Extrait
Table des matières
1. L`Ange exterminateur
1.1 Le contenu de « L´Ange exterminateur » : une microsociété enfermée dans un salon
1.2 Quelques faits à savoir à propos de « L´Ange exterminateur »
2. « Le paramètre cafouilleux » du temps
3. L´univers selon Buñuel dans « L´Ange exterminateur »
3.1 La question sociale-Une parabole d´une bourgeoisie condamnée à une dégradation
3.2 La question religieuse- « Grâce à Dieu, je suis toujours athée »
3.3 La question onirique
4. Conclusion
5. Bibliographie
6. Filmographie
1. L`Ange exterminateur
« Ce que j´y vois, c`est un groupe de gens qui ne peuvent pas faire ce qu´ils ont envie de faire : sortir d´une pièce. Impossibilité inexplicable de satisfaire un désir simple.»1
Luis Buñuel nous a expliqués facilement le sujet de son film « El Ángel exterminador » (fr. « L`Ange exterminateur »). Grâce à son livre autobiographique nous (l´audience moderne) avons la possibilité de le rencontrer - Luis Buñuel décrit par lui-même. Ce livre-ci, sincère et délibéré, donnant l´occasion de mieux comprendre sa manière de penser et par conséquent, son œuvre …
1.1 Le contenu de « L´Ange exterminateur » : une microsociété enfermée dans un salon
Le scénario décrit une situation très particulière pour l´œuvre de Buñuel : Après une soirée au Métropolitain Opéra, un groupe de 28 personnes, évidemment des représentants de la bourgeoisie, sont réunis pour le dîner chez le couple Lucía et Edmundo de Nobile2 dans 1109, rue de la Providence.
Soudain, avant que les invités soient arrivés, les domestiques quittent leur travail sans faire beaucoup d’efforts pour expliquer leur désir de quitter les postes. On a même l´impression qu’ils s´enfuient. Vu la situation actuelle la maîtresse de maison, Lucía, continue à prétendre que tout va bien. Pendant la soirée la compagnie s´amuse en dansant et en parlant.
La situation devient bizarre quand les invités, malgré qu´ils veuillent partir, ne peuvent plus sortir du salon bien que les fenêtres et portes soient toutes ouvertes.
Donc, la solution est trouvée rapidement: on transforme l’espace le plus proche pour dormir. A partir de ce point-ci l´histoire continue à se développer d´une façon inattendue, puisque le lendemain matin, l´obstacle invisible entre la salle à manger et le salon, ne laissant pas les personnages sortir, est toujours présent. Le groupe ne sait pas exactement quoi faire pour échapper à cette situation. Jours après jours, ils restent dans le salon, et perdent la notion du temps. Les réserves d’aliments diminuent. La soif et la faim devient leur quotidien. Pour survivre les personnages tuent les moutons que Lucia Nobile a préparés pour un petit spectacle du dîner. La conduite d´eau cassée sert comme une source.
Les gens enfermés dans le salon changent peu-à-peu. Ils deviennent hystériques et se comportent d´une manière animale. Ensuite, la splendeur et la politesse, qui d´abord ont évoqué une image des gens supérieurs, cèdent leur place au désespoir et aux pensées de mort. Les placards dans les murs servent de toilette. Un autre placard devient tout d´abord la maison, et par la suite un sépulcre après le suicide d’un couple d’amoureux. Pour compléter toute cette situation, qui ressemble à une aventure dans la jungle, se déclare une épidémie inexplicable.
Pendant la dernière séquence dans le salon, où la masse complètement déçue décide de sacrifier le maître de maison, Edmundo Nobile, Leticia, nommé « la Walkyrie », semble trouver une solution : elle constate le fait qu’exactement dans ce moment-ci chacun se trouve sur la même position que pendant le premier soir. Pour rompre le cercle vicieux, il faut répéter le scenario et les conversations de la première soirée. Le plan marche : après la répétition biaisée les gens sortent de la maison le plus vite possible. Sur les rues les passants intéressés et les membres des familles les attendent déjà. Pour célébrer leur libération les personnages, qui ont déjà leurs anciennes allures, se trouvent dans une église. Après le service, la masse ne peut plus quitter l´église. Une puissance invisible les tient dans les murs de la cathédrale. Donc, l´histoire de la microsociété enfermée continue, mais cette fois dans une dimension plus grande.
1.2 Quelques faits à savoir à propos de « L´Ange exterminateur »
Tout d´abord, « L`Ange exterminateur » a été filmé au Mexique en 1962. Selon le scénario original de Luis Buñuel et son collègue Luis Alcoriza, il s´agit ici du 20èmefilm de sa filmographie, qui contient au total 32 chefs-d´œuvre. Il a été publié en mai 1963, à l´heure précise pour le Festival de Cannes.
Le titre prévu initialement pour ce film-ci devrait être « Les naufragés de la rue Providence », une référence trop facile à décoder : les gens qui sortent de la maison presque à la fin de leur temps emprisonné ressemblent aux gens qui se sont sauvés d´une catastrophe de navire, d´un naufrage. Mais pas hasard le régisseur espagnol, ne pouvait changer le nom en « L´Ange exterminateur ». (Son ami José Bergamin qui voulait utiliser ce titre pour sa pièce n´a pas réussi à la finir. Par conséquent, Buñuel après lui avoir demandé a changé immédiatement le nom.)3 A l´aide de ce nouveau titre, d’autres images sont évoquées, qui sous-entendent une réflexion intensive avec le sujet - « une habitude surréaliste »4.
Ce que Buñuel ne cessait jamais à regretter est le fait que « L`Ange exterminateur » a été fait en Mexique. Il aurait préféré le faire en Europe, la France ou l`Espagne. D´après le cinéaste, il fallait mieux constater le luxe coquet. Selon le régisseur, on sent la pauvreté de l´environnement malgré que les artistes choisis n´aient pas les traits caractéristiques mexicains.5
Le film est en noir-blanc, presque sans utilisation de musique de fond à part de deux scènes au piano. La sonate de Pietro Domenico Paradisi6 est une accentuation forte sur le tic-tac de l’heure. Buñuel était persuadé que la musique ne fait jamais nous ressentir les sentiments qui se constituent autour d´images visuelles. En effet, elle pourrait souligner des aspects déroutants et pourtant dans ses films le cinéaste s´adresse plus sur la perception visuelle qu’acoustique.7
Pour conclure, il reste à dire que certains d´événements montrés dans les films sont tirés de sa propre vie, un fait typique pour la cinématographie de Buñuel. Les références autobiographiques, surtout des anecdotes utilisant (p.ex. la scène avec le servant qui tombe8), qui mettent en lumière, l´importance des influences réelles et grâce auxquels, la frontière entre le monde du film et la vraie vie est effacée - «une hypnose cinématographique […] qui affaiblit l´intelligence critique du spectateur»9.
2. « Le paramètre cafouilleux » du temps
« L´Ange exterminateur » met en évidence quelques particularités en ce qui concerne le problème du temps. Sans doute on peut y parler dans le cadre des termes de la dramaturgie classique d´ une unité de lieu. (Les règles du théâtre classique [l´unité de lieu, l´unité de temps et l´unité de l´action] sont bien expliquées par Nicolas Boileau-Despréaux dans la phrase suivante: « Qu'en un lieu, qu'en un jour, un seul fait accompli/ Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli ».10Cette référence est justifiable comme les règles de théâtre se sont projetées à long terme sur les conditions du cinéma.) Plus de 90% du déroulement, plus précisément 90 des 93 minutes, quand les personnages restent dans le salon dans « 1109, la rue de Providencia » 11.
De toute façon, Buñuel travail dans cet œuvre-ci plus avec le paramètre du temps comme un moyen stylistique pour effacer la dimension réelle.
[...]
1 Luis Buñuel, « Mon dernier soupir », Ramsay Poche Cinéma, 2006, p. 295.
2 Un aptonyme « Nobile » esquissant le milieu riche, noble du déroulement.
3 Cf. Luis Buñuel, « Mon dernier soupir », Ramsay Poche Cinéma, 2006, p. 294 ss.
4 Luis Buñuel, « Mon dernier soupir », Ramsay Poche Cinéma, 2006, p. 306.
5 Cf. Klaus Kreimeier , „ Die Eingeschlossenen. Operativer Eingriff am lebenden Befund », (fr. « Les enfermés. L´intervention opérative sur le résultat vivant » [traduit de Marina Greb]), dans URL : http://www.filmzentrale.com/essays/bunuelkk.htm, dernière mise à jour le 25.11.2010.
6 Luis Buñuel, « El Ángel exterminador », Janus Films Productions, 1962, min. 14:23-15:05, 85:37– 86:03.
7 Cf. André Labarrère, « La musique dans les films de Buñuel », dans « Études cinématographiques N. 20-21 », Éd. Paris-Caen, Lettres Modernes Minard, 2000, pp. 134 – 143.
8 Luis Buñuel, « Mon dernier soupir », Éd. Ramsay Poche Cinéma, 2006, p. 294.
9 Luis Buñuel, « Mon dernier soupir », Éd. Ramsay Poche Cinéma, 2006, p. 83.
10 Nicolas Boileau-Despréaux, « Œuvres de Boileau-Despréaux », Éd. Nabu Press, 2010, p.180.
11 Un autre aptonyme évident : la providencia = la providence, un pouvoir supérieur qui détermine le destin