Comparaison entre les creoles des Petites Antilles et le francais en ce qui concerne les determinants


Exposé Écrit pour un Séminaire / Cours, 2002

26 Pages, Note: 1,0


Extrait


Contenu

I. Introduction

II. Comparaison des créoles des Petites Antilles et du français en ce qui concerne les déterminants et les pronoms
1. Les pronoms
1.1 Définition générale et rôle des pronoms
1.2 Les pronoms personnels
1.3 Les pronoms démonstratifs
1.4 Les pronoms possessifs
2. Les déterminants
2.1 Définition générale et rôle des déterminants
2.2 Les articles définis
2.3 Les articles indéfinis
2.4 Les déterminants démonstratifs
2.5 Les déterminants possessifs

III. Conclusion

IV. Bibliographie

I. Introduction

Les créoles français sont nés pendant la période de la colonisation à partir des formes régionales et populaires du français pour assurer la communication entre les colons et leurs esclaves. En effet, les langues africaines des esclaves ont également influencé les créoles.

Aujourd'hui, nous avons une situation de diglossie dans ces anciennes colonies - pour prendre l'exemple des Petites Antilles - le français est la langue officielle, mais le créole est resté la langue maternelle d’une grande partie de la population. C'est grâce à cette influence des langues africaines que le créole n'est toujours pas considéré comme une vraie langue, souvent on entend parler d'un certain patois ou dialecte et ces préjugés datent déjà de la période de la colonisation. A cette époque, les pouvoirs coloniaux considéraient les peuples d'Afrique comme inférieurs, par conséquent, leurs langues parlées n'étaient pas d'égale valeur selon l'opinion générale. Le modèle de toutes les langues était le latin et c'était aussi un argument en faveur de la supériorité du français. Les Européens croyaient que le créole était du français plus pauvre et simplifié, pas correctement parlé. Fleischmann cite dans son œuvre <<Joli, sans doute, harmonieux, musical, tout ce que vous voudrez... Ce qui n'empêche pas que c'est du petit nègre, et que plus vite il tombera dans l'oubli, mieux cela vaudra pour l'avenir des Antillais.>>[1]. Cette citation résume très bien l'opinion générale en Europe sur les créoles - et cette manière de les voir n'a vraiment pas changé. De nos jours, il y a encore des préjugés à propos de la valeur des langues créoles même auprès des créolophones eux-mêmes.

Il y en a des raisons différentes et complexes. Comme le français est la langue de prestige, parler créole est associé à une couche sociale inférieure, à un manque d'éducation et à la pauvreté. Une autre raison pour regarder les créoles comme langues inférieures est le fait qu'ils ne sont pas utilisés à l'école et qu'ils manquent souvent de vocabulaire spécifique celui de l'administration par exemple. En plus, les créolophones ont peur de s'isoler des grands pouvoirs en matière d'économie en donnant la préférence au créole plutôt qu'à une des grandes langues internationales.

L'argument qui nous intéresse le plus dans ce travail est la question de savoir si les langues créoles ont une grammaire. Beaucoup de gens sont convaincus qu'il n'y a ni structure, ni règles dans les langues créoles, donc pas de grammaire. Il est vrai que la grammaire est moins compliquée qu'en français et qu'il n'y a pas d'orthographe fixe, mais cela ne suffit pas à maintenir cette affirmation. Ce travail prouvera par l'exemple des créoles guadeloupéen et martiniquais qu'il y a une vraie grammaire en créole en analysant les déterminants et les pronoms. Pour prouver que l'on ne peut pas non plus maintenir l'argument de l'infériorité des langues créoles, je vais les comparer avec les déterminants et pronoms français.

Alors, les chapitres suivants vont traiter tout d'abord les pronoms et par la suite des déterminants du créole des Petites Antilles et du français. Pour pouvoir réaliser le travail qui suit, j'ai utilisé pour le créole les grammaires de J. Bernabé, A. Valdman, P. Stein et R. Germain ainsi que le site internet de M.C. Hazaël-Massieux (http://creoles.free.fr). Utile pour le français, son autre site internet, sur la linguistique (http://analilit.free.fr) et les œuvres de M. Arrivé (parmi d’autres) et de M. Riegel (parmi d’autres). En ce qui concerne les exemples des deux langues créoles, ils sont tirés des œuvres de David/Jardel et Chambertrand mentionnés dans la bibliographie ou bien inventés (ce qui est d’ailleurs le cas pour tous les exemples français) si aucune source n’est indiquée.

Si les exemples cités ont une orthographe différente de celle présentée dans ce travail, c’est dû au problème qu’il n’y a pas d’orthographe fixe dans les langues créoles. J’ai toujours adopté l’orthographe proposée par les auteurs des exemples sans modifications.

II. Comparaison des créoles des Petites Antilles et du français en ce qui concerne les déterminants et les pronoms

1. Les Pronoms

1.1 Définition générale et rôle des pronoms

En français, le pronom ne peut pas seulement remplacer un nom simple (comme le nom le dit déjà), mais tout un groupe nominal. En outre, un pronom peut désigner directement ou bien les participants de l'énonciation (je, tu, ...) ou bien le sujet et la personne dont on parle (il, elle, cela, ...). En ce qui concerne la syntaxe, les pronoms peuvent donc prendre beaucoup de rôles différents: ils sont utilisés à la place du sujet de la phrase (elle parle, ils viennent, ...), du complément direct (je l'aime, ...) ou indirect (elle lui a parlé, ...) ainsi qu'à la place d'autres compléments différents (j'en suis sûr, où s'est produit cet accident de voiture, pour qui est-ce qu'il me prend, ...). Selon la fonction des pronoms dans la phrase, il y a différentes formes en français.

En créole, les pronoms peuvent remplir les mêmes fonctions, donc ils sont utilisés pour remplacer un sujet et des objets déjà connus. La plus grande différence est le fait qu'il n'y a pas autant de formes pour les différentes personnes et que la fonction syntaxique des pronoms est seulement exprimée par leur place dans la phrase.

Les paragraphes suivants traiteront ces différents pronoms français et créoles. D'abord, les pronoms personnels sont introduits, puis les pronoms démonstratifs et pour finir, les pronoms possessifs.

1.2 Les pronoms personnels

- EN FRANÇAIS

Les pronoms personnels en français constituent un groupe complexe avec différentes variantes. Ils peuvent remplir, comme déjà mentionné précédemment, toutes les fonctions des syntagmes nominaux: du sujet de la phrase ainsi que de l'objet direct et indirect. La richesse des formes du pronom personnel s'explique par le fait que chaque personne a des formes différentes au singulier et au pluriel selon sa fonction dans la phrase et qu'il y a en plus des formes accentuées et non-accentuées. Les tableaux suivants montrent la morphologie de ces pronoms en français. D'abord les formes conjointes sont présentées, après les formes disjointes.

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Tout d'abord, il faut expliquer le terme forme conjointe, Riegel en donne une très bonne définition dans sa grammaire:

<<Les formes conjointes sont généralement antéposées au verbe dont elles ne peuvent être séparées que par une autre forme conjointe et (si elles sont sujets) par le premier élément de la négation: Il ne les lui a pas rendus. >>[2] Les formes y et en font également partie de cette catégorie, mais elles sont présentées ailleurs.

En considérant le tableau, on remarque que nous et vous sont invariables et que, dans la phrase, leur forme reste toujours stable même s'ils prennent différentes fonctions. Mais, <<les 1e et 2e personnes dites du pluriel, ne sont pas de véritables pluriels de "je" et "tu"; "nous" n'est pas constitué de plusieurs "je", mais d'un "je" plus un ou plusieurs "tu", d'un "je" plus un ou plusieurs "il" (ils).>>[3] Vous est la forme qui est utilisée si l'on parle à une personne inconnue ou par politesse.

En ce qui concerne la troisième personne, le français distingue entre les sexes et en plus, la forme on qui peut remplacer tous les autres pronoms personnels en fonction de sujet. Ce cas s'applique surtout quand on ne veut pas identifier plus précisément les personnes dont on parle, elles restent plus anonymes et moins déterminées (alors on est triste à la place de tu es triste, vous êtes tristes ou je leur ai dit bonjour mais on n'a rien répondus au lieu de ils/elles n'ont rien répondu(e)s, ...). Surtout le remplacement de nous par on est très répandu aussi bien à l'oral qu'à l'écrit (nous, on avait très peur, on s'est bien amusés, ...). Même si on ne peut pas porter les marques de genre ou nombre, le participe passé verbal ou l'adjectif les porte quand même.

Le pronom personnel il et ses variantes ils, elle, elles, lui, le/la, les et leurs est employé pour désigner des personnes qui ne parlent pas pendant l'acte d'énonciation ou qui n'y participent pas ainsi que des animaux et des objets inanimés (la voiture de Jean, elle est belle ou les chats, ils sont des animaux gentils, ...) .

Pour compléter la liste des pronoms personnels, il faut encore expliquer les pronoms adverbiaux y et en. En est utilisé en français pour remplacer plusieurs groupes nominaux compléments. En général, en est l'équivalent d'un de plus groupe nominal, cela peut être l'article partitif (p.ex. j'ai mangé du pain, j'en ai mangé), le de en fonction de complément de verbe (p.ex. nous avons parlé de l'examen, nous en avons parlé) ou dans une phrase avec un quantificateur (p.ex. Combien d'enfants a-t-il ? Il en a trois. Elle a beaucoup d'argent, mais elle en dépense aussi beaucoup. ...). Le pronom adverbial y s'emploie pour remplacer un à plus groupe nominal, il représente également des compléments d'adjectifs et de verbes (elle pense souvent à ses problèmes - elle y pense souvent, j'y suis prête, elle y est favorable, nous y sommes aptes, ...). Y, qui représente en général surtout la préposition locative à, peut également prendre la place des construction locatives avec sur, dans, ....

Maintenant il faut encore considérer la morphologie des formes disjointes:

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Les formes disjointes peuvent être séparées du verbe et exister indépendamment, liées par une préposition, un pronom relatif qui suit. Ou bien, elles peuvent être employées simplement comme des réponses courtes. Les exemples suivants peuvent aider à comprendre l'utilisation et le rôle des ces formes : Il est totalement dépendant d'elle. Ses copains ne pensent jamais à moi. Cette maison est à lui. Toi qui veux toujours avoir raison. Eux, ils ne travaillent jamais. C'est qui? Nous!

Pour former des phrases je me lave, ils se battent, ... il faut un <<pronom réfléchi>> pour conjuguer une telle construction. Ces pronoms réfléchis sont divisés dans des formes conjointes (je me bats, tu te bats, il se bat, nous nous battons, vous vous battez, ils se battent) et disjointes (je pense à moi, tu penses à toi, il pense à lui, elle pense à elle, chacun pense à soi, nous pensons à nous, vous pensez à vous, ils pensent à eux, elles pensent à elles d'abord) qui peuvent être renforcées par l'addition d'un -même (il ne travaille que pour lui(-même), elle ne dépense que pour elle(-même). La forme soi est utilisée pour une interprétation générique (il faut penser à soi-même d'abord).

Pour finir ce chapitre sur les pronoms personnels français, il reste juste à définir la place de toutes ces formes. Le tableau suivant de Riegel est utile pour donner une règle générale pour ce problème complexe:[4]

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En général, les formes conjointes sont directement antéposées au verbe, également s'il s'agit d'un infinitif (il y a quelques exceptions) dans une phrase sauf s'il s'agit d'une phrase qui contient une inversion (au cas d'un impératif ou d'une question).

Il y a naturellement des exceptions à cette règle mais cela nous mènerait trop loin du sujet. Il vaut mieux commencer la comparaison avec les pronoms personnels des créoles des Petites Antilles.

- EN CREOLE GUADELOUPEEN ET MARTINIQUAIS

Ce qui saute d'abord aux yeux, est le fait qu'il n y ait pas autant de variétés dans ces deux langues créoles en ce qui concerne les pronoms personnels. En général, il n'y a pas de formes différentes des pronoms selon la fonction dans la phrase comme en français et il n'y a pas non plus l'opposition entre masculin et féminin à la troisième personne (créole: i ka manje signifie il mange et elle mange). <<A défaut d'inflexions, les genres créoles sont contextuels. Le même pronom est sujet ou complément, sauf la deuxième personne, du pluriel qui, sujet, prend la forme de zò, et complément, celle de zòt.>>[5] C'est juste la place dans la phrase qui indique leur fonction syntaxique.

En plus, il faut faire attention pour les traductions en français concernant la forme de la deuxième personne parce que ces langues créoles n'ont pas la forme de politesse vous.

Mais ces pronoms sont également équivalents à un groupe nominal d'une phrase et peuvent le remplacer. En plus, en créole (comme en français d'ailleurs) on peut en gros diviser les pronoms personnels en deux groupes. On distingue d'un côté les pronoms désignant le locuteur et l'interlocuteur d'une énonciation, donc des personnes animées qui y participent (1ère, 2e, 4e, 5e personne) et de l'autre côté les pronoms personnels de la 3e et la 6e personne qui peuvent remplacer ou bien des animés qui ne participent pas activement à l'énonciation ou bien des objets. Ce qu'il y a dans les langues créoles des Petites Antilles, ce sont des formes fortes et faibles pour quatre des six pronoms personnels présentés dans ce tableau :

[...]


[1] Fleischmann, 1986, p 121.

[2] Riegel et alii, 1994, p 200.

[3] M.C. Hazaël-Massieux, http://analilit.free.fr.pronoms.htm, p 3.

[4] Riegel et alii, 1994, p 203.

[5] Germain, 1976, p 78.

Fin de l'extrait de 26 pages

Résumé des informations

Titre
Comparaison entre les creoles des Petites Antilles et le francais en ce qui concerne les determinants
Université
Université de Provence  (Sprache Literatur)
Note
1,0
Auteur
Année
2002
Pages
26
N° de catalogue
V18834
ISBN (ebook)
9783638230940
Taille d'un fichier
568 KB
Langue
français
Mots clés
Comparaison, Petites, Antilles
Citation du texte
Bernadette Nistl (Auteur), 2002, Comparaison entre les creoles des Petites Antilles et le francais en ce qui concerne les determinants, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/18834

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