L’exercice de la maîtrise d’ouvrage déléguée est une expérience portée par la Chambre Régionale d’Agriculture (CRA) dans le cadre de la mise en œuvre du Projet Neer-Tamba dans la région de l’Est du Burkina Faso. La présente étude vise à analyser les retombées de l’exercice de la maîtrise d’ouvrage déléguée sur les capacités institutionnelles, organisationnelles et l’autonomie financière de la CRA de l’Est. La démarche méthodologique basée sur la recherche documentaire complétée par les travaux sur le terrain montre que la maîtrise d’ouvrage déléguée constitue une plus-value dans le renforcement des capacités organisationnelles, institutionnelles et techniques de la CRA. Cette plus-value s’exprime aussi bien en termes d’amélioration des services offerts à ses ressortissants que de la confirmation de son leadership au niveau régional. L’étude révèle également des acquis qui sont traduits comme des forces et atouts à mettre à l’actif de la CRA de l’Est. Par contre la question de la durabilité de ces acquis se pose en termes de défis à relever par la CRA qui doit passer nécessairement par l’autonomisation financière de la CRA et sa capacité à les maintenir.
SOMMAIRE
PRÉSENTATION DES AUTEURS
REMERCIEMENTS
SIGLES ET ABRÉVIATION
LISTE DES ILLUSTRATIONS
RESUMÉ
INTRODUCTION
PREMIÈRE PARTIE: LA CHAMBRE RÉGIONALE D’AGRICULTURE DE L’EST, LE PROJET NEER-TAMBA ET MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE
1.1. APERCU SUR LA CHAMBRE RÉGIONALE D’AGRICULTURE DE L’EST ET LE PROJET NEER-TAMBA
1.2. DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
DEUXIEME PARTIE: ENJEUX, DÉFIS ET PERSPECTIVES DE LA MAITRISE D’OUVRAGE DÉLÉGUÉE PAR LA CRA DE L’EST DANS LE CADRE DE L’EXÉCUTION DU PROJET NEER-TAMBA
2.1. ENJEUX DE LA MAITRISE D’OUVRAGE DÉLÉGUÉE PAR LA CRA DE L’EST DANS LE CADRE DE L’EXÉCUTION DU PROJET NEER-TAMBA
2.2. ÉLEMENTS D’ANALYSE ET DE PERSPECTIVES
CONCLUSION
BIBLIOGRAPHIE
REMERCIEMENTS
Ce travail est le fruit de la contribution de plusieurs personnes qui méritent notre reconnaissance. Ainsi, nous exprimons notre profonde gratitude à nos parents qui ont consenti d’énormes sacrifices pour nous durant toutes ces années. Nous pensons particulièrement au Pr Richard SAWADOGO et à son épouse (qui sont un père et une mère pour nous et surtout des modèles), aux membres de nos familles respectives qui nous ont soutenus et nous ont supportés durant les longues heures de travail.
Nos remerciements aux responsables de la Chambre Régionale d’Agriculture (CRA) de l’Est et particulièrement aux Cadres Techniques de la CRA du Nord pour leur grand soutien dans la réalisation de cette recherche
SIGLES ET ABRÉVIATION
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
LISTE DES ILLUSTRATIONS
Tableau 1 : État de recouvrement des enquêtes
Tableau 2 : État de recouvrement des entretiens
Tableau 3 : quelques résultats de la MOD pour la période de 2016 à 2020
Tableau 4 : Caractéristiques socio-démographique des élus CRA
Tableau 5 : Connaissance des tâches de la CRA dans l’exécution de la MOD
Tableau 6 : Niveau de satisfaction des élus dans la gestion de la MOD
Liste des graphiques
Graphique 1 : Amélioration des services de la CRA dans sa gestion de la MOD
Graphique 2: Avis sur un partenariat avec la CRA pour une reprise de la MOD
Liste de carte
Carte 1 : Localisation de la Région de l’Est
Liste des photos
Planche phographique 1: Quelques micro-projets financés par le projet dans le cadre de
Photo 2 : livrets d’alphabétisation pour bibliothèque ambulante
Photo 3 : des abonnés à la bibliothèque ambulante
Photo 4 : Bas-fonds rizicole
Photo 5 : Modèle de périmètre maraicher avec système solaire
Photo 6 : Champs aménagé en technique de cordons pierreux
RESUMÉ
L’exercice de la maîtrise d’ouvrage déléguée est une expérience portée par la Chambre Régionale d’Agriculture (CRA) dans le cadre de la mise en œuvre du Projet Neer-Tamba dans la région de l’Est du Burkina Faso. La présente étude vise à analyser les retombées de l’exercice de la maîtrise d’ouvrage déléguée sur les capacités institutionnelles, organisationnelles et l’autonomie financière de la CRA de l’Est. La démarche méthodologique basée sur la recherche documentaire complétée par les travaux sur le terrain montre que la maîtrise d’ouvrage déléguée constitue une plus-value dans le renforcement des capacités organisationnelles, institutionnelles et techniques de la CRA. Cette plus-value s’exprime aussi bien en termes d’amélioration des services offerts à ses ressortissants que de la confirmation de son leadership au niveau régional. L’étude révèle également des acquis qui sont traduits comme des forces et atouts à mettre à l’actif de la CRA de l’Est. Par contre la question de la durabilité de ces acquis se pose en termes de défis à relever par la CRA qui doit passer nécessairement par l’autonomisation financière de la CRA et sa capacité à les maintenir.
Mots clés: Chambre Régionale d’Agriculture, Maîtrise d’ouvrage déléguée, région de l’Est, Burkina Faso.
INTRODUCTION
Dans plusieurs pays du monde et notamment en Afrique, l’agriculture est un secteur capital pour le développement. « Elle contribue au développement en tant qu’activité économique, en tant que moyen de subsistance et en tant que source de services environnementaux; elle est donc un instrument du développement » (Banque Mondiale, 2008, p.3).
Au Burkina Faso, pays de l’Afrique de l’Ouest, le secteur rural occupe une place prépondérante dans l’économie nationale. Selon la version révisée de la Stratégie de Développement Rural à l’horizon 2016-2025:
Le secteur rural occupe une place prépondérante dans l’économie nationale; il occupe 86% de la population totale. Environ 38% du PIB en 2014 provient des activités agricoles (agriculture 23%, élevage 12% et 3% foresterie et pêche), considérées comme étant les principales sources de croissance économique du pays.1
Au regard de l’importance de ce secteur, de nombreuses politiques agricoles ont été élaborées au fil des années par l’État burkinabé afin de booster le développement de ce secteur (IICD2,2011).
Dans ce contexte, des politiques sont définies et basées sur le désengagement des services publics des activités de production et de commercialisation ainsi que la responsabilisation des populations rurales dans la définition et la mise en œuvre des politiques et programmes de développement. Un auteur comme R. Mercoiret (2006, p. 136) alors a raison lorsqu’elle affirme que:
Les organisations paysannes ont été en revanche sollicitées et « responsabilisées » pour gérer les conséquences du retrait de l’État de nombre de fonctions d’appui à l’agriculture qu’il assurait jusque-là ; des « transferts de responsabilités » aux organisations paysannes ont ainsi été effectués en matière d’approvisionnement en intrants, de commercialisation des produits, de gestion des périmètres irrigués, de conseil agricole et de formation, etc.
En effet, l’avènement des Chambres Régionales d’Agriculture (CRA) s’inscrit dans cette vision des pouvoirs publics d’accroître la participation et la responsabilisation des acteurs directs de la profession agricole dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation des politiques et programmes de développement agricole. C’est dans ce contexte que V. Zoma & Z. Tou (2022) dans leur étude ont analysé l’implication de la CRA des hauts bassins dans le processus du développement local qui est un cas exemplaire de participation au développement.
Dans la pratique, ces institutions (CRA) servent également d’outils d’intervention auprès des projets et programmes de développement de par les relations de coopération avec les Partenaires Techniques et Financiers (PTF) que le Burkina Faso entretient pour financer une bonne partie de son développement.
En l’occurrence, avec l’appui du Fonds International de Développement Agricole (FIDA), le Gouvernement du Burkina Faso a élaboré le projet de gestion participative des ressources naturelles et de développement rural du Nord, du Centre-Nord et de l’Est (Projet Neer-Tamba). Ce projet a été conçu en cohérence avec les grandes orientations de développement décrites dans les différents documents de politique nationale, notamment la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (FIDA, 2012).
Ainsi, la responsabilisation des acteurs non-étatiques et la mise en place d’une gestion partenariale du développement rural rompent avec des pratiques solidement ancrées qui confient l’exclusivité de la planification, mais aussi de la mise en œuvre du développement rural, aux agents de l’État.
C’est ainsi que la logique qui a sous-tendu la formulation du projet Neer-Tamba était d'appuyer la construction de partenariats entre acteurs clés autonomes et pérennes (État, collectivités territoriales décentralisées et déconcentrées, acteurs privés, etc.) à travers l'émergence et le renforcement des Chambres Régionales d’Agriculture.
Dans cette optique, une partie de l'exécution des appuis du projet a donc été confiée aux CRA à travers la maîtrise d’ouvrage déléguée (MOD) pour éviter que la mise en œuvre des activités se fasse sous la houlette d'une structure de facto non pérenne (FIDA,2012).
La signature de la convention de maîtrise d’ouvrage déléguée en 2014 entre les Ministères de tutelle et la Chambre Nationale d’Agriculture au profit des trois CRA (Est, Nord et Centre- Nord) de la zone d’intervention du Projet Neer-Tamba est une parfaite illustration de la responsabilisation des acteurs pour la conduite de certaines activités. Ainsi, la présente investigation porte sur la « Contribution de la Maîtrise d’Ouvrage Déléguée au renforcement des capacités opérationnelles de la Chambre Régionale d’Agriculture de l’Est dans le cadre du projet Neer-Tamba au Burkina Faso ». En effet, les Chambres Régionales d’Agriculture et la Chambre Nationale d’Agriculture (CNA), créées et installées dans les treize (13) régions du pays de décembre 2003 à juin 2004, sont des établissements publics à caractère professionnel, dotés de la personnalité juridique et de l’autonomie de gestion. Elles ont été constituées pour garantir les intérêts des acteurs du domaine agricole. Cependant, elles restent toujours confrontées à une épineuse faiblesse de fonctionnalité et d’insuffisance de visibilité sur le terrain du fait essentiellement de leurs capacités opérationnelles (en ressources humaines, matérielles et financières) limitées. Aussi, les niveaux de fonctionnalité des CRA varient-ils d’une CRA à l’autre aussi bien aux échelles régionale, provinciale que communale. Par ailleurs, à la faveur des projets et programmes de développement qui font des CRA, des outils privilégiés de développement, la Chambre Régionale d’Agriculture de l’Est ciblée pour assurer la maîtrise d’ouvrage déléguée dans le cadre du projet Neer-Tamba bénéficie d’appuis techniques et financiers qui boostent ses actions de développement au bénéfice de ses ressortissants. Le présent travail vise alors à analyser les retombées de l’exercice de la maîtrise d’ouvrage déléguée de l’exécution du Projet sur les capacités institutionnelles, organisationnelles et l’autonomie financière de la CRA de l’Est.
L’ouvrage est structuré en deux parties. La première partie porte sur la CRA de l’Est, le Projet Neer-Tamba et la méthodologie de l’étude; tandis que la seconde partie elle, porte sur les enjeux, les défis et les perspectives de la Maîtrise D’ouvrage Déléguée (MOD) assurée par la CRA de cette région du Burkina Faso.
PREMIÈRE PARTIE:
LA CHAMBRE RÉGIONALE D’AGRICULTURE DE L’EST, LE PROJET NEER-TAMBA ET MÉTHODOLOGI E DE L’ÉTUDE
Cette première partie présente d’une part un aperçu sur la Chambre Régionale d’Agriculture de l’Est et le Projet Neer-Tamba et d’autre part, la démarche méthodologique de la recherche.
1.1. APERCU SUR LA CHAMBRE RÉGIONALE D’AGRICULTURE DE L’EST ET LE PROJET NEER-TAMBA
1.1.1 Mise en place de la Chambre Régionale d’Agriculture de l’Est
Bien avant la colonisation, il existait des formes d’organisations traditionnelles villageoises qui organisaient l’entraide et le travail collectif des communautés rurales de la Haute-Volta. Dans ce contexte, au Burkina Faso, la volonté d’organiser le monde rural en organisations paysannes "non traditionnelles" (coopératives, mutuelles, groupements etc.) est venue des colons d’abord et de l’État ensuite. Ce n’est que tardivement, après la terrible sécheresse de 1973, que des ONG3 essayent de valoriser les formes d’organisations paysannes traditionnelles (J. Arcand, 2003).
En 1960, au moment de l’indépendance, on comptait environ 136 coopératives dont 47 agricoles et 60 mutuelles de crédit. Puis en 1974, le gouvernement fait le choix du développement communautaire. Cette volonté de redynamiser la participation villageoise se traduit par l’éclosion d’une multitude de nouveaux "groupements villageois" (GV). Ces GV sont bien souvent le passage obligé, pour les paysans, pour avoir accès aux services de l’État, au crédit ou aux intrants (J. Arcand, 2003).
La crise financière et les ajustements structurels qui suivirent se traduisaient par un désengagement de l’État du secteur agricole dès la fin des années 80. Les paysans sont laissés à eux-mêmes. L’État providence n’est plus. L’absence d’infrastructure et le faible pouvoir d’achat des paysans habitués à recevoir tout ou presque de l’État ne permettaient pas au secteur privé de se déployer. Les paysans Burkinabé vont réagir, s’organiser et se professionnaliser. Ce processus prend du temps et n’est pas linéaire. Les organisations paysannes sont parfois soutenues directement par des bailleurs de fonds et des ONG pour devenir des interlocuteurs crédibles de l’État et se structurer du niveau local au niveau national (J. Arcand, 2003). C’est dans ce contexte que se constituent les premières organisations paysannes faîtières comme:
- L’Union Nationale des Paysans du Burkina en 1987;
- L’Union Nationale des Producteurs de Coton du Burkina en 1998 (UNPC/B);
- La Fédération Nationale des Organisations Paysannes en 1996 (FENOP);
- L’Union Nationale des Jeunes Producteurs Agricoles du Burkina en 1997 (UNJPA/B);
- La Fédération des Producteurs Agricoles du Burkina (FEPA/B) en 1997.
Ces "faîtières" créent le Comité de Concertation des Organisations Faîtières en 1998 puis la Confédération Paysanne du Faso en 2002, dont la FENOP refusera de faire partie.
L’État avec l’appui de la FAO a entrepris de créer un réseau de Chambres Régionales d’Agriculture (13) dont la mise en œuvre a été entérinée par un décret présidentiel en date du 31 décembre 2002, qui dote ces chambres régionales de la personnalité morale et de l’autonomie de gestion (J. Arcand, 2003).
Concernant la mise en place de la CRA dans la région de l’Est, il est important de signaler que le développement socio-économique de la région de l’Est est principalement basé sur les secteurs d’activités agro-sylvo-pastorales, halieutiques et fauniques. Pour contribuer à la promotion des activités Agro-Sylvo-Pastorales-Halieutiques et Fauniques, l’État, avec l’appui de ces partenaires a mis en place des structures de concertation et d’accompagnement dont la Chambre Nationale d’Agriculture (CNA) et des Chambres Régionales d’Agriculture (CRA). En effet, la responsabilisation des populations rurales dans la définition et la mise en œuvre des politiques et programmes de développement remonte dans les années 90 marquées par le désengagement des services publics des activités de production et de commercialisation. Le désengagement des États, accompagné des programmes d’ajustements structurels, est marqué par un mouvement notoire de privatisation dans les pays du Sud en favorisant simultanément des mutations importantes vers la constitution d’organisations paysannes dans l’optique de se substituer aux services d’appuis étatiques conventionnels.
Ainsi, le Gouvernement burkinabé, à travers le Ministère en charge de l’Agriculture et en concertation avec les organisations paysannes faîtières, s’est engagé à créer les conditions favorables pour une réelle professionnalisation des producteurs agricoles. Ce processus a conduit à la mise en place d’organisations professionnelles agricoles présentes à tous les niveaux de décision, particulièrement dans les instances d’élaboration des politiques et programmes de développement rural. C’est dans cette dynamique de l’organisation et du renforcement de la profession agricole qu’ont été créées les Chambres Régionales d’Agriculture au Burkina Faso en 2001.
Cette politique avait pour ambition de faire des producteurs des acteurs du développement et ne plus les considérer comme de simples bénéficiaires. Elle s’inscrit également dans la volonté de contribuer de façon efficace à la satisfaction des besoins ou de l’intérêt des professionnels agricoles. Ce qui fait de ces institutions consulaires un outil de développement aux mains des agriculteurs. Une chambre d’agriculture représente tous les agriculteurs dans leurs diversités et dans leurs globalités qui pratiquent la profession agricole comme activité principale et qui y tirent plus de la moitié de leurs ressources.
De 2001 à nos jours, les Chambres d’Agriculture ont connu deux grandes mutations institutionnelles qui se traduisent par le passage d’un Établissement Public d’État à une institution consulaire à travers les trois (3) Décrets suivants:
- Le Décret N° 2001-770 bis /PRES/PM/Agri du 31 décembre 2001 portant création, attributions, organisation et fonctionnement des Chambres régionales d’agriculture au Burkina Faso (CRA);
- Le Décret N° 2001-771 /PRES/PM/Agri du 31 décembre 2001 portant approbation des statuts des Chambres régionales d’agriculture au Burkina Faso;
- Le Décret N°2018-0347/PRES/PM/MAAH/MRAH/MEEVCC/MEA/ MATD/MESRSI/ MINEFID du 26 avril 2018 portant création, attributions, organisation et fonctionnement des Chambres d’Agriculture du Burkina Faso, le dernier qui modifie les deux précédents.
Pour ce qui concerne la CRA de l’Est, elle a été installée en avril 2003.
Par définition, la Chambre Régionale d'Agriculture est une Institution consulaire, investie d’une mission de service public dans le domaine agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique, dotée de la personnalité juridique et de l'autonomie de gestion selon l’Article 2 du Décret N° 2018-0347. Elle est animée et gérée par les seuls professionnels du métier agricole. Elle est l’expression de l’universalité et le symbole du monde rural qu’elle représente.
La Chambre d’Agriculture constitue un lieu de concertation et de négociation pour les agriculteurs et leurs organisations professionnelles. Par conséquent elle reste une force de proposition pour les pouvoirs publics et un outil d’intervention directe au service des acteurs ruraux. À l’instar de celles des autres régions, la CRA de l’Est est placée sous la tutelle technique du Ministère chargé de l’Agriculture et sous la tutelle financière du Ministère chargé des Finances. Elle ne rentre pas dans la hiérarchie administrative de l’État.
- Missions, organes et fonctionnement, ressources et régime financier
La CRA a pour missions:
- De représenter la profession agro-sylvo-pastorale, halieutique et faunique à tous les niveaux;
- De contribuer à la définition et à la mise en œuvre des politiques et stratégies de promotion et de développement dans les domaines agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique;
- De promouvoir et accompagner l’organisation des producteurs des domaines agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique;
- De contribuer à l'information et à la formation des producteurs des domaines agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique;
- D’initier et/ou contribuer à la formulation, à la mise en œuvre, au suivi et à l’évaluation des projets et programmes de développement des producteurs et de leurs organisations professionnelles dans les domaines agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique;
- De créer et gérer un registre des exploitations agro-sylvo-pastorales, halieutiques et fauniques.
En plus de ces missions, la CRA contribue à l’organisation et à la structuration du monde rural en créant, suscitant la création ou subventionnant toute entreprise d’intérêt agro-sylvo-pastoral, halieutique et faunique, syndicat, société coopérative et généralement tout regroupement ayant un objet agricole. En outre, elle participe au développement de l’information par la recherche et la diffusion de celle-ci, ainsi qu’à la formation des producteurs ou assurer elle-même cette formation. À cet effet, elle peut encourager, fonder ou administrer des établissements d’enseignement professionnel agricole.
La Chambre Régionale d’Agriculture de l’Est est constituée des organes suivants:
- L’Assemblée Consulaire Régionale (ACR): composée de l’ensemble de membres élus et associés. Les membres de l’ACR sont élus pour un mandat de cinq (5) ans renouvelables une fois;
- Le Bureau Exécutif (BE): composé de cinq (5) membres (un président, un vice-président, un trésorier, un premier rapporteur général et un rapporteur adjoint);
- Le Secrétariat Général (SG).
La CRA-Est peut, si elle le désire, créer une ou plusieurs commissions techniques. Du point de vue fonctionnement, il convient de souligner que:
- Le bureau de la CRA-Est veille à l’exécution des décisions issues de l’ACR en s’appuyant sur les services techniques du Secrétaire Général;
- Le Secrétariat Général est un organe administratif d’appui technique qui assure la permanence de la CRA. Il est composé de services techniques pourvus d’un personnel de références techniques chargé entre autres tâches d’accompagner les élus dans leurs missions, (avec un personnel de seize (16) cadres sans la secrétaire de direction, l’agent du Système d’Information des Marchés Agro-sylvo-pastoraux (SIMA), les chauffeurs et les gardiens);
- La CRA-Est dispose de quatre (4) commissions permanentes chargées de faire des propositions et de donner leurs avis sur les questions soumises à la CRA soit par l’autorité publique, soit par les membres.
L’Assemblée Consulaire des CRA est composée de membres élus avec voix délibérative et de membres associés avec voix consultative. Les membres avec voix délibérative sont les représentants des cinq (5) collèges électoraux ci-après:
- Le collège des exploitants agro-sylvo-pastoraux, halieutiques et fauniques élus au titre des secteurs d'activités, représenté dans la proportion de sept (7) délégués par province;
- Le collège des organisations professionnelles agricoles, représenté Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthaltendans la proportion de dix pour cent (10%) de l'effectif du premier Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthaltencollège; Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
- Le collège des femmes productrices représenté dans la proportion de Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthaltenAbbildung in dieser Leseprobe nicht enthaltenvingt pour cent (20%) de l'effectif du premier collège;Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
- Le collège des jeunes producteurs agro-sylvo-pastoraux, halieutiques et fauniques, représenté dans la proportion de dix pour cent (10%) de l’effectif du premier collège ;
- Le collège des entrepreneurs agro-sylvo-pastoraux, halieutiques et fauniques reconnus, représenté dans la proportion de dix pour cent (10%) de l'effectif du premier collège.
Les membres associés avec voix consultative sont représentés dans la Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthaltenproportion de dix pour cent (10%) au maximum de l'effectif du premier Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthaltencollège.
De ce fait l’Assemblée Consulaire qui est l’instance suprême de la CRA de l’Est est constituée de cinquante-trois (53) membres élus repartis entre les cinq (5) collèges:
- 35 élus au titre du collège des exploitants agricoles à titre individuel;
- 4 élus au titre du collège des organisations professionnelles agricoles représentant vingt pour cent (20%) de l’effectif des exploitants agricoles à titre individuel ;
- 7 femmes élues au titre du collège des femmes agricultrices, vingt pour cent (20 %) de l’effectif des exploitants agricoles à titre individuel;
- 4 élus au titre du collège des jeunes;
- 3 élus au titre du collège des Opérateurs Privés représentant dix pour cent (10%) de l’effectif des Opérateurs Privés.
La Chambre Régionale d’Agriculture de l’Est, dans le cadre de l’exercice de ses missions, a noué un partenariat d’exécution des activités de développement avec le Projet Neer-Tamba.
1.1.2. Aperçu sur le Projet Neer-Tamba
Le Gouvernement du Burkina Faso avec l’appui technique et financier du Fonds International de Développement Agricole (FIDA) a élaboré le projet Neer-Tamba en 2012. L’intervention du FIDA4 tire son fondement de sa stratégie qui vise à améliorer les conditions de vie, accroitre, et sécuriser et diversifier les revenus des populations pauvres en milieu rural, en particulier des femmes et des jeunes. Selon le document de conception du Projet, cette stratégie a été formalisée par le Document sur les Options Stratégiques pour le Programme Pays (COSOP5 21) 2007-2012 et vise à construire des mécanismes institutionnels durables porteurs d’investissements, de politiques et d’innovations de nature à réduire la pauvreté.
Par ailleurs, le Projet Neer-Tamba est un nom composé de deux acronymes en langues locales Moaga « Neer » et Gulmancema « Tamba » qui veut dire « L’espoir qui nous réunit ». Ainsi, de son nom complet, c’est un Projet de gestion participative des ressources naturelles et de développement rural du Nord, Centre-Nord et l’Est. Il est en cohérence avec la Stratégie de Croissance Accélérée et de Développement Durable (SCADD), remplacée actuellement par le Plan National de Développement Economique et Social (PNDES) et contribue ainsi à la réalisation des objectifs du Plan National pour le Secteur Rural (PNSR). La durée du projet prévue pour huit (08) ans, a démarré depuis 2014.
L’objectif général du Projet « Neer Tamba » est d’améliorer les conditions de vie et des revenus des populations rurales les plus défavorisées. Son objectif spécifique est d’appuyer les populations cible à construire et à renforcer leur autonomie et leur capacité à jouer un rôle moteur croissant, pleinement reconnu par les autres acteurs, dans la construction d’un tissu économique et social durable.
Concernant les activités de ce projet, elles sont organisées autour de quatre principales composantes:
- Petits aménagements fonciers visant essentiellement à améliorer la résilience des ménages/exploitations familiales face aux aléas climatiques, mais aussi à contribuer à créer ou renforcer leur autonomie financière;
- Intensification des petites exploitations et valorisation de leurs productions à travers la diffusion de bonnes pratiques et le financement d’initiatives et innovations locales susceptibles d’améliorer durablement l’autonomie économique des populations cibles;
- Structuration des acteurs et leur mise en réseaux;
- Administration et suivi-évaluation.
Au terme de la mise en œuvre du Projet, il est attendu la réalisation des objectifs6 ci-après:
- 6 000 ha de bas-fonds sont mis en culture;
- 600 ha de terres sont cultivés en maraîchage;
- 15 000 ha de terres (superficies additionnelles) sont récupérés et les femmes et les jeunes ont un accès à la terre plus durable;
- 40 000 ménages de 200 villages accèdent à l’appui-conseil, le fonds d’appui contribue à 2 000 microprojets, de 900 PDE portés par 900 bénéficiaires (groupe ou individuel de femmes/jeunes);
- La production additionnelle annuelle est de 8 000 tonnes de céréales sèches, 25 000 tonnes de riz, 9 000 tonnes de tubercules et 16 000 tonnes de produits maraichers;
- Environs 17 000 personnes auront accès à une alphabétisation fonctionnelle, 250 villages auront accès au programme IEC et les organisations rurales/comités villageois de développement appuyés à la demande ;
- Les 3 CRA seront renforcées dans les domaines opérationnels et administratifs et financiers et les 9 DR renforcées pour assumer leurs fonctions régaliennes;
- Les cinq (5) structures bénéficient d’un renforcement des capacités (SP/CPSA, SE/CNSA, DGEVCC, ONEDD du SP/CONNEDD et la CNA;
- 200 cadres des parties prenantes au traitement et à l’analyse d’indicateurs environnementaux utiles à la décision au niveau local sont formés.
Après avoir présenté la Chambre Régionale d’Agriculture de l’Est et le Projet -Neer Tamba, il est judicieux d’aborder la démarche méthodologique de la recherche.
1.2. DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE
1.2.1. Présentation de la zone d’étude
Les investigations de la présente recherche ont été réalisées dans la région de l’Est du Burkina Faso (Carte n°1).
Carte 1 : Localisation de la région de l’EstAbbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : Cadre Régional de Lutte contre la Pauvreté de l’Est ; DRED-E, Mai 2003
La région de l’Est est située à l’extrême Est du Burkina Faso. Elle couvre une superficie de 46 256 Km², environ 17% du territoire national, ce qui fait d’elle la région la plus vaste du pays.
Cette région a été créée par la loi 2001-013/AN du 02 juillet 2001 portant création des régions administratives. L’organisation administrative de la région découle de la loi 040/98/AN du 03 Août 1998 portant orientation de la décentralisation qui découpe le territoire national en collectivités territoriales et en circonscriptions administratives. Ainsi, la région est subdivisée en 5 provinces, 27 départements et 806 villages. Les cinq provinces de la région occupent respectivement en termes de superficie, 18,3% de la superficie totale de la région pour la Gnagna, 24, 03% pour le Gourma, 10,9% pour la Komondjari, 15,2% pour la Kompienga et 31,55% pour la Tapoa qui est la province la plus vaste.
Concernant le milieu physique, cette région connaît deux saisons climatiques annuelles: une saison humide relativement courte au nord de la région (trois mois) et plus longue (Mai - Septembre) dans la zone sud et une saison sèche qui dure de sept à neuf mois. Elle est marquée par des vents de Nord-Est. Elle est fraîche jusqu’en février et relativement chaude entre mars et mai.
Les sols de la région se répartissent entre des sols minces et des sols plus ou moins profonds du haut en bas des modèles topographiques. Deux principaux types de sols dominent la région avec près de 90% de l’ensemble. Il s’agit des sols peu évolués d’érosion gravillonnaire (environ 53,57%) et les sols ferrugineux tropicaux (31,3%).
La région de l’Est est parcourue par une savane arborée et arbustive, avec des galeries forestières le long des cours d’eau et une steppe. D’une province à l’autre il existe quelques particularités.
Concernant la faune, la région abrite de nombreuses réserves et un parc national couvrant les provinces du Gourma, de la Kompienga, de la Komondjari et de la Tapoa. Les réserves couvrent 30,43 % de la superficie totale des aires fauniques et concentrent 80% des ressources fauniques au niveau national. Il s’agit essentiellement des réserves partielles de faune de Pama de 223 000 hectares, d’Arly de 119 000 hectares et la réserve totale de faune de Singou de 177 394 hectares. Les réserves occupent 25 % de la superficie de la province de la Tapoa.
À propos du milieu humain, selon les résultats du RGPH7 de 2006, la population de la région est estimée à 1 209 399 habitants dont 615 627 femmes. Avec un taux de croissance annuelle de 2,90 %, la population se serait accrue de 438 404 habitants entre 1999 et 2006, soit une augmentation globale de 16 à 20%. Le taux d’accroissement moyen annuel établit pour la région est supérieur au taux national (environ 2, 4%).
En termes de revenus, l’agriculture et l’élevage demeurent les principales sources de création de revenus pour l’essentiel de la population de la région. Selon le rapport PNUD de 2001, le revenu moyen annuel par habitant était d’environ 57 840 F CFA, contre 73 102 en moyenne nationale. La province du Gourma connaissait le niveau de revenu par habitant le plus élevé avec 158 200 FCFA, deux fois supérieur à la moyenne nationale et un peu moins de trois fois pour la moyenne régionale.
Le choix de la CRA se justifie par la nouveauté de l’approche qu’elle conduit et par le fait que la CRA est une organisation méconnue par bon nombre d’acteurs du monde rural et des acteurs des projets et programmes avec une jeune expérience en matière de gestion de projet de développement.
Au terme du choix du cadre spatial des investigations et de l’établissement de l’échantillon démographique, il a été procédé à la collecte des données primaires et secondaires.
1.2.2. Collecte des données
La collecte des données combine à la fois les données secondaires et primaires.
En effet, la recherche documentaire a consisté à identifier et à rassembler des ouvrages généraux, des articles scientifiques, des rapports d’études, des mémoires, etc. dont l’objet de recherche ou le contenu se rapporte au thème de l’étude. Elle a été réalisée tout au long de la conduite de l’étude dans des centres de documentation et des bibliothèques à Fada N’Gourma et à Ouagadougou. Elle a été complétée par la recherche sur internet grâce à plusieurs moteurs de recherche généralistes et en sciences humaines et sociales.
Quant aux travaux de collecte sur le terrain qui se sont effectués durant le mois de mai 2021, ils combinent à la fois l’étude quantitative, les entretiens qualitatifs semi-directifs et l’observation directe. L’étude quantitative s’est basée sur un choix raisonné non probabiliste. Autrement dit, la population de l’étude est constituée des ressortissants de la Chambre Régionale d’Agriculture. Au regard de leur nombre important et du phénomène de l’insécurité, la présente étude s’est intéressée à leurs représentants qui sont les élus consulaires de la CRA de l’Est. En plus desdits élus au nombre de 53, l’ensemble du personnel technique au nombre de 16 a été pris en compte, parce que directement concernés par la mise en œuvre de la maîtrise d’ouvrage. En plus, trois (03) représentants de l’Unité de Gestion du Projet Neer-Tamba au travers des Cellules Économie Agricole et du Suivi-Évaluation, deux (02) représentants de la CNA,8 un (01) représentant du Bureau Pays du FIDA au Burkina Faso ont été pris en compte par l’étude car ces derniers sont des partenaires techniques et financiers. En outre, l’étude a pris en compte deux (02) représentants de la Direction Régionale en charge de l’Agriculture car cette structure est la représentante de tutelle technique de la CRA au niveau régional et d’une personne ressource notamment un Consultant/Modérateur pour l’appui-conseil au compte de la CRA. Comme il a été mentionné plus haut, l’étude est basée sur un choix raisonné non probabiliste car fondé sur le rôle que chaque acteur occupe au sein de chaque structure impliquée dans la mise en œuvre du projet Neer-Tamba. Ainsi, au total, c’est un échantillon de 78 personnes qui ont été enquêtées. Par ailleurs, en tenant compte de la démarche participative adoptée par la Chambre Régionale d’Agriculture de l’Est pour une participation active de ses ressortissants à la mise en œuvre des activités de développement, cette étude a pris en compte la méthode qualitative. Cette option orientée « qualité » permet de recueillir les opinions ou jugements des acteurs, leur vécu et leur ressenti, et leurs attentes vis-à-vis de l’exercice de la maîtrise d’ouvrage des activités de promotion socio-économique par l’Institution régionale au bénéfice de ses ressortissants. Elle semble appropriée car l’étude vise à analyser la perception que les ressortissants ont de la contribution de la maîtrise d’ouvrage aux progrès observables dans la vie de la CRA et examiner comment les consolider en se basant sur le discours des acteurs. En somme, le recouvrement de l’enquête et des entretiens est consigné dans les tableaux n°1 et n°2.
Tableau 1 : État de recouvrement des enquêtes
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : travaux de terrain (2021)
Au total, sur un échantillon de 78 personnes, 71 ont pu répondre au questionnaire, soit un taux de couverture de 91%. Les 9 % soit 7 ont marqué leur absence pendant l’étude.
Tableau 2 : État de recouvrement des entretiens
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : travaux de terrain (2021)
D’une manière générale, un questionnaire spécifique a été adressé au personnel technique de la CRA et à la personne ressource. Son contenu a trait aux changements en termes de renforcement des capacités, les acquis, les forces et les faiblesses de la MOD, les leçons tirées et les perspectives après MOD. En plus, un questionnaire spécifique a été adressé aux élus de la CRA pour cerner la perception de la visibilité de la CRA, l’amélioration des services offerts par la CRA à ses ressortissants, le niveau de satisfaction générale de la MOD assurée par la CRA. Enfin, un guide d’entretien suivi d’un questionnaire commun ont été adressés aux responsables des cellules de l’Unité de gestion du projet, à la CNA, au FIDA et à la Direction régionale en charge de l’agriculture de la région de l’Est. Ces outils abordent les acquis de la MOD, les capacités opérationnelles et l’autonomie de la CRA, les points forts et les points faibles de la MOD, le niveau de satisfaction des résultats de la maîtrise d’ouvrage déléguée suivi des suggestions/ perspectives.
Hormis ces méthodes ci-dessus évoquées, l’observation directe est une technique de collecte de données qui consiste pour le chercheur à décrire et à comprendre son environnement ou son milieu d’étude et les évènements qui s’y déroulent. C’est donc un processus permettant de recueillir de l’information sur un objet en fonction d’un objectif ou des objectifs donnés. Ainsi, durant la collecte des données, à l’aide d’une grille d’observation et d’un appareil photo, les observations ont porté sur les activités réalisées par la CRA et ses partenaires au développement, l’organisation de la mise en œuvre, les réalisations physiques au bénéfice des ressortissants grâce à l’appui technique et financier du Projet Neer-Tamba, l’engagement des bénéficiaires, etc. Les photographies réalisées ont principalement porté sur les réalisations physiques (infrastructures de stockage, aménagements de bas-fonds et de périmètres maraîchers aménagés, etc). Elles participent à l’illustration des acquis physiques de la maîtrise d’ouvrage déléguée de la CRA au bénéfice de ses ressortissants. Ainsi, cette technique a également permis de confronter et de vérifier les réponses obtenues à travers les autres techniques de collecte décrites plus haut.
1.2.3. Traitement et analyse des données
Pour le traitement et l’analyse des données collectées, il a été d’abord procédé à la saisie des renseignements obtenus auprès de l’échantillon d’enquête dans le logiciel de traitement de texte (Microsoft Word 2019). Les données recueillies ont été structurées par thématique pour faciliter l’analyse. Pour les données quantitatives, l'analyse a été fondée sur les statistiques et a servi à dégager des tendances (exprimées en pourcentages ou en ratios à l’aide du logiciel SPSS version. 21 et de Microsoft Excel 2019). Ce logiciel a permis, à partir des tableaux statistiques établis, l’élaboration des graphiques qui illustrent les analyses.
1.2.4. Difficultés rencontrées
D’une manière générale, la situation sécuritaire particulièrement délétère dans la région de l’Est, a fortement limité les déplacements pour la collecte des données primaires9. Ainsi, bon nombre d’entretiens ont été réalisés au téléphone. D’autres entrevues ont été abandonnées ou organisées hors des villages à risque d’insécurité en fixant des rendez-vous discrets dans des localités proches où la menace terroriste n’a pas encore été signalée ou enregistrée. Le recours à des personnes ressources endogènes (membres des coordinations de la CRA, personnel d’appui-conseil, services techniques partenaires) a été indispensable.
Ainsi, cette première partie de l’ouvrage a consisté d’une part, à présenter la Chambre Régionale d’Agriculture et le Projet Neer-Tamba et d’autre part à décrire la démarche méthodologique de l’étude. L’échantillon spatial s’est appesanti sur la présentation de la région de l’Est, son organisation administrative, ses potentiels physiques, humains et économiques. Quant à l’échantillon démographique, il est constitué d’une population composée des élus consulaires de la CRA, du personnel technique de la CRA, des représentants de l’UGP, du FIDA, et une personne ressource. Les données collectées auprès de cette population, ont été traitées et analysées pour obtenir les résultats présentés dans la seconde partie de l’ouvrage.
DEUXIEME PARTIE:
ENJEUX, DÉFIS ET PERSPECTIVES DE LA MAITRISE D’OUVRAGE DÉLÉGUÉE PAR LA CRA DE L’EST DANS LE CADRE DE L’EXÉCUTION DU PROJET NEER-TAMBA
La seconde partie de cet ouvrage porte sur les enjeux de la maîtrise d’ouvrage déléguée et présente les résultats de l’analyse des forces et atouts, des défis et des suggestions.
2.1. ENJEUX DE LA MAITRISE D’OUVRAGE DÉLÉGUÉE PAR LA CRA DE L’EST DANS LE CADRE DE L’EXÉCUTION DU PROJET NEER-TAMBA
La maîtrise d’ouvrage déléguée assurée par la CRA présente des enjeux du point de vue de l’importance que cela a induit à la CRA et à ses ressortissants. Mais avant d’y revenir, il est nécessaire d’expliquer le contexte dans lequel la maîtrise d’ouvrage déléguée a été confiée à la CRA, d’élucider le contenu de cette maîtrise d’ouvrage ainsi que quelques résultats y relatifs.
2.1.1. Contexte de la maîtrise d’ouvrage déléguée et convention de partenariat
L’approche de la maîtrise d’ouvrage déléguée trouve tout son sens dans le document de conception du projet qui précise que l’approche du projet sera d’:
Initier et de construire un partenariat durable avec les trois Chambres Régionales d’Agriculture de la zone du projet et de manière plus restreinte et pour des tâches précises avec le Bureau National des CRA (BN/CRA) ». Le projet proposé est construit plus sur une logique « professionnelle » que sur une logique « territoriale ». Ses points d’entrée sont donc les organisations et acteurs de type professionnel ou technique plutôt que les collectivités locales (FIDA, 2012. p.57).
En plus, dès le démarrage du Projet, la mise en œuvre d’une partie des appuis du Projet sera confiée aux CRA (et au BN/CRA) selon des modalités définies par une Convention de Délégation de Maîtrise d’Ouvrage accordée entre l’État et les CRA et acceptée par le FIDA10.
Ainsi, la conduite de la maîtrise d’ouvrage s’est fondée sur les dispositions légales qui confèrent à la CRA une caution juridique pour assumer ce rôle. Elle a été intégrée depuis la formulation du projet « Neer Tamba » au niveau de sa composante 3 qui vise la structuration des acteurs et leur mise en réseaux dans lequel est inscrit l’appui institutionnel aux Chambres Régionales d’Agriculture.
Dans ce contexte, le partenariat entre la CRA de l’Est et le projet Neer-Tamba est matérialisé par la convention de la Maîtrise d’Ouvrage Déléguée signée entre le Ministère en charge de l’Agriculture et la Chambre Nationale d’Agriculture au titre de son rôle de coordination, de suivi évaluation des activités et de représentativité des CRA. Ainsi, A. Chaby (2015, p.20) souligne l’importance d’une telle convention en affirmant que: « le contrat liant le maître d’ouvrage et son mandataire fait l’objet de convention qui précise le périmètre de la délégation ».
Ce qui ressort de cette convention est que pour la mise en œuvre du projet Neer-Tamba, le Gouvernement a décidé de confier la maîtrise d’ouvrage déléguée à la CRA pour certaines parties du projet Neer-Tamba dans la région de l’Est.
2.1.2. Description de la MOD
Les activités d’appui-conseil sont mises en œuvre sous la maîtrise d’ouvrage déléguée de trois Chambres Régionales d’Agriculture dont la CRA de l’Est. À cet effet, chaque CRA bénéficie de l’appui d’équipes techniques aux niveaux régional et provincial, de ressources financières et matérielles. Dans le cadre de la maîtrise d’ouvrage déléguée, la CRA contractualise la mise en œuvre des activités avec des prestataires.
Les activités concernées relèvent de deux composantes du projet. La composante 2 à travers le volet appui au renforcement de l’offre de service d’appui conseil et le processus de sélection des micro-projets dans le cadre du Fonds d’appui et la composante 3 pour les volets d’alphabétisation, d’IEC11, d’appui aux organisations rurales et professionnelles agricoles, d’appui institutionnel aux Chambres d’Agriculture.
- L’offre d’appui-conseil
L’appui-conseil constitue l’élément central dans la mission dévolue à la CRA dans le cadre de la MOD. Pour ce faire trois (03) prestataires d’appui appelés opérateurs d’appui-conseil (OAC) sont mobilisés en 2017 pour dérouler des approches de renforcement de capacités des bénéficiaires se rapportant à:
- La diffusion des bonnes pratiques de gestion durable des terres (conservation et restauration des sols et des Ressources Naturelles);
- La gestion technico-économique des exploitations familiales;
- Le soutien au développement de réseaux d'acteurs thématiques.
À partir de 2019, la stratégie révisée a consisté à recruter un opérateur régional d’appui-conseil pour assurer un accompagnement technique des bénéficiaires des bas-fonds et de périmètres aménagés pour l’optimisation de la mise en valeur des sites aménagés.
- L’alphabétisation
Les opérateurs d’alphabétisation sont recrutés par la CRA pour conduire les sessions d’alphabétisation au profit des bénéficiaires du projet.
L’alphabétisation est orientée vers les centres de formule enchainée12 qui est une formule d’un cycle de trois (03) mois. Pour le maintien du niveau des personnes alphabétisées, une stratégie est mise en place pour mettre à leur disposition de la littérature en langues nationales à travers les bibliothèques ambulantes (moto + malle avec ouvrages en langues) présentes dans les provinces.
- L’appui aux organisations rurales
Des appuis sont également apportés aux organisations telles que les sociétés coopératives et leurs unions, et les organisations professionnelles agricoles sur la base de micro-projets issus des plans de développement triennaux en cours de validité.
Les ressources sont mises à leur disposition par le canal des CRA qui en assurent en outre le suivi de la mise en œuvre des micro-projets.
2.1.3. Quelques résultats / performances de la MOD
- Résultats de l’appui-conseil
La conduite des activités dans le cadre de la MOD a obtenu des résultats (tableau n°3).
Tableau 3 : Principaux résultats de la MOD pour la période de 2016 à 2020
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : données de la Cellule Suivi-Evaluation/UGP Neer-Tamba
Le tableau ci-dessus donne un aperçu des résultats obtenus pour la période de 2016 à 2020 et ce en fonction de l’année de démarrage de chaque appui ou volet. En effet, comme il est présenté dans les photographies ci-après, plusieurs micro-projets ont été financés par le projet dans le cadre de la MOD.
Planche photographique 1: Quelques micro-projets financés par le projet dans le cadre de la MOD
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Source : bilan 1er semestre 2022 CRA-Est
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Photo 2 : livrets d’alphabétisation pour bibliothèque ambulante
Source : bilan 1er semestre 2022 CRA-Est
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Photo 3 : des abonnées à une bibliothèque ambulante
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Source : bilan 1er semestre 2022 CRA-Est
4. Résultats des aménagements
La CRA a facilité également les activités d’aménagement qui ne font pas partie de la convention de la MOD. Il s’agit de:
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2.1.5. Quels enjeux de la MOD ?
À travers l’observation directe et les données secondaires, la présente investigation révèle des enjeux de la MOD qui se traduisent en termes d’énormes gains plutôt que de pertes pour la CRA.
Pendant des années les CRA éprouvaient des difficultés à assumer pleinement leur rôle. En plus du personnel réduit, les sièges étaient inappropriés, le matériel, les moyens roulants insuffisants et vétustes et elles étaient méconnues des communautés et même de l’administration locale. En effet, A. Nyang (2013 p. 31) à travers son étude sur l’analyse organisationnelle et institutionnelle de la CRA de l’Est relate qu’: « après ces années d’exercice, une analyse de la structuration, des missions à travers les actions réalisées et des moyens dont elle dispose révèle que la CRA de l’Est est confrontée à des difficultés d’ordre institutionnel, organisationnel et financier ».
L’analyse de cet état de fait renseigne que l’opportunité de conduire la MOD a induit un changement notable dans le fonctionnement, la visibilité et le positionnement de la CRA au niveau de la région. En d’autres termes, dans le rapport d’évaluation des capacités organisationnelles, institutionnelles et techniques de la Chambre Nationale d’Agriculture (CNA) et des Chambres Régionales d’agriculture (CRA) du Centre Nord, de l’Est et du Nord en 2019, le consultant Paul Sarambé, affirme qu’:
Actuellement, la CNA et les trois CRA de la zone d’intervention du Neer-Tamba sont mieux outillées pour l’opérationnalisation de leurs activités. La maîtrise d’ouvrage est bien assimilée par la CNA et les trois CRA qui arrivent à recruter leurs personnels, les prestataires de services et apporter l’appui-conseil nécessaire à leurs ressortissants contrairement à la CRA du plateau central et du Centre Est qui sont hors zone Neer-Tamba où il n’y a quasiment pas de maîtrise d’ouvrage après le départ du PADABII (MAAH13,2019).
D’après la fiche d’information (MOD, 2019) à travers des éléments de capitalisations sur la MOD, la CRA dispose actuellement de siège avec des conditions adéquates de travail grâce à l’appui financier et technique du projet Neer-Tamba, et a pu développer ses propres expertises en termes de connaissance de son environnement de travail pour assurer une maîtrise des changements occasionnés par la MOD. Cette situation se traduit par:
- Les réalisations effectuées au profit du monde agricole;
- L’acquisition de capacités en passation de marché et en management;
- Le renforcement de la visibilité des CRA;
- Le développement de la concertation entre acteurs sectoriels;
- Le leadership de la CRA;
- La fourniture de services aux ressortissants.
En outre, la conduite de la MOD par les CRA a été marquée par une implication plus accrue et en grand nombre d’acteurs (services déconcentrées, organisations paysannes, associations locales, etc.). Cette interaction avec ces différents acteurs a par ailleurs permis l’affirmation du leadership des CRA au niveau des trois régions. Cette approche a suscité une dynamique de concertation qui a facilité une bonne coordination pour le succès des activités programmées dans le cadre de la MOD. En termes de retombées, les CRA se sont positionnées comme des interlocuteurs incontournables et ont quasiment pris le contrôle dans le cadre des décisions relatives aux questions agricoles (Fiche d’information de la MOD, 2019).
En plus, selon les constats sur le terrain, la CRA a pu diversifier son partenariat avec des projets et des ONG intervenant dans la région de l’Est à travers des protocoles de collaboration. Les principaux partenaires pendant la présente étude sont notamment le Projet de Sécurité Alimentaire dans l’Est (PSAE) et du programme VALPAPE (Valorisation du Potentiel Agro-Pastoral dans l’Est du Burkina Faso).
2.2. ÉLEMENTS D’ANALYSE ET DE PERSPECTIVES
Cette section aborde les éléments d’analyse autour des forces ou atouts, des faiblesses et des défis dans la conduite de cette maîtrise d’ouvrage assurée par la CRA, tout en proposant des solutions aux difficultés relevées sous forme de leçons à tirer et des perspectives.
2.2.1. Forces ou atouts
2.2.1.1. Analyse de la perception sur la visibilité de la CRA
La recherche de la perception sur la visibilité de la CRA par ses ressortissants passe par la connaissance de son instance décisionnelle vis-à-vis de son rôle dans le cadre de la MOD. Cette étude s’est focalisée sur les élus CRA suivant les caractéristiques socio-démographiques et le niveau de connaissance sur la MOD.
- Caractéristiques socio-démographiques des élus de la CRA
Les caractéristiques socio-démographiques des élus de la CRA ont été appréciées à travers le genre (sexe), le niveau d’instruction et l’activité principale. Les uns (un quart) des élus étaient des femmes et plus de 88% d’entre elles savent lire et écrire (tableau 4).
Tableau 4 : Caractéristiques socio-démographique des élus CRA
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : travaux de terrain (2021)
Selon le tableau ci-dessus, la majorité n’avait pour activité principale que l’agriculture (94%). Ces caractéristiques montrent que la prise en compte de l’aspect genre a été respecté. Cela est un atout car de plus en plus, la prise en compte du genre est une exigence dans plusieurs actions de développement. À cela s’ajoute le niveau d’instruction qui est apprécié parmi les élus CRA. Ainsi, les élus de la CRA devraient avoir une certaine capacité et une indépendance dans la gouvernance publique.
- Connaissance des tâches de la CRA dans l’exécution de la MOD
La connaissance des tâches de la CRA dans l’exécution de la MOD revient à donner la nature des composantes du projet concernées par la MOD. Il s’agit d’une part, des activités d’appui-conseil à travers le recrutement des prestataires pour assurer l’appui conseil au profit des bénéficiaires sur la valorisation des aménagements et la mise en œuvre des micro-projets et d’autre part, la conduite des sessions d’alphabétisation, des activités de sensibilisation basées sur l’approche d’Information Education Communication ainsi que l’appui aux organisations rurales.
La présente investigation a révélé que 66,7% des élus ont une connaissance des activités du projet qui sont prises en compte dans le cadre de l’exécution de cette MOD (tableau 5).
Tableau 5 : Connaissance des tâches de la CRA dans l’exécution de la MOD
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : travaux de terrain (2021)
Cependant la connaissance de cette partie des élus ne va pas dans les détails des composantes 2 et 3 du projet concernées par la maîtrise d’ouvrage déléguée. Ce qui laisse transparaître des insuffisances dans l’appropriation de la MOD par l’organe décisionnel de la CRA. Cela pourrait entrainer des confusions par endroits faisant croire que la MOD n’a pas été bien exécutée. Cela a été mentionné par certains élus notamment dans leur appréciation de la gestion de la MOD par la CRA.
2.2.1.2 Meilleur e visibilité et amélioration des services dans la MOD
Dans l’exercice de la MOD, la CRA a eu une grande visibilité auprès de ses ressortissants. La majorité (96%) des élus ont approuvé que la CRA a amélioré ses services dans l’exercice de la MOD (graphique n° 1).
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : travaux de terrain (2021)
Ces affirmations corroborent celles du personnel technique et des responsables des services concernés par l’étude qui ont cité « l’amélioration des services et la visibilité de la CRA comme étant des acquis ». Par conséquent, la visibilité se capitalise comme une force pour la CRA. En effet, ce sont les actions posées par la CRA dans l’exercice de la MOD qui lui ont valu cette visibilité.
C’est entre autres ce que l’étude d’évaluation des capacités institutionnelles des CRA et de la Chambre Nationale d’Agriculture a constaté en stipulant que:
L’organisation des assemblées consulaires tournantes au niveau local, la participation des acteurs aux foires régionales et les voyages d'études constituent des bonnes pratiques. Ils permettent la visibilité des activités de la CRA et la promotion du monde agricole et un meilleur positionnement sur le marché (MAAH,2019 p.71).
2.2.1.3 Niveau de satisfaction appréciable des élus dans la gestion de la MOD
La majorité des élus consulaires (82,%) est satisfaite de la gestion de la MOD contre 18% qui ont révélé qu’ils sont insatisfaits de cette gestion (tableau 6).
Tableau 6 : Niveau de satisfaction des élus dans la gestion de la MOD
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : travaux de terrain (2021)
En effet, ces élus (18%) assurent que la gestion est opaque avec la mise à l’écart de certains élus. Certains avouent ne pas connaître la nature des activités concernées par la MOD, donc difficile pour eux de mener un jugement sur la satisfaction. Il est alors nécessaire de faire participer toute la chaîne des élus consulaires aux activités de l’exercice de la maîtrise d’ouvrage déléguée, et de privilégier la communication et le partage d’information au niveau de ces derniers.
2.2.1.4 Analyse des données des agents techniques et du personnel administratif
2.2.1.4.1 Meilleures performances techniques
Sur le plan organisationnel, les personnes enquêtées trouvent que la CRA arrive à tenir régulièrement ses instances statutaires et réglementaires à travers la tenue des assemblées consulaires régionales, les rencontres du Bureau Exécutif ainsi que les instances de sélection et d’approbation des projets (CPS, CAP14 ). À cela s’ajoutent les rencontres de planification opérationnelle des activités à travers le Programme de Travail et de Budget Annuel (PTBA). Le personnel avoue qu’avec le projet Neer-Tamba, les coordinations provinciales ont renforcé leur cadre institutionnel, à travers leur présence dans les provinces et leur fonctionnement. Selon ces mêmes acteurs, ils estiment que la CRA a su implanter son leadership.
Sur le plan technique, la MOD a permis à la CRA d’étoffer son personnel technique et de renforcer leurs capacités. Cela a par ricochet renforcé les capacités de gestion de prestataires et la collaboration avec les autres partenaires de mise en œuvre du projet; d’où une amélioration de la communication interne et externe notamment par le canal des e-mails. Ainsi, le personnel technique recruté par la CRA dans le cadre du projet Neer-Tamba a permis à la CRA d’avoir des meilleures performances techniques.
Sur le plan logistique , la CRA a reçu du matériel roulant, son matériel bureautique et informatique a été renforcé. La CRA a bénéficié d’équipements agricoles (tracteurs) pour ses ressortissants. Le projet a également loué des bâtiments pour abriter les coordinations provinciales. Ce dernier élément bien qu’important a été relevé comme un handicap pour la CRA à la fin du projet d’autant plus qu’elle n’aura pas les moyens financiers pour assurer la location. Autrement dit, cela pourrait être une source de revenus financiers si toutefois ces bâtiments avaient été construits pour la CRA.
Sur le plan financier , les activités du projet Neer-Tamba, s’accompagnent de budget qu’il met à la disposition de la CRA pour l’exécution des activités et la prise en compte des charges de fonctionnement de la CRA. Cette disposition financière à l’endroit la CRA a permis la mise en œuvre des activités du projet. Elle a permis également à la CRA de subventionner les projets de ses ressortissants.
2.2.1.4.2 Plusieurs acquis et autonomie financière de la CRA
La totalité des personnes enquêtées assurent qu’à travers la MOD, la CRA a eu doublement des acquis. Ces acquis sont repartis entre la CRA elle-même et ses ressortissants.
- Acquis pour les ressortissants
Il s’agit entre autres:
- Des micro-projets individuels et des organisations rurales subventionnés par la MOD;
- Des matériels ou équipement agricoles acquis;
- Des ouvrages aménagés tels que les bas-fonds, les périmètres maraichers, les CES/DRS15 ;
- L’organisation de journées pour faire la promotion et valoriser les produits ASPHF16 de la région;
- La structuration des producteurs en Comité de gestion, sociétés coopératives;
- L’élaboration des plans d’action et plan développement et leur financement.
- Acquis pour la CRA
Pour ce qui est de la CRA, les acquis engrangés sont:
- La mise en œuvre des activités de la MOD sans remise en cause;
- L’acquisition des tracteurs;
- La fonctionnalité des coordinations provinciales et l’amélioration du cadre de travail pour le personnel technique;
- Le renforcement de capacités des élus de la CRA et l’acquisition de matériel roulant;
- Le renforcement de la visibilité et de la crédibilité de la CRA vis-à-vis de ses ressortissants;
- Le renforcement des capacités dans la conduite des activités d’Information Education Communication et des sessions d’alphabétisation;
- Le renforcement des partenariats de la CRA.
Il a été reconnu par toutes les personnes enquêtées que ces acquis ont contribué à renforcer les capacités organisationnelles, techniques, logistiques, et financières; ainsi que les capacités de management notamment la gestion des prestataires et de passation de marchés. Parmi ces capacités, certaines ont été reconnues pouvant permettre à la CRA d’être opérationnelle à l’issue de la MOD. Il s’agit du renforcement de capacités des élus, la professionnalisation des ressortissants, la bonne gestion du matériel roulant et agricole (tracteurs), qui ont été citées comme des acquis pouvant garantir une viabilité de la CRA.
De l’avis des partenaires ciblés lors des entretiens dans la présente étude, l’opérationnalisation de la CRA après la MOD, passe par une évaluation préalable et une stratégie pour maintenir la CRA opérationnelle. En plus, il y a la promotion et la culture de la bonne gouvernance au sein de la CRA et des organisations rurales.
Cependant à côté des acquis cités, il a été relevé un problème réel d'appropriation de la MOD par un manque de réflexion stratégique et de vision dans la conduite des activités. Les résultats obtenus pourraient être mieux valorisés. Cela permettrait à la CRA de mieux étendre ses services à ses ressortissants. En d'autres termes, la CRA n'a pas su jusque-là valoriser les appuis pour mieux répondre aux besoins de ses ressortissants.
En plus, il a été noté que pour rendre la CRA autonome financièrement, il faut au préalable une volonté manifeste de l’exécutif de la CRA d’être autonome financièrement et d’encourager la gestion par compétence ainsi que l’amélioration du niveau de management. Par ailleurs, il a été souligné que la CRA devrait profiter du personnel technique mis à sa disposition, pour réaliser des prestations de services, des soumissions à des projets, des appels à propositions. Lesquels mécanismes pouvant lui permettre de maintenir ce personnel technique et de continuer à accomplir ses missions vis-à-vis de ses ressortissants. En outre, des actions telles que le prélèvement des taxes sur les recettes issues des produits ASPHF au profit de la CRA devraient être prises en compte.
De l’avis des responsables de la Cellule Économie Agricole, la valorisation des compétences endogènes dans le domaine de l’appui-conseil à travers le dispositif des acteurs endogènes tels que les paysans relais, les points focaux IEC, les rédacteurs endogènes dans le domaine des micro-projets sont des ressources que la CRA pourrait exploiter comme des sources de pérennisation et d’autonomisation.
2.2.1.4.3 Capacité de la CRA à poursuivre les activités entamées par le projet Neer-Tamba
Sur douze (12) personnes interviewées, la moitié (6) trouve que la CRA a la capacité de poursuivre les activités, si toutefois, il est mis en place une stratégie de préservation des acquis et des potentiels productifs. En plus, ils mentionnent la nécessité qu’un plan de communication prenne en compte tous les démembrements de la CRA. Ce serait un atout pour celle-ci de pouvoir poursuivre les activités déjà entamées par le projet.
Par ailleurs, le reste des personnes interrogées trouve que certains acquis disparaitront avec la fin du projet, du fait de la forte dépendance de la CRA des partenaires techniques et financiers, sa faible capacité à mobiliser les ressources financières, au regard des insuffisances liées à l'appropriation de la MOD et des acquis, et de l'absence d'un mécanisme de pérennisation et ou du maintien des ressources humaines qualifiées. Certains même soulignent que la MOD n’a pas pris en compte le développement des capacités d’autonomisation financière de la CRA mais s’est beaucoup plus focalisée sur l'institutionnel et l'opérationnel.
Selon le rapport final d’évaluation de la CNA et des CRA (MAAH,2019.), la dépendance financière, matérielle et humaine des CRA aux projets demeure inquiétante malgré le renforcement de l’ancrage institutionnel de la CNA et des CRA tant au plan national que sectoriel comme un gage sûr de la durabilité de l’importance des questions du développement du monde rural.
2.2.1.4.4 CRA partenaire idéal dans le cas de la reprise de la MOD
Une question de la présente étude, visait à savoir si toutefois la MOD était à reprendre, la CRA serait-elle le partenaire idéal. Cette question est stratégique en ce sens qu’elle permet d’évaluer les points de vue vis-à-vis de la performance de la CRA. Ainsi, la majorité (75%) des réponses était favorable à la CRA (graphique n°2).
Graphique 2: Avis sur un partenariat avec la CRA pour une reprise de la MOD
Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten
Source : travaux de terrain (2021)
Selon cette majorité (75%), la CRA est une structure plus proche des ressortissants. Elle a aussi capitalisé une expérience sur la conduite de la MOD et est maintenant visible grâce aux activités de la MOD. Selon cette tendance, la structuration de la CRA jusqu’au niveau village (démembrements de la CRA) lui confère une garantie pour gérer cette MOD. Cette structuration est sans doute une des raisons qui fait que la CRA connait au mieux la réalité des ressortissants et a une bonne exécution de la présente MOD.
Des auteurs comme V. Zoma & Z. Tou (2022, p.48) soulignent également dans leur analyse des facteurs de la participation de la Chambre Régionale d’Agriculture des Hauts-Bassins au processus de la décentralisation : « cette structuration de la CRA du niveau village jusqu’à la région, comme un atout majeur pour la mobilisation communautaire est nécessaire pour la mise en œuvre efficace des initiatives locales de développement ».
À l’inverse, 17% des personnes enquêtées (g raphique 2) soutient la position d’une CRA qui n’est pas l’idéale pour reconduire cette MOD si elle devrait être reprise. Certains alors proposent de confier la MOD à une structure plus haute, ou à des antennes régionales dont la CRA sera un collaborateur dans la mise en œuvre.
2.2.1.4.5 Niveau de satisfaction des principaux partenaires
- Résultats de la MOD
L’appréciation des résultats des trois principaux volets confiés à la CRA dans le cadre de la MOD a été orientée vers les partenaires clés. Les entretiens laissent transparaitre un niveau de satisfaction moyen au niveau des résultats du volet de mise en œuvre des micro-projets et du volet alphabétisation. Les résultats du volet Information Education Communication restent en deçà au regard de la faiblesse dans le suivi-supervision de ce volet et de l’implication régulière de l’Unité de Gestion du Projet qui est très souvent amenée à s'investir pour certaines activités et certaines analyses. Ainsi, malgré les notes de satisfaction, un effort reste à faire dans l’intensification du suivi des activités du volet IEC par la CRA. L’analyse de ce point mérite une attention et interpelle la CRA à prendre en compte ce paramètre au regard de l’insuffisance relevée en termes de suivi du volet IEC.
- Conduite générale de la MOD
Par rapport à la mise en œuvre, l’entretien avec la personne ressource du Fonds International de Développement Agricole montre que:
La CRA n'a pas démérité au niveau des résultats au regard de la mise en œuvre efficace des activités, des retombées économiques et des effets sur les bénéficiaires. Ce fut un réel apprentissage au regard des acquis liés au processus de passation des marchés, la visibilité et la crédibilité de la CRA. Cela a contribué au positionnement de la CRA, vis-à-vis de l'administration et des services techniques en charge du monde rural.
Le Rapport final sur la Stratégie de Désengagement du Projet Neer-Tamba (MAAH 2018, p.14) traduit cela en ces termes: « on retiendra que les principaux acteurs du projet sont globalement satisfaits de la mise en œuvre des activités. Le mode d’intervention du projet et les moyens d’exécution responsabilisent selon eux les acteurs et constituent un gage de l’atteinte des objectifs ».
Au regard des acquis et des capacités de la CRA dans la conduite de la MOD, le personnel technique mentionne comme forces actuelles de la CRA, sa visibilité, la connaissance de ses missions par ses ressortissants, sa capacité organisationnelle, technique, et logistique; ainsi que l’expertise acquise dans le cadre du projet et la conduite des activités d’alphabétisation, d’Information Education, Communication, et des bibliothèques ambulantes (Biblio moto), etc. déjà menées avec succès. Celles-ci sont fondamentales dans les prochaines échéances et pourraient motiver le choix en faveur de la CRA si d’aventure un autre projet aurait besoin d’un partenaire pour la conduite de ses activités.
D’une manière globale, les atouts mis en exergue par la présente étude reposent sur la bonne perception sur la visibilité de la CRA, l’amélioration des services offerts aux ressortissants, le niveau de satisfaction des élus consulaires vis-à-vis de la gestion de la MOD par la CRA. À cela s’ajoutent la reconnaissance du renforcement des capacités organisationnelles, institutionnelles, techniques et matérielles, les différents acquis et la mise à disposition des ressources financières pour les activités. Par ailleurs la capacité de la CRA à pouvoir poursuivre avec les acquis engrangés est une force. La CRA est un acteur à reconduire si toutefois la MOD était à reprendre. Le niveau de satisfaction sur l’appréciation des résultats et la conduite générale de la MOD sont également des points positifs. Ils sont à capitaliser comme des forces issues de la bonne conduite de la MOD. Cependant, à côté de ces points positifs, d’énormes défis restent à relever par la CRA dans l’exercice de cette maîtrise d’ouvrage.
2.2.2. Plusieurs défis à relever
La pérennisation des acquis issus de l’expérience de la MOD reste une préoccupation. L’organisation mise en place par la CRA pour la conduite des activités et les ressources humaines disponibles sont dépendantes du projet Neer-Tamba. Certaines actions entreprises par les CRA pourraient ne pas continuer après l’arrêt de la convention signée avec le projet Neer- Tamba. Du point de vue physique, la poursuite des réalisations par la CRA au niveau de la région risque également d’être interrompue avec la fin du projet plus précisément de la MOD.
2.2.2.1. La durabilité des acquis
Comme le souligne le Consultant de l’étude sur la stratégie de désengagement du Projet Neer-Tamba, « l’appréciation de la réussite des projets de développement réside dans les changements durables et autonomes qui continueront de se produire auprès des bénéficiaires et des populations cibles et même de l'ensemble de la communauté après que les appuis et acteurs extérieurs se soient retirés » (MAAH, 2018 p.13).
À propos de la durabilité des acquis, la question est d’actualité et elle est même préoccupante pour les partenaires clés du projet Neer-Tamba. Pour eux, l’heure est à la réflexion et des études ou évaluations préalables sont nécessaires afin de juger de la pertinence du niveau de la masse critique avant de poser les jalons solides d’une durabilité des acquis. Autrement dit, selon eux, « si la CRA n’a pas atteint le niveau de la masse critique, il serait fragile de traiter de la durabilité de ce que nous avons capitalisé comme acquis ».
Quant au personnel technique, il faut créer un cadre de réflexion stratégique pour capitaliser les acquis et dégager ceux susceptibles d’être pérennisés. Aussi, faut-il penser à offrir des services de consultation dans le domaine de l’appui-conseil auprès des partenaires sur la base des compétences acquises de la MOD. Il convient également de développer d’autres types de services payants tels que la location des tracteurs, la confection des cartes professionnelles, la location des véhicules. Ces actions pourraient permettre à la CRA d’assurer l’entretien des véhicules et des tracteurs ainsi que ses locaux.
À l’analyse de la position des partenaires clés, cette question de durabilité a encore du chemin à faire. Ce que l’on retient du personnel technique est de réunir les conditions pour renforcer les capacités financières de la CRA, gage de durabilité. En effet, comme le montre les travaux de V. Zoma & Z. Tou (2002), la faible capacité financière constitue un handicap à la durabilité des actions.
Par ailleurs, pour une gestion durable des acquis, la CRA doit observer les principes de bonne gouvernance en l’occurrence, la redevabilité, une gestion transparente, avec une stratégie de communication efficace et de management de qualité.
2.2.2.2 Faiblesses de la CRA dans la MOD
La conduite de la maîtrise d’ouvrage déléguée par la CRA de l’Est présente des faiblesses qui ont été révélées par l’étude. Ces faiblesses sont de deux natures. Celles imputables directement à la CRA et celles imputables au statut de la MOD. Ainsi, il a été relevé l’absence de collaboration entre la CRA de l’Est et les deux autres CRA du Centre-Nord et du Nord en matière de partage de stratégies, d’expérience et d’initiatives dans le cadre de la MOD. Aussi, l’absence de siège construit pour les coordinations provinciales et d’infrastructures de stockage au niveau régional peuvent être des éléments de retour à la case de départ de la CRA après la MOD. Le personnel technique ajoute par ailleurs, la faible valorisation de ses compétences, lequel personnel est réduit à un personnel d’exécution; pourtant, il pouvait avoir un rôle de conception. À la fin, il est dénoncé une insuffisance de suivi des activités par la CRA, une insuffisance de communication et un manque d’appropriation réelle de la MOD par la CRA.
Cette dernière idée en lien avec le manque d’appropriation réelle de la MOD par la CRA rencontre la position de certains partenaires clés qui soutiennent que la CRA n’a pas su mettre à profit la MOD pour conforter ses outils de vision et de stratégie, à développer d’autres activités en plus des activités de la MOD. C’est dire que la CRA s’est contentée seulement de la mise en œuvre des activités sans aucune plus-value issue de ces activités.
Pour ce qui est des faiblesses intrinsèques à la MOD, l’étude a révélé entre autres, le retard dans la mise à disposition des ressources pour la conduite des activités, l’absence d’un mécanisme de pérennisation des acquis, l'absence ou l'insuffisance d'appui au développement de capacités d'autonomisation financière de la CRA, la pluralité des acteurs avec comme conséquences des insuffisances dans la gestion des contrats des opérateurs privés et la pluralité des activités à couvrir dans le cadre de la MOD.
En somme, le premier défi demeure la durabilité des acquis. À cette question préoccupante, il a été relevé des faiblesses à mettre sous l’angle des défis. Il s’agit de l’absence de collaboration avec les deux autres CRA sur le partage d’expérience, de stratégies et d’initiatives. L’absence d’infrastructures bureautiques à l’endroit des coordinations provinciales et de stockage au profit de la CRA siège. L’absence d’appropriation réelle de la MOD par la CRA a été traduite comme une faiblesse au regard de l’absence de mécanismes propres développés par la CRA en dehors des seules activités décrites dans la convention de la MOD. L’insuffisance de suivi des activités également. À l’endroit de la MOD, il a également été relevé des insuffisances imputables à la MOD elle-même. Il a été capitalisé dans cette étude les retards dans la mise à disposition des ressources financières pour la conduite des activités, l’absence de prévision d’un mécanisme opérationnel pour la pérennisation des acquis, l’absence ou l’insuffisance d’appui au développement des capacités d’autonomisation financière de la CRA. À cela s’ajoute la multiplicité des acteurs intervenant comme partenaires de mise en œuvre, et la pluralité des domaines de la MOD qui prenaient en compte presque toutes les trois composantes opérationnelles du projet au lieu de deux composantes, objet de la convention.
2.2.3. Plusieurs leçons à tirer et quelques éléments de suggestions
Au regard des avis mitigés sur la gestion de la MOD (en termes d’acquis que la CRA devrait capitaliser), il est nécessaire pour garantir ces acquis, que celle-ci doit exploiter au mieux les compétences du personnel technique dont le contrat prend fin avec celle du projet. Il est également nécessaire que la CRA formule le vœu auprès du projet Neer-Tamba pour la construction d’un centre de ressources17 et de sièges au niveau des provinces. Il y a également la nécessité pour la CRA d’impliquer réellement ses ressortissants à travers ses démembrements à la base et les acteurs concernés dans les différentes activités. Enfin, il y a la nécessité pour la CRA de négocier les termes de références avec le projet pour élargir son champ d’action notamment la prise en compte de la composante 1 au regard de son rôle de facilitateur dans la mise en œuvre de la composante qui ne fait partie des composantes déclinées par la MOD.
Ainsi donc, au titre des solutions, des propositions de création de la CRA sous une Loi lui conférera plus de pouvoir et de ressources ainsi que l’amélioration de la gouvernance. La bonne gouvernance prônée par M. Sylla (2012) comme étant la saine gestion des affaires publiques avec la participation de la population à la prise de décision les concernant pour le renforcement de l’État de Droit. Le tout renforcé par des actions de plaidoyer sur le prélèvement des taxes sur les produits agro-sylvo pastoraux halieutiques et fauniques et des activités rémunératrices lui permettraient d’assurer son autonomie financière.
Par ailleurs, ayant recueilli la majorité des avis que la CRA aura des difficultés à fonctionner sans appui extérieur, comme perspective, il est ressorti des interviewés que la CRA doit avoir une autonomie financière et améliorer sa position à l’image de certains acteurs du monde rural, tels les producteurs du coton et de sésame de la région.
Le délégataire professionnel doit alors disposer de trois (3) capacités suivantes: la capacité financière et juridique, la compétence technique; la compétence commerciale et humaine. Ainsi, il est temps pour la CRA de se projeter dès à présent sur l’après- MOD. Cette projection se doit d’être stratégique avant d’être opérationnelle.
De l’exercice de simulation d’une vision au regard des problèmes fondamentaux à l’autonomie de la CRA et à la durabilité des acquis, quelques actions recueillies auprès des personnes interviewées pour la réalisation de la vision proposée se présentent comme suit:
- Imposition des taxes sur les produits agricoles au bénéfice de la CRA;
- Compétition aux appels à propositions et une bonne organisation des ressortissants;
- Développement des services payants et renforcement des compétences qualifiées (gestion et management);
- Appropriation de la vision et défense de l'intérêt général comme préalable;
- Création des unités de transformation et commercialisation au profit des coordinations provinciales;
- Construction et équipement de salles de réunion au niveau régional pour générer des revenus;
- Construction et équipement de bureau pour les coordinations provinciales;
- Implication des ressortissants dans les prises de décision.
CONCLUSION
L’évaluation de l’apport de l’exercice de la maîtrise d’ouvrage déléguée dans l’exécution du Projet sur le développement institutionnel, les capacités organisationnelles et l’autonomie financière de la CRA de l’Est montre qu’à travers la mise en œuvre du projet Neer-Tamba, la Chambre régionale d’Agriculture de l’Est a amélioré le positionnement et renforcé l’expertise de l’organisation pour de meilleurs services à l’endroit des ressortissants de la zone d’étude. Toutefois l’autonomisation financière de la CRA ainsi que la pérennisation des acquis se posent en termes de défis et des suggestions recueillies auprès des personnes enquêtées ont été enregistrées dans le cadre de la présente étude.
Les perspectives formulées se posent en termes de projections. Mais en attendant ces conditionnalités, aujourd’hui la CRA est capable de relever tout défi avec le peu d’acquis et de résultats qu’elle a engrangé dans l’exercice de la MOD. Elle devrait alors appréhender la MOD comme un outil qui lui a été proposé à titre avantageux pour lui insuffler une certaine dynamique, un coup de pouce. Ainsi, les recommandations qui sont formulées, si elles sont mises en œuvre pourraient permettre à la CRA et aux autres Chambres d’Agriculture ayant expérimenté la maîtrise d’ouvrage déléguée d’impacter positivement les autres CRA à travers le modèle et la dynamique qu’elles ont su implémenter.
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[...]
1 Gouvernement du Burkina Faso, 2015, p.9.
2 Institut International pour la Communication et le Développement.
3 Organisation Non Gouvernementale
4 Fonds International de Développement Agricole. Une institution financière internationale et un organisme spécialisé des Nations Unies qui a pour vocation d’éliminer la pauvreté et la faim dans les zones rurales des pays en développement.
5 Document sur les Options Stratégiques pour le Programme Pays
6 Objectifs avant la revue à mi-parcours du Projet Neer-Tamba
7 En 2019, sa population est estimée à 1 942 805 selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitation (RGPH) du Burkina Faso (INSD,2022).
8 Chambre Nationale d’Agriculture
9 Ces dernières années, le Burkina Faso fait face à une grande insécurité liée aux attaques terroristes (V. Zoma et al. 2022).
10 (FIDA, 2012).
11 Information Education Communication
12 Approche combinée de l’alphabétisation initiale (AI= niveau 1) et la formation complémentaire de base (FCB= niveau 2) en trois mois d’affilée.
13 Ministère de l'Agriculture et des Aménagements Hydrauliques (MAAH)
14 Comité Provincial de Sélection et Comité d’approbation des Projets
15 Conservation des Eaux et des Sols/Défense et Restauration des Sols.
16 Agro-Sylvo-Pastoral Halieutique et Faunique.
17 Un complexe composé de salles de conférence, de bâtiments faisant office de bureaux, de boutiques marchandes, et de magasins de stockage pour les produits agricoles.
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