Valorisation du francais régional en Provence


Hausarbeit, 2009

22 Seiten, Note: 1

Klaudia Bachinger (Autor:in)


Leseprobe


Table des matières

Introduction

1. Partie théorique
1.1 La situation de la langue française
1.2 Les aspects sociolinguistiques

2. Terrain
2.1 Méthode et déroulement de l’entretien
2.2 Guide d’entretien

3. Enquête
3.1 Analyse phonétique
3.2 Analyse contextuelle

Conclusion

Bibliographie

Notes annexes

Introduction

En tant qu’étudiantes étrangères en Lettres Modernes nous sommes sensibles aux variations régionales de la langue française. En arrivant en Provence nous avons remarqué que le français de la région se distingue du français « standard » enseigné à l’école. Pour ce raison nous avons choisit un sujet qui concerne cet accent particulier en se posant les questions suivantes : Quelles sont les différences par rapport au français standard ? Comment est-il perçu par les locuteurs et par les autres qui ne l’ont pas ?

Pour trouver des réponses nous avons effectué des recherches théoriques sur l’accent en général, sur la situation diglossique face au français standard et sur les représentations des accents régionaux. Ensuite pour confirmer les thèses de notre travail théorique nous avons interviewé une locutrice de la Provence, qui a un accent très prononcé, pour savoir si elle se sentait en situation diglossique. Comment a-t-elle intégré la diglossie ? Et quelle est la valorisation de sa langue ?

Le dossier se compose de trois parties, une partie théorique, une sur la méthode de l’enquête et une dernière qui porte sur l’analyse de l’interview.

Dans la partie théorique nous essayons de définir les concepts principaux linguistiques et sociolinguistiques tels que le français standard, le français régional, la notion d’accent, de diglossie ainsi que de représentation linguistique.

Ensuite nous décrivons le terrain et la méthode pour l’exécution de l’entretien et de l’analyse qui suit.

La dernière partie constitue l’analyse de l’entretien, c’est-à-dire une analyse phonétique ainsi qu’une analyse contextuelle. Celles-ci nous permettent de trouver des réponses aux questions susmentionnées.

1. Partie théorique

Dans la partie suivante nous essayons d’abord de définir et décrire les aspects linguistiques des différents parlers. Existe-t-il un français standard ? Comment est-ce qu’il est définit ? Quels sont les rapports entre un parler « standard » et un parler « régional » ? Et finalement plus spécifiquement quels sont les caractéristiques du français régional de Provence ? Dans un deuxième temps on s’intéresse aux aspects sociolinguistiques comme la représentation linguistique, l’identité linguistique des locuteurs ainsi que la situation diglossique.

Notre analyse se base surtout sur les aspects phonétiques, voire l’accent. Souvent le grand public parle d’un accent du sud ou du nord. Pour pouvoir analyser l’accent il faudrait pourtant définir ce terme. Qu’est-ce que donc un accent ? À côté du sens premier que l’on appelle aussi « accent tonique » et qui désigne une « prépondérance relative donnée par le locuteur à un segment de la chaîne parlée » (Moreau 1997, 9) il existe un deuxième sens essentiel pour les sociolinguistes : « […] l’accent [qui] est décrit [comme] l’ensemble des caractéristiques de prononciation liées aux origines linguistiques, territoriales ou sociales du locuteur, et dont la perception permet au destinataire d’identifier la provenance du destinateur » (ebd., 9).

Pendant que les concepts dialecte, régiolect, sociolecte, etc. s’attache à la phonétique, au lexique et à la syntaxe, ce concept d’accent réfère uniquement à l’énoncé et sa façon de prononciation. L’accent renvoie en général à des groupes qui se diffèrent par leur territoire comme c’est le cas lorsque l’on parle d’un accent étranger ou d’un accent régional. Cependant le concept peut aussi concerner les groupes sociaux ou politiques comme par exemple l’opposition milieu riche-milieu pauvre, urbain-provincial, etc. La conséquence d’un accent est donc souvent la classification des locuteurs dans un certain milieu géographique, culturel, ethnique ou social. (cf. ebd. 10f.)

Si nous parlons de concept d’accent il faudrait que l’on se demande aussi ce qu’un parler « pur », un parler sans accent. En France par exemple le français dit standard est reconnu et validé par la Délégation à la langue française du ministère de la Culture. Néanmoins ce français standard manifeste aussi obligatoirement un accent particulier et donc un écart phonétique par rapport à d’autres parlers de la même langue.

1.1 La situation de la langue française

1.1.1 Contexte historique

Avant la Révolution les Français parlaient des langues différentes. La plupart des gens qui habitaient la Normandie, la Lorraine, le Poitou et la Bourgogne étaient des semi-patoisants ; les habitants de ces provinces pratiquaient une sorte de bilinguisme : ils communiquaient entre eux en utilisant leur «patois» (issu du latin comme le français), mais comprenaient le français.

Seules les provinces de la Champagne, de la Beauce, du Maine, de l'Anjou, de la Touraine, du Berry et de l'Île-de-France (avec Paris en tant que capitale), étaient relativement francisantes. Après la prise de pouvoir des rois de France le dialecte de cette dernière est devenu prestigieux. C’est ainsi que la langue nationale a été instituée par François Ier. Mais c’est à la période révolutionnaire que le français parisien a obtenu l’hégémonie. La mise en valeur des sentiments nationaux s’est étendue aussi au domaine de la langue qui avait pour but d’unir le peuple français. Ainsi, les révolutionnaires bourgeois ont déclaré la guerre aux patois en y voyant un obstacle à la propagande. Par la suite, la terreur linguistique a déclenché une mission d’éradication des dialectes et le programme éducatif était lancé, mais sa réalisation a subi un échec.

Le système de l’enseignement primaire de l’Etat créé sous le règne de Napoléon s’est reposé sur l’orthographe de l’Académie française et la grammaire codifiée par François Noël (inspecteur général de l'Université) et Jean-Pierre Chapsal (professeur de grammaire générale). La norme ne s’applique pas seulement à la langue mais aussi aux mœurs. Ainsi, la « bonne orthographe » devient une marque de distinction sociale.

Vers 1850, la norme moderne du français à été fixée, la prononciation de la bourgeoisie parisienne est entrée définitivement en vigueur en s’étendant à toute la France. Cette expansion était facilitée par la centralisation et le développement des communications.

1.1.2 Définition du français standard :

« Le fran ç ais standard est d ’ abord envisag é comme le fran ç ais ‘ de base ’ , un seuil entre ce qui est formel et ce qui ne l ’est pas. Il est associ é à l ’usage correct : une langue épur ée de tout énonc erroné . En somme, il correspond àune entit élinguistique qui peut être aussi bien é crite qu ’ orale. Le bon fran ç ais, c’est le fran ç ais correct. Il s ’ agit d ’ un fran ç ais con ç u pour agencer des limites grammaticales, orthographiques et stylistiques à l ’écrit comme àloral. » (Rebourcet 2008, 108)

Ainsi, le français standard est une langue des dictionnaires, des études supérieures, de la presse écrite, de la télévision et de la radio ainsi que du discours politique. C’est le français que l’on enseigne en générale aux étrangers et que l’on rencontre en situation formelle ; il est fondé sur celui des classes supérieures parisiennes.

Pour régler et codifier la langue standard on se sert de la norme. Cette dernière est un ensemble de lois qui permettent de régir l’utilisation de la langue en introduisant des principes de correction et de prescription (cf. Garmadi 1982, 122). Elle exclut toutes les formes de variété linguistique.

1.1.3 Les langues de la Provence

Les Provençaux, eux aussi, avaient sa langue de communication autre que le française - le provençale. Ils en parlaient au quotidienne jusqu’au XIXe siècle. Ensuit, la nouvelle réglementation des langues régionales ainsi que la généralisation de l’apprentissage ont donné la naissance à un français « provençalisé ». Par la suite, les Provençaux, d’abord bilingues, ont adapté et progressivement transmis à ses enfants la langue française perçue comme le signe de la promotion sociale. Le français provençal s’est transmis jusqu’à aujourd’hui, au point qu’il a devenue un emblème dont les Provençaux sont très fiers.

Il ne faut pas oublier que le provençal était beaucoup influencé par d’autres langues, notamment italienne (entre 1850 et 1950). La Province a connu aussi d’autres vagues migratoires : Arménien (début XXe siècle), Maghrébins et Français d’Algérie (après 1960), voir Grecs, Espagnols, Comoriens.

La langue provençale est une langue romaine méridionale, elle appartient à la famille d’oc et sonne un peu comme de l’italien ou de l’espagnol. Bien que le provençale a donné lieu à une littérature réputé (prix Nobel de Frédérique Mistral en 1904) il est considéré comme une langue parlée qui n’a pas subit de contrôle normatif.

1.1.4 Les différences entre le français standard et l’accent provençal

VOYELLES1

Les voyelles du français du Provence sont issues de la langue provençale.

Du fait que certains phonèmes du français standard n’existaient pas en provençale (comme o fermé, ou le eu qui n’est en provençale que une variante du u) ils y ont été intégrés et adaptés au provençale à ses règles de prononciation.

Ce qui diffère l’accent provençal du français standard c’est ne pas seulement l’apparence phonétique (a plus ouvert, u moins long, ou plus tendu etc.) mais aussi l’organisation phonologique. C’est-à-dire que les phonèmes ne sont pas les mêmes que dans le français standard.

1 - Réduction du nombre des oppositions vocaliques timbre ouvert - timbre fermé : a - pas d'opposition /e ~ / en syllabe ouverte, finale ou non de mot ;

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

- à l’intérieur : laisser, laissant[Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten] b - pas d'opposition[Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten] en syllabe fermée. Dans les séquences o + consonne prononcée (ou groupe de consonnes) + e, c'est la voyelle ouverte[Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten] qui est réalisée :

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten c - pas d'opposition[Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten] la voyelle antérieure [a] apparaît dans toutes les positions :

- position finale : pas [pa]

- position intérieure : bâton[Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten]

2 - Prononciation plus fréquente de [Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten]:

- en finale absolue, précédée d'une seule consonne:

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

- en finale absolue après voyelle : glue[Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten]

- en position intérieure de mot, précédée et suivie d'une seule consonne : petit[Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten]

Dans certains cas, la prononciation de après consonne ne correspond pas à un e graphique :

La voyelle[Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten] a un timbre qui varie entre [a] et [o]. - (le féminin s'obtient en provençal en ajoutant o à la forme masculine : lou cat et la 'cato = le chat et la chatte). Du fait que dans la prononciation provençale existe le e finale atone (p.ex.. Paul - Paule, bar - barre) le nombre et la structure des syllabes changent et les nombreux accents toniques apparaissent. Ainsi, le français provençale connaît un accent tonique de mots alors que le français standard place celui-ci sur la dernière syllabe des énoncés. Alors, mise à part tous les mots terminé par un -e (souvent prononcé comme un eu fermé ou comme un o ouvert) on y trouvé aussi les mots terminés par -o,-i,-é,-ou qui ont l’accent sur avant-dernière syllabe : campo, santo, toti, Sanary, calignaïre, tchoutchou. Ainsi, le rythme des phrases en français provençal est transformé et par la suite un système d’intonation varié lui donne son aspect chantant.

3 - Les voyelles nasalisées : « dans des positions où le français standardisé utilise des voyelles nasales, le français méridional prononce des voyelles partiellement nasalisées et suivies d'un élément consonantique nasal bien audible ». Les voyelles ainsi accentuées ont un timbre plus fermé que les voyelles nasales du français standardisé. Cette tendance est renforcée en position finale là où il existe, en provençal, des nasales fermées [i] [u] et des finales en oun comme dans pourcioun, portion :

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

(la fermeture de la voyelle est plus nette dans la syllabe finale).

CONSONNES

Dans un système consonantique on note moins de différences par rapport au français standard. On note les différences suivantes :

1 La consonne suivie par la voyelle nasalisée :

- en finale absolue devant pause ou devant voyelle le dos de la langue se relève presque comme pour un [g] nasal, noté « N » ici :

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

- devant une autre consonne prononcée (suivie éventuellement de[Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten] à l'intérieur d'un même mot : l'élément consonantique nasal est articulé de la même manière et au même endroit que la consonne orale suivante :

Un phénomène similaire a lieu lorsque l'élément nasal placé en fin de mot est suivi d'un mot commençant par une consonne :

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

2 Pour simplifier les groupes consonantiques la première consonne du groupe est éliminée : [gz] réduit à [z] dans

« exemple ».[Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten]

DURÉE VOCALIQUE ET ACCENT

Les consonnes dites allongeantes du F.S. [R], [Z], [3], [v] ne remplissent pas leur fonction quand elles sont suivies de la voyelle [Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten]. Exemple : prise[Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten]. Par contre, [R] est allongeant lorsqu'il n'est pas suivi de[Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten] et qu'il est sonore.

1.2 Les aspects sociolinguistiques :

Suite à la définition des aspects linguistique nous nous tournons vers la côté sociolinguistique. Les sociolinguistes dépassent les études de la langue en elle-même et s’intéressent aux aspects sociaux que puisse avoir une langue. La sociolinguistique se sert ainsi de la linguistique, de la langue comme un système, pour catégoriser et comprendre les faits sociaux Dans notre analyse nous nous intéressons à l’image et la représentation linguistique d’un parler régional. Plus haut nous avons traité la question comment se définit le français provençalisé par rapport au français standard, maintenant nous nous posons la question sur ce que représente un parler régional par rapport au français standard. Or cette question nous mène tout d’abord au concept de la diglossie.

1.2.1 Le concept de la diglossie :

La diglossie est un concept sociolinguistique qui « dans sa plus grande extension […] est utilisé pour la description de situations où deux systèmes linguistiques coexistent pour les communications internes à cette communauté » (Moreau 1997, 125). En général les deux langues en contact se trouvent dans une situation inégale et des statuts ou poids différents. Il existe une langue dominée utilisée surtout dans les domaines de familles et dans la vie privée et une langue dominante que l’on va utiliser dans la vie publique et au travail par exemple. Les situations diglossiques plus ou moins stables peuvent cependant mener à deux différents développements : premièrement à un phénomène d’assimilation, voire substitution de la langue dominée. Ou deuxièmement à une inversion, c’est qui veut dire que la langue dominée se transforme en langue dominante. Le premier cas qui fait que les locuteurs perdent souvent leur langue maternelle pour la langue dominante peut être douloureux et causer une « auto- hodi ». L’individu rejette sa langue, sa culture et son identité. (cf. Moise, 2009)

Le cas d’inversion contrairement ne peut se faire que si les locuteurs ont une forte confiance en soi et sont fier de leur langue et de leur identité. De même il faut une excellente économie ainsi qu’une situation politique et démographique favorable.

[...]


1 cf. A.I.: Adaptations du livre Les accents des francais (1983), en ligne sur http://accentsdefrance.free.fr/

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Details

Titel
Valorisation du francais régional en Provence
Hochschule
Université d'Avignon et des Pays de Vaucluse  (Lettres Modernes)
Veranstaltung
Sociolinguistique B
Note
1
Autoren
Jahr
2009
Seiten
22
Katalognummer
V141149
ISBN (eBook)
9783640509102
ISBN (Buch)
9783640509447
Dateigröße
518 KB
Sprache
Französisch
Schlagworte
francais régional, Provence, provencal, sociolinguistic
Arbeit zitieren
Klaudia Bachinger (Autor:in)Iwona Sutor (Autor:in), 2009, Valorisation du francais régional en Provence, München, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/141149

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