"Gramsci. Il sistema in movimento". Burgio entre contradiction et cohérence

Compte-rendu scientifique sur Gramsci


Literature Review, 2014

13 Pages, Grade: 1,7


Excerpt


Inhaltsverzeichnis

Gramsci. Il sistema in movimento.

Gramsci. Il sistema in movimento.

Burgio entre contradiction et cohérence

« Il lettore […] non ha quindi soltanto il compito di coglierne il senso e di valutarne limiti e pregi. Deve innanzi tutto cercare di portarli a compimento conferendo loro l'assetto unitario di cui sono rimasti privi ».1

Cette citation d'Alberto Burgio peut être considérée comme l'approche de l'auteur lui-même à l'œuvre gramscienne, celle-ci étant incomplète, mais en aucun cas fragmentaire ou incohérente. Burgio, philosophe, homme politique et professeur d'Histoire de la philosophie à Bologne, semble parachever sa recherche sur Gramsci - à qui il a déjà dédié plusieurs livres - par ce volume qui se propose de lire tous les écrits du théoricien et politicien sarde, comme nous allons le montrer. Ce travail a pour but de présenter et d'analyser Gramsci. Il sistema in movimento en trois parties : dans un premier temps, nous parlerons du contexte, c'est-à-dire du cadre historico-politique dans lequel s'insèrent les concepts et les théories. Ensuite, nous nous interrogerons en détail sur l'approche et les objectifs de l'auteur afin de répondre à la question de savoir si Burgio parvient à voir les liens entre les différents sujets du corpus que nous présenterons et à justifier son approche ainsi que ce qu'il en déduit. Nous nous attarderons sur ses résultats, et pour finir, notre critique et d'autres observations seront présentées dans la conclusion.

Tout d'abord, il est nécessaire de tenir présent les deux plans temporels auxquels nous avons affaire : Burgio commence par prendre en considération les articles écrits du jeune Gramsci journaliste, optant donc pour une approche chronologique de laquelle il s'éloigne à tout moment qui lui paraît important afin d'enrichir ou compléter un aspect par un autre texte, que ce soient les correspondances de Gramsci, ou des ouvrages dans lesquels il a puisé son inspiration, dont Labriola, auquel Burgio réserve plusieurs chapitres. Mais la majorité du livre de ce dernier se réfère aux Quaderni del carcere où confluent et continuent à se développer et se préciser les idées-clé parfois, hélas, modifiées et défigurées pour de différentes raisons. Il sistema se compose de quatre grandes thématiques (« Prima del carcere » ; « Problemi di storia » ; « Nodi concettuali » ; « Sul caso italiano »), et de dix-neuf chapitres.

Puis, nous avons les périodes historiques analysées par Gramsci. Comme nous allons le voir dans un instant, il insiste sur la période de 1789 à 1870, ainsi que sur les événements alors d'actualité.

Le titre choisi par Burgio est très significatif parce qu'il explique sa prémisse, son approche et son interprétation du corpus gramscien. Parler d'un système suppose une unité, une certaine logique et la cohérence (parfois niée aux Quaderni), alors que le mouvement exclut la fixité et comprend les changements, mineurs ou radicaux, l'adaptation, mais également être attentif aux développements de son environnement. Si l'œuvre gramscienne se caractérise par l'inachèvement, le désordre et la compléxité, Burgio voit sa tâche dans la restitution d'un rythme sans toutefois ôter au système sa flexibilité et, très important, sans réduire les ambiguïtés. Soutenir l'hypothèse d'erreurs commises par Gramsci serait une solution extrême. Les prétendues contradictions sont résolues ; l'inactualité de Gramsci est aussi vraie que son actualité.

La première partie consacrée aux écrits avant la prison introduit les questions auxquelles Gramsci s'intéressera également dans les Quaderni. Dès le début, Burgio fait ressortir ce qui a une signification cruciale pour Gramsci et son analyse de l'histoire, mais ce qui est souvent compris de travers, voire qualifié comme une erreur dans sa pensée : la dialectique. Appeler Gramsci actuel et inactuel en même temps, anticipant nombre de passages contradictoires, paradoxales ou incompatibles à première vue, nous intrigue et montre que Burgio brigue la fidélité au texte source, une caractéristique dont il déplore l'absenze chez d'autres auteurs.

Ces questions-là portent sur le rôle de la culture et de la conscience qu'implique la révolution et qui permet de comprendre d'autres concepts tels que la nécessité historique qui ne doit pas être prise pour le déterminisme. Elle est plus proche de l'idée d'une logique et d'une régularité, vu que Gramsci conçoit l'histoire comme un processus cohérent, qui a du sens. De plus, la nécessité et l'idée du destin inaltérable s'oppose à la liberté (de la classe ouvrière, de l'invincibilité de laquelle Gramsci est convaincu) qui est intrinsèquement liée à l'interrogation de l'homme sur sa place et son rôle parmi les autres et dans le monde ; cette dialectique n'est ni sans ambiguité, ni exclut la possibilité de réversibilité. Burgio n'omet pas de mentionner la Révolution française à laquelle Gramsci revient tout au long de son œuvre.

Gramsci s'intéresse à l'histoire, mais ne perd jamais de vue le présent, son présent pour être précis, qui est basé sur et se caractérise par les changements. Dans la première partie du livre, Burgio fait comprendre que le « biennio rosso », la situation des ouvriers et du prolétariat en général, sont les points principaux que Gramsci discute et analyse. Le fascisme, les conséquences duquel ce dernier était la victime, est au cœur de maints textes des Quaderni.

Les questions portent aussi sur la distinction entre « masse » (qui doit être transformée parce que sans conscience) et « classe » (et sur les conditions de création de cette dernière), et sur les tâches du parti. Dans ce contexte, Burgio présente dans le deuxième chapitre l'une des premières oppositions décisives aux yeux de Gramsci, qui est celle entre l'organisation, donc la direction, la conscience, et la spontanéité, qui est inadéquate 2, ce qui ne veut toutefois pas dire que les mouvements spontanés -auxquels Burgio reviendra - sont à négliger. Ce dernier nomme aussi les textes que Gramsci cite constamment : ceux de Hegel, de Kant, de Labriola, de Marx et de Lénine.

On approfondit, complète et précise les concepts désormais introduits à mesure que l'on continue la lecture. L'une des problématiques qui tenait beaucoup à cœur de Gramsci est la fondation d'un État, et avec lui une nouvelle société. La conscience, définie aussi comme la compréhension des conditions dans lesquelles on lutte, est indispensable pour la masse qui doit être éduquée afin qu'elle puisse fonder un État, car c'est elle qui permet l'émancipation. Le terme de maïeutique est employé par Gramsci pour décrire la tâche du parti. Burgio ne se lasse pas de souligner le lien entre les Quaderni et les écrits de Gramsci qui précèdent ses années en prison, ou bien ses sources dont se profile Lénine en ce qui concerne la nécessité d'une initiative pédagogique à cause de l'« arretratezza »3 de la classe subalterne (un terme décisif pour décrire le cas italien, comme nous le montrerons).

Les réflexions de Gramsci tournant autour la modernité ainsi que les transformations et leur signification pour la classe ouvrière qu'elle engendre, Burgio accorde beaucoup d'attention à cet aspect. À celle-ci sont liés de nombreuses concepts que l'auteur nomme et explique. Comme il l'a dit, il y a des raisons pour appeler Gramsci et sa pensée moderne. Selon lui, la modernité ca de pair avec le changement ; c'est le moment où les États sont formés, où le travail et l'économie sont perçus différemment qu'avant. C'est également le temps des masses, de la construction de sociétés dynamiques et de l'hégémonie.

Gramsci compare les crises médiévales à celles modernes, et distingue trois grandes phases de l'Europe moderne (tout en prenant soin de faire la différence entre la France et le reste du continent dont il prend en compte le cas de l'Italie, bien sûr, mais aussi celui de l'Allemagne) : la crise médiévale (l'Europe est séparée en deux : alors qu'en France peut naître une « nuova società 'completa e perfetta' 4 » grâce à une bourgeoisie forte, celle en Allemagne et en Italie est faible, d'où le fait que ces pays sont encore loins du passage à la modernité), la période entre 1789 et 1870/71 (l'abime qui sépare la France des autres pays disparaît petit à petit et l'Europe se métamorphose), et celle entre cette dernière date qui marque la

« [f]ine del ciclo espansivo »5 puisque la phase progressiste de la modernité se termine jusqu'à ses jours (où la société moderne subit une crise organique, la crise dont Gramsci distingue plusieurs types étant l'essence de l'histoire moderne). Cette périodisation qui se base sur la dynamique des transitions explique pourquoi Gramsci parle d'une modernisation tardive italienne. Étudier la différence entre les pays lui permet de construire un modèle de la formation des États modernes.

[...]

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Details

Title
"Gramsci. Il sistema in movimento". Burgio entre contradiction et cohérence
Subtitle
Compte-rendu scientifique sur Gramsci
Grade
1,7
Author
Year
2014
Pages
13
Catalog Number
V301686
ISBN (eBook)
9783956871931
ISBN (Book)
9783668003392
File size
503 KB
Language
French
Notes
mit italienischen Zitaten
Keywords
Alberto Burgio, Gramsci, Quaderni del carcere, récension, contradiction, système, mouvement, cohérence, cohésion, histoire, pensée gramscienne, politique, société
Quote paper
Manü Mohr (Author), 2014, "Gramsci. Il sistema in movimento". Burgio entre contradiction et cohérence, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/301686

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