Le Burkina Faso est un pays essentiellement agricole et dépendant des aléas climatiques. Cette étude qui s’inscrit dans le domaine de la « recherche- développement » vise à analyser les modes d’adaptation aux variabilités climatiques selon le genre notamment dans la commune de Ouargaye au Burkina Faso. Ainsi, en plus de l’observation directe sur le terrain, des entretiens et une enquête quantitative ont été réalisés. La présente étude révèle globalement que la répartition des rôles dans la pratique agricole diffère selon le sexe. Également, les variabilités climatiques sont bien une réalité dans cette commune. Pour s’adapter aux effets de ce phénomène, l’agrandissement des espaces de culture reste le propre des hommes qui disposent du contrôle foncier. Les femmes s’adaptent en faisant surtout usage de techniques comme les bandes enherbées, le cordon pierreux et le compostage pour conserver et restaurer les terres (sols) qui leurs sont assignées. Elles s’adonnent aux cultures de contre saison et au maraichage pour assurer leur rôle de nourricière. En outre, comme facteurs d’influence sur l’appropriation de l’approche genre, il s’agit essentiellement de l’attachement aux valeurs culturelles et la faible participation des femmes à la gestion communautaire. L’ouvrage permet d’appréhender des pistes de solutions face à la problématique du genre et du phénomène des aléas climatiques notamment dans le secteur agricole à l’échelle locale.
TABLE DES MATIÈRES
PRÉSENTATION DES AUTEURS.
REMERCIMENTS.
SIGLES ET ABRÉVIATIONS.
LISTE DES ILLUSTRATIONS.
RÉSUMÉ..
INTRODUCTION..
PRÉMIÈRE PARTIE :DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE.
1.1. Délimitation du champ géographique de l’étude: présentation de la commune de Ouargaye
1.2. La collecte des données
1.2.1. Méthodes et outils de collectes des données de terrain
1.2.2. Population cible / échantillonnage
1.3. Le traitement des données
1.4. Les difficultés rencontrées et les limites de la recherche.
DEUXIÈME PARTIE :PRÉSENTATION DES RESULTATS DE L’ÉTUDE.
2.1. Présentation des données
2.1.1. Données quantitatives
2.1.2. Données qualitatives
2.2. Interprétation des résultats
2.2.1. Présentation des caractéristiques de l’échantillon
2.2.2. Répartition des rôles et responsabilités dans la pratique agricole
2.2.3. Variabilité climatique: manifestation et stratégies d’adaptation
2.2.4. Autres facteurs d’influence du phénomène des aléas climatiques.
CONCLUSION: APPORT DE LA RECHERCHE- DÉVELOPPEMENT..
BIBLIOGRAPHIE
ANNEXES.
PRÉSENTATION DES AUTEURS
Oladjigbo Katchoni Georges KOBA est titulaire d’un master en Genre Population et Développement et d’un autre en Planification Régionale et Aménagement du Territoire. Actuellement, il est Doctorant de l’école doctorale du Réseau de Partenariat Mondial. Ces travaux de recherche portent sur le genre, les questions de gouvernance, et de l’aménagement du territoire.
Dr Vincent ZOMA est un enseignant-chercheur au Département de géographie de l’Université Joseph KI-ZERBO (Burkina Faso). Ses recherches scientifiques portent actuellement sur les problématiques du transport, de l’intégration régionale, des migrations, du changement climatique, de l’aménagement du territoire et sur la gestion des ressources naturelles.
Dr Gisèle Estelle Gnankon KABRAN est Géographe à l’Université Félix Houphouët-Boigny/Institut de Géographie Tropicale (IGT), Centre Suisse de Recherche Scientifique (Côte d’Ivoire). Actuellement, ces travaux de recherche portent sur le transport, les mobilités et les problématiques liées au genre.
REMERCIMENTS
Ce travail est le fruit de la contribution de plusieurs personnes qui méritent notre reconnaissance.
Nous remercions le Pr Richard SAWADOGO et son épouse (qui sont un père et une mère pour nous et surtout des modèles). Ils sont des canaux de bénédictions inestimables pour nous.
Nous exprimons notre profonde gratitude à nos parents biologiques et à nos familles qui ont consenti d’énormes sacrifices pour nous durant toutes ces années.
Nous remercions le Pr Georges COMPAORÉ pour sa contribution dans la réalisation de ce travail.
Nous remercions tous ceux, qui d’une manière ou d’une autre, ont contribué à la réalisation de ce présent travail.
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
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Tableaux
Tableau 1 : Présentation de l’ensemble des personnes ressources.
Tableau 2: Répartition des enquêtés selon le sexe.
Tableau 3 : Répartition des enquêtés selon la méthode d’amélioration des rendements utilisée.
Tableau 4 : Répartition des enquêtés selon qu’il y a des connaissances et pratiques propres aux hommes et aux femmes
Tableau 5 : Répartition de enquêtés selon l’appréciation des divers intervenants.
Tableau 6 : Données pluviométriques de 2016.
Tableau 7 : Données pluviométriques de 2017.
Tableau 8 : Données pluviométriques de 2018.
Tableaux
Graphique 1 : Répartition des enquêtés selon la tranche d’Age.
Graphique 2 : Répartition des enquêtés selon le niveau scolaire.
Graphique 3: Répartition des enquêtés selon le type de culture.
Graphique 4: Répartition des enquêtés selon qu’ils perçoivent les changements climatiques.
Graphique 5 : Répartition des enquêté selon l’appréciation faite des rendements des terres.
Graphique 6: Détails sur la répartition des enquêtés selon la méthode d’amélioration des rendements utilisé
Graphique 7 : Répartition des enquêtés selon qu’ils bénéficient de formation sur les pratiques d’adaptation ou ont déjà été formé.
Graphique 8: Répartition des enquêtés selon l’appréciation faite de la participation des femmes.
Graphique 9 : Courbe de l’évolution pluviométrique de 2016 à 2019.
Graphique 10: Signes de dégradation et de restauration des sols.
Carte
Carte 1 : Localisation de la commune de Ouargaye.
RÉSUMÉ
Le Burkina Faso est un pays essentiellement agricole et dépendant des aléas climatiques. Cette étude qui s’inscrit dans le domaine de la « recherche- développement » vise à analyser les modes d’adaptation aux variabilités climatiques selon le genre notamment dans la commune de Ouargaye au Burkina Faso. Ainsi, en plus de l’observation directe sur le terrain, des entretiens et une enquête quantitative ont été réalisés. La présente étude révèle globalement que la répartition des rôles dans la pratique agricole diffère selon le sexe. Également, les variabilités climatiques sont bien une réalité dans cette commune. Pour s’adapter aux effets de ce phénomène, l’agrandissement des espaces de culture reste le propre des hommes qui disposent du contrôle foncier. Les femmes s’adaptent en faisant surtout usage de techniques comme les bandes enherbées, le cordon pierreux et le compostage pour conserver et restaurer les terres (sols) qui leurs sont assignées. Elles s’adonnent aux cultures de contre saison et au maraichage pour assurer leur rôle de nourricière. En outre, comme facteurs d’influence sur l’appropriation de l’approche genre, il s’agit essentiellement de l’attachement aux valeurs culturelles et la faible participation des femmes à la gestion communautaire. L’ouvrage permet d’appréhender des pistes de solutions face à la problématique du genre et du phénomène des aléas climatiques notamment dans le secteur agricole à l’échelle locale.
Mots- clés :Genre, variabilité climatique, adaptation, agriculture, résilience.
INTRODUCTION
Depuis la révolution industrielle, les atteintes à la nature sont multiples et les conséquences perceptibles. L’insatiabilité de l’homme conduit à une recherche perpétuelle de mieux être qui se traduit par une modification régulière de son écosystème. C’est dans cette optique que K. Koba (2016, p.7) assure que de nos jours, «la gestion de l’environnement pose de divers problèmes selon les espaces et territoires». En effet, dans les régions en développement du monde et particulièrement en Afrique, l’auteur affirme que «la dégradation de la nature est due et soutenue par les besoins sans cesse croissants des populations (bois énergie, bois d’œuvre, agriculture, etc…)» (K. Koba, 2016, p.11). Dans ce même sens, E. Kola (2011, p.41) explique que « si la machine est à l’origine d’importants dégâts environnementaux au Nord; c’est plutôt, en partie essentielle la culture des plantes dites industrielles ou exotiques, qui est à la base des changements connus dans l’écosystème en Afrique tropicale humide».
Ces atteintes portées à la nature ne sont pas sans conséquences. Une des résultantes aux multiples facettes et conséquences de ces atteintes à la nature est l’ensemble que constituent les variabilités climatiques1. Elles interpellent en ce sens qu’elles ont des conséquences variées sur les différents secteurs d’activité humaine.
En d’autres termes, pour faire face à leurs conséquences, la communauté internationale reconnait deux stratégies: les mesures d’atténuation et les stratégies d’adaptation. La deuxième retient surtout l’attention de la présente recherche notamment dans le secteur de la pratique agricole. Selon la Banque Mondiale (2021)2, «l’agriculture est la principale source de revenu de 80 % de la population pauvre dans le monde». Les composantes de cette portion de la population sont mues par des relations diversifiées. Un outil d’analyse de ces rapports ou relations interpersonnelles est le genre. L’approche genre se place aujourd’hui au centre du débat sur le développement et se veut être une des composantes principales. Il témoigne de la nécessité de la prise en compte des spécificités sociales dans la planification du développement.
Plusieurs pays du monde et le Burkina Faso en particulier s’accordent à promouvoir à travers ce concept un développement équitable et égalitaire. C’est ainsi que l’on la place dans l’analyse des rapports de pouvoir dans la pratique agricole quand on a conscience que l’agriculture représente en lui-même un pilier du développement. D’après la FAO (2012, p.3) « la plupart des plans nationaux et régionaux d’orientation générale concernant l’agriculture et la sécurité alimentaire mentionnent désormais la question de parité hommes-femmes, mais celles-ci sont reléguées dans un chapitre consacré aux femmes, au lieu d’être intégrées dans les politiques et programme ». Cette situation révèle une faible intégration des perspectives de genre.
Nombreux sont les travaux qui ont permis une réelle compréhension de la thématique du genre, mais, des efforts restent à faire en ce qui concerne ses rapports avec les autres champs du développement comme celui de l’agriculture: «dans de nombreux pays, l’agriculture n’est pas vraiment performante pour toutes une série de raisons et notamment parce que les femmes n’ont ni les ressources voulues, ni la possibilité d’utiliser le temps dont elles disposent de manière plus productive» ( FAO, 2012, p.3) .
Par ailleurs, il est admis que l’agriculture est sujette aux effets de la variabilité climatique dans les pays d’Afrique notamment au Burkina Faso, pays sahélien de l’Afrique de l’Ouest. Sa population est essentiellement rurale et agricole. Selon (INSD, 2022), en 2019, le milieu rural, avec 15 089 674 âmes, concentre 73,7% de la population nationale de ce pays. La population du Burkina Faso selon la même source est composée de 51,7% de femmes et de 48,3% d’hommes (INSD, 2022). En outre, «les résultats du 5e RGPH montrent une économie essentiellement rurale. Un peu plus de six individus sur dix (63,0%) travaillent dans la branche agriculture, l’élevage, la chasse et les activités de soutien. Parmi les femmes dans l'emploi, près de sept sur dix exercent une activité dans cette branche» (INSD, 2022, p.90).
Dans ce contexte, intégrer le genre dans l’analyse de la pratique agricole parait être une réponse aux besoins de la nécessité de l’institutionnalisation sectorielle du concept. En plus, les populations sont imbues de valeurs et savoirs qu’elles transmettent depuis des lustres pour faire face aux variabilités climatiques et pratiquer l’agriculture afin d’assurer leur survie. Les composantes de la population (hommes et femmes) disposent chacune de moyen, rôles et responsabilités diversifiés. Alors, porter un regard sur ces diversités saurait mieux éclairer en ce qui concerne l’adaptation des agriculteurs (-trices) aux aléas climatiques.
Cette étude vise à analyser les rôles et responsabilités des hommes et des femmes dans la pratique agricole et leurs rapports avec l’adaptation aux variabilités climatiques au Burkina Faso particulièrement dans la Commune de Ouargaye. Cette recherche vise donc à mettre à la disposition des structures de décision et de la communauté scientifique, un ensemble de résultat pouvant offrir de nouvelles pistes de réflexion sur la prise en compte des questions sociales dans les stratégies d’adaptation aux aléas climatiques.
Le présent document reprend les grandes lignes de cette étude en deux parties. La première traite du cadre méthodologique et la seconde présente les résultats de la recherche. L’ouvrage conclue sur les apports au développement car l’étude s’inscrit dans le domaine de la « recherche-action ».
PRÉMIÈRE PARTIE : DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
Délimitation du champ géographique de l’étude: présentation de la commune de Ouargaye
La commune de Ouargaye est localisée dans la partie Centre-Ouest de la province du Koulpélogo, dans la région du Centre Est du Burkina Faso (Carte n°1). Cette commune est limitée au nord par la commune rurale de Dourtenga, au sud par les communes rurales de Yargatenga et Sanga, à l’est par la commune rurale de Yondé et à l’ouest par la commune rurale de Lalgaye.
Carte 1 : Localisation de la commune de Ouargaye
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Cette commune est traversée par la route nationale n° 17 (Tenkodogo-frontière du Togo). Elle se trouve à 56 km au Sud-Est de Tenkodogo (chef-lieu de la région du Centre-Est), à 241 km à l’Est de la capitale Ouagadougou, et à environ 65 km de la frontière du Togo à partir de la Nationale n°17.
Au Recensement général de la population et de l’habitation (RGPH) réalisé en 2006 (INSD,2006), la commune de Ouargaye comptait 32 658 habitants (avec une population vivant en ville de 10 482 habitants et une population rurale de 23806 habitants) dont 15 834 hommes et 16 824 femmes (51,52%). En 2019, la commune compte 42 626 habitants dont 20 422 hommes (47, 90%) et 22 204 femmes (52,10%) (INSD,2022).
La commune de Ouargaye est une zone de départ des migrants à destination notamment des pays frontaliers (Togo, Ghana), du Gabon et de certains pays d’Europe. La pauvreté, et surtout l’absence d’activités rémunératrices justifient ces départs. Grace aux revenus tirés de la migration, les jeunes arrivent à satisfaire en partie à leurs besoins quotidiens et à répondre aux diverses sollicitations.
Cette commune fait partie des 12 nouvelles communes urbaines créées en 1996. Elle a connu un agrandissement en 2006 avec l’extension des communes aux limites départementales, et compte 5 secteurs et 12 villages.
Selon le plan communal de développement (Commune de Ouargaye, 2019), concernant le milieu physique, elle jouit d’un climat de type nord soudanien avec deux saisons : une saison sèche et une saison pluvieuse. Ainsi, de mai à septembre, la saison pluvieuse est caractérisée par des vents chauds et humides avec une pluviométrie annuelle très variable (790 à 1110 mm). D’octobre à avril, la saison sèche est caractérisée par la période de l’harmattan, un vent frais et sec de décembre à février avec des températures allant de 15 à 30 degrés. S’en suit la période d’intense chaleur qui peut aller jusqu’en début mai avec une température maximale pouvant atteindre 42 degrés. D’une année à l’autre, les aléas climatiques sont très fréquents. Le relief est une pénéplaine avec de nombreux bas-fonds rendant le terrain accidenté avec des difficultés de communication. Les sols sont de types gravillonnaires dans la partie Ouest, mais les sols argilo sableux sont les plus répandus.
D’après toujours le plan communal de développement (Commune de Ouargaye, 2019), soixante-dix pour cent (70%) de l’espace communal sont occupés par des cultures pluviales. La végétation se raréfie sous l’action anthropique: à la savane arbustive se succède une savane herbeuse. Le réseau hydraulique est pauvre et constitué de cours d’eau temporaire dont le plus important est le Koulpélgo qui draine les eaux de surface dans le bassin du Kompienga.
Cette même source3 indique qu’à propos de son organisation traditionnelle et administrative, la commune compte une diversité d’ethnies dont les yanas (majoritaire 85%) les mossis, les zoosées, Gourmantchés, peuhls et yarsé, auquel s’ajoutent les étrangers togolais et béninois en occurrence. L’islam, religion dominante cohabite avec le christianisme et l’animisme avec un penchant pour le syncrétisme religieux.
En ce qui concerne les mouvements de la population, ce document communal (Commune de Ouargaye, 2019) montre qu’à une croissance exponentielle (6,9 enfants par femme et un taux de natalité de 51%), s’ajoute l’exode rural. Administrativement, la commune dispose de services déconcentrés que décentralisés. Ces divers services travaillent en parfaite harmonie. Il y a entre autres, le service de l’agriculture et de l’élevage, celui de l’environnement et du développement durable, la circonscription de l’éducation de base, la direction provinciale de l’enseignement secondaire, le service de l’action sociale, le commissariat de police et le service de la santé. À ces services s’ajoutent les commissions du conseil municipal : affaires générales sociales et culturelles ; affaire économique et financière ; environnement et développent local. Toutes ces structures mentionnées travaillent en collaboration avec la mairie qui représente le pouvoir local. La préfecture et le Haut-commissariat représentent le pouvoir central comme prévu dans le code des collectivités. Le Conseil Municipal (CM) et le Conseil Villageois de Développement (CVD) assurent la maitrise d’ouvrage des actions de développement. Les chefs traditionnels, responsables religieux et personnes ressources ne sont pas en reste.
1.2. La collecte des données
Comme le souligne J.G Waandenburg (1998, p.8), «la recherche peut jouer un rôle important dans le processus de développement». Ainsi, la présente étude se situe dans cette logique. En effet, il a été privilégié l’approche participative ou plus particulièrement selon J.G Waandenburg, « la recherche fondamentale stratégique » dont les résultats sont potentiellement utilisables à des fins de développement ou d’amélioration d’une situation donnée. Il est ici question de la recherche – action participative. Le sujet mis à l’étude étant sensible, il a été prévu une approche participative en faisant une complémentarité entre la recherche documentaire, les entretiens semi-directifs, l’enquête et l’observation directe sur le terrain.
1.2.1.Méthodes et outils de collectes des données de terrain
Les travaux de terrain ont suivi un chronogramme bien déterminé. Il a été effectué une première visite d’inhibition qui a couvert le mois d’août 2018 puis celui de décembre de la même année servant à la pré-enquête. Cette période a permis de faire une étude du milieu et de poser la problématique de l’étude. Ensuite, les outils de collectes de données ont été préparés en fonction des premiers acquis. Les travaux de terrain se sont déroulés en Octobre 2019.
Comme susmentionné, il a été privilégié la combinaison de plusieurs outils d’analyse. Il s’agit des outils d’analyse genre, notamment ceux du cadre de Harvard (Division Sexuelle du Travail (DST), accès contrôle des ressources, facteurs d’influences) et d’enquête en sciences humaines et sociales. Ils ont servi pour la conception des outils adaptés pour la présente étude qui traite de la problématique du genre et de l’adaptation aux variabilités climatiques à une échelle locale. En plus de la grille d’observation, un questionnaire a été prévu pour la collecte des données quantitatives et des guides d’entretien à l’endroit des responsables de services techniques, de leaders locaux pour les données qualitatives. La structuration du questionnaire comprenait l’identification des enquêtés, des données liées à la répartition des rôles et responsabilités, la détermination des facteurs d’influence et stratégies d’adaptation et les pistes de solution à proposer.
1.2.2. Population cible / échantillonnage
La population cible est l’ensemble des personnes concernées par une action. Dans le cadre de cette étude, il s’agit de la population de la commune de Ouargaye dans le centre-est du Burkina Faso. Sont pris en compte, les hommes et les femmes de ladite localité, mais aussi les enfants (pour une analyse de la reproduction sociale), compte-tenue de l’interdépendance des individus. Pour des questions de pertinence, il a été choisi comme cible l’ensemble des individus âgés de 25 ans et plus. Cette tranche représente les 32, 93% de la population, et font un total de 16003 personnes selon le RGPH (INSD, 2006).4
Face à la limite du temps, la configuration de l’espace géographique et vu la disponibilité des enquêtés, la méthode d’échantillonnage aléatoire a été choisie. Au total soixante-quinze (75) agriculteurs (dont 25 femmes) ont été interrogés de façon individuelle. Il s’agit des personnes âgées de 25 ans et plus. Ces données ont été complétées par des entretiens semi-directifs avec des personnes ressources (tableau n°1).
Tableau 1 : Présentation de l’ensemble des personnes ressources
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Source : enquête de terrain octobre 2019
1.3 Le traitement des données
Le logiciel sphinx V5 plus a permis de traiter les données quantitatives. Excel 2016 a en outre été utilisé pour la réalisation des graphiques. Les données recueillies par les entretiens ont été transcrites sous formes de verbatim. L’observation directe sur le terrain a permis de relativiser certaines réponses. Ensuite, il a été procédé à une triangulation entre toutes les données recueillies pour en sortir les informations crédibles.
1.4 Les difficultés rencontrées et les limites de la recherche
Les difficultés rencontrées dans le cadre de cette étude sont d’ordre divers. En ce qui concerne la collecte de données sur le terrain, l’analphabétisme de la majeure partie des enquêtés rendait parfois difficile la compréhension du questionnaire. La disponibilité des agents du service de l’agriculture, de la Société Cotonnière du Gourma (SOCOMA) et de quelques personnes instruites a permis de surmonter de défi.
Par ailleurs, la grande indisponibilité des agriculteurs a amené à faire un choix aléatoire, questionnant ainsi ceux qui pouvaient se rendre disponibles.
En somme, cette partie a permis non seulement de situer la zone d’étude, mais aussi, de décrire la démarche méthodologique ayant conduit aux résultats contenus dans la seconde partie de cet ouvrage.
DEUXIÈME PARTIE : PRÉSENTATION DES RESULTATS DE L’ÉTUDE
2.1. Présentation des données
Les résultats sont présentés en deux points : les résultats de l’enquête par questionnaire et ceux issus des entretiens.
2.1.1. Données quantitatives
Elles clarifient chacune des variables pertinentes pour cette étude. La gestion communautaire est caractérisée par une forte représentativité masculine (tableau n°2).
Tableau 2: Répartition des enquêtés selon le sexe
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : enquête de terrain, octobre 2019
Il en ressort que 66,67% des enquêtés sont des hommes. Les hommes sont généralement disponibles pour la gestion communautaire. Les femmes représentent 33,33% soit la moitié de l’effectif des hommes. Cette situation est tributaire du fait qu’elles sont très souvent occupées aux tâches domestiques et mises à l’écart de la gestion des affaires communautaires.
Par ailleurs, la répartition des enquêtés selon la tranche d’âge montre que les tranches d’âge dominantes dans cette répartition sont celles des personnes ayant un âge compris entre 45 et 54 ans (40%) et celles comprises entre 35 et 44 ans (29,33%) (graphique n°1).
Graphique1: Répartition des enquêtés selon la tranche d’âge
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source :enquête de terrain, Octobre 2019
En réalité, les variabilités climatiques et la transmission des valeurs culturelles étant des faits sociaux complexes à analyser, ces derniers sauront mieux informer sur les variations intervenues dans le climat et sur les véritables savoirs dans le milieu. Ils représentent la portion de la population synonyme de force de travail et dont dépendrait aussi la survie de la communauté. Cette marge de la population par son quotidien, peut remarquer et décrire les évolutions dans le climat sur une échelle de temps allant de dix ans à plus. Cette répartition selon le niveau scolaire des enquêtés montre qu’il y a une forte représentation des personnes n’ayant aucun niveau scolaire. En fait il s’agit de plus de la moitié (55%) selon le graphique n°2 ci-après. Ce faible niveau de scolarisation pourrait avoir des incidences sur leur capacité de participation à la gestion de la commune et surtout en ce qui concerne l’assimilation de connaissances nouvelles. Ceci pourrait aussi influer sur leur réceptivité des nouveaux modes de penser, surtout en ce qui concerne le genre, et les techniques liées à l’adaptation aux variabilités climatiques.
Graphique 2 : Répartition des enquêtés selon le niveau scolaire
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : enquête de terrain, Octobre 2019
Par ailleurs, l’analyse relative aux différents types de cultures pratiquées par les enquêtés révèle que la majeure partie des enquêtés (53,33%) pratiquent aussi bien les cultures de rente que les cultures vivrière (graphique n°3).
Graphique 3: Répartition des enquêtés selon le type de culture
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : enquête de terrain, Octobre 2019
Quelques-uns s’adonnent uniquement aux cultures de rente (13%) d’une part et d’autre part, à celles vivrières uniquement (33,33%). En outre, cette portion de 33,33% représentant ceux qui font les cultures vivrières est uniquement composée de femmes. Les raisons justifiant une telle répartition seront élucidées à travers les données qualitatives. En effet, cette répartition témoigne de l’importance de la pratique agricole et de sa participation à l’économie locale. Toutefois cette répartition n’est pas sans fondements culturels. La pratique agricole étant sujette aux aléas climatiques, il a été fait une analyse de la perception de ces derniers par les populations.
La figure ci-après (graphique n°4) présente les enquêtés selon les perceptions des variabilités climatiques.
Graphique 4: Répartition des enquêtés selon qu’ils perçoivent les changements climatiques
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Source : enquête de terrain, Octobre 2019
Ce graphique démontre de la très grande manifestation des variabilités climatiques dans le milieu. En effet, elles sont perçues de façon très grave par 53,33% des enquêtés, dont 23% de femmes, contre 20% (dont 02% de femmes) qui pensent qu’ils ne le sont pas vraiment. Les autres 26,67%, dont 08,33% de femmes, pensent que ces aléas sont juste graves. Ainsi, la majorité estime une manifestation très poussée et effective des variabilités dans le climat.
Admettant que ce phénomène a aussi pour conséquence le lessivage des sols, il a été cherché à avoir une appréciation des rendements des terres (sols). Le graphique n°5 donne les résultats de cette analyse.
Graphique 5 : Répartition des enquêtés selon l’appréciation faite des rendements des terres
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : enquête de terrain, Octobre 2019
De ce graphique n°5, il ressort que les 53% des enquêtés contre 20%, estiment que les sols deviennent de plus en plus pauvres, Cet appauvrissement des sols lié en partie aux variabilités climatiques, ne serait pas sans effet sur les rendements. Face à cette situation, ces agriculteurs (-trices) auraient développé des moyens de résistance ou d’amélioration. Le tableau n°3 indique les enquêtés selon les méthodes choisies pour améliorer leur rendement face aux manifestations des aléas climatiques.
Tableau 3 : Répartition des enquêtés selon la méthode d’amélioration des rendements utilisée
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : enquête de terrain, Octobre 2019
Cet ensemble a été désagrégé à travers le graphique 6.
Graphique 6: Détails sur la répartition des enquêtés selon la méthode d’amélioration des rendements utilisée
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : enquête de terrain, Octobre 2019
De ce tableau n°3 et du graphique n°6, il ressort qu’outre l’agrandissement des espaces de culture pratiqué par 26,67% des enquêtés, uniquement des hommes, 53,33% dont 32% soit une majorité de femme, font usage de méthodes ou techniques agricoles diverses pour améliorer leurs rendements.
Les enquêtés pourraient disposer de certaines connaissances liées à la pratique agricole dans un contexte de variabilité climatique. Ainsi, il est judicieux d’analyser cette variable selon le genre, en ressortant la probabilité selon laquelle, il y aurait des connaissances propres aux deux genres (tableau n°4).
Tableau 4 : Répartition des enquêtés selon qu’il y a des connaissances et pratiques propres aux hommes et aux femmes
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : enquête de terrain, Octobre 2019
Dans la pratique agricole, il existe bel et bien des connaissances propres aux deux genres. Même si les 20% des enquêtés dont 4% de femmes, estiment le contraire face aux autres 13,33%, dont 2,66% de femmes qui n’ont aucune idée sur la question. On en déduit que des connaissances particulières existent.
La présente étude a aussi cherché à comprendre s’ils bénéficient, en complément aux savoir-faire dont ils disposent, d’appuis techniques en ce qui concerne le genre et les variabilités en particulier (graphique 7).
Graphique 7 : Répartition des enquêtés selon qu’ils bénéficient de formation sur les pratiques d’adaptation ou ont déjà été formés
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Source : enquête de terrain, Octobre 2019
La grande partie des enquêtés (93,33%) n’ont jamais reçu de formation sur les techniques pour mieux s’adapter aux variabilités climatiques et s’informer sur le genre (la promotion de la femme surtout). Quelques-uns (2,67%), avouent en avoir reçu à l’opposé des 4% qui en ont entendu parler mais n’ont jamais été formés. Cette variable peut avoir une incidence sur celle mise à l’étude. En effet, il serait difficile pour une si grande marge de la population de s’adapter efficacement sans formation adéquate et de s’impliquer de façon objective.
Une autre variable pouvant influer sur l’acquisition de connaissances surtout celles nouvelles : l’appréciation faite des intervenants (agent de l’agriculture et SOCOMA) (tableau n°5).
Tableau 5 : Répartition des enquêtés selon l’appréciation des divers intervenants
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Source : enquête de terrain, Octobre 2019
Les divers intervenants sont appréciés de la population. Cette appréciation est faite par 66,67% des enquêtés, contre 21,33% qui estiment qu’ils ne sont pas coopératifs. Cette variable pourra être d’un recourt dans l’applicabilité des recommandations qui sortiront de cette étude. Elle serait aussi gage de réussite des actions de correction qui seront entreprises dans le futur pour rendre les communautés plus résilientes. Elle saurait être aussi gage d’une parfaite intégration ou appropriation de la notion de genre à la condition que les intervenants aient une bonne maitrise de l’approche.
En outre, l’étude a permis de mesurer l’appréciation faite de la participation des femmes à la gestion communautaire, participation non numérique mais qualitative (graphique n°8).
Graphique 8: Répartition des enquêtés selon l’appréciation faite de la participation des femmes
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Source : enquête de terrain, Octobre 2019
La participation des femmes est très faible selon l’appréciation faite par 60% des enquêtés. Une faible participation des femmes aux réunions influerait aussi sur leur capacité d’adaptation aux aléas climatiques. Comment pourraient-elles accéder à de nouvelles connaissances si leur participation à la gestion communautaire est compromise ? il en va de soi que cette variable est à prendre en compte dans l’élaboration des stratégies et par les divers acteurs du développement.
Ces données quantitatives ont été présentées en vue de délimiter ou d’éclairer sur certaines variables en rapport avec l’étude. À ces dernières, il convient d’ajouter des données qualitatives.
2.1.2.Données qualitatives
Les données quantitatives seules ne suffiraient pour les besoins d’une telle analyse. Pour suppléer à ces manquements il a été recueilli des données au travers d’entretiens semi-directifs pouvant permettre de comprendre certaines données quantitatives. Il était question de comprendre au mieux les valeurs culturelles rattachées à la répartition des rôles et des responsabilités dans la pratique agricole et de comprendre aussi les stratégies d’adaptation des uns et des autres.
En ce qui concerne les rôles et les responsabilités dans la pratique agricole, ils diffèrent selon le sexe. En effet, pendant que les hommes disposent du pouvoir de gestion en ce qui concerne les terres, les femmes ne sont que des emprunteuses et ou des propriétaires collectives. Il a été donné de recueillir que l’État et ses services déconcentrés et décentralisés collaborent pour une internalisation de la notion de genre et surtout d’adaptation aux aléas climatiques, mais certaines valeurs culturelles demeurent un véritable frein. Selon certains acteurs rencontrés : « ici, la femme n’a pas droit à la terre. Elle n’a pas non plus le droit de faire des cultures de rente en particulier le coton» car disent-ils «une femme qui gagne beaucoup d’argent ne saurait respecter son mari ». La répartition des rôles et responsabilités implique un accès et contrôle différencié aux ressources. En ce qui concerne la gestion des terres, les femmes essentiellement rizicoles utilisent les terres dans les bas-fonds, ce qui leur demande plus de temps pour s’y rendre et plus de temps pour arranger ces terres exposées aux érosions, une des conséquences des variabilités du climat. Elles font donc volontiers « usage de techniques comme le cordon pierreux » pour protéger ces terres .
Toujours en ce qui concerne les rôles et responsabilités dans la pratique agricole, quelques enquêtés ont confié que les cultures comme le riz, le sorgho, le niébé, les légumes et légumineuses en général relèvent du domaine des femmes et des enfants qui le pratiquent sur des terres octroyées par le père de famille ou par juste les hommes pour les SCOOP de femmes. Il ressort aussi que les parcelles habituellement remises aux femmes sont pauvres et demandent beaucoup de travail. Alors que ces dernières sont tenues de prime abord de travailler dans les champs de leurs maris avant de s’occuper des leurs. Un mari précise ce qui suit : « il faut que ma femme m’aide à faire mon coton, après quoi, elle pourra s’occuper de son champs ». Ces propos ont été appuyés par certains agents du service de l’agriculture qui précisent que parfois ces femmes sont finalement face à des semis tardifs sur leurs terrains, situation qu’elles gèrent difficilement avec l’irrégularité des pluies. « Elles sont donc obligées de redoubler d’effort pour une production suffisante » ( précise un agent de l’agriculture avant de renchérir qu’ « à côté elles devraient assurer leur devoirs domestiques ».
Parlant des techniques d’adaptation utilisées par les uns et les autres, il a été recueilli auprès de la population que les pratiques comme les diguettes, les cordons pierreux et bandes enherbées sont beaucoup utilisées. Les femmes font recours au maraichage pour assurer le quotidien à leurs familles. En effet, il a été rapporté que les femmes disposent de beaucoup de connaissance sur les techniques culturales adaptées. Des connaissances qu’elles ont héritées de leurs mères. La culture du coton dans le milieu est un facteur majeur de l’élévation de leurs charges de travail. En effet :
Le coton appauvri les sols, et les maris face à cette situation, lèguent les terres déjà appauvries aux femmes au besoin, à la recherche de terres plus productives, augmentant ainsi la charge de travail des femmes qui devraient, face à la pauvreté du sol, dans un contexte de variabilité des pluies, manager ces terres pour assurer leurs productions de riz et ou de sorgho ( relate un agent du service de l’agriculture).
À propos des diverses formations organisées, la plupart des participants sont des hommes qui à leurs retours ont d’ailleurs du mal à retransmettre les connaissances acquises. Ceci engendre donc un attachement aux connaissances antérieures sans mise à jour: « les femmes sont celles qui sont présentes dans les champs à chaque fois, mais absentes durant les séances de formation » relate cet agent du service de l’agriculture. Pour lui, « les participants aux formations sont des hommes et quelques femmes dont le niveau d’instruction ne permet pas parfois de faire une restitution des connaissances acquises », avant de nous rappeler que très peu de formation ont été organisées sur la question des changements climatiques et sur l’approche genre, car à ce niveau un véritable travail sur les mentalités reste à faire.
S’inspirant de son expérience personnelle, un agent de la Société Cotonnière du Gourma (SOCOMA) déclare qu’ « il n’y a aucune intégration de la femme dans la prise de décision dans l’agriculture ». Il précise en ce qui concerne les producteurs de coton qu’il n’y a aucune Société Coopérative (SCOOP) de femme dans toute la commune et pourtant « ce sont les femmes qui font la majeure partie du travail dans les champs ». Les hommes viennent aux formations, essentiellement sur les pratiques agricoles adaptées, mais, ne restituent pas les acquis à leurs SCOOP et de surcroit à leurs femmes. Cette attitude met parfois même en péril certains producteurs qui se retrouvent avec de mauvais rendements.
Pour un agent de la mairie (interviewé), «les changements climatiques sont effectives et affectent beaucoup plus les femmes ». Il relate que « la femme en dehors de ses obligations domestiques, est tenue d’aller travailler sur le champ de son mari, s’occuper du sien et parfois faire des kilomètres pour aller chercher l’eau pour son petit jardin ».
Toujours en ce qui concerne les occupations des femmes, un autre enquêté assure que « pour faire face aux changements climatiques, elles font recours aux cultures de contre saison, mais leur subordination entrave leur autonomie. Leur instabilité foncière double parfois leur charge de travail ».
Cette masse d’information a permis de ressortir quelques éléments pouvant servir à interpréter au mieux certaines données quantitatives.
2.2 Interprétation des résultats
Rappelons que l’objectif de cette étude est d’analyser les modes d’adaptation aux variabilités climatiques selon le genre pour un développement endogène durable. Aussi cette étude part – elle du postulat selon lequel les inégalités de genre en défaveur surtout des femmes constituent un frein à leurs implications réelles aux stratégies d’adaptation aux variabilités climatiques et de promotion du développement durable. Ainsi donc pour atteindre cet objectif, il a été adjoint à la méthode quantitative de collecte de données celle qualitative.
2.2.1.Présentation des caractéristiques de l’échantillon
Les données consignées au tableau n°2 montrent que la population est essentiellement masculine avec un total de 66,67% d’hommes contre 33,33s% de femmes. De cet ensemble, 40% avaient un âge compris entre 45 et 54 ans, et, 29,33% étaient entre 35 et 44 ans. 20% étaient compris entre 25 et 34 ans et les plus de 54 ans représentaient les 10,67%. En additionnant, il ressort que 80% de la population ont un âge supérieur à 35 ans, ce qui reviendrait à dire qu’ils pourraient être plus en mesure de parler des variabilités climatiques et de donner des informations sur les savoir-faire et savoir- être locaux. Parmi ces derniers, il y a un faible niveau de scolarité (55% de non instruits, 29% ayant un niveau primaire, 13% ayant un niveau secondaire et 2% avec un niveau universitaire). Il y a des raisons de s’inquiéter sur l’assimilation et l’appropriation des notions de genre dans l’adaptation aux variabilités climatiques. En effet, ayant l’agriculture comme activité principale, la majeur partie pratique aussi bien les cultures vivrières que de rente soit 53,33% contre 33,33% et 13,33% qui font respectivement uniquement les cultures vivrières et de rente. Aussi, 53% estiment percevoir de façon accrue les variabilités climatiques, 26,67% les perçoivent mais ne les trouvent pas assez accrues contre 20% qui estime qu’elles sont « encore gérables » c’est à dire pas si graves.
La rareté des pluies et ou leur irrégularité et la montée des températures ont été essentiellement mentionnées comme signes de manifestation des variabilités climatiques. En plus, en faisant un croisement des diverses données, il ressort que l’ensembles des personnes âgées de 35ans et plus à une concordance avec l’ensemble de ceux qui perçoivent les aléas climatiques sur une échelle allant de grave à très grave (soit 80%). C’est cette même proportion (80%) qui se retrouve dans la combinaison de la tranche des non scolarisés et de ceux qui n’ont que le niveau primaire. L’on est en droit de déduire qu’ils ont grandi et vieilli sur les lieux et sont plus aptes à donner des réponses pertinentes pour l’étude. Ils représentent aussi, ceux-là qui ont suivis l’évolution du temps, et peuvent parler au mieux des variations climatiques et leurs répercussions sur l’agriculture (leur principale activité).
2.2.2.Répartition des rôles et responsabilités dans la pratique agricole
Comme déjà évoqué, l’agriculture occupe presque la quasi-totalité de la population dans la zone d’étude. Les hommes et les femmes font très souvent des cultures différentes au regard de certaines normes culturelles.
Les données quantitatives ont révélé un ensemble de 33,33% de femmes qui ont répondu au questionnaire. En plus, des entretiens ont été réalisés avec certaines personnes ressources pour mieux cerner la question des rôles et des responsabilités selon le genre. En somme, il est ressorti que dans la plupart des cas, les intrants (la terre y compris) relèvent du contrôle des hommes : « la terre appartient à mes frères et moi » ( relate un producteur cotonnier). Il ajoute : « ma femme devra m’aider à arranger le terrain puis semer et entretenir mon coton, après quoi elle pourra s’occuper de son champ ». On en déduit qu’étant source de revenu monétaire, de prestige social et de bouleversement des rapports fonciers et sociaux, le coton pour ces raisons a longtemps et continue à être perçue comme une culture d’homme. Le coton est le support d’un renouvellement de l’identité masculine marqué par l’héritage de la terre paternelle et la succession au père dans le statut de producteur. Ceci dénote de la double charge de la femme qui, exclue de la propriété foncière et subordonnée à l’homme, se retrouve à produire une double force de travail. Les revenus du coton ne sont bien sûr pas à elle mais sont considérés comme les biens de l’homme qui en a le pouvoir de gestion. À côté, elle se voit attribuer un lopin de terre pour la production de riz et tout ce qui relève de la consommation familiale. Les femmes se font aider par les enfants qui devraient le faire après avoir travaillé pour le père. À propos, ce même producteur dit : « mes enfants, ils sont ma propriété ils me servent puis ensuite pourront accompagner leur mère ». En réalité pour lui, « c’est grâce aux revenus du coton, qu’il arrive à subvenir aux besoins de la famille, du coup, tout le monde se doit de participer ».
Concernant les productions des femmes, elles font plus usage des bas-fonds ou elles utilisent des techniques comme le cordon pierreux pour assurer soit individuellement ou la plupart du temps en groupe leurs productions de riz. Ces terres loin du centre de Ouargaye leur demandent souvent beaucoup en ce qui concerne le trajet et les travaux à faire lorsqu’on sait qu’elles devraient d’abord assurer les tâches domestiques. Elles utilisent, les techniques comme les bandes enherbées pour lutter contre l’érosion éolienne. Également, il y a le fait que la femme mène toutes les activités liées à la préparation du terrain pour les champs. Après quoi, certaines se font aider par les enfants ou le mari pour le semis ou le font seul, car le semis est une activité réservée à la femme; pareil pour les récoltes qu’elles font avec les enfants. Une autre pratique récurrente : elles se voient attribuer des lopins de terre pour faire la maraicher culture. En effet, comme le soutient un de nos interviewés, « en réalité, les cultures de rente ne sont pas l’apanage des femmes. Il leur est réservé tout ce qui rentre dans la catégorie des besoins de la famille ».
Cette répartition des rôles donne lieu de poser un regard sur comment, les femmes en particulier, s’adaptent aux variabilités du climat et ses conséquences.
2.2.3.Variabilité climatique: manifestation et stratégies d’adaptation
Selon une productrice , « les changements climatiques sont effectifs. Leurs signes et conséquences sont percevables ». En plus, une collecte de données au niveau du service de l’agriculture a permis de faire une analyse à travers les données pluviométriques présentées dans les tableaux n°6, n°7 et n°8.
Tableau 6 : Données pluviométriques de 2016
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Source : Service Provinciale des Etudes et Statistiques Sectorielles. Novembre 2016.
Tableau 7 : Données pluviométriques de 2017
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Source : Service Provinciale des Etudes et Statistiques Sectorielles. Novembre 2017.
Tableau 8 : Données pluviométriques de 2018
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Source : Service Provinciale des Etudes et Statistiques Sectorielles. Novembre 2018.
Pour mieux cerner les variabilités des pluies sur ces trois années, le graphique n°9 présente l’évolution sur les quatre dernières années à compter de 2016.
Graphique 9 : Courbe de l’évolution pluviométrique de 2016 à 2019
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Source : enquête de terrain, Octobre 2019
Une analyse des données des tableaux n°6, n°7 et n°8 et complétées par celles de l’année 20195 et résumée à travers cette courbe (graphique n°9), permet de ressortir que même si les périodes de début de pluies restent les mêmes, il n’en est pas de même pour les précipitations qui varient selon les mois et les années. La période d’arrêt des pluies reste d’ailleurs problématique laissant ainsi parfois les cultivateurs face à la tragédie des imprévus climatiques. Il en ressort qu’à la différence de 2018, les pluies ont commencé dans la dernière décade d’avril pour une seule journée de pluies de 80mm de hauteur contre 30 pour deux jours en 2018. On remarque aussi des différences comme ceux du mois de juin où il y a plus de pluies cette année que 2018 soit une différence de 17mm pour 168,5mm en 2018 en 12 jours et 185,5 mm en 09 jours en 2019. En ce qui concerne le mois d’octobre de cette année, il marque la fin de la saison pluvieuse avec une précipitation de 127,5 mm de hauteur pour 09 jours de pluies contre 0 en 2018. Ces variabilités témoignent de prime abord de l’instabilité du climat et de la rareté des pluies. Au service de l’agriculture, il a été relaté que « même si les précipitations semblent être bonnes, c’est la façon dont elles arrivent, qui affecte le quotidien des producteurs. ». Nombre d’entre eux font les semis dès les premières pluies et font ensuite face à leur irrégularité. Certains encore, surtout les femmes prennent plus de temps dans les champs de leur mari qu’au moment de s’occuper des leurs, elles font face à de grandes pluies ou des averses quasiment inexistantes. Pour l’année 2019 par exemple, « nombreux sont ceux qui ont fait confiance à la nature, mais visiblement elle les a déçus » ; relate cet agent de l’agriculture avant de renchérir qu’en effet, « au début des pluies, les gens ont semé puis ensuite elles se sont arrêtées. Beaucoup de culture ont été détruites et d’autres pourraient résister grâce à ces pluies d’octobre ». Et dans ce cas, « c’est principalement les cultures de contre saison des femmes qui soutiendront les familles »6.
Il est bien vrai que les variabilités climatiques sont effectives et affectent le quotidien de la population de Ouargaye. Les femmes et les hommes font différentes cultures et les subissent de façons différentes. Si pour les uns il faut juste faire son champ attendre qu’il produise pour en tirer les bénéfices financiers, pour d’autres il faut que la production réponde aux besoins alimentaires de la famille avant de penser au gain. C’est justement dans cette deuxième catégorie que se situent les femmes : « assurer d’abord le champ du mari, puis s’occuper du sien après ».
Par ailleurs, en réalité, très peu sont les formations qui sont orientées vers la question des variabilités climatiques. En ce qui concerne la Société Cotonnière du Gourma (SOCOMA) la plupart des formations vont dans le sens du respect des règles phytosanitaires pour une bonne production. En ce qui concerne le service de l’agriculture, un travail est fait mais jugé « insuffisant ». Au cours des travaux de terrain, un agent de la SOCOMA affirme : « nous conseillons nos producteurs de faire usage de semences améliorées et parfois quand nous sommes en visite de terrain nous profitons donner des conseils ». Il précise en ce qui concerne les semences améliorées, qu’elles sont octroyées aux producteurs (-trices) semenciers. Ce groupe de producteurs est essentiellement dominé par les hommes du fait du prestige et des revenus générés. Revenant sur la question des formations, un autre agent de cette même structure signale que « ce qui est déplorable est que nous n’avons pas eu du moins pour le moment une session de formation pour réellement débattre du sujet au niveau local ». Il poursuit en ces termes: « il faut aussi dire que les femmes disposent de beaucoup de connaissance mais elles sont victimes de marginalisation ». L’éducation met l’accent sur leur rôle d’assistante ce qui influe sur leur capacité de décision et leur estime de soi. Elles sont donc parfois obligées de se mettre en coopérative pour mieux se faire entendre; « même là, quand le revenu est fructueux les hommes s’érigent en chef, compromettant ainsi leur capacité et ou volonté de mieux travailler la terre»7].
Il ressort de cette analyse que les variabilités climatiques sont une réalité dans la zone d’étude. Elles affectent le quotidien des populations et les hommes et les femmes ont différentes stratégies d’adaptation. Cependant, les femmes restent plus vulnérables à cause de l’augmentation de leur charge de travail domestique et surtout compte tenu de la répartition des rôles et responsabilités sociales locales.
Ainsi, les femmes font usage généralement de techniques et stratégies comme les bandes enherbées pour lutter contre l’érosion éolienne, le compostage pour restaurer les sols, les cordons pierreux pour lutter contre l’érosion hydrique surtout dans les bas-fonds. Les autres stratégies d’adaptations utilisées dans la zone d’étude d’après l’observation directe sur le terrain sont les cultures de contre saison et le maraichage pour faire face au déficit de production dû à l’irrégularité des pluies et assurer la sécurité alimentaire au niveau familial. Elles les pratiquent aussi bien sur les terres de leurs maris que sur les leurs, en faisant dans le même temps les semis et les récoltes pour ces derniers. Leur place de subordonnées laisse transparaitre une charge de travail assez conséquente souvent perçue comme relevant de la « responsabilité naturelle ».
Ces diverses variables mises en études influent les unes sur les autres. En outre, d’autres variables pourraient aider à mieux cerner les contours de la problématique mise à l’étude.
2.2.4.Autres facteurs d’influence du phénomène des aléas climatiques
Les variabilités climatiques sont une réalité dans la commune de Ouargaye. En plus des conséquences de ce phénomène déjà évoqué, il convient d’ajouter la dégradation des sols à la suite du lessivage en période de grandes pluies (tableau n°10).
Graphique 10: Signes de dégradation et de restauration des sols
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Source : Service départemental de l’environnement, de l’économie verte et du CC, octobre 2018
Un autre facteur de la dégradation des sols est la culture du coton qui en effet appauvri les sols. Ces terres moins productives sont quelques fois laissées à la merci des femmes qui se chargent de les restaurer. Mais, ces terres, après restauration, leurs sont très souvent retirées par leur mari. En effet, un autre facteur de ce phénomène est le problème foncier qui devient de plus en plus croissant. En réalité à côté des terres qui sont vendues pour des habitats, il y a le souci d’agrandissement des espaces culturaux face aux insuffisances des extrants. Les terres des femmes se trouvent donc prises pour la culture de coton ou pour assurer le champ du mari, elles se voient alors attribuer les bas-fonds et les terres pauvres demandant une double force de travail. Ces terres spoliées, appauvries, et victimes d’érosion, demandent beaucoup de travail. Il faut les restaurer puis trouver des techniques adaptées pour les conserver en bon état.
En général, la problématique du genre est très peu maitrisée par les divers acteurs ; ce qui dénote d’une possible mauvaise gestion ou orientation des actions sur cette thématique. La prise en compte des besoins pratiques et des intérêts stratégiques des femmes et des hommes en dépend. Au niveau de la mairie, il n’y a pas un service spécial qui traite de cette problématique en dehors du service des affaires sociales. Pourtant, la Politique Nationale Genre (PNG)8 insiste sur la nécessité pour chaque mairie de disposer d’une cellule genre. En plus, la Commune ne dispose d’aucun registre d’association œuvrant sur la thématique du genre. Cela pourrait cependant influer sur les actions qui pourraient être entreprises notamment en faveur des femmes de cette commune.
Un entretien au service de l’agriculture de la Commune, a permis de noter que pour un soutien aux femmes, « il faudrait travailler sur certaines valeurs culturelles foncièrement inscrites dans les habitudes ». Ces propos ont été confirmés par certains enquêtés qui estiment qu’il faut que certaines appréciations changent pour que chacun (homme ou femme) puisse jouir de façon équitable des biens de la nature. Cela ne devrait pas perdre de vue l’urbanisation croissante de la commune qui tend à faire oublier le besoin de sécuriser le secteur agricole et l’attachement sans cesse croissant des populations aux cultures de rentes pour les divers avantages qu’ils en tirent.9
Tous ces facteurs ont sans doute une influence sur les relations de pouvoir et la capacité d’adaptation des femmes comme des hommes quand on sait que l’activité principale de la majeure partie de la population reste l’agriculture; bien que quelques-uns s’adonnent au commerce ou à d’autres métiers.
CONCLUSION: APPORT DE LA RECHERCHE- DÉVELOPPEMENT
La recherche-développement vise à aboutir à des solutions qui pourraient constituer des actions de développement. Ainsi, cette partie de l’ouvrage vise cet objectif. Il est alors présenté des solutions (non exhaustives) en vue de contribuer à la recherche pour le développement.
Comme le souligne le CILSS (1992, p.17), «la résolution des problèmes devra tenir compte des situations locales et nécessite une caution de l’État chaque fois qu’une décision à laquelle adhèrent les communautés sera adoptée». En effet, l’essentiel des recommandations provient de la synthèse des travaux de terrain.
L’ensemble des solutions s’adresse aussi bien à l’État à travers ses services déconcentrés, décentralisés, qu’aux autres intervenants. Ainsi, il a été proposé :
- À l’État à travers ses services déconcentrés et décentralisés
- D’encourager et de renforcer le niveau de connaissance et d’information des acteurs sur les questions de genre et de développement durable;
- De vulgariser la politique genre et le rendre accessible aux populations locales notamment à travers les médias locaux, les autorités coutumières, ou à travers des émissions dans d’autres médias qui utilisent les langues nationales; etc. ;
- De mettre en œuvre des stratégies pour assurer le droit foncier des femmes, notamment en milieu rural ;
- De développer et d’encourager les recherches sur le genre et ses divers champs d’application à travers l’octroi de bourses ou des financements aux enseignants-chercheurs ;
- De redoubler les efforts dans l’appuis technique et financier à l’endroit des producteurs ;
- De veiller à l’intégration et la prise en compte des besoins pratiques et des intérêts stratégiques des uns et des autres dans les stratégies de développement aussi bien au niveau local que national en accordant une attention particulière aux femmes dans les communes rurales ;
- D’encourager et de soutenir l’élevage de bovin en vue d’assurer aux producteurs la disponibilité de l’attelage pour réduire le travail de la femme. Mieux, il s’agit de travailler à la modernisation du secteur à moyen et sur le long terme ;
- D’encourager la pratique de l’agriculture durable à travers la vulgarisation des informations liées non seulement aux aléas climatiques, aux pratiques d’adaptation, mais aussi au développement participatif.
L’État se doit également, de veiller à une réelle prise en compte du droit des femmes à travers des sensibilisations auprès des autorités locales (la commune, les services techniques déconcentrés, les autorités coutumières et religieuses). Il pourrait contribuer davantage à informer et à former les producteurs à travers une approche par coopérative. En plus, comme le soulignent P. Alexander et S. Baden (2002, p.378), « une proportion assez forte de femmes est illettrée») dans cette partie du monde, ce qui suggère des actions en vue du maintien des filles dans le système éducatif et des activités d’information à l’endroit de celles qui sont déscolarisées.
- Aux autres acteurs de l’agriculture (Société cotonnière du Gourma en particulier)
- D’assurer au sein des diverses sociétés coopératives, la vulgarisation de l’information sur les variabilités climatiques et l’appauvrissement des sols ;
- De redoubler d’effort dans l’accompagnement technique et financier des producteurs ;
- D’intégrer dans leur formation des volets liés aux questions de genre et aussi aux techniques d’adaptation aux aléas climatiques. En effet si «l’intégration transversale du genre est devenue comme une stratégie pour surmonter les problèmes de marginalisation induits par les projets spécifiques aux femmes» (S. Razavi et C. Hiller, 2012, p.393), elle le sera aussi en ce qui concerne une riposte aux variabilités climatiques.
Hormis les recommandations déjà évoquées, la SOCOMA qui est un des principaux pourvoyeurs de revenus financiers dans la zone d’étude, doit œuvrer à une implication des femmes comme partie prenante du développement de la commune.
En ce qui concerne les propositions à l’endroit de la population locale elle-même, elle se doit:
- De coopérer de façon libre et objective aux actions de développement entreprises par l’État et ses partenaires pour la prise en compte du genre dans les actions de développement à la base;
- D’intensifier la scolarisation de leurs enfants et la formation des adultes pour leur permettre de mieux comprendre les politiques et les actions de l’État comme des divers intervenants ;
- De collaborer de façon libre sans préjugés à toutes les actions de promotion des femmes en se déconstruisant des stéréotypes.
En somme, tous les acteurs devraient conjuguer les efforts pour assurer une réelle intégration des bonnes nouvelles théories du développement. Le développement est un processus et le changement de comportement est l’une des clés. Les autorités locales comme les autres acteurs devraient redoubler d’effort sur la communication liée au changement de comportement en vue de réduire les pesanteurs socio-culturelles en défaveur surtout des femmes en milieu rural dans cette partie du monde.
BIBLIOGRAPHIE
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BADEN S. et MILIWARD K., 2002-« Genre et pauvreté » in Genre mondialisation et pauvreté. Cahier genre et développement n°3, l’Harmattan, IUED-EFI Genève, 2002, p.115-124.
BANQUE MONDIALE, 2021- Agriculture et alimentation, en ligne, https://www.banquemondiale.org/fr/topic/agriculture/overview, consulté le 03/09/2022.
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GROUPE D’EXPERTS INTERGOUVERNEMENTAL SUR L’EVOLUTION DU CLIMAT (GIEC), 2001-Bilan 2001 des changements climatiques. Rapport de synthèse. Genève, 216pages. En ligne, https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2018/08/TAR_syrfull_fr.pdf, consulté le 04/09/2022 ;
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WAANDERBURG J. G., 1998- Approche participative pour un développement durable. KARTHALA-IPD, Condé-sur-Noireau, p 5 – 8.
ANNEXES
- Questionnaire d’enquête
Section1 : Identification des enquêtés
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Section2 : Informations relatives aux stratégies dans le domaine agricole
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Section 3 : Détermination des facteurs d’influence
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Section 4 : Pour une gestion durable des ressources naturelles (sol et espaces verts)
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- Guide d’entretien
Avec les responsables des services techniques déconcentrés de l’État.
Q1- Parlez-nous de vos connaissances sur la question du genre
Q2- Parlez-nous des moyens juridiques et institutionnels dont vous disposez actuellement pour travailler sur les inégalités observées et ou qui vous sont soumis?
Q3- Que pensez-vous de la PNG?
Q4- Quelles sont les attributions environnementales des collectivités locales?
Q5- Dans le cadre de la promotion du développement local durable, quel est le climat de la coopération avec les autres intervenants ?
Q6- Quelles sont les causes, selon vous de la perpétuation des inégalités de genre?
En quoi, selon vous, influent-elles sur les actions à l’endroit des femmes ?
Q7-Avez-vous déjà entrepris des actions d’adaptation au changement climatique ?
Quels ont été les facteurs de réussites et ou d’échecs ?
Q8- Y-a-t-il des difficultés dans l’exécution des projets? Pourquoi?
Q9- Comment y remédiez-vous?
Q10- Des recommandations
Avec les responsables Organisations Locales et Non Gouvernementales
Q1- Dites-nous ce que vous pensez des connaissances des populations sur la question du genre d’une part et celui des changements climatiques d’autre part.
Q2- Comment appréciez-vous la nature de vos rapports avec les services déconcentrés de l’Etat et les autres structures œuvrant pour des conditions de vie plus favorables aux femmes?
Q3- Que pensez-vous de la loi sur la PNG?
Q4- Quels sont selon vous les facteurs de la féminisation de la pauvreté?
Q5- Les actions des Entreprises : Réussites et échecs?
Q6- Quels sont selon vous les manquements dans les actions visant à améliorer les conditions de vie des femmes? Pourquoi?
Q7- Quelles sont vos visions pour l’avenir des femmes du village?
Q8- Des recommandations pour l’État et les populations
Avec les personnes ressources du village.
Q1 -Faites nous l’histoire du village
Q2 -Comment luttez-vous contre la pauvreté
Q3-Faites nous un bref historique environnemental du village
Q4-Dites-nous quelles sont les causes communément reconnues de l’irrégularité des pluies ?
Q5-Comment y remédiez-vous?
Q6-Quelles appréciations faites-vous de la coopération avec les institutions de l’état et celles externes ?
Q7- Pourquoi selon vous les aléas climatiques?
Q8- Quels sont les moyens dont vous disposez pour remédier au phénomène ?
Q9- Ces moyens vous permettent-ils de parvenir à de bons résultats ?
Q10- En général, quelle appréciation faites-vous de l’approche participative ?
Q11-Avez-vous d’autres préoccupations ? Évoquez-les.
[...]
1 D’après le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC, 2001), la variabilité climatique représente les variations de l'état moyen, ainsi que d'autres statistiques (écarts standards, phénomènes extrêmes, etc.) du climat à toutes les échelles temporelles et spatiales au-delà des phénomènes climatiques individuels ; quant aux changements climatiques, ils désignent une variation statistiquement significative de l'état moyen du climat ou de sa variabilité qui persiste pendant de longues périodes (généralement pendant des décennies ou plus) pouvant être dus à des processus internes naturels, à des forçages externes ou à des changements anthropiques persistants de la composition de l'atmosphère ou de l'affectation des terres.
2 https://www.banquemondiale.org/fr/topic/agriculture/overview, consulté le 03/09/2022
3 Plan communal de développement (Commune de Ouargaye, 2019),
4 L’étude s’est basée sur les statistiques du 4e RGPH (INSD,2006) car les travaux de terrain ont précédé le 5e RGPH en 2019 (INSD,2022)
5 Les données de 2019 sont partielles car elles ne couvrent pas toute l’année. Les travaux de terrain s’étant effectué 2019.
6 Entretien réalisé avec un agent de la Mairie
7 appuie un agent de suivi agricole
8 Pendant la période des travaux de terrain, la Politique Nationale Genre était dans sa dernière années de mise en œuvre. Actuellement on parle de la Stratégie Nationale Gene qui réitère les mêmes obligations.
9 Par exemple, les intrants peuvent servir aussi bien pour le champ de coton que pour celui de maïs, les revenus financiers conséquents peuvent servir pour l’achat d’une moto, ou avoir juste de l’argent pour d’autres utilisations.
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