(44) a. í nà twó –jún ndàp. «Il achètera une maison.»
b. mə̌ nà twó-pié pɔ́n. 1sg Accs F1- prendre enfants «Je prendrai les enfants.»
c. pɯ́nàtwó-ŋgwón má ndàp. 3pl Accs F1-aller à maison «Ils iront à la maison.»
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Comme nous révèlent les phrases (44a, b et c), le futur immédiat (F1) est marqué en Shupamem par le morphème grammatical twó.
1.11.1.2 Le futur 2 (Futur proche)
Le futur proche (F2) sert à dénoter des événements ou des actions qui sont lointains par rapport aux événements indiqués par le futur 1. En fait, le futur 2 nous permet de parler des actions qui ne vont pas se produire aujourd’hui. Soient les phrases suivantes:
(45) a. petro nà lɔ́ʔ -jún mátwá. Pierre Accs F2 -acheter maison «Pierre achètera la voiture.»
b. nǎ ʃá nà lɔ́ʔ-nà pájù. maman moi Accs F-préparer nourriture «Ma maman préparera la nourriture.»
Les phrases (45a et b) nous permettent de découvrir que le futur proche (F2) est marqué en Shupamem par le morphème lɔ́ ʔ.
1.11.1.3 Le futur F3 (Futur lointain)
Comme son nom l’indique, le futur lointain (F3) nous permet de parler des événements plus lointains.
(46) a. í ná twólɔ́ʔ - fá. s F3- donner «Il donnera.»
b. mə̌ ná twólɔ́ʔ -jùn. 1sg Accs F3 - acheter «J’achèterai.»
c. nǎ ná twólɔ́ʔ- fá. mère Accs F3 - donner «La mère donnera.»
En Shupamem, le (F3) est marqué par le morphème twólɔ́ ʔ. C’est ce qui est illustré par les phrases (46a, b et c).
En conclusion, nous pouvons dire avec Nchare (2012) que le futur immédiat (F1) est marqué en Shupamem par twó, alors que le futur proche (F2) est marqué par lɔ́ ʔ et le futur lointain (F3) par twolɔ́ ʔ.
1.11.2 Le passé
Le passé est le temps le plus prolifique en Shupamem. Nchare (2012), récence quatre (04) passés en Shupamem :
a) Le passé 1 (P1)
b) Le passé 2 (P2)
c) Le passé 3 (P3)
d) Le passé 4(P4)
1.11.2.1 Le passé 1 (Passé immédiat)
Le passé 1 (P1) nous permet de parler des événements récents, c’est-à-dire des événements qui viennent d’avoir lieu.
(47) a. petro ø - júon ú nə̀? Pierre P1-voir toiM Int «Pierre t-a vu?»
b. í ø-lúom mə̀ ? 3sg P1-garder M Int «Il a gardé?»
c. mɔ̀n ø - gbɯ̀. enfant P1-tomber «L’enfant est tombé. » Nchare (2012: 380, ex. 41)
Le passé1 n’est pas morphologiquement marqué en Shupamem. C’est ce que nous montrent les exemples (47a, b et c). Il est très important de noter qu’il n’y a pas une différence majeure entre le présent et le passé 1 en Shupamem. Ceci s’explique par le fait que ces deux temps sont tous marqués par le morphème zéro. C’est pourquoi, Nchare (2012: 266) parle en ces termes: “There is a clear overlapping between the present tense and the immediate past (P1) in Shupamem. The boundaries between those tenses are blurred”[5].
1.11.2.2 Le passé 2 (Passé récent)
Le passé 2 (P2) nous permet de parler d’un événement qui a eu lieu il n’y a pas très longtemps.
(48) a. í pê-júon. 3sg P2-voir «Il avait vu.» i pê -jí. 3sg P2 -savoir «Il savais»
c. i pê -lúom ə̀? 3sg P2-garder M Int «Il avait gardé?»
Les phrases (48a, b et c) illustrent le passé 2 en Shupamem. Comme nous pouvons voir, le passé récent est marqué par le morphème pê.
1.11.2.3 Le passé 3 (Passé lointain)
Le passé 3 (P3) nous permet de parler des événements lointains.
(49) a. polo pí-luǒm. paul P3-garder «Paul avait gardé.»
b. púo pí- fá. 1pl P3-donner «Nous avions donné.»
c. Ali pí-twó. Ali P3- venir «Ali était venu.»
Le passé 3 est marqué en Shupamem par le morphème grammatical pí. C’est d’ailleurs ce que nous indiquent les phrases (49a, b et c).
1.11.2.4 Le passé 4 (Passé très lointain)
Le passé 4 nous permet de parler des événements qui ont eu lieu il y a très longtemps. C’est pourquoi lorsque nous utilisons le passé 4 nous ne mentionnons jamais le moment de l’action.
(50) a. puó kàpí –led. 1pl P4 montrer «Nous avions montré.»
b. Njikam kàpí –fie. Njikam P4 chercher «Njikam avait cherché.»
c. mátwà kàpí –mé. voiture P4 arriver «La voiture était arrivée.»
d. pájù kàpí -mié. nourriture P4 finir «La nourriture était finie.»
Les phrases (50a, b, c et d) nous montrent que le passé 4 (P4) est marqué en Shupamem par kàpí.
Le tableau ci-dessous nous permet de récapituler tous les marqueurs de temps en Shupamem.
Tableau 7: Les marqueurs temporels en Shupamem
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Le tableau 7 présente les différents marqueurs temporels qui existent en Shupamem. Comme nous pouvons constater, chaque temps a un marqueur temporel spécifique à l’exception du présent et du passé immédiat (P1) où il y a chevauchement entre leurs deux marqueurs du temps.
[...]
1 Pourcentage respectif des différentes catégories démographiques ou socioprofessionnelles qui constituent une population totale, qui permet d'établir un échantillon représentatif dans une enquête par sondage.
2 Selon Parisse (2010), la morphosyntaxe concerne l’ensemble des structures qui permettent de construire grammaticalement un énoncé. Elle porte aussi bien sur les formes des mots flexions régulières et irrégulières, variantes irrégulières de certains noms et verbes, l’agencement des marques syntaxiques autour du nom (déterminants, etc.), du verbe (pronoms, etc.), de l’adjectif, de l’adverbe, et enfin de l’organisation des mots et groupes de mots dans un énoncé ou une phrase. Dans la langue française, tous les niveaux d’organisation langagière sont touchés de manière importante par la morphosyntaxe. On distinguera quatre niveaux de morphosyntaxe : lexical (racine des mots), flexionnel (terminaison des mots), contextuel (marqueurs syntaxiques ayant un caractère obligatoire et dont l’emplacement est strictement déterminé) et positionnel (organisation des mots ou groupes de mots présentant une certaine flexibilité). Ces quatre niveaux d’organisation correspondent le plus souvent à l’âge des structures langagières et à leur évolution au cours du temps, des plus anciennes (lexicales) au plus récentes (positionnelles). Par contre, l’utilisation est largement indépendante de l’âge des structures et tous les niveaux interagissent dans la morphosyntaxe du français actuel.
3 Selon Lay (2009), le mode est une catégorie de la conjugaison qui définit la manière qu’on perçoit l’état ou l’action exprimé par le verbe.
4 Selon Ndiola (2008:32), le ŋ̀gjɛmbɔɔŋ forme son infinitif de cinq manièresdifférentes: par adjonction du préfixe «le» ou «lé» et par adjonction du marqueur de l’infinitif au radical verbal. Comme dans l’exemple suivant: lé- szē «savoir»; par adjonction du morphème (Ø -) nul au radical verbal: kíjɛ́ : «sauter»; par adjonction de la nasale syllabique au radical verbalqui comporte plusieurs réalisations comme nous montre le schéma suivant: [n] / [-t, ts, -ʈ, -d, -z, -dʒ, -zs, -rh] (ń-dʒúʔ) «écouter, suivre» /N/ [m] / [-b, -bv, -bh, -bɣ] (m-bváá) «grelotter» [Ŋ] / [-k, -g, -gw, -g j ] (Ŋ-gwɔʔ)«écraser»
5 Il y a un chevauchement évident entre le présent et le passé immédiat (P1) en Shupamem. Les limites entre ces deux temps sont floues.
- Citation du texte
- Ernest Njifon Ngoupayou (Auteur), 2017, La structure de la phrase interrogative en Shupamem, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/1165370
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