Les partis politiques allemands face au défi environnemental global

Introduction

En tant qu'acteurs politiques aspirant a la gestion du pouvoir d'Etat, les partis politiques integrent generalement des problematiques d'ordre global a leurs projets de societe et programmes de gouvernement. Les partis politiques allemands n'echappent pas a ce constat, car ils accordent, tous, une place de choix aux defis globaux dans leurs visions strategiques. Il en va ainsi pour le defi environnemental global (DEG). Par DEG, il faut entendre un certain nombre de dereglements resultants du rechauffement climatique et qui font planer de graves menaces sur l'humanite toute entiere. Il s'agit notamment des emissions de gaz a effet de serre et de leur dommages sur la couche d'ozone, de la disparition de certaines especes animales et vegetales, de la rarefaction des terres cultivables, de la deforestation et de la rarefaction de l'eau. En tant que defi majeur inherent au processus de la mondialisation, le rechauffement climatique fait, evidemment, l'objet d'un traitement abondant dans les programmes de politique etrangere des partis politiques majeurs de l'Allemagne que sont la CDU/CSU, le SPD, le FDP, les Verts et Die Linke ; bien entendu, conformement a leurs lignes ideologiques respectives. Il importe, des lors et en vue d'une resolution efficiente de la problematique environnementale globale, de s'interroger sur la pertinence de la position des partis politiques allemands face au DEG.

Repondre a cette preoccupation revient, dans un premier temps, a demontrer que la protection de l'environnement est devenue, au fil des annees, un defi sectoriel global. Cet article s'appesantira, ensuite, sur la position des partis politiques allemands face au defi environnemental global. Enfin, il sera question d'en analyser la pertinence en vue de la resolution efficiente de la problematique environnementale globale.¹ L'analyse envisagee tiendra essentiellement compte de l'orientation ideologique des partis politiques et de l'evolution actuelle des negociations internationales sur le climat. Enfin, dans une approche performative, cette analyse tiendra, en ce qui concerne les partis politiques ayant experimente l'exercice du pouvoir d'Etat, compte de leur action dans ce domaine specifique.

La protection de l'environnement: Un defi sectoriel global

Depuis pres de trois decennies, la protection de l'environnement est devenue l'un des defis sectoriels majeurs des relations internationales. Cela est imputable au fait qu'aussi bien les causes que les consequences des problemes environnementaux se soient globalises. C'est-a-dire que des problemes au niveau local ont desormais des consequences au niveau global et que les defis environnementaux au niveau global produisent des effets drastiques au niveau local. Le defi environnemental global (DEG) se decline en six points principaux; a savoir le changement climatique, la fragilisation de la couche d'ozone, la disparition des especes, la rarefaction des terres cultivables, la destruction des forets et la rarefaction de l'eau. Face au DEG, la reaction des acteurs de la scene internationale, aussi bien celle des acteurs classiques que sont les Etats et les organisations internationales que celle des nouveaux acteurs que sont les ONG et les firmes multinationales², se resume globalement a des initiatives diplomatiques en vue de faire bouger les lignes et a des efforts de codification en vue de la mise a disposition d'un arsenal juridique international contraignant. Si la problematique environnementale mobilise autant d'energie a l'echelle globale, c'est assurement parce qu'elle constitue un defi ethique majeur inherent au processus de la mondialisation.

Les initiatives diplomatiques relatives a la protection de l'environnement au niveau global

Depuis la prise de conscience du danger environnemental qui plane sur la planete TERRE, des initiatives sont prises afin de mobiliser la communaute internationale et susciter par la meme une evolution qualitative du comportement des globalplayers et autres acteurs locaux. Deja en 1972, s'est tenue la Conference des Nations Unies sur l'environnement de Stockholm qui a abouti a la mise sur pied du Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE). Moins d'une decennie plus tard, sera lance le concept du developpement durable dans le Rapport-Brundtland.³ En juin 1992, se tiendra la Conference des Nations Unies sur l'environnement et le developpement a Rio de Janeiro. Cette conference enregistrera l'historique implication des ONG. Elle donnera cependant lieu a de profondes divergences entre pays industrialises et pays sous-developpes. Elle aboutira a la production de la Declaration de Rio et a la mise sur pied de l'Agenda 21, programme d'action pour le 21e siecle ayant un caractere non-contraignant. Plus tard, suivront les rendez-vous de Kyoto en 1997, de Johannesburg en 2002, de Bonn en 2004⁴, de Bali en 2007 et celui de Copenhague en 2009.⁵ A cöte de cela, les relations internationales enregistreront des efforts en vue de la mise a disposition d'un arsenal juridique international.

Les efforts en vue de la mise a disposition d'un arsenal juridique international

Parallelement aux initiatives diplomatiques en vue de la protection de l'environnement, des efforts sont fournis en vue de la mise a disposition d'un arsenal juridique international. Le droit international etant, en partie, un droit coutumier, on peut estimer que ces efforts de codification ne sont rien d'autre que la resultante de la pratique diplomatique qui, a son tour, donne lieu a l'emergence ou encore a l'adoption de certaines regles comme etant des normes internationales.⁶ Il s'agit, par exemple, de l'interdiction de polluer les territoires limitrophes, du principe de l'utilisation equitable - c'est-a-dire optimal et durable - des ressources naturelles, de l'obligation d'informer en cas de catastrophe ecologique, de l'obligation d'eviter la pollution transfrontaliere ou encore du principe pollueur-payeur.⁷ A cöte de ces normes, la protection de l'environnement a l'echelle globale a ete codifiee par des traites et des conventions. A titre illustratif, on pourrait mentionner la Convention de Geneve sur la pollution transfrontaliere du 13 novembre 1979, la Convention de Vienne sur⁸ la protection de la couche d'ozone du 22 mars 1985, la Convention de Bäle sur le transport de substances dangereuses du 22 mars 1989, la Convention des Nations Unies sur le changement climatique du 9 mai 1992, la Convention sur la protection de la biodiversite du 5 juin 1992 ou encore le Protocole de Kyoto du 11 decembre 1997 relatif a la reduction des emissions de gaz a effets de serre.⁹ Ces efforts en vue de la mise a disposition d'un arsenal juridique international trouvent leur fondement dans la prise de conscience du fait que le defi environnemental global est, a la base, une question d'ordre ethique inherente a la mondialisation.

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¹ Il serait pretentieux voire utopique de penser que la seule performance des partis politiques allemands suffirait a resoudre une telle problematique d'envergure globale. Cet article se soucie humblement de savoir dans quelle mesure la position des partis politiques allemands peut aider a surmonter le DEG.

² S'il est vrai que les firmes multinationales sont generalement indexees par certaines ONG engagees dans la lutte contre la pollution de l'environnement a l'echelle globale, il faut cependant noter que, depuis quelques annees, la notion d'entreprise citoyenne (corporate citizenship) est en train de s'ancrer dans la vision strategique de bon nombre de firmes multinationales, meme si, la encore, il leur est reproche de ne chercher qu'a soigner leur image et/ou leur notoriete.

³ Ce rapport a ete produit en 1982 par la Norvegienne Gro Harlem Brundtland, Premier ministre d'alors. Voir au sujet du developpement durable Dieter Nohlen: Sustainable Development, in: Dieter Nohlen/Rainer-Olaf Schultze: Lexikon der Politikwissenschaft, 3e edition, Vol. 2, Verlag C.H. Beck, Munich, 2005, p. 993.

⁴ Cette conference a essentiellement porte sur les energies renouvelables.

⁵ Voir Botiagne Marc Essis: Die deutsche Afrikapolitik seit 1990 im Lichte des Kosmopolitismus, Verlag Dr. Kovac, Hambourg, 2010, p. 206 ou encore Heinz Gmelch 2007, op. cit, p. 261.

⁶ Voir Dtv: Völkerrechtliche Verträge, 11e edition, Munich, 2007, pp. 455 - 562 ainsi que Stephan Hobe/Otto Kimminich: Einführung in das Völkerrecht, op. cit., p. 478ff. Nous n'avons pas juger utile de mentionner les principes generaux du droit dont le droit international environnemental tire sa source a cause de la similitude evidente entre ces principes et les fondements ethiques du defi environnemental global, qui, quant a eux, feront l'objet d'un traitement en infra.

⁷ Voir Botiagne Marc Essis 2010, op. cit., p. 245 ainsi que Heinz Gmelch 2007, op. cit., p. 261.

⁸ Voir Anton Leist: Ökologische Ethik II - Ökologische Gerechtigkeit: Global, intergenerationell und humanökologisch, in: Julian Nida-Rümelin: Angewandte Ethik -Bereichsethiken und ihre theoretische Fundierung, Alfred Kröner Verlag, 2e edition, Stuttgart, 2005, p. 426.

⁹ Certainement parce que l’Allemagne est, suivie de la Grande-Bretagne, le premier pollueur de l’Europe. Voir Heinz Gmelch 2007, op. cit., p. 242.