Le lansonisme

Table des matières

I. Introduction

II. Biographie

III. L’Influence de Gustave Lanson sur l’enseignement secondaire en France

IV. La critique littéraire
IV. A. La méthode lansonienne
IV. B. Quelques Réactions à la méthode lansonienne
VI. C. L’Importance de Gustave Lanson aujourd’hui

V. Conclusion

VI. Bibliographie

I. Introduction

«Lanson est en effet le seul professeur de littérature française dont le nom ait servi à la création de dérivés, ignorés de la plupart des dictionnaires: lansonien, lansonisme.»¹

Cette citation prise du «Bilan de Lanson» de Roger Fayolle n’est juste que pour Gustave Lanson comme professeur. En le rangeant parmi d’autres critiques littéraires de son temps, on constate qu’il y existe un vaste nombre de mots formés à l’aide des noms de critiques littéraires, comme par exemple dans les expressions «la méthode beuvienne» qui est formée du nom de Sainte-Beuve ou «la pensée tainienne» qui vient du nom de Taine.

Mais néanmoins il est vrai que Gustave Lanson appartient aux hommes importants dont on doit parler lorsqu’il s’agit du développement de la critique littéraire. De plus, c’est lui qui a influencé d’une manière décisive le système de l’enseignement secondaire en France.

A cause de cela, j’ai décidé de procéder de la manière suivante: Tout d’abord, je décrirai les dates les plus importantes de la vie de Gustave Lanson (cf. chapitre II - Biographie) pour pouvoir ensuite décrire son influence sur l’organisation de l’enseignement littéraire en France (cf. chapitre III - L’Influence de Gustave Lanson sur l’enseignement secondaire en France).

Dans le chapitre qui suit j’exposerai les points les plus importants de la méthode lansonienne (cf. chapitre IV. A - La Méthode lansonienne) pour pouvoir ensuite parler non seulement des critiques positives, mais avant tout des problèmes et des limites de cette méthode de critique littéraire. Il sera certainement très intéressant d’expliquer la réaction de Charles Péguy à la méthode lansonienne (cf. chapitre IV. B. - Quelques réactions à la méthode lansonienne). Puis, je décrirai l’importance de Gustave Lanson dans notre temps (cf. chapitre IV. C. - L’Importance de Gustave Lanson aujourd’hui).

A la fin de mon travail, j’essayerai de donner une petite conclusion de ce que j’ai constaté pendant mes recherches sur Gustave Lanson et le lansonisme (cf. chapitre V - conclusion).

II. Biographie

Gustave Lanson est né le cinq août 1857 à Orléans. Son nom entier est Achille-Alexandre-Gustave-Marie Lanson. Ses parents étaient tous les deux originaires de la région d’Orléans où son père travaillait comme fabricant de gants. Gustave avait un frère aîné s’appelant Fernand.

A l’âge de huit ans, Gustave Lanson devient élève à l’Ecole primaire annexée au Lycée Impérial. De la huitième jusqu’à la sixième classe, il vit à l’internat de ce lycée parce que ses parents ont quitté Orléans pour vivre à Paris. Mais Gustave les suit à Paris plus tard où il entre au Lycée Charlemagne en octobre 1869.

Après avoir été troisième au Concours de l’Ecole normale en 1876, Lanson sort premier agrégé des Lettres trois ans plus tard.² Entre 1879 et 1885, Gustave Lanson enseigne en province et après un séjour de quelques mois à la cour de Russie où il travaille comme précepteur des enfants de la famille impériale³, Gustave Lanson obtient un poste dans un lycée à Paris en septembre 1886.

Un an plus tard, il se marie et en l’an 1893, il devient professeur dans un lycée de jeunes filles. En octobre 1894, Lanson commence son travail à l’Ecole normale, après avoir publié sa fameuse Histoire de la littérature française. De plus, il s’engage dans l’affaire Dreyfus. Dans la même année, il fait partie des gens qui permettent le lancement de la Revue d’histoire littéraire de la France⁴ , même si son nom n’apparaît pas au conseil d’administration.⁵

L’année suivante, c’est-à-dire en 1895, son fils Michel est né et en novembre 1900, Gustave Lanson devient Maître de Conférences de Langue et Littérature françaises à la Faculté des Lettres. A la Sorbonne, il est chargé d’un Cours d’Eloquence française à partir du 1er janvier 1903, avant d’être nommé Professeur titulaire de cette chaire à la fin de cette même année.

En 1906, Gustave Lanson publie sa remarquable monographie sur Voltaire. Il lance en 1909 le Manuel bibliographique de la littérature française moderne et y ajoute, la même année, son édition critique des Lettres philosophiques de Voltaire.⁶ Les œuvres suivantes complètent la liste de sa production littéraire: la Nivelle de la chaussée et la comédie larmoyante, le Bossuet, le Boileau, Hommes et livres, L’Art de la prose, les Méthodes de l’histoire littéraire, l’édition critique des Méditations de Lamartine, l’ Esquisse d’une histoire de la tragédie française ainsi que l’ Essais de méthodes, de critique et d’histoire littéraire.⁷

Pendant la Première Guerre Mondiale, son enfant unique Michel est tué - un fait que Lanson ne surmonte jamais. En 1922, Lanson renonce à la chaire d’Eloquence française après l’avoir occupée pendant dix-neuf ans. L’année suivante, la chaire d’Histoire littéraire du XVIIIe siècle est créée pour lui.⁸

Quatre ans plus tard, c’est-à-dire en 1927, sa retraite met fin à toutes ses fonctions. Gustave Lanson meurt le 15 décembre 1934 à Paris à l’âge de soixante-dix-huit ans.⁹

III. L’Influence de Gustave Lanson sur l’enseignement secondaire en France

«Les jeunes ecclésiastiques rougeauds et mal rasés qui usent leurs soutanes sur les bancs de nos universités provinciales, les Allemandes consciencieuses et massives qui suivent tous les cours de la Sorbonne, les Russes faméliques, les Roumaines élégantes que les Dames de Sion instruisent à Bucarest ou à Iassy, les vieux boursiers d’agrégation ou les lycéens forts en thèmes, tous cultivent et travaillent le Lanson .»¹⁰

Même si cette citation de P. Leguay est plutôt péjorative, elle montre clairement l’immense influence de Gustave Lanson non seulement sur l’enseignement littéraire en France, mais dans le monde entier.

Gustave Lanson est un maître influent qui réussit à imposer une profonde transformation des études de littérature: Comme il est convaincu du fait que les pratiques traditionnelles de la formation culturelle - qui sont fondées avant tout sur l’étude de la littérature classique - sont tout à fait inadaptées, il est un des défenseurs essentiels de la réforme de 1902.¹¹ Par suite de cette réforme, la formation scientifique et l’instruction patriotique et civique deviennent de plus en plus importantes. Ce n’est plus la connaissance des œuvres classiques sur laquelle l’accent sera placé, mais plutôt sur celle des éléments des sciences exactes et naturelles ainsi que sur celle de l’histoire française. Voilà une citation qui souligne l’attitude de Gustave Lansons envers cette réforme de 1902:

«L’education littéraire est excellente pour faire, avec beaucoup de ratés, quelques individus supérieurs qui éblouiront le monde de leur fantaisie originale et égoïste; l’éducation scientifique, seule, peut améliorer la jeunesse d’une nation et lui donner l’esprit de précision, de méthode et de discipline nécessaire aux œuvres collectives.»¹²

Pendant une période de redéfinition des programmes de l’enseignement en France (1880-1902), Gustave Lanson introduit des pratiques de l’étude littéraire auxquelles se sont exercées des générations d’étudiants: d’une part, l’exercise de l’explication de textes et d’autre part, la recherche des sources et des influences.

[...]

¹ Béhar, Henri; Fayolle, Roger. L’Histoire littéraire aujourd’hui. Paris: Colin, 1990 (page 12).

² Pommier, Jean. Dialogues avec le passé. Etudes et portraits littéraires. Paris: Nizet, 1967 (pages 376 - 378).

³ Compagnon, Antoine. La Troisième République des lettres. De Flaubert à Proust. Paris: Seuil, 1983 (page 59).

⁴ «Deux absences remarquables en 1894: Brunetière, Lanson et la fondation de la Revue d’histoire littéraire de la France » (Compagnon, Antoine). Revue d’histoire littéraire de la France. 1995: 29-53.

⁵ «Deux absences remarquables en 1894: Brunetière, Lanson et la fondation de la Revue d’histoire littéraire de la France.» (Compagnon, Antoine). Revue d’histoire littéraire de la France. 1995: 29-53.

⁶ Delfau, Gérard; Roche, Anne. Histoire/Littérature. Paris: Seuil, 1977 (page 127).

⁷ Lanson, Gustave. L’Art de la prose. Paris: La Table Ronde, 1996 (page 25 - 26).

⁸ Compagnon, Antoine. La Troisième République des lettres. De Flaubert à Proust. Paris: Seuil, 1983 (page61).

⁹ Pommier, Jean. Dialogues avec le passé. Etudes et portraits littéraires. Paris: Nizet, 1967 (page 378).

¹⁰ Pommier, Jean. Dialogues avec le passé. Etudes et portraits littéraires. Paris: Nizet, 1967 (page 393).

¹¹ Béhar, Henri; Fayolle, Roger. L’Histoire littéraire aujourd’hui. Paris: Colin, 1990 (page 13 - 14).

¹² Béhar, Henri; Fayolle, Roger. L’Histoire littéraire aujourd’hui. Paris: Colin, 1990 (page 14).