La bataille de Balaklava. L’importance des communications et des données d’ordre dans la guerre


Seminararbeit, 2013

15 Seiten


Leseprobe


Table des matières

Introduction

I. Les forces russes
L’idée de manœuvre
L’offensive
Un bilan mitigé

II. Les forces britanniques
Les problèmes de renseignement
Donner un ordre et se faire comprendre
La charge de la Brigade Légère

III. Conclusion

Bibliographie

Introduction

Le 25 octobre 1854 se tint aux alentours de la ville de Balaklava, en Crimée, une bataille qui s’inscrira dans l’histoire comme un exemple de mauvais commandement et de massacre courut d’avance.

Dans le cadre de la Guerre de Crimée, après un assaut manqué des alliés sur Sevastopol’, les forces russes tentèrent de prendre la ville de Balaklava située à une quinzaine de kilomètres au sudest de Sevastopol’. Son port constituait un emplacement stratégique pour les Alliés puisqu’il formait leur principale base d’approvisionnement.

Si la bataille de Balaklava, outre l’importance stratégique du port de la ville qui fit de cet affrontement un élément décisif de la guerre, revêt une grande importance du point de vue de l’histoire militaire, c’est avant tout pour son déroulement catastrophique, en particulier du côté des forces britannique, du fait de leur commandement et de la qualité de leurs commandants. C’est ce point qui fera dans ce travail l’objet d’une étude précise. Bien que tout le monde s’accorde à dire que les officiers généraux et supérieurs britanniques ont fait montre d’un manque, si ce n’est atterrant, au moins dramatique de compétences de conduite - et ce jusque dans la cinématographie qui l’illustra par les films The charge of the light brigade de 1936 et 1968 - la force et les intentions de leurs opposants sont, à tort, moins relevées. Pourtant, pour comprendre cette catastrophe dans son intégralité, il importe également de comprendre face à qui et à quoi les Britanniques eurent à lutter.

Ce travail ce propose donc de relater l’évènement en analysant tout d’abord les intentions et les actions des forces russes - puisque ces dernières déclenchèrent la bataille - puis d’analyser les réactions britanniques ainsi que les moyens et les méthodes de les ordonner.

Relevons encore que les dates données sont celles du calendrier occidental. Le calendrier russe comptant douze jours de retard sur le calendrier occidental, si le lecteur se réfère aux sources russes, les dates mentionnées en priorité dans celles-ci correspondront au calendrier russe. Enfin, la translitération va comme suit: ж - zh / и -i / й - y / у - u / х - kh / ц - ts / ч - ch / ш - sh / щ - shch / ъ - " / ы - y / ь - ' / ю - yu / я - ya, les autres sons correspondent à nos lettres latines.

I. LES FORCES RUSSES

L’idée de manoeuvre

Ainsi que l’explique Clive Ponting1 ; après l’assaut manqué du 17 octobre des Alliés sur Sevastopol’, le commandement russe était bien au fait des faiblesses que l’échec dudit assaut engendra sur les positions alliées. De son côté, le commandement russe subit les pressions du tsar qui exigeait que soit entrepris quelque chose pour soulager Sevastopol’ de son siège. Cependant, le général-adjudant et amiral Menshikov, commandant en chef des armées de terre et navales des forces russes en Crimée dut faire face à un certain manque de troupes qui l’empêcha de tirer pleinement avantage de la situation. Seule la 12ème division d’infanterie du général-lieutenant Liprandi était arrivée de Bessarabie - après une éprouvante marche forcée - peu après les bombardements du 17 octobre. Les 10ème et 11ème divisions ne pourraient, quant à elles, arriver qu’une dizaine de jours plus tard.

Deux choix s’offraient alors aux Russes. La première variante consistait à attaquer les positions britanniques en face de Sevastopol’, ce qui était inconcevable pour Liprandi en raison du manque de troupes russes. La deuxième variante - celle de Liprandi - consistait à tirer avantage de la situation délicate des Alliés en attaquant Balaklava, privant ainsi les Alliés, si ce n’était de leur principal port de ravitaillement, au moins de leurs lignes de communication avec ce dernier ce qui rendrait les positions britanniques sur les hauteurs en face de Balaklava intenables. Balaklava étant piteusement défendu du fait que les Britanniques avaient déployé la majeure partie de leurs troupes pour l’assaut sur Sevastopol’, Menshikov - qui voulait agir rapidement - opta pour la variante de Liprandi.

Balaklava se trouve au sud d’une série de redoutes mal construites dont trois étaient équipées de deux canons de 12 livres et dont la défense était assurée au deux-tiers par des troupes ottomanes. Ces redoutes étaient traversées par la route Vorontsov, principale voie de communication alliée. Le port en soi n’était pas défendu et la dernière ligne de défense était assurée par une série de batteries et d’ouvrages en terre disposé en demi-cercle vers le village de Kadikoi. En tout et pour tout, le sort de Balaklava dépendait de 2’800 hommes, troupes ottomanes inclues2. Le reste de la défense était constituée par 650 hommes du 93ème Highlanders et des Royal Marines, Lord Raglan, commandant en chef des forces britanniques, n’ayant pas jugé nécessaire de consolider la défense3.

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POINTING, Clive, The Crimean War; the truth behind the myth, London: Pimlico, 2005, pos. 2535

L’offensive

Au début du mois d’octobre, les troupes russes se trouvaient à l’arrière-front des Britanniques. Avec ses trois bataillons, quatre canons et deux escadrons de Cosaques, le lieutenant- colonel Rakovich poussa en direction de la rivière Chiornaya et occupa, le 14 octobre, le village de Chorgun. Le lendemain, il établit la communication avec le régiment d’Ulans Svodnyy du colonel Evropkin qui envoya son régiment pour une exploration dans la vallée Baydarskaya. Enfin le général-major Semyakin arriva à Chorgun avec la 1ère brigade de la 12ème division d’infanterie ainsi qu’avec le 1er régiment de Cosaques d’Ural.4

Les 18 et 19 octobre les Russes effectuèrent une mission d’exploration des défenses de Balaklava. Bien qu’ayant été informé que les Russes semblaient se préparer pour une attaque et qu’ils avaient conduit des missions d’exploration dans la région, Raglan rejeta catégoriquement l’éventualité d’une attaque, rapportant le 23 octobre à Londres que «a considerable body of Russians» furent observés avant de disparaître mais «are no longer to be seen in our front»5. Nous aurons l’occasion dans le chapitre II.1 de revenir sur cette attitude et ses conséquences.

Le 23 octobre à Chorgun, Liprandi se voit confier un détachement pour conduire son raid sur Balaklava. Il hérite de 17 bataillons, 20 escadrons, 10 escadrons de Cosaques, 48 canons et 16 pièces d’artillerie tractées, soit en tout seize-mille hommes.6

En rassemblant les informations données par Clive Ponting7 et Modest Bogdanovich, on parvient à rassembler toutes les étapes de l’affrontement; Le 25 octobre, peu avant l’aube, les forces russes traversent la rivière Chiornaya avec pour but intermédiaire de prendre les collines Fedyukhiny ainsi que la ligne de redoutes où serait laissé un détachement avant de poursuivre la poussée sur Balaklava afin de détruire le port.

Les collines Fedyukhiny furent prises facilement puisque pas défendues. En revanche les Russes bataillèrent deux heures durant contre les cinq-cents Ottomans de la première redoute. Une fois la première redoute tombée aux mains des Russes, il fut facile à ces derniers d’orienter leur feu contre les suivantes qui tombèrent rapidement sans que les Ottomans ne puissent faire quoi que ce soit.

De leur côté, les commandants Britanniques et les renforts de cavalerie une fois arrivés (Raglan ne fut sur place qu’aux alentours de 0800 alors que les redoutes étaient perdues!)8

organisèrent la défense. Raglan ordonna à la 1ère ainsi qu’à la 4ème division d’infanterie - respectivement commandées par le duc de Cambridge et le général Cathcart - de quitter leurs positions de Sevastopol’ pour rejoindre Balaklava. Mais l’idée fut vite abandonnée puisqu’il aurait fallut aux divisions plusieurs heures de marche au pas de charge pour rejoindre Raglan. Cependant, les généraux Canrobert et Bosquet, qui rejoignirent Raglan, ordonnèrent à deux brigades d’infanterie et deux régiment de Chasseurs d’Afrique de pousser au sud pour porter assistance à la cavalerie britannique.9

Une fois les redoutes prises, quatre escadrons de cavalerie russe poussèrent à travers la vallée nord puis tournèrent en direction du sud pour attaquer le 93ème Highlanders, seule force pouvant encore stopper l’avancée russe sur Balaklava puisqu’il fut ordonné à la cavalerie britannique de se retirer afin d’attendre les renforts de l’infanterie. Déployés en ligne, les Highlanders purent stopper au dernier moment les 400 hommes de la cavalerie de Ryzhov. Ce furent alors deux-mille Hussards flanqués d’un escadron de Cosaques qui attaquèrent les Highlanders. Huit escadrons de la Brigade Lourde britannique, soit sept-cents hommes vinrent appuyer les Highlanders et contrer l’attaque de la cavalerie russe qui se retira dans la vallée nord en passant entre les 2ème et 3ème redoutes, poursuivie par les Dragons du brigadier Scarlett qui n’arrêtèrent qu’une fois sous le feu des redoutes conquises par les Russes. Etonnement les pertes des deux côtés furent basses en raison des lames émoussées et des manteaux des Russes qui les protégeaient bien des coups.

Les Russes tentèrent une nouvelle action contre les forces britanniques mais furent stoppées net. Liprandi, décida alors de consolider sa position. L’objectif principal était atteint: dans l’immédiat les Alliés ne pouvaient plus utiliser le port de Balaklava. A environ 1000, le général- lieutenant Iosif Zhabokritskiy et ses troupes s’installèrent sur les collines Fedyukhiny, les troupes de Liprandi occupèrent les redoutes jusqu’à la troisième et Ryzhov occupa, après avoir dû considérablement reculer, le fond de la vallée nord. La liaison entre les régiments de Ryzhov et Zhabokritskiy fut assurée par le régiment de Ulan stationné sur la route de Simferopol’ et la batterie Donskaya. 10

[...]


1 Clive PONTING, The crimean war: the truth behind the myth, London: Pimlico, 2005, pos. 2526-2543 de 7953.

2 Ibid.

3 Ibid.

4 БОГДАНОВИЧ, Модест.И, Восточная война 1853-1856 годов , Глава XXIII. Сражение при Балаклаве ( при Кадикиой ). (13- го (25- го ) октября 1854 года ). http://history.scps.ru/crimea/bogdan23.htm (24.XII. 2013).

5 Ponting, pos. 2543 de 7953.

6 Модест.И. БОГДАНОВИЧ, Восточная война 1853-1856 годов , Глава XXIII. Сражение при Балаклаве ( при Кадикиой ). (13- го (25- го ) октября 1854 года ). http://history.scps.ru/crimea/bogdan23.htm (24.XII. 2013)

7 En particulier entre les pos. 2542-2791 de The Crimean war: the truth behind the myth.

8 Ponting, pos. 2577. 5

9 Ponting, pos. 2595.

10 БОГДАНОВИЧ, Модест.И, Восточная война 1853-1856 годов , Глава XXIII. Сражение при Балаклаве ( при Кадикиой ). (13- го (25- го ) октября 1854 года ). http://history.scps.ru/crimea/bogdan23.htm (24.XII.2013).

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Details

Titel
La bataille de Balaklava. L’importance des communications et des données d’ordre dans la guerre
Hochschule
Université de Genève  (Département de russe)
Autor
Jahr
2013
Seiten
15
Katalognummer
V323341
ISBN (eBook)
9783668226067
ISBN (Buch)
9783668226074
Dateigröße
1098 KB
Sprache
Französisch
Schlagworte
Russie, Crimée, Cavalerie, Grande-Bretagne, Guerre, Balaclava
Arbeit zitieren
Raphael Pauli (Autor:in), 2013, La bataille de Balaklava. L’importance des communications et des données d’ordre dans la guerre, München, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/323341

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