Le roi Njoya. Une figure de l’histoire camerounaise


Essai, 2022

27 Pages


Extrait


Le Prince NSANGOU, père de NJOYA et grand-père de NJIMOLUH SEIDOU NJOYA, restaura la légitimité en devenant le 15ème roi de la dynastie car il réussit à chasser du pouvoir le « Mfon » NGOUWOUO qui était en réalité le chef des gardes du palais et n’était donc pas de la lignée royale. Par sa mère NJAPDOUNKÉ, NJOYA descendait encore de NCHARE YEN. Cette épouse du Roi NSANGOU était en effet l’arrière-petite-fille du Roi NGOULOURE. NJOYA, encore très jeune, succéda à son père qui mourut dans la guerre contre les Bansoh, peu avant 1889. Pendant sa minorité, sa mère « Na » NJAPDOUNKE assure la régence, avec l’aide du grand serviteur GBENTKOM NDOMBOUO.

NJOYA dut acquérir une formation traditionnelle analogue à celle de ses frères dans cette maison dite « Ntapit » appelée la « Maison des lionceaux » où les fils du souverain entraient à partir du moment où ils étaient circoncis. Là, leurs aînés leur servaient de précepteurs et leur enseignaient les coutumes du pays et l’art d’y vivre. C’est ce qu’ils firent devant le roi avant de commencer une course guerrière « Kuma » que font les Bamoun, les armes à la main.

Le Roi NSANGOU, très satisfait, leur offrit des cadeaux en récompense de leur bravoure. Ces princes furent ensuite envoyés selon la coutume chez NJIKAM-MACHU pour apprendre à fabriquer des balafons. NJOYA y eut encore l’occasion de se faire remarquer : il fabriqua son instrument de musique, apprit à jouer et devint l’instructeur de ses frères. Une dernière anecdote rapportée cette fois dans l’histoire fait état d’un partage de noix de cola effectué sur ordre de NSANGOU en ces termes : « Tu as si bien fait le partage des noix de cola, que désormais c’est toi qui rempliras cette fonction auprès de tes frères »1.

C’est peu après, dans la société secrète appelée « Nguri », réservée aux princes et rivale de la société secrète appelée « Mbansié », ouverte aux seuls serviteurs du roi, que l’on inculquait aux fils de monarque cet « esprit de corps » qui s’exprimait dans leur solidarité face à celle qui liait les serviteurs constituant la noblesse de cour.

D’après le traditionnaliste « Nji » MFONDA, un jour, le Roi NSANGOU dit à ses sept fils, dont NJOYA, qu’il allait les envoyer à la guerre. Sans plus de précision, il les fit emmener chez « Nji » MFOUAMBE où ils furent circoncis. Comme ces enfants partirent armés comme des guerriers, ils devaient rentrer triomphalement au palais.

Sur le chemin du retour, NJOYA dit à ses frères : « Si à notre arrivée, le roi nous demande des trophées, nous enlèverons nos vêtements pour lui montrer le résultat de la circoncision ». NJOYA n’était pas encore pubère quand il devint le 16ème Roi des Bamoun. Son père laissait un pays ébranlé par une défaite militaire où périrent 1500 hommes sur le champ de bataille dans un combat contre les Bansoh.

A partir vraisemblablement de 1896, NJOYA dut entreprendre des réformes qui allaient transformer le royaume et susciter l’intérêt et l’admiration des voyageurs africains ou européens qui visitèrent la région. Les Bamoun connaissaient évidemment le travail du fer, mais les forgerons de Foumban transformaient les vielles pièces d’outillage qu’on leur remettait. Ils fabriquaient ainsi les houes et les armes dont se servait la population.

NJOYA voulut que les Bamoun sachent aussi fondre : « Il fait installer à proximité du palais un haut fourneau chauffé au charbon de bois où l’on traite des sables ferrugineux de la région. Les forgerons de la ville qui fournissent au palais l’armement dont il a besoin peuvent ainsi s’approvisionner sur place…le haut fourneau fonctionne lorsqu’Ankermann y parvient en 1908 »2. On pratiquait aussi la technique de la fonte à la cire perdue, mais elle servait à fabriquer des objets rares destinés au palais : ce fut NJOYA qui créa les grands ateliers où il réunit de nombreux artisans et encouragea la production. D’après le Sultan Seidou NJIMOLUH NJOYA, il a eu d’autres audaces : « Quand son père vit les boites de conserve que lui offrirent des amis allemands, il tenta d’utiliser la même technique pour conserver les produits locaux. Il ordonna à ses serviteurs de fabriquer des boites par le procédé de la fonte à la cire perdue.

Ceux-ci lui apportèrent les récipients, mais comme évidemment NJOYA n’avait pas pensé à demander de conseils précis à ses amis européens, il mit les aliments cuits et assaisonnés sans aucune autre précaution dans les boites. Il ignorait tout de la stérilisation et lorsque les conserves furent recouvertes quelques mois plus tard, les aliments étaient gâtés ; ce fut bien un échec, mais cette expérience mérite d’être citée.

Il n’hésita pas à faire fabriquer un canon avec lequel il réussit à détruire quelques bananiers à une centaine de mètres de distance. Il chargera le chef de l’équipe des techniciens, MONLIPER NJIMONJAP, de faire un moulin à mais. Cette machine, qui n’avait rien à envier à ce que présentaient à l’époque les Européens, se trouve aujourd’hui au musée royal de Foumban ». NJOYA demanda au même MONLIPER NJIMONJAP de fabriquer une imprimerie.

Voici ce que TARDITS écrit à ce sujet : « Le monarque avant de se lancer dans cette entreprise, aurait sollicité vers 1913, les Allemands. Aucune réponse ne venant, il demanda à un artisan de réfléchir à son projet. Ce dernier réussit à fabriquer à la cire perdue dont les Bamoun connaissaient le procédé, les quelques quatre-vingts caractères que comporte à l’époque l’alphabet. Il met ensuite au point une presse ; elle est constituée d’un plateau sur lequel on dispose les caractères, séparés par des baguettes de bois pour marquer les interlignes ; le plateau monté sur charnière, peut se rabattre sur le papier qui reçoit l’impression. En 1920, l’imprimerie est prête mais NJOYA, harcelé par l’administration française, fait dans sa fureur, fondre les caractères ». Ce fut encore sous ce règne que les Bamoun apprirent des Haoussa à travailler le cuir, qu’ils adoptèrent la technique du tissage à pédale et commencèrent à teindre les tissus.

En définitive, le Roi NJOYA a mis en place des œuvres utiles pour son peuple et qui ont grandement contribué à la célébration de sa personnalité par l’administration coloniale allemande.

1. La personnalité du Roi NJOYA : un atout de taille pour la consolidation des relations entre le pouvoir traditionnel local et l’administration coloniale allemande

Les Allemands, premiers maîtres du Cameroun, instituèrent un système indirect d’administration qui allait dans le sens de ce que les Bamoun pouvaient espérer. Le Roi NJOYA perdit une partie de ses prérogatives au profit des autorités coloniales, mais il garda des pouvoirs assez étendus pour continuer à gouverner le royaume.

La correspondance du chef de bataillon MARTIN adressée au commandant du corps d’occupation du Cameroun en est un fort témoignage : « Nous sommes en présence d’un potentat indigène qui a joué d’un pouvoir absolu sans contrôle (…) ; j’ai engagé le lieutenant Prestat tout en continuant à se montrer très ferme, très énergique à l’égard de Njoya à se servir de lui, à le guider, à en faire un auxiliaire sinon dévoué du moins intéressé en lui laissant une autorité à parenté sur les Bamoun »3.

De plus, le chef de subdivision français, M. RIPERT ajouta : « NJOYA est un tyran noir, élevé dans le sang, à l’orgueil démesuré, poursuivant des rêves insensés, exécutant sommairement ses adversaires, obligeant chaque famille à lui donner une fille en mariage. Il avait accédé au pouvoir après que sa mère n’eut pas hésité à supprimer tous ses frères »4. Cette description traduit à suffisance un racisme fort prononcé à l’endroit du Roi NJOYA. A l’inverse, les Allemands l’ont pris pour un remarquable chef, intelligent et entreprenant, qui sut prendre des décisions utiles pour son pays. L’hommage que lui rend Carl EBERMAIER témoigne de cette coopération : « Il fut le plus capable, le plus intelligent et le plus loyal de tous les chefs du Kamerun que j’ai connus ; il amena la prospérité dans son pays et développa l’agriculture, l’artisanat et le commerce et fut pour tous un modèle ».

Par ailleurs, arrivé à Foumban le 13 avril 1903, voici ce que dit le lieutenant HIRTLER sur la personnalité du Roi NJOYA : « L’autorité personnelle de cet homme, la situation relativement grande qu’il occupe et sa manière de concevoir les choses le placent très loin au-dessus des autres chefs de la région. Ses qualités propres, dont la preuve réside dans les ressources qu’il tire d’un pays étendu et peuplé, le font apparaitre à la fois à la propagande de la civilisation et au développement du commerce. La réception et les soins que je reçus de lui furent grandioses. Ce que j’ai vu me fit une impression de bon ordre, qui est le meilleur témoignage de l’autorité sans bornes dont jouit Njoya ».

En somme, la personnalité du Roi NJOYA à la fois souple vis-à-vis des Allemands et entreprenante suivant les différentes réformes qu’il a mis en place au sein de son royaume, ont permis à son peuple de ne pas être soumis à la violence physique directe et implacable des conquérants étrangers.

Cependant, cette « servitude volontaire » peut être perçue comme le reflet du profil psychologique complexe et tiraillé de ce monarque africain. Nous posons l’hypothèse peut-être hérétique que NJOYA a sacrifié à la « servitude volontaire » stratégique pour circonvenir l’administration coloniale. Le greffage de l’adjectif qualificatif « volontaire » au vocable « servitude » apparaît d’ordinaire paradoxal ; mais cet oxymore offre un axe de lecture tentant pour une sociologie de la docilité. En réalité, c’est NJOYA qui délaisse sa liberté, et non le colon qui la lui prend.

La sociologie d’Erving GOFFMAN nous permet de scruter les interactions entre NJOYA et l’administration coloniale, interactions qui s’objectivent dans les « figurations » préventives, protectrices et réparatrices : tact, pondération, évitement, accommodation, collaboration, compromission font partie d’un registre de possibilités stratégiques à lui offertes par les conjonctures. C’est dire que dans cette structure de jeu, il y a une plasticité insoupçonnée qui ruine les lectures de surface.

Au contact des Allemands, il s’illustre par une anticipation rationnelle qui fait de lui une « collaboration mercenaire » : « faisons la guerre aux Blancs – « Non répondit le Roi, les Blancs sont mes amis ! » Ainsi, les Blancs s’installèrent au pays des Noirs. Tous les rois qui ont voulu s’opposer aux Blancs ont été vaincus ». Il s’agit d’une figuration préventive qui révèle un leadership transformationnel qui opère par l’alchimie de la diplomatie et de la pédagogie, la « civilisation des mœurs politiques » d’un peuple pourtant guerrier. Nous sommes là dans un cas limité de « jeu à somme non nulle comparatif » où les deux protagonistes gagnent.

Cette anticipation rationnelle du roi NJOYA permet aux parties d’émettre des signaux dont les choix finissent par converger vers une décision qui les arrange toutes. La prospérité économique du royaume et l’administration « en semi-liberté » en constituent la contrepartie. Était-il totalement acquis à la cause allemande, TARDITS demeure nuancé dans la mesure où il ne fit jamais appel aux Allemands comme le firent la plupart des chefs indigènes. Au surplus, sa mobilité tactique le porte à soutenir les Anglais en 1915 sans doute en raison d’une évaluation réaliste des rapports de force. La deuxième anticipation rationnelle a trait à ses rapports avec le christianisme. Sa demande de baptêmes auprès du pasteur GOHRING apparaît entre autres interprétations comme une sollicitation de façade, une figuration protectrice qui masquent ses amitiés nostalgiques avec les Fulani de Banyo.

En fait, les Allemands traitèrent NJOYA comme un fonctionnaire allemand et gagnèrent son attachement en lui offrant l’uniforme de lieutenant de la Garde Impériale Allemande. Le respect que le Sultan NJOYA portait aux Allemands apparaissait dans la réponse qu’il donna au Roi Rudolf DUALA MANGA BELL de Douala lorsque ce dernier lui demanda son soutien dans l’opposition à l’expropriation des terrains de Douala.

Répondant à la requête du Roi Rudolf DUALA MANGA BELL, le Sultan NJOYA s’interrogea : « Les Allemands sont mes pères, et lui (Rudolf DUALA MANGA BELL) est comme mon frère ; comment dès lors pourrais-je entrer en guerre contre eux ? »5

- Le Roi Njoya, un fin stratège politique

Un stratège est un membre du pouvoir exécutif d’une cité grecque, qu’il soit élu ou coopté. Il est utilisé en grec pour désigner un militaire général. Dans le monde hellénistique et l’Empire byzantin, le terme a également été utilisé pour décrire un gouverneur militaire.

Dans la Grèce contemporaine6, le stratège est un général et a le rang d’officier le plus élevé7. Dans l’empire byzantin, à partir du VIIème siècle, un stratège est le commandant d’un thème et de son armée. Il est le détenteur des pouvoirs civils et militaires au sein de cette province.

Le terme « monostratège »8 désigne un stratège qui a autorité sur plusieurs thèmes9. L’origine du mot vient du grec « strategos »10 qui a donné le latin « stratagema »11, ce qui fait de cette pratique l’art du général. Son sens moderne est double, si l’on choisit de mettre l’accent sur le savoir ou sur la méthode.

La stratégie est définie comme la science ou l’art de l’action humaine finalisée, volontaire et difficile. Finalisée c’est-à-dire tendu vers des buts identifiés avec précision, volontaire dans la mesure où la volonté de l’unité agissante représente une condition fondamentale pour la réalisation de l’objectif ; difficile c’est-à-dire que cette réalisation demande des efforts substantiels pour surmonter les obstacles assez élevés pour entretenir l’incertitude au moins pendant un certain temps12.

La stratégie est au cœur de la praxéologie, elle concerne tous les domaines de l’action en particulier la conduite des organisations de toute nature. Elle est un art qui se conjugue avec d’autres arts sociologiques tels que la guerre ou encore la politique…

-Politique et stratégie : deux notions aux contenus complexes…

Le Général OLLION13 distingue trois (03) postulats qui permettent de mieux appréhender de façon claire les notions de stratégie et de politique :

1°) La stratégie ne se confond pas avec la politique, elle lui est étroitement subordonnée.

Il importe en premier lieu de situer la stratégie par rapport à la politique. Pour faire apparaitre ce qui les distingue, on peut dire que la politique se réalise normalement par les voies de la diplomatie, de l’économie, etc… De telles activités sont adaptées à la poursuite des objectifs nationaux, tant que ne surgissent pas d’obstacles insurmontables pour chacune d’elles, ou une menace atteignant l’ensemble de la vie nationale.

Mais si tel est le cas, il faut qu’une volonté unique coordonne étroitement, dans une action de contrainte, tous les moyens, de quelque nature qu’ils soient, qui peuvent aider à franchir l’obstacle ou à supprimer la menace. On voit alors se manifester à l’échelon le plus élevé de l’Etat une action de stratégie générale qui donne naissance aux échelons subordonnés, non seulement à une stratégie militaire, mais aussi à des stratégies particulières14, suivant une hiérarchie qui est celle des responsabilités réellement exercées.

Ainsi la stratégie générale apparait-elle, dans son essence, comme l’application de la politique avec une intention de contrainte, face à une volonté adverse suscitant obstacles ou menaces. Il ne peut donc y avoir de stratégie authentique sans qu’ait été préalable définit une politique, et il ne subsiste pas le moindre doute sur la constante subordination de la première à la seconde qui constitue sa raison d’être.

2°) Nécessaire coexistence de la stratégie et de la politique

Le caractère total que peuvent revêtir les conflits modernes conduit à concevoir une stratégie totale et, partant, une politique totale dans laquelle cette stratégie puisse trouver sa source.

Mais il faut souligner qu’une telle politique totale ne peut exister, dans le monde occidental actuel, que pour inspirer une stratégie totale lorsque celle-ci est rendue nécessaire par la conjoncture ; hormis ce cas, il n’y a que la politique au sens traditionnel du mot. Si en effet la politique d’un pays avait en permanence le caractère d’une politique totale, appliquée par les méthodes d’une stratégie totale, toutes les activités intérieures et extérieures, publiques et privées devraient être constamment et exclusivement ordonnées à cette politique. L’organisation de l’Etat et celle de tous les groupes sociaux devraient être conçues en fonction de ce but.

Dans le monde moderne, chaque pays entretient aisément des relations avec tous les autres ; aucun n’est complètement indifférent aux problèmes des autres et tous participent plus ou moins au règlement des questions importantes.

De grands blocs rivaux se constituent auxquels il faut participer pour bénéficier de leur puissance sans se laisser absorber au point de perdre son indispensable et légitime autonomie.

Il n’est donc pas douteux que l’on doit toujours être prêt à user soit de relations normales soit de procédures de conflit et pouvoir orienter au même moment son action dans les voies de la politique vis-à-vis des uns et de la contrainte stratégique vis-à-vis des autres.

3°) Le problème du passage de la politique à la stratégie

Comment, en effet, concevoir ce passage de la politique à la stratégie pour qu’il puisse être à la fois facile, rapide et réversible, c’est-à-dire capable de répondre à la demande d’évènements qui, aujourd’hui, modifient les situations dans de très courts délais ?

Comment les moyens de la contrainte, c’est-à-dire de la force et même parfois de la force armée, peuvent-ils être toujours disponibles pour donner à cette manœuvre une efficacité suffisante ?

Comment enfin organiser ce changement de style d’action pour qu’il soit réalisable au moment du besoin ?

La perspective stratégique impose de faire intervenir aussi des volontés extérieures, éventuellement hostiles, avec leurs répercussions possibles sur les objectifs nationaux. Il faut donc obligatoirement entrer dans le monde des hypothèses, les classer, en dégager les facteurs communs et voir en même temps les principaux aléas d’une véritable manœuvre et les moyens qu’ils peuvent exiger. La pensée militaire, avec ses méthodes et son expérience, peut être à cet égard une aide précieuse, mais à cet égard seulement car elle n’est pas en mesure d’embrasser l’ensemble du problème.

Les principales étapes de sa solution semblent en effet pouvoir être décrites comme suit – atteindre le niveau de réflexion voulu pour savoir toujours rapporter les aspects divers de chaque activité à l’échelon des responsabilité effectivement habilité pour en traiter – acquérir la sûreté de jugement indispensable pour distinguer à coup sur ce qui nécessite ou non l’usage de la contrainte – s’entrainer à une sorte d’agilité d’esprit qui permet en toutes circonstances d’organiser les moyens existants en vue d’un effort particulier.

Enfin, le problème n’a de chances d’être résolu que si toutes les personnalités susceptibles de participer aux grandes activités de l’Etat ont été amenées à s’engager ensemble dans un tel travail de réflexion et de formation15.

Partant de là, le Sultan NJOYA, un vrai Africain, avait le sens de donner et de partager. Mais est-ce que certains milieux européens ne considéraient pas ses cadeaux comme calculés ?

-Njoya ou la mise en place d’une stratégie du don

Les relations du monarque Bamoun avec les Européens semblent être plus complexes. NJOYA a eu tour à tour des relations avec les Allemands, les Anglais et les Français. J'ai été frappé par la façon dont certains auteurs africanistes comme CHRISTRAUD GEARY16 ont intercepté le don du trône royal fait au « Kaiser » allemand en 1908, ainsi que la promesse de cadeau faite au roi anglais en 1915 et consignée dans un document d'archives lorsque ces derniers occupèrent Foumban un court laps de temps.

Il y voit des dons calculés. GEARY17 semble présenter NJOYA comme un calculateur, offrant le trone en signe de gratitude au Kaiser allemand suite à l'attaque de 1906 contre ses voisins Bansoh et la récupération d'une partie des restes de son père18 gardée en trophée.

Un autre exemple de son "jeu" est donné avec une photo prise avec un uniforme allemand, avec des épaulettes, une tenue confectionnée par ses propres tailleurs. Sur le même registre, GEARY écrit que lorsque les relations avec l'Allemagne devinrent froides, en 1912, il sembla plus proche des Foulbé en arborant une tenue musulmane. GEARY ne connaissant pas le sens du cadeau chez l'Africain dit aussi que le Sultan était déçu du cadeau donné en retour par le Kaiser : un appareil musical.

Une autre interrogation à mon avis pertinente est l'interprétation des relations entre NJOYA et le marchand Rudolph OLDENBURG. Sur cette photographie, on le voit poser son pied sur le trône royal sur lequel est assis NJOYA.

Figure N° 1 :Le Roi NJOYA et le commerçant OLDENBURG, photo prise par Hélène OLDENBURG, en 1912 à Foumban.

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Source : Courtesy Basel Mission Archives. Photo disponible dans l’ouvrage « DiARTgonale », JAMAN, ISSN 2213-7718, novembre 2012. Article disponible sur le site https://www.marjolijndijkman.com et consulté le 06 avril 2021.

A Berlin, un collègue allemand m'a dit que selon un spécialiste, ce geste aurait fâché la garde rapprochée du Sultan. « C'est ce dernier qui la dissuada de ne pas le corriger. Pourquoi ? Est-ce un signe de manque de respect ou de familiarité entre les deux hommes 19 » ?

On peut déduire une forme de mépris de la part du commerçant allemand qui ne voyait en NJOYA qu’un nègre, qu’un indigène même s’il était un monarque craint et respecté par ses sujets. On peut y voir également un acte de provocation pour inciter NJOYA à se rebeller contre l’administration coloniale allemande et ainsi justifier des actes militaires contre ce souverain et son peuple.

Du côté du Roi NJOYA, on peut y percevoir la volonté de ne pas froisser l’administration coloniale allemande et de préserver à long terme son peuple. Cela montre la subtilité du Roi NJOYA qui savait qu’il ne pouvait pas lutter contre ses envahisseurs du moins par les armes mais plutôt par la ruse. Comme le souligne HEGEL et FICHTE, la brutalité est la règle dans les rapports entre les groupes.

On retrouve des idées similaires dans « Jenseits von Gut und Bose »20, NIETZSCHE écrit en effet : « Ici, il faut aller au fond de la pensée et se débarrasser de toute faiblesse sentimentale : la vie elle-même est avant tout appropriation, blessure, victoire sur l’étranger et le plus faible, oppression, violence, imposition de ses propres normes, annexion et dans le meilleur des cas, exploitation (…). L’exploitation n’est pas le fait d’une société corrompue et imparfaite ou primitive. Elle fait partie de l’être de tout ce qui vit et en est la fonction organique de base, elle est la conséquence de la volonté de vivre » 21 .

En d’autres termes, le Roi NJOYA voulut tirer profit de sa rencontre avec l’Occident. Il avait cherché à s’approprier le monde de l’Autre et le fondre dans le sien dans une alchimie qui allait donner naissance à un nouvel être au confluent des cultures. Et voilà NJOYA l’Africain acceptant son hybridité comme valeur de civilisation par laquelle il conquiert le monde et s’y positionne positivement en se dépouillant des scories, pour une synthèse intelligente des valeurs22.

Par ailleurs, grâce au Roi NJOYA et ses innombrables œuvres, on a assisté à la fin du mythe de l’infériorité du Noir.

2. Le Roi Njoya ou la fin du mythe de l’infériorité du Noir

L’idéologie coloniale développée par les penseurs comme le Comte Joseph Arthur DE GOBINEAU23, Friedrich HEGEL24, ou le médecin colonial Ludwig KULZ considère le Noir comme un être inférieur, un éternel attardé mental, dénué de toute capacité intellectuelle : « Pour rien au monde, soutient Ludwig KULZ , nous ne devons considérer les indigènes comme nos frères, mais comme notre enfant mineur » 25 .

Les thèses attribuées à DE GOBINEAU sont combinées à celles de DARWIN26, aux résultats de la recherche génétique pour élaborer une théorisation sur la variation, la sélection, l’amélioration et la décadence des groupes humains.

Il en résulte une conception moniste de la société dans laquelle on s’applique à déceler des lois biologiques naturelles27. L’évolutionnisme avait intégré dans sa théorie les principes darwiniens de la sélection, de la survie du plus fort, de la disparition du plus faible et de la lutte pour la vie. Comme l’écrit ZMARZLIK : « Ce qui pouvait encore être considéré comme la concurrence des individus afin d’obtenir le plus travailleur et le meilleur sur le plan moral devenait maintenant un combat ardu pour s’affirmer, pour accroitre sa puissance – et cette lutte ne se déroule plus avant tout entre les individus mais entre les groupes : les groupes sociaux d’intérêt, les peuples et les races » 28 .

Durant la phase de la domination coloniale, le noir est considéré comme un être destiné au travail manuel. C’est la politique de la décapitation de l’indigène. Les sociologues GUMPLOWICZ et RATZENHOFER avaient déjà essayé de démontrer que tous les mouvements sociaux, religieux et politiques du passé étaient d’origine raciale29.

-Les théories racistes comme fondement de la colonisation

Pour WOLTMANN, les nègres n’ont jamais développé un système de concurrence individuelle, les mongols ne l’ont fait que dans certains groupes de leur race. Seuls les peuples germaniques ont érigé ce principe en loi fondamentale de la vie sociale et permis ainsi le plus grand développement de la culture30. Par ailleurs, seules les races germaniques ont développé selon lui ce principe de concurrence individuelle, elles sont donc aptes à la culture, les nègres ne le sont pas. C’est dans cette logique qu’il défend la colonisation. Elle ne consiste pas comme chez les évolutionnistes à apporter la civilisation aux nègres, « il est illusoire de vouloir rendre les nègres, « il est illusoire de vouloir rendre les nègres et les indiens d’Amérique aptes à la civilisation », « les blancs seront toujours la race des seigneurs (Herrenrasse) dans les colonies puisque la race nordique est le vecteur naturel de la civilisation mondiale » 31 .

Ce qui est intéressant donc, c’est que le principe de la colonisation est vu comme un danger pour le colon qui semble appréhender la concurrence du colonisé ainsi recréé à son image.

Et c’est ainsi que le principe de concurrence et de sélection, considéré au début comme mode naturel de régulation de la société est abandonné au profit du principe de la primauté naturelle d’une race appelée à asservir d’autres. Ce revirement s’opère dans l’esprit d’une frange de l’intelligentsia allemande à un moment où la classe moyenne à laquelle appartient une bonne partie du « Bildungsburgertum »32 connait une crise grave qui menace sa survie en tant que classe.

En effet, le développement du capitalisme a tendance à la plonger dans la pauvreté en rendant caduques ses modes de production. L’affirmation du principe racial est donc souvent une réaction anticapitaliste petite bourgeoise visant à assurer la survie de cette classe33. FROBENIUS montre assez clairement dans son livre « Auf dem Wege nach Atlantis » que le développement de la thèse raciste par opposition à la thèse civilisatrice était lié à la peur de voir le colonisé utiliser les rames des Européens pour se retourner contre ses derniers.

Critiquant la politique française en Afrique de l’Ouest, il écrit : « La France veut éduquer ces hommes noirs pour en faire des frères. Il s’agit là d’une idée mauvaise et déprimante » 34 . Le Noir était aussi présenté comme étant cannibale, très superstitieux, facilement influencé par la sorcellerie et la magie. De sa religion animiste originelle, quand on ne niait pas purement et simplement son existence, on ne retenait que les manifestations extérieures, c’est-à-dire les amulettes, les fétiches et les gris-gris.

Voici par exemple ce que rapporte Joy CHARNLEY dans un ouvrage dont le titre Afriques imaginaires est révélateur de l’esprit qui a régné en Occident du 19ème jusqu’au début du 20ème siècle : « Quelque peine que j’ai prise à chercher la moindre apparence de religion parmi ces gens, je n’en ai jamais pu découvrir la moindre trace, ou qu’ils eussent aucune connaissance de Dieu, l’Enfer, ou de l’immortalité de l’âme… On n’y voit qu’une épouvantable stupidité et brutalité en toutes leurs actions, en toute leur vie » 35 . En bref, les écrivains exotiques et coloniaux dans leur grande majorité ont été incapables de comprendre la complexité des diverses mythologies noires et ont tout englobé sous le vocable simplificateur de superstitions36. Les romanciers exotiques et coloniaux ont parlé des Africains comme des êtres mineurs, incapables de se gouverner et de gérer les ressources naturelles de leurs pays étant donné leur mentalité prélogique.

En effet, selon FANOUDH-SIEFER, les monarques africains étaient présentés de manière si grotesque que l’on est droit de se demander comment de tels dirigeants ont pu se faire respecter de leurs sujets au cours de la longue histoire de l’Afrique qui était d’ailleurs niée.

Les rois étaient présentés comme étant capables de vendre toute l’Afrique en échange de quelques litres d’eau de vie37. Le Roi NJOYA viendra battre en brèche toutes ces théories racistes qui considéraient l’homme noir et surtout africain comme incapable d’accomplir des prouesses dans des domaines réservés aux « Blancs ».

-Le Roi Njoya ou l’effritement des théories racistes

Pour le gouverneur VON PUTTKAMER, l’indigène est important essentiellement pour le travail manuel, tandis que son homologue HUBBE-SCHLEIDEN affirme de son côté que « L’Allemand a sa tête pour penser, le noir a un crâne pour porter les fardeaux » 38 .

C’est pour cela qu’en mettant sur pied un système d’écriture propre, le Roi NJOYA battait en brèche tous les préjugés avancés depuis la fin du Moyen Age qui font du nègre un être dénué de raison. L’écriture royale39, qui comptait au départ plus de 500 signes à 80 caractères, assura une meilleure diffusion de l’écriture et amena l’augmentation des textes rédigés en écriture royale, qui était enseignée dans les écoles. NJOYA institua un bureau d’état civil pour enregistrer les naissances et les mariages.

Les jugements du tribunal royal étaient également consignés par écrit. Le livre d’histoire, de lois et de traditions des Bamoun, qui compte plus de 1100 pages, est alors rédigé au moyen de l’écriture royale. Sa réplique se trouve au Pit-Rivers Museum d’Oxford40. La réfutation de la théorie de la « décapitation » de l’indigène est d’autant plus cinglante qu’elle constitue un camouflet à la théorie de la hiérarchie des races, cette théorie selon laquelle se fondait l’attitude des Européens vis-à-vis des populations indigènes.

Sans compter le développement des arts et de la culture enregistré à son actif. Particulièrement attaché à la culture Bamoun, le roi réserva dès l’achèvement de son palais, une partie de l’établissement au musée royal actuel et favorisa l’essor des arts, des techniques et l’épanouissement culturel.

Par ces faits d’armes, le Roi NJOYA a valorisé de manière durable, l’héritage ancestral du peuple Bamoun.

-Le Roi Njoya ou la valorisation de l’héritage ancestral du peuple Bamoun

L’importance de l’œuvre du Roi NJOYA touche plusieurs domaines dans la mesure où la possession de l’écriture, instrument de communication capital, permet au Roi des Bamoun d’asseoir son autorité politique, d’organiser méthodiquement les activités économiques et commerciales, d’étendre son influence socioculturelle au-delà des rives du Noun.

« Avec l’arrivée des colons, il a trouvé une manière de communiquer sur son territoire avec cette langue-là, comme les Allemands ne pouvaient pas la comprendre. C’était une manière de communiquer avec son peuple comme avant l’arrivée des colons » 41 . C’est en 1895 qu’apparait le 1er alphabet inventé par le Roi NJOYA. Il comptait alors 510 signes. Avec le temps, l’alphabet « a ka u ku » a évolué et sa dernière version, en 1930, ne comprenait plus que 70 signes42. Au début, on l’écrivait dans n’importe quel sens jusqu'à l’époque où le monarque constata que les musulmans écrivaient l’arabe de droite à gauche. Il interdit ce sens car il ne voulait pas paraitre influencé par des étrangers. On comptait enfin plus de mille lettrés dans le royaume en 1933, dont quelques jeunes originaires des États voisins. Cette écriture, utilisée entre 1896 et 1930, a servi à écrire de nombreux ouvrages, dont l’« Histoire des lois et coutumes des Bamoun », rédigé par le Roi NJOYA lui-même. Des caractères d’imprimerie ont même été créés pour les imprimer. La nouvelle écriture n’était pas encore au point quand le Roi Njoya et ses collaborateurs comprirent tous les avantages qu’ils pouvaient en tirer. Une décision fut prise tôt au début du siècle de rassembler les traditions historiques Bamoun.

Le Roi NJOYA commença à noter quelques grandes lignes de l’histoire de son peuple. Comme l’a écrit le pasteur Henri MARTIN : « D’année en année, il (Njoya) augmenta sa documentation, et il existe des fragments assez importants rédigés par ses écrivains plusieurs années avant le texte définitif » 43 .

Pour rédiger cet ouvrage, le monarque interrogea de nombreux témoins qui étaient susceptibles, soit par leur âge, soit par leurs fonctions, de bien connaitre les événements qu’ils relataient ou les traditions orales.

Cet ouvrage doit être signalé parce qu’il représente une référence capitale pour tous les chercheurs qui s’intéressent aux Bamoun. Le texte définitif fut rédigé en 1921, il comporte 202 chapitres et 547 pages.

La copie de l’ensemble du livre fut menée par divers rédacteurs. Le volume est constitué de feuilles volantes réunies dans une couverture de peau. Il est complet et soigneusement conservé dans les archives du palais44.

Il comprend trois parties :

La première va des origines jusqu’au règne du dixième roi, Kouotou, au début du XVIIème siècle. Cette période du passé Bamoun a été fort bien restituée à partir des données de la mémoire collective. Pour effectuer ce travail, le souverain a exploité les récits historiques, les chansons diverses, les musiques des sociétés secrètes ; l’équipe des rédacteurs de l’ Histoire » a utilisé également les légendes, les proverbes, les noms, etc. L’histoire du fondateur de l’Etat et de la dynastie est la plus riche ; les neuf successeurs de NCHARE n’ont laissé que leurs noms dans l’histoire dynastique. NJOYA et ses collaborateurs ont la modestie d’avouer qu’ils savaient peu de choses de ces règnes monotones.

La deuxième partie de cet ouvrage couvre la période de grande transformation qui commence avec le règne de MBOUOMBOUO, le onzième roi. Le texte a bénéficié des souvenirs des témoins oculaires auxquels le roi fit appel.

La troisième partie concerne le règne de NJOYA et les textes utilisent les témoignages de ceux qui ont pris part à l’histoire au début de notre siècle45.

En dehors de ce texte, il existe de nombreux autres manuscrits Shumom car l’équipe des rédacteurs dirigés par NJOYA aborda un grand nombre de sujets. En 1950, DUGAST et JEFFREYS avaient répertorié quatre-vingt-onze (91) ouvrages et documents divers46.

Aux alentours de 1915, environ 600 personnes l’employaient quotidiennement notamment dans l’administration et elle était enseignée dans une cinquantaine d’écoles du royaume Bamoun47.

Le Roi NJOYA aurait choisi d’inventer son propre système d’écriture, parce qu’il ne voulait pas utiliser l’alphabet arabe et que celui utilisé par les Européens ne permettait pas de transcrire sa langue.

Il a d’ailleurs aussi inventé une langue secrète qui était réservée au roi et ses proches. Seuls quelques textes ont été rédigés dans cette langue48. Le philosophe allemand HEGEL est resté célèbre dans l’histoire en ce sens que sa pensée a été utilisée pour justifier l’entreprise coloniale. Pour lui, parce que ne disposant pas de forme d’écriture, l’Afrique est un continent sans histoire, sans culture ni civilisation. Dans son cours de 1830, HEGEL déclara : « L’Afrique n’est pas une partie historique du monde. Elle n’a pas de mouvements, de développements à montrer, de mouvements historiques en elle. C’est-à-dire que sa partie septentrionale appartient au monde européen ou asiatique ; ce que nous entendons précisément par l’Afrique est l’esprit ahistorique, l’esprit non développé, encore enveloppé dans des conditions de naturel et qui doit être présenté ici seulement comme au seuil de l’histoire du monde » 49 .

Avec l’invention de l’écriture « Shumom », le Roi NJOYA rédige un ouvrage d’un intérêt historique révolutionnaire où il relate l’histoire de son royaume, les migrations, les conquêtes, les guerres et les différents règnes de ses prédécesseurs.

Les différents évènements historiques et toutes les cultures du royaume sont maintenant sauvegardés, codifiés ; bref, le passé de l’Afrique cesse, à partir de l’écriture « Shumom », d’être un mythe, mais il est plutôt accessible à tous ceux qui veulent le connaitre grâce à l’ingéniosité technique du Roi NJOYA.

Du fait de son caractère visionnaire et avant-gardiste de son auteur, le « Shumom » se verra marginalisé voire méprisé tout d’abord par les agents coloniaux allemands mais aussi par les conquérants français qui n’acceptent pas qu’un « indigène », un « chef des tropiques » puisse réaliser de telles prouesses. Après la Première Guerre Mondiale, l’écriture du Roi NJOYA finira par disparaitre du quotidien du royaume Bamoun.

L’administration française interdira les langues camerounaises et l’usage de l’écriture du Roi NJOYA en particulier50. Par ailleurs, en 1912, le Roi NJOYA, 17ème Roi des Bamoun, ordonne que soit dressée une cartographie de son royaume, puis de sa capitale fortifiée, Foumban.

Plusieurs campagnes de relevés sont menées et les cartes annotées en écriture Bamoun inventée avant l’arrivée des Européens, est achevée en 1920.

-La cartographie comme témoignage précieux de la dextérité du Roi Njoya

Toute la cartographie fut effectuée par Ibrahim NJOYA51, le fils d’un demi-frère du père du Sultan NJOYA. NJOYA avait aussi dessiné le calendrier agricole de Foumban en 1911 (« Voir Annexe 15 : Calendrier agricole de Foumban en 1911). La carte établie par NJOYA52 qui correspond à l’Annexe 15, laisse percevoir une parfaite maîtrise de l’espace.

D’une part, les éléments du milieu naturel53 correspondent à ce que les images satellites nous projettent actuellement, d’autre part, la sémiologie graphique s’adresse sur une représentation de l’espace en quatre points cardinaux à savoir le levant, le couchant, la droite et la gauche du monde. Cette perception convoque une lecture du territoire saturée par un ensemble de préceptes54.

Selon Alexandra LOUMPET-GALITZINE : « La spécificité de la cartographie bamoun tient probablement à ce que le politique est ici à la fois perçu en d’autres termes et à des niveaux entremêlés, qu’il soit destiné aux besoins intérieurs ou extérieurs. L’extérieur, redéfini par les puissances coloniales, apparaît au moins double, du rocher étranger (les micro-États voisins) à l’étranger lointain, sinon des deux à la fois, stratégie régionale utilisant les nouveaux rapports de force.

Les cartes du roi NJOYA représentent ainsi un nouvel outil d’administration territoriale rapidement en concurrence avec l’administration coloniale » 55 .

La démarche de NJOYA s’inscrit dans une perspective dynamique et pro- active pour un aménagement harmonieux et stratégique du territoire. Le territoire apparaît à la fois comme le support, mais aussi comme le lieu de l’ensemble des activités engendrées par l’homme, résultat de l’ensemble des relations qui permet aux différents groupes, acteurs, de faire valoir leurs intérêts de l’espace56. Les interactions entre les acteurs et le territoire décrit par les niveaux d’échelles emboîtés permettent de faire émerger des structures complexes, sortes d’arrangements territoriaux.57

La notion de limite, qui se place à la base de tout découpage territorial à visée défensive et ou identifié, relève de la nature même du cerveau humain. A la manière des animaux dominants qui délimitent et qui défendent leur territoire, les institutions sociales marquent, bornent, contrôlent celui des sociétés dont elles émanent. Elles n’hésitent pas à l’impôt, par la violence si nécessaire58, à tous ceux qui contestent d’une manière ou d’une autre la légitimité de son espace et de ses frontières59. Pour DI MÉO, le territoire témoigne d’une appropriation délibérée, à la fois économique, idéologique et politique de l’espace géographique.

Cette appropriation est le fait de groupes sociaux localisés qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes, de leur histoire, de leur singularité, de leur identité.

Le terme « territoire » signale d’abord un mode de partage, de contrôle de l’espace terrestre garantissant la spécificité de la permanence, de la puissance, les ressources60 et la reproduction des entités sociales qui l’occupent. C’est sa dimension politique ou géopolitique61.

La facette physique traite des configurations territoriales, de l’aire d’extension, mais aussi des caractéristiques physiques liées à la localisation. Cette facette intègre les propriétés naturelles que LE BERRE Maryvonne subdivise en potentialités, contraintes et les propriétés matérielles62.

En fonction des potentialités du territoire, les propriétés matérielles du territoire s’expriment à travers une structure spécifique63. Le niveau fonctionnel physique fait la différence entre l’espace fini64 et l’espace convoité65 sur les Hautes Terres de l’ouest.

Les mouvements de population irriguent cet espace de la citadelle vers les marges traduisent aussi la spécificité et les caractéristiques du milieu physique. Le territoire apparaît donc à la fois comme le support mais aussi comme le lieu de l’ensemble des activités engendrées par l’homme, résultat de l’ensemble des relations qui permettent aux divers groupes, acteurs, de faire valoir leurs intérêts de l’espace66. C’est un espace vital terrestre, aérien ou aquatique qu’un animal ou un groupe d’animaux défend comme étant sa propriété exclusive.67

Figure N° 2: Carte du royaume Bamoun « commandée sur ordre du Sultan NJOYA aux alentours de 1920 », réalisée par Ibrahim NJOYA.

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

Source : L. 930 mm, I. 875 mm. Musée d’ethnographie de Genève (MEG). Photographie de Jonathan WATTS. Voir A. LOUMPET- GALITZINE, « La cartographie du Roi Njoya (Royaume Bamoun, Ouest Cameroun), CFC, N°210, décembre 2011. In Colloque International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, septembre 2014, p. 114.

En définitive, le Roi NJOYA aura :

- Développé l’art et l’artisanat
- Inventé une écriture « A ka u ku » vers 1896
- Créé une langue, le « Shumom » en 1912
- Fabriqué un moulin à mais
- Construit un splendide palais (1917-1921)
- Créé une religion syncrétiste, le « Nuet-Kwete ».


Il a aussi publié de nombreux ouvrages :

- « Histoire et coutumes des Bamoun »
- « La rate et ses ratons »
- « La pharmacopée Bamoun ».

Il fut un génie, un visionnaire dans tous les sens du terme et dans de nombreux domaines. C’est pourquoi il demeure dans les annales comme l’un des plus grands monarques de l’Afrique en particulier et du monde en général.

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[...]


1 Sultan I. NJOYA, « Histoire et coutumes des Bamun, Mémoires de l’IFAN, série : Population N° 5, 1952, p. 65.

2 C. TARDITS, L’histoire singulière de l’art Bamoun, 1972, p. 278. Voir A. LOUMPET- GALITZINE, « Objets en exil ; Les temporalités parallèles du trône du roi Bamoun Njoya (Ouest Cameroun) », Université de Yaoundé I – Actes du colloque international – Temporalités de l’exil – Groupe de recherche – Poexil.

3 Ibid., pp. 100-101.

4 C. TARDITS, Le Royaume Bamoun, Paris, Publication de la Sorbonne, 1985, p. 254.

5 E. MVENG, Histoire du Cameroun, Tome Premier, Yaoundé : CEPER, 1984, p. 244.

6 XIXème siècle jusqu’à nos jours.

7 « Stratège : membre du pouvoir exécutif d’une cité grecque ». Article publié sur le site www.wikipedia.fr et consulté le 08 septembre 2021.

8 Monostrategos, « seul général ».

9 « Stratège : membre du pouvoir exécutif d’une cité grecque ». Article publié sur le site www.wikipedia.fr et consulté le 08 septembre 2021.

10 Chef d’armée.

11 Ruse.

12 L. NZAMBA NZAMBA, « La stratégie politique », Université Mohammed V – Master 2009. Article publié sur le site https://www.memoireonline.com et consulté le 09 septembre 2021.

13 Docteur ès lettres – Maitre de conférences à la faculté libre des lettres de Lyon, en 1908.

14 Économiques, diplomatiques, culturelles, etc.

15 GENERAL OLLION, « Politique et Stratégie (article) », In POLITIQUE ÉTRANGÈRE, Centre d’Études de Politique Étrangère, Paris, 54, rue de Varennes (Littré 21-55), Année 1965, 30-6, pp. 479-485.

16 C. GEARY, « Bamun Thrones and Stools », African Arts, 14, 1981, pp. 32-43.

17 Ibid.

18 La tête de son père.

19 C. GEARY, « Bamun Thrones and Stools », African Arts, 14, 1981, pp. 32-43. C. GEARY, «Bamun Two-figures Thrones: additional evidence », African Arts, volume 16, 4, 1983, pp. 46-53.

20 « Par-delà le bien et le mal ».

21 F. NIETZSCHE, « Jenseits von Gut und Bose », in Werke in Zwei Banden, Bl. II, éd. Par IVO FRENZEL, Munchen, paragraphe 269, p. 147.

22 Colloque International du Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation. Précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, septembre 2014, p. 8.

23 1816-1882.

24 1770-1831.

25 MADIBA ESSIBEN, Le roi Njoya, l’écriture ‘Shumom’, p. 93.

26 C. DARWIN, On the Origin of Species by Means of Natural Selection, or The Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life. Traduit en français sous le titre L’origine des espèces au moyen de la sélection naturelle ou la préservation des races favorisées dans la lutte pour la survie, 1859.

27 Colloque International du Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation. Précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, septembre 2014, p. 8.

28 H.-G. ZMARZLIK, « Sozaildarwinismus und Menschenwurde, ein zeitgeschichtliches, Problem », in Freiburger Dies Universitas, Bd 10 (1962/63), p. 64.

29 Cf. GUMPLOWICZ, Der Rassenkampf, Innsbruck, 1928, p. 295 ; RATZENHOFER, GrandriB der Sociologie, Leipzig, 1907, p. 165. In Prince KUM’A NDUMBE III, L’Afrique et l’Allemagne. De la colonisation à la coopération : 1884-1986 (Le Cas du Cameroun), Editions AFRICAVENIR, 1986, pp. 195-196.

30 L. WOLTMANN, Politische Anthropologie : Eine Untersuchung uber den Einfluss der Descendenztheorie auf die Lehere von der politischen Entwicklung der Volker, 1903, p. 297.

31 Idem.

32 Bourgeoisie de gauche en Allemagne. C’est une classe influente de la société appelée la classe moyenne éduquée ou les citoyens éduqués (classe éduquée, aujourd’hui aussi l’élite éduquée), qui considère et cultive l’éducation humaniste, la littérature, la science et l’implication dans l’Etat et la communauté comme très importantes. Voir « Bildungsburgertum (n.d.) ». Article publié sur le site www.wikipedia.org et consulté le 02 avril 2022.

33 Voir l’analyse de P. SCHMITT-EGNER, Kolonialismus und Faschismus : eine Studie z. histor.u. begriffl. Genesis faschist. Bewusstseinsformen am dt.Beisp, 1975, p. 96.

34 L. FROBENIUS, Auf dem Wege nach Atlantis Berlin, 1911, p. 116. In Prince KUM’A NDUMBE III , L’Afrique et l’Allemagne. De la colonisation à la coopération : 1884-1986 (Le Cas du Cameroun), Editions AFRICAVENIR, 1986, p. 198.

35 T. HERBERT cité par J. CHARNLEY dans A. WYNCHANK & P.- J. SALAZAR, Afriques imaginaires : regards réciproques et discours littéraires : XVIIe-XXe siècle, Paris, L’Harmattan, 1995, p. 43.

36 V. NAMURUHO BAKURUMPAGI, Déconstruction du mythe du nègre dans le roman francophone noir, de Paul Hazoumé à Sony Labou Tansi, Thèse de Doctorat, p. 14.

37 Ibid, pp. 14-15.

38 Idem.

39 Ou écriture Bamoun.

40 P. ETONDE, « Les chefferies traditionnelles entre tradition et modernité au Cameroun : le cas du Royaume Bamoun », Mémoire de Maitrise, Année académique 2014-2015, p. 87.

41 Inoussa PEMPEME, ingénieur en informatique, originaire du Cameroun, n’a jamais oublié la devise d’Ibrahim NJOYA, roi du peuple Bamoun, qui stipulait qu’il fallait s’intégrer partout où l’on allait et partager son savoir-faire avec autrui. Article publié le 23 février 2021 sur le site de la Radio-Canada, Le matin du nord, https://ici.radio-canada.ca. Article consulté le 02 avril 2021.

42 E. MATATEYOU, Le Roi Njoya et son écriture, Salon International de l’Écriture, L’Harmattan, 2015.

43 P. ETONDE, « Les chefferies traditionnelles entre tradition et modernité au Cameroun : Le cas du Royaume Bamoun », Mémoire de Maitrise, année académique 2014-2015, pp. 54-55.

44 Ibid, p. 55.

45 Idem.

46 Lire I. DUGAST & M.D.W. JEFFREYS, L’Écriture des Bamoun, 1950, pp. 100-106.

47 Idem.

48 Idem.

49 G. W. F. HEGEL, La Raison dans l’histoire, IV, 3, A, UGE, 1965. F. HEGEL, Leçons sur la philosophie de l’histoire, 1837. L’ouvrage a été publié de manière posthume, à partir de ses propres manuscrits et de notes de cours prises par ses élèves.

50 E. MATATEYOU, Le Roi Njoya et son écriture, Salon International de l’Écriture, Edition L’Harmattan, 2015.

51 Ibrahim NJOYA, le scribe du Roi Bamoun. Premier « auteur » de bandes dessinées à part entière d’Afrique, un artiste exceptionnel pour son époque. Né aux alentours de 1890 à Foumban, il fréquenta l’école missionnaire protestante et fut baptisé en 1910 du nom christianisé de Johannes YERIMA, mais il revint à l’islam en 1916 et sera rebaptisé Ibrahim Njoya. Article publié le 15 mars 2019 sur le site www.Twitter.com et consulté le 04 septembre 2021.

52 Figure ci-dessous.

53 Cours d’eau, reliefs.

54 Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, pp. 111-118.

55 A. LOUMPET-GALITZINE, « La cartographie du Roi Njoya (Royaume Bamoun, Ouest Cameroun), CFC, N°210, décembre 2011. In Colloque International Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, septembre 2014, pp. 111-118.

56 G. DI MEO, Les territoires du quotidien, Paris, L’Harmattan, 1996. In Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, septembre 2014, pp. 111-118.

57 M. LEBERRE, « Territoires ». In A. BAILLY et Al., Encyclopédie de géographie, Paris, Economica, 1992. Cité dans Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, septembre 2014, pp. 111-118.

58 A l’exemple des guerres précoloniales sur l’actuel pays Bamoun.

59 LABORIT cité par DI MEO , L’espace social, Lecture géographique des sociétés, Armand Colin, 2005, 303 pages. In Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, septembre 2014, p. 111-118.

60 Matérielles et symboliques.

61 G. DI MÉO, Les territoires du quotidien, Paris, L’Harmattan, 1996. In Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, septembre 2014, pp. 111-118.

62 M. LEBERRE, « Territoires ». In A. BAILLY et Al., Encyclopédie de géographie, Paris, Economica, 1992. Cité dans Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, septembre 2014, pp. 111-118.

63 P. TCHAWA, « Approche des dynamiques territoriales des Hautes Terres de l’Ouest par le modèle de la formation spatiale », in Annales de la faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines, Volume 6, nouvelle série, 2007, Premier semestre, pp. 159-188. In Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, septembre 2014, pp. 111-118.

64 Contraintes.

65 Potentialités.

66 G. DI MÉO, 1996. In Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, pp. 111-118.

67 R. ARDREY, The territorial imperative. A personal inquiry into the animals origins of property and nations, New York, Altheneum, 1966. In Colloque international Roi Njoya, LE ROI NJOYA. Créateur de civilisation et précurseur de la renaissance africaine, L’Harmattan Cameroun, pp. 111-118.

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Résumé des informations

Titre
Le roi Njoya. Une figure de l’histoire camerounaise
Auteur
Année
2022
Pages
27
N° de catalogue
V1268763
ISBN (ebook)
9783346717832
ISBN (Livre)
9783346717849
Langue
français
Mots clés
njoya
Citation du texte
Patricia Etonde (Auteur), 2022, Le roi Njoya. Une figure de l’histoire camerounaise, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/1268763

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Titre: Le roi Njoya. Une figure de l’histoire camerounaise



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