La représentation de la société de consommation dans "Mon Oncle" de Jacques Tati


Hausarbeit, 2013

15 Seiten, Note: 1,7


Leseprobe


Table des matières

1. Introduction

2. Résumé

3. Les années 50 en France
3.1 Une période de prospérité/ de consommation
3.2 Le post-modernisme
3.3 L’esthétique nouvelle - l’automobile

4. La consommation représentée dans « Mon Oncle »
4.1 Villa Arpel
4.2 M et Mme Arpel
4.3 Le monde moderne en comparaison avec le vieux monde

5. Conclusion

6. Sources

1.Introduction

La consommation est devenue la morale de notre monde. […] Comme la société du Moyen Âge s'équilibre sur la consommation et sur le diable, ainsi la nôtre s'équilibre sur la consommation et sur sa dénonciation.

Cette constatation de Jean Baudrillard dans sa dissertation La société de consommation (1970 : 14) montre très bien l’importance de consommation et des rapports à l’objet dans les années d’après-guerre autant que de nos jours. Le niveau de vie augmente et ainsi également le besoin d’acheter des éléments de confort et de statut social. La société est marquée par la stimulation systématique et permanente d’un désir d’acheter des biens de consommation.La notion de consommation est souvent employée comme critique de la société moderne capitaliste. Jacques Tati, le réalisateur du film « Mon Oncle », ridiculise le nouveau confort individuel et toutes les machines électro-ménagères qui doivent « libérer la femme ». Le film représente un portrait des temps modernes dans les années 50 et en même temps une caricature des tendances futuristes.

Le but de ce travail sera de montrer comment les thèmes de la consommation et les rapports à l’objet se reflètent dans le film. Pour cela, j’analyserai les différents moyens de mise en scène, le son, le mouvement et l’éclairage pour souligner l’ambivalence entre les deux mondes représentés dans le film. Pour assurer une base de connaissances générales quant à cette thématique, il est tout d’abord indispensable de donner un court résumé de la comédie et des informations sur le contexte historique et social des années 50. Puis suivront les parties sur le post-modernisme et l’automobile, un exemple parfait pour l’esthétique nouvelle. Pour terminer, les points les plus importants de ce travail seront résumés dans une courte conclusion.

2. Résumé

Le film « Mon Oncle de Jacques Tati » est un portrait de deux vies complètement opposées. M. Arpel, un riche industriel, vit avec sa femme et leur fils Gérard dans une villa moderne dans une banlieue pavillonnaire aisée près de Paris. Il est patron d’une usine qui fabrique des tuyaux en plastique pendant que Mme Arpel fonctionne comme maîtresse de maison. Elle s’occupe des tâches ménagères et elle passe la plupart du temps en utilisant les dernières technologies.

Contrairement à la famille Arpel, M. Hulot, le frère de Mme Arpel qui est incarné par Tati lui-même, habite dans un appartement modeste dans le vieux quartier de la banlieue. Il n’a pas de travail et il passe beaucoup de temps avec son neveu Gérard, âgé de neuf ans, qui s’ennuie dans le monde moderne. Ce dernier apprécie l’humour de son oncle apportant un peu de vie à son quotidien.

Mme Arpel craint que son frère puisse être un mauvais modèle pour Gérard et elle essaie donc de le marier à sa voisine pour faire de lui un membre de la société élevée. Cette tentative et aussi celle de trouver un emploi dans l’usine pour lui échouent. M. Hulot ne peut pas se débrouiller dans cette société superficielle et cause du désordre et de l’embarras.

Par conséquent, M. Arpel décide de se débarrasser de lui en l’envoyant comme représentant à l’étranger. Gérard et M. Arpel l’accompagnent à l’aéroport où ils retrouvent, grâce à une farce commune, l’amitié qui doit unir un père et son fils .

3. Les années 50 en France

3.1 Une période de prospérité/ de consommation

Dans les années 50, après une longue période de pénurie et de renoncement, apparaît en France une forme nouvelle de la société : « la société de consommation ». L'augmentation du niveau de vie ne permet seulement l'accès à des besoins essentiels comme la nourriture, les vêtements et le logement, mais aussi à des éléments de confort et de statut social. Dorénavant les Français se mettent à consommer et ils « vivent entourés d’objets » (Jouion 1995: 26).

Les raisons pour cette tendance sont multiples, autant conjoncturelles que structurelles. Entre 1945 et 1975, la période des Trente Glorieuses, la France connaît une forte croissance économique comme la majorité des pays développés. Celle-ci est la suite de la reconstruction de l’industrie des pays largement dévastés par la guerre et de la modernisation de l’industrie, soutenue par l’aide des États-Unis (le plan Marshall).

De plus, le développement de la société de consommation est accéléré par la hausse du pouvoir d’achat et l’entrée dans l’espace européen (vgl. Jouion 1995: 26).

À part de l’accroissement des revenus provoqué du plein emploi et du grand nombre de femmes décidant de travailler, le revenu par foyer augmente et se trouve également sécurisé de l’état. Celui-ci favorise la consommation en introduisant la Sécurité sociale et le SMIG. Par le « baby boom » et l’augmentation de l’espérance de vie, il y a plus de consommateurs tout en diversifiant les besoins et les attentes de l’être individuel.

Cependant, le premier choc pétrolier en 1974 donne un coup brutal d’arrêt à cette croissance économique. Le mode de vie des Français évolue plus dans ces trente ans que pendant les deux siècles précédents. Les supermarchés et les grandes surfaces spécialisées se développent rapidement surtout par rapport à la technologie nouvelle et répondent donc aux besoins d’une nouvelle société.

La France essaie, avec un grand retard en comparaison avec les Etats-Unis, à accéder à « un stade de production et de consommation de masse » (Jouion 1995: 26). Ainsi, ce phénomène est un rattrapage du style de vie américain des années 1920.

Cette forme nouvelle de la société n’est pas seulement une culture de masse, mais aussi « une culture de l’immédiat » et « de l’instantané » (Jouion 1995: 29). Les fabricants des produits, comme des voitures, des frigidaires, des fours, n’accordent pas de valeur à la qualité, plutôt à la quantité. Les matériaux ne sont pas solides, ils ne sont pas faits pour durer. En très peu de temps les objets sont échangés puisqu’ils sont dépassés. Ainsi, on parle également d’une culture qui change et se démode tout le temps.

3.2 Le post-modernisme

1 À part de la consommation sans cesse, il faut toutefois considérer une autre caractéristique principale de cette période, celle de l’esthétique nouvelle. Le modernisme des années 50 s’accompagne d’une démarche esthétique des biens de consommation : le post-modernisme. Les objets ont des formes « qui sont d’une beauté tout à fait extraordinaire » (Jouion 1995: 26) . Désormais on trouve des déterminations nouvelles et futuristes à l’objet comme des formes cubistes, géométriques et aérodynamiques. Par ces formes apportant la beauté dans le quotidien, ce qu’on appelle le design, le post-moderne laisse derrière l’ancien modernisme des années 1900.

La nouvelle esthétique est surtout influencée par plusieurs concepts de beauté soit par le Bauhaus allemand et le constructivisme russe soit par les écoles artistiques. La lignée du Bauhaus tente de mêler le fonctionnel et l’esthétique, les objets doivent être en même temps utilitaires et beaux. La beauté est de nouveau inspirée par des écoles artistiques qui prennent une place importante dans la vie culturelle française.

Les Etats-Unis et ainsi the american way of life ont également une grande influence sur le post-modernisme. Les Français ne veulent pas être en reste face aux Américains en ce qui concerne le progrès, la vitesse, le dynamisme, la technologie et l’automatisation. Le post-moderne est donc caractérisé par le style géométrique et anguleux des fifties, par le style pointu et aérodynamique et par les lignes abstraites et arrondies.

Dans le film, la villa des Arpel n’est qu’équipée des objets correspondant à l’esthétique nouvelle. Même le jardin est d’une géométrie parfaite. Le chemin, les massifs, le jet d’eau, tout est bien assorti.

Jacques Tati critique ces nouvelles formes et tout le modernisme avec les mots suivants :

Je crois aux vieux quartiers, aux coins tranquilles, plutôt qu’aux autoroutes, aux aéroports et à toutes les autres structures de la société moderne. Les gens en peuvent pas être à l’aise avec toutes ces lignes géométriques qui les entourent. 2

3.3 L’esthétique nouvelle - l’automobile

3 Les nouvelles lignes dues à l’esthétique nouvelle se cristallisent aussi sur le design de l'automobile, le bien le plus vendu à cette époque-là.

Elle s'impose progressivement en France et dans les autres pays développés comme le principal mode de transport. De 1950 à 1960, les productions aux Etats-Unis et en France sont multipliées, par deux ou trois. Comme dans plusieurs secteurs les Etats-Unis sont aussi précurseur dans le secteur automobile. En 1954 il y a 47 millions de véhicules circulant aux Etats-Unis. Ce développement est causé par deux raisons principales. Non seulement le développement des infrastructures routières est un facteur déterminant mais aussi la stabilité du prix du carburant. Dans les années 50, le litre d’essence ne coûte que trente-trois centimes ce qui simplifie la réalisation de progrès technique.

Le point culminant de la production américaine d’automobile, au cours des années 50, est l’année 1955. Pendant cette année, le nombre des voitures fabriquées dépasse le dix millions. Plusieurs séquences dans le film, comme par exemple celle où M. Arpel accompagne son fils à l’école, montrent très bien le travail à la chaîne. Les spectateurs suivent l’événement au début de la perspective de la voiture des Arpel qui se met dans le trafic et puis la perspective plongée qui montre une multitude de voitures bien rangées.

Pour accroître encore les chiffres de vente, les constructeurs donnent un nouveau design, composé de figures comme les symboles érotiques, les symboles de puissance et les symboles issus du progrès scientifique aux automobiles américaines.

Le streamlining, le carénage, joue un grand rôle au mouvement esthétique et aux Etats-Unis et en France dans les années 30 et 40. Au début, le carénage est seulement associé à l’aviation, mais déjà quelques années plus tard il devient également la nouvelle forme des voitures et d’autres biens de consommation. De plus en plus ils essaient de mêler le fonctionnel et l’esthétique en même temps que l’utilitaire et le beau. Ce mouvement esthétique qui est marqué par le streamlining devient très rapidement le synonyme de la « forme moderne » et de « l’esthétique novatrice ». Dans cette époque-là il y a aussi une tendance à reprendre « les métaux chromés, les surfaces polies et luisantes et l’aérodynamisme » (Jouion 1995: 34).

La voiture est dorénavant un symbole d'un mode de vie, elle exprime le désir de séduire, le désir d'aventures, le sex-appeal ainsi que le sentiment de puissance. De plus, elle devient un symbole du statut social. On voit bien ce fait dans le film à l’aide du personnage M. Arpel, qui offre une voiture tout neuve à sa femme comme cadeau de l’anniversaire de mariage même si l’autre fonctionne toujours. Il veut échanger le modèle dépassé.

En France, les 4 firmes automobiles qui s’illustrent principalement au cours des années 50 sont Peugeot, Simca, Citroen et Renault.

4. La consommation représentée dans « Mon Oncle »

4.1 Villa Arpel

Dans le film « Mon Oncle » de Jacques Tati les thèmes de la consommation et des rapports à l’objet sont toujours présents.

Le monde moderne est incarné par la famille Arpel qui habite une villa moderne dans un quartier bourgeois. Elle est équipée de la plus haute technologie. Aussi peut-on trouver dans chaque pièce un équipement ménager démesuré.

Celui de la cuisine, le lieu de la modernité et esthétique, est complexe et développé. Il y a le principe de just push the button qui y est prédominant. Dès qu’on fait marcher un ustensile de cuisine, il fonctionne automatiquement. Cependant, on ne touche même pas la plupart des ustensiles. Dans la maison Arpel, on garde la distance, on évite des taches et des empreintes. M. Hulot qui tente de s’intégrer dans cette maison superficielle et High-tech ne sait pas comment se servir des ustensiles, pour lui ce sont des choses étrangères et superflues. Après avoir sorti une carafe du placard, il l’utilise tout naturellement comme un ballon car elle est rebondissante. Ensuite, il essaie également de faire rebondir un verre, mais celui-ci se casse. Cet événement et le fait qu’il laisse partout des taches et des traces de pas, comme sur le bureau de Plastac et dans le jardin, clarifient qu’il n’y détonne pas.

En constatant « les relents sont ici ceux du cabinet dentaire, de la chambre d’hôpital. On y respire l’asepsie » (2002: 66) Laura Laufer compare la cuisine aux pièces stériles, vides et froides. On a l’impression que Mme Arpel fait visiter sa propre cuisine. Par sa « trop bon fonctionnement » et tous les robots ménagers qui y sont utilisés, la cuisine est en parallèle avec l’usine. Dans la littérature on ne trouve aucun article dans lequel les auteurs se servent du mot « ameublement » en rapport avec la cuisine, ils emploient tous le mot « équipement » qui décrit en général les ustensiles qui se trouvent dans un laboratoire ou dans un cabinet. Le fait qu’il faut chercher dans le vide avec les mains pour ouvrir l’étagère ridiculise un peu la vie moderne que les Arpel mènent.

Le salon, le living room, est aussi un bon exemple pour la consommation et les rapports à l’objet. Tout au long du film, Mme et M. Arpel n’emploient que le mot américain pour parler du salon ce qu’indique déjà l’influence des Etats-Unis sur le style de l’ameublement de la maison. Une démarche esthétique s’accompagne du modernisme fifties. Les déterminations nouvelles comme des formes cubistes, géométriques et aérodynamiques (Jouion 1995: 27) se trouvent à l’ameublement. Pendant le tour que Mme Arpel fait pour montrer à sa voisine ses toutes dernières nouveautés techniques (30:03), le spectateur voit pour la première fois l’intérieur du salon en entier. La cheminée qui ne fonctionne pas, les chaises inconfortables et le vase qui est comme Mme Arpel souligne « Dubrocq ». Cela montre que l’objet acquiert de plus en plus de la valeur, il devient symbolique et une partie importante d’une culture de masse.

[...]


1 Dans ce qui suit, je me réfère en particulier à la dissertation Une liberté toute neuve… Culture de masse et esthétique nouvelle dans la France des années 50 (Jouion 1995 : 26-29)

2 Jacques Tati : 1958 < web.accorse.fr/clg_laetitia/attachment/1364/ >.

3 Dans ce paragraphe, la source principale utilisée est la suivante Une liberté toute neuve : Culture de masse et esthétique nouvelle dans la France des années 50 (Jouion 1995 : 33-39)

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Details

Titel
La représentation de la société de consommation dans "Mon Oncle" de Jacques Tati
Hochschule
Johannes Gutenberg-Universität Mainz
Note
1,7
Autor
Jahr
2013
Seiten
15
Katalognummer
V494801
ISBN (eBook)
9783346001818
ISBN (Buch)
9783346001825
Sprache
Französisch
Schlagworte
oncle, jacques, tati
Arbeit zitieren
Master Ed. Larissa Schräder (Autor:in), 2013, La représentation de la société de consommation dans "Mon Oncle" de Jacques Tati, München, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/494801

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