L´analyse publicitaire dans l´enseignement de l´allemand au lycée, un outil privilégié de la formation de citoyens critiques

Werbeanalyse im Deutschunterricht


Tesis de Máster, 2017

51 Páginas, Calificación: 1


Extracto


Table des matières

INTRODUCTION

1. ACQUISITION DES LANGUES VIVANTES ETRANGERES AU LYCEE: La place de l´analyse publicitaire dans le CECRL et les programmes officiels
1.1. La langue maternelle et les langues vivantes étrangères
1.2. Théories d´acquisition de langues étrangères : L´hypothèse d´entrée (input), l´hypothèse de sortie (output) et l´hypothèse d´interaction
1.3. Les profils des apprenants/ acteurs sociaux
1.4. La place de l´analyse publicitaire dans les programmes officiels et le CECRL à l´égard de la formation des citoyens critiques

2. ERARBEITUNG DES PÄDAGOGISCHEN PROJEKTES
2.1. Werbungsdefinition
2.2. nalyse Renault Werbespot „Crashtest 2005“
2.3. Kritischer Umgang mit Werbung

3. ANWENDUNG DER WERBEANALYSE IM DEUTSCHUNTERRICHT IM LYCEE
3.1. Die Klassenprofile
3.2. Die ausgewählten Sequenzen und deren Ablauf
3.3. Bilanz der Sequenzen

CONCLUSION

ANNEXES

BIBLIOGRAPHIE

INTRODUCTION

„ Jede neue Sprache ist wie ein offenes Fenster, das einen neuen Ausblick auf die Welt er ö ffnet und die Lebensauffassung weitet. “ Frank Harris

L´écrivain américain Frank Harris souligne l´importance de l´apprentissage des langues étrangères pour pouvoir mieux comprendre la société. Une société qui aujourd’hui s’ouvre de plus en plus vers le monde extérieur et dont les frontières et limites se fondent dans le processus de la mondialisation. « L’apprentissage des langues tient une place fondamentale dans la construction de la citoyenneté, dans l’enrichissement de la personnalité et dans l’ouverture au monde. Il favorise également l’employabilité des jeunes en France et à l’étranger» [1]. La maîtrise d’une ou plusieurs langues étrangères est devenue un atout majeur et l’encouragement de cette dernière est une priorité de l’Union Européenne. Surtout dans un moment où elle est mise à rude épreuve depuis la crise de l’euro de 2008, le Brexit, la sortie de la Grande Bretagne, voté en 2016, les partis et mouvements anti-européens de droite qui gagnent en ampleur (AFD en Allemagne, PiS en Pologne etc.). Une bonne entente entre la France et l´Allemagne est non seulement dans l´intérêt de ces deux pays, membres fondateurs de la Communauté économique européenne (1957-1992), mais également nécessaire pour stabiliser l´Union Européen, plongée dans une crise profonde. Pour une bonne entente et la cohésion des deux pays « moteurs de l’Europe » l’apprentissage et la maîtrise de l’allemand en France et du français en Allemagne semble être de plus en plus important. « Pour atteindre cet objectif, l’enseignement des langues s’inscrit dans une perspective européenne commune forte. [ …] L’amélioration des compétences des élèves français en langues vivantes est une priorité »[2]. Pour pouvoir s’inscrire dans cette « perspective européenne commune forte»[3], il ne suffit pas seulement d’apprendre des règles grammaticales d’une langue vivante étrangère mais il faut comprendre la culture du pays, dont la langue fait partie et qu’elle reflète. Ce reflet de la culture dans les discours se manifeste depuis longtemps au quotidien dans la publicité. « Car si la publicité, dans ses formes les plus frustres, existe depuis de nombreux siècles, ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle que la "réclame" pénètre de plus en plus dans la presse »[4]. Cette citation de Dayan souligne l’omniprésence de la publicité dans notre quotidien, tous les jours on est confronté de manière plus ou moins consciente aux annonces, actions et spots publicitaires dont le but final est de vendre et / ou de persuader les consommateurs / électeurs potentiels. La publicité peut donc être définie comme une activité humaine ayant pour but d´inciter à acheter, de convaincre mais pour cela elle doit atteindre plusieurs objectifs intermédiaires comme faire connaître une marque, un produit, une idée etc. Pour y arriver elle a recours à plusieurs techniques, dont la nature est précisée par Dayan « […] Conçue de manière plus scientifique, armée de techniques d’investigation issues de la sociologie, la publicité est parvenue à une plus grande diversification des appels et à un rendement accru»[5]. Mais ce « rendement accru », ce succès, peut également être considéré comme un avertissement d´une manipulation possible. L’importance de la capacité à pouvoir comprendre le fonctionnement de la publicité est donc indispensable pour éviter ou au moins minimiser son éventuel pouvoir de manipulation. Mais est-ce qu´on peut vraiment parler de manipulation en rapport avec la publicité ? Le terme manipulation implique un certain déséquilibre de force entre celui qui manipule et celui qui est manipulé sans forcément s´en rendre compte. En effet le dictionnaire de français Larousse en ligne propose la définition suivante « Action d´orienter la conduite de quelqu´un, d´un groupe dans le sens qu´on désire et sans qu´ils s´en rendent compte »[6]. Dans ce cas, celui qui manipule serait la publicité et le manipulé son destinataire. Si le destinataire connaît l´intention de la publicité et son fonctionnement, est-ce que dans ce cas il est vraiment manipulé ?

Comme souligne la citation de Dayan ci-dessus, il n´y a pas de hasard dans la conception de la publicité qui poursuit un but qui est forcément dans l´intérêt de celui qui l´émet, mais est-ce que cela peut vraiment restreindre sa capacité à agir librement à faire un choix à son avantage ? Pour pouvoir y répondre ultérieurement il est nécessaire de définir le terme de l´argumentation dans un premier temps. L´argumentation peut être considérée comme une action qui vise à convaincre ou à persuader ses destinataires pour les pousser à agir. Pour cela, elle faut qu´elle fasse accepter et comprendre sa conclusion, qu´elle essaye de construire et de renforcer à partir des arguments. Mais est-ce qu´il y a vraiment une différence entre l´argumentation et la manipulation ? Pour Philippe Breton, chercheur au CNRS de Strasbourg, il y a une différence sur le « plan des valeurs qu´elles présupposent »[7]. Comparée à la manipulation, l´argumentation a recours à des techniques d´argumentation transparentes et «respecte la liberté de l’auditoire»[8]. Quand il s´agit de manipuler quelqu´un, cette liberté n´est plus garantie, les techniques utilisées sont souvent dissimulées pour faire croire qu´il n´y a qu´un choix: celui que le manipulateur nous veut faire prendre. La publicité, dans sa course d´efficience, serait, selon Philippe Breton, spécialement sensible à l´utilisation des techniques de la manipulation.

Pour pouvoir comprendre l´argumentation ou la manipulation (publicitaire), il est certain que le développement d’un esprit critique est essentiel et ce n’est pas par hasard qu’ « [il soit] au centre de la mission assignée au système éducatif français»[9].

Proposer un travail avec la publicité, sous ses différentes formes, dans le cours de langue me semble donc un choix très intéressant. Non seulement parce que c´est le devoir de chaque enseignant de former des citoyens à l´esprit critique et la publicité s´y prête en particulier par exemple par l’analyse des différentes stratégies publicitaires, mais aussi pour son aspect parfois presque artistique et ludique. Elle est omniprésente, reflète souvent l´esprit d´une société et sa culture, dont la langue fait partie, et nécessite souvent une analyse qui peut être de nature linguistique et culturelle, afin de pouvoir comprendre son message et les allusions qui y sont liés. L´image, le son, son discours y sont souvent étroitement liés, ce qui laisse une certaine liberté de différentes approches en vue d´une didactisation. Ce travail de fin d´études n´’a donc pas pour but de diaboliser la publicité et les médias qui la diffusent mais d’aider les élèves à comprendre l’intention qui peut se cacher derrière le slogan facile à retenir et le spot publicitaire amusant qui passe à la télévision.

Les questions qui se posent sont donc les suivantes :

- Dans quelle mesure le cours d’allemand représente-t-il un espace privilégié pour la formation d’un citoyen critique au travers de l’analyse publicitaire au lycée?
- Quels bénéfices en retirent les élèves en termes d’acquisition de compétences linguistiques et culturelles ?
- Quels sont les limites du travail avec la publicité en cours d’allemand ?

Pour pouvoir y répondre, une première partie sera consacrée à l’acquisition des langues vivantes étrangères au lycée et la place de l’analyse publicitaire dans le CECRL et les programmes officiels avant l’élaboration d’un projet pédagogique dans une deuxième partie qui partira d’une analyse approfondie d’un spot publicitaire choisi. Dans un troisième et dernier temps nous verrons alors sa mise en place dans une classe de première et une classe de seconde d´un lycée général et technique et le bilan qui peut en être tiré.

1. ACQUISITION DES LANGUES VIVANTES ETRANGERES AU LYCEE: La place de l´analyse publicitaire dans le CECRL et les programmes officiels

Cette première partie consacrée à l´acquisition des langues vivantes étrangères au lycée ainsi que la place de l´analyse publicitaire dans le CECRL et les programmes officiels, constitue le cadre dans lequel notre projet pédagogique[10] a pu se construire. Mais pour pouvoir comprendre comment un élève apprend une langue étrangère au lycée, il est indispensable de revenir sur quelques théories fondamentales qui se penchent sur les types et concepts de l´acquisition des langues étrangères.

1.1. La langue maternelle et les langues vivantes étrangères

D’après Wolfgang Klein l´acquisition de la langue maternelle et celle de la langue étrangère se distinguent surtout par leur déroulement et le résultat final. Alors que l´acquisition de la langue maternelle ou des langues maternelles est décrite comme un processus naturel qui démarre à la naissance, l´acquisition des langues étrangères démarre à un moment donné ultérieur et est contrôlé, c´est-à-dire sous influence des interventions « artificielles » extérieures[11]. Il est important de souligner le fait que la langue maternelle ne s´acquiert pas de la même manière que les langues étrangères ce qui peut expliquer le fait que ces dernières ne sont quasiment jamais maîtrisées parfaitement. Wolfgang Klein précise dans son article que « parfaitement » ne signifie pas « dépourvu d´ erreurs » pour lui. Maîtriser une langue parfaitement, signifie que la langue parlée de l´apprenant ne se distingue pas de celle parlée par son entourage[12]. Le but principal de l´apprentissage des langues vivantes étrangères au lycée ne peut donc qu´être d´ approcher les élèves le plus possible d´une maîtrise « parfaite » de la langue étrangère. La question qui se pose est donc comment enseigner une langue vivante étrangère à des élèves pour y parvenir et en quoi la publicité peut y jouer un rôle important ? Pour pouvoir y répondre et mieux comprendre la constitution des programmes officiels actuels, il me semble nécessaire de revenir brièvement sur certaines hypothèses sur l´acquisition des langues étrangères.

1.2. Théories d´acquisition de langues étrangères : L´hypothèse d´entrée (input), l´hypothèse de sortie (output) et l´hypothèse d´interaction

Selon l´hypothèse de l´input de Steven Krashen[13], l´input, c´est-à-dire la langue cible perçue, est l´élément primordial pour l´acquisition de la langue étrangère. L´input aide l´apprenant à développer un sentiment pour la nouvelle langue en acquérant des compétences de compréhension. Pour cela il est essentiel que l´apprenant comprenne l´input ce qui arrive seulement s´il commence par se concentrer sur le contenu et non pas sur la forme. Pour pouvoir progresser l´input doit être légèrement au-dessus de la compétence actuelle de l´apprenant. Krashen constate également qu´un input compréhensible seul ne suffit pas, il est également très important qu´il soit intéressant aux yeux de l´apprenant pour lui donner du sens. Même si l´hypothèse de Krashen est critiquée parce qu’elle est difficilement prouvable, l´utilisation de la publicité en cours de langue vivante étrangère me semble une source d´input idéal. Même si le niveau des élèves d´une classe est faible, il y a toujours des publicités qui ne demandent pas une parfaite maîtrise de la langue pour pouvoir être comprises, un exemple sera présenté et analysé ultérieurement[14]. À part pour la publicité à la radio, il y a également la compréhension des éléments iconographiques qui peuvent aider les élèves à comprendre le message. Un autre avantage de la publicité est qu´il s´agit de documents authentiques. L´apprenant, ici l´élève, n´a donc pas l´impression que le document soit simplifié ou adapté spécialement pour lui, ce qui peut avoir un impact très positif sur sa motivation personnelle, s´il parvient à comprendre un document qui à la base était fait pour des locuteurs natifs. La publicité est d´autant plus intéressante que les trois critères décrits pour choisir un document authentique par Annie Lherete[15], inspectrice général de langues vivantes de l´Education Nationale, sont facilement respectables : la publicité permet souvent « de montrer pourquoi ce type de document ou de message ne pourrait exister tel quel dans notre culture » parce qu´elle reflète souvent la culture (l´humour, personnages connus, histoire) propre à un pays. De ce fait elle permet également de « faire mener une investigation sur l ’ acte de communication saisi dans son ensemble avec toutes les fonctions mises en jeu et les r é f é rents culturels convoqu é s » Le dernier et troisième critère qui consiste à « montrer en quoi le document illustre l ’ une des notions du programme [16] » est facilement respectable en utilisant la publicité. Comme par exemple dans la séquence présentée ultérieurement, la publicité choisie, une publicité pour le constructeur automobile Renault, se sert de préjugés pour promouvoir la sécurité de ses voitures. Surmonter les préjugés fait partie de la notion Sentiment d ’ appartenance : singularit é s et solidarit é s [17] en classe de seconde. En effet, l´utilisation des documents authentiques est accentuée et même citée comme unique support dans tous les programmes du lycée et même du collège pour l´enseignement des langues vivantes étrangères. « Les supports sont des documents authentiques de toute nature (textuels, iconographiques, audio, vid é o, etc.) » [18].

L´hypothèse de l´input a été mise en question par Merriel Swain en 1985, en créant l´hypothèse de l´output[19]. Selon elle, seul un input compréhensible ne suffit pas pour acquérir une langue étrangère. C’est seulement quand l´apprenant sait qu´il va devoir faire une production par la suite, qu’il fera attention à la forme linguistique et pas seulement au contenu. Le fait de l´encourager à produire des énoncés activement, lui permet de se rendre compte de ses erreurs. Nous retrouvons ces idées également dans l´approche actionnelle et la conception du CECRL (Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues ). « Publi é en 2001, il constitue une approche totalement nouvelle qui a pour but de repenser les objectifs et les m é thodes d'enseignement des langues et, surtout, il fournit une base commune pour la conception de programmes, de dipl ô mes et de certificats » [20].

L´approche préconisée dans le CECRL, est en effet l´approche actionnelle. L´enjeu est de rendre l´apprenant, donc l´élève, plus actif et apte à agir dans des situations authentiques.

« La perspective privil é gi é e ici est ( … ) de type actionnel en ce qu ’ elle consid è re avant tout l ’ usager et l ’ apprenant d ’ une langue comme des acteurs sociaux ayant à accomplir des tâches

( … ) » [21] . L´apprenant, dénomination qui laisse sous-entendre une certaine passivité, devient donc acteur, celui qui agit. L´idée de l´activité qu´on trouve dans l´hypothèse de l´output est donc bien présente. Pour continuer avec notre exemple de publicité de Renault, les élèves savaient qu´ils allaient devoir s´appuyer sur ce qu´ils venaient de voir dans le spot publicitaire pour accomplir eux-mêmes une tâche par la suite, ils étaient plus attentifs au contenu mais surtout à la forme et ont donc pu en tirer d´avantage d´informations, qu´ils ont pu réutiliser ultérieurement dans la séquence.

L´hypothèse qui en quelque sorte concilie les deux hypothèses précédentes : l´hypothèse de l´output et l´hypothèse de l´input, est l´hypothèse de l´interaction[22] de Michael Long. Dans cette hypothèse le rôle que joue l´environnement de l´apprenant ou acteur social est crucial pour l´acquisition d´une langue étrangère. L´interaction avec son environnement n´est donc pas seulement une façon d´étudier la langue mais de mettre en œuvre ce qu´il a appris. Des malentendus, des retours sous forme de critique sont essentiels pour l´évolution de l´acquisition de la langue. La conversation est le type d´interaction la plus mise en valeur dans cette hypothèse. A chaque fois qu´il y a un malentendu ou une incompréhension lors d´une conversation, selon Long, cet événement rend l´acquisition plus efficiente puisqu´il faut trouver un moyen de se faire comprendre. Quand les participants d´une discussion se trouvent dans une telle situation, la théorie de Long emploie le terme de « n é gociation ». Effectivement il s´agit d´une sorte de négociation puisque pour se comprendre un des participants a la possibilité de renoncer à un terme employé en le décrivant ou de faire des paraphrases pour rendre son sens accessible jusqu´à ce que l´autre participant lui fasse comprendre qu´il a compris. N´oublions pas que la communication n´est pas seulement basée sur des mots mais contient également des nombreux signes non-verbaux comme un froncement des cils par exemple qui peuvent aider à comprendre le sens d´un message. Il est donc préférable qu´un des participants soit un locuteur natif ou s´en rapproche pour rester dans un cadre d´authenticité. Comme les autres hypothèses on retrouve ces idées ancrées dans le CECRL et les programmes officiels. Par exemple la place de l´oral fortement accentuée « La priorité est donnée aux activités de production, notamment à l’oral. L’élève est de ce fait amené à mobiliser ses connaissances linguistiques et culturelles pour mettre en œuvre ses compétences de communication dans une perspective actionnelle[23]. » L´idée de négociation pour progresser dans l´hypothèse de Michael Long, se retrouve également dans les programmes officiels:

« (…) l'élève acquiert progressivement une rapidité et une aisance lui permettant de réagir à propos avec une plus grande variété de postures : exprimer son point de vue, avec justifications éventuelles, interpeller l'interlocuteur pour confirmer, demander des explications, etc.»[24]. Comme montré ultérieurement dans ce travail, en se fondant sur l´exemple du spot publicitaire de Renault, la publicité et plus précisément les spots publicitaires peuvent souvent être des bons « Sprechanlässe », c´est à dire des prétextes pour communiquer et s´exprimer en langue étrangère. Les spots publicitaires peuvent être montrés qu´en partie pour demander à l´élève de faire des hypothèses sur la suite, sur l´intention possible du spot. Les images du spot peuvent aider à vérifier les hypothèses émises même si l´énoncé dans le spot n´a pas été tout à fait compris et si les élèves ne réagissent pas, le professeur qui dans ce cas remplace le locuteur natif, peut déclencher la parole en donnant des aides comme par exemple en posant des questions.

1.3. Les profils des apprenants/ acteurs sociaux

Même si on prend en compte les différentes hypothèses de l´acquisition des langues, personne ne peut aujourd´hui prétendre connaître la seule et meilleure manière générale d´acquérir une langue étrangère. Ceci peut s´expliquer par l´existence des facteurs individuels chez les apprenants qui influencent l´acquisition d´une langue étrangère. Frederic Vester propose dans les années 70 une classification des « Lerntypen» [25], des profils d´apprentissage, basés sur les différents sens.

- Type 1 : Le visuel, il comprend mieux des nouveaux éléments lorsqu´il peut visualiser l´information.
- Type 2 : L´auditif, il comprend mieux des nouveaux éléments lorsqu´il peut entendre l´information.
- Type 3 : Le kinesthésique, il comprend mieux des nouveaux éléments lorsqu´il peut être actif physiquement donc par exemple toucher, imiter etc.

Le quatrième type, le cognitif, décrit chez Vester, regroupe et mélange les trois précédents. Il s´agit des personnes qui apprennent par leur intellect.

Souvent critiqué pour le fait que les trois premiers profils d´apprentissage se basent uniquement sur les organes de sens, sans évoquer le processus cognitif par la suite qui fait que l´apprenant puisse assimiler les contenus, cette classification est mise en question. Il n´a également pas été possible de prouver de manière empirique une amélioration dans les capacités de l´apprentissage en tenant compte du profil d´apprentissage[26].

C´est pour ces raisons que David Kolb[27] a également trouvé quatre profils d´apprentissage qui eux, accentuent les différentes stratégies d´apprentissage que les élèves ou apprenants peuvent utiliser[28].

- Le type convergent, il privilégie l´ « expérimentation active » et une « conceptualisation abstraite », il « met les idées en pratique ». Il apprend par raisonnement et a une « [préférence ] à composer avec des choses plutôt qu´avec des personnes » o Le type divergent, il privilégie les « expériences concrètes » et une « observation réfléchie », il sait facilement changer de point de vue et s´intéresse aux autres. Même s´il a beaucoup d´idées, il « ne vérifie pas ses hypothèses » et peut manquer de profondeur. o Le type assimilateur, il privilégie une « conceptualisation abstraite » et une « observation réfléchie », pour lui les « concepts abstraits » sont plus intéressants que les aspects pratiques - Le type accommodateur, il privilégie l´ « expérience concrète » et l´ « expérimentation active ». Il apprend en essayant et de ses erreurs, il « aime de prendre des risques »[29].

Ces deux manières, et il y en a d´autres, de classifier des profils d´apprentissage démontrent la diversité de ces derniers. Il n´y a pas de modèle exhaustif, chaque individu apprend de sa manière qui peut fortement ressembler à celle de quelqu’un d’autre, sans jamais lui être tout à fait semblable. Mais comment peut-on alors maximiser les chances de réussite de chacun dans l´acquisition des langues au lycée ? La psychologie d´apprentissage est claire en ce qui concerne la question : plus on a recours à un nombre important de canaux sensoriels, plus l´information est retenue[30]. L´enseignement des langues vivantes étrangères a à cet égard un réel avantage.

Ceci se reflète par exemple dans le CECRL qui nomme six activités langagières qui passent par différents canaux sensoriels : l´expression écrite, l´expression orale en continu, l´expression orale en interaction, la compréhension écrite, la compréhension orale et la médiation[31]. Le fait qu´on rencontre la publicité sous différentes formes en tant que spot publicitaire, affiche, publicité à la radio, etc. nous permet d´atteindre quasiment tous les profils d´apprentissage. Un élève qui a une mémoire plutôt visuelle, pourra retenir un nouveau mot plus facilement, s´il voit l´image à laquelle il fait référence en même temps qu´il l´entend. Si on reprend la terminologie de Ferdinand de Saussure[32], l´élève voit par exemple une voiture dans un spot publicitaire, la voiture représente le référent. En même temps il entend le mot « Auto », ce qui dans ce cas est le signifiant, donc l´image acoustique du référent. L´image de la voiture dans le spot pourra donc aider l´élève à trouver le signifié, la représentation mentale du référent, et aider à mémoriser le signifiant en même temps.

Pour conclure, la publicité représente par ses diverses formes un outil adaptable à un vaste public et ses différents profils d´apprentissage. La publicité est un bon prétexte pour entraîner les élèves aux différentes activités langagières comme la compréhension orale avec une publicité radiophonique, l´expression orale en formulant des hypothèses sur un spot publicitaire, etc.

Le sujet de ce travail étant l´analyse publicitaire dans l´enseignement de l´allemand au lycée comme outil privilégié de la formation des citoyens critiques, nous verrons dans un deuxième temps la place de cette formation du citoyen critique dans les programmes officiels et le CECRL.

1.4. La place de l´analyse publicitaire dans les programmes officiels et le CECRL à l´égard de la formation de citoyens critiques

Un des plus importants défis de l’Education Nationale aujourd´hui consiste à prendre en compte la complexité de notre société, de notre monde qui ne cesse d´évoluer et de changer. Pour que les élèves puissent suivre et maîtriser ce changement continuel en le soumettant sans cesse à un esprit critique, l´enseignant doit se servir de nouvelles méthodes et outils pour saisir ces phénomènes de changement pour leur permettre de les décoder.

[...]


[1] Ministère de l´éducation nationale de l´enseignement supérieur et de la recherche, « Les langues vivantes étrangères et régionales » <http://www.education.gouv.fr/cid206/les-langues-vivantes-etrangeres.html> [consulté le 8 mai 2017].

[2] Ibid.,consulté le 11.01.2017

[3] Ibid., consulté le 11.01.2017

[4] Armand. Dayan, La publicite (Paris: Presses universitaires de France, 2003). p.3

[5] Ibid., p.5

[6] Dictionnaire de français Larousse, « Définitions : manipulation » <http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/manipulation/49185> [consulté le 10 mai 2017].

[7] Phillipe Breton, « Comment s´y prend-on pour argumenter », in Pour une refondation des enseignements de communication des organisations (Paris: Ministère de l´éducation nationale de l´enseignement supérieur et de la recherche Direction de l´enseigenement scolaire, 2003), p. 89 <http://mastercommunication2010.webs.com/com des entreprises.pdf> [consulté le 10 mai 2017].

[8] Ibid., p.89

[9] éduscol, « Actualités - Former l’esprit critique des élèves » <http://eduscol.education.fr/cid107295/former-l- esprit-critique-des-eleves.html> [consulté le 10 mai 2017].

[10] Infra page 31s.

[11] Wolfgang Klein, « Typen und Konzepte des Spracherwerbs », Deutsch als Fremdsprache, 2001, 604-17., < file:///C:/Users/Franzi/Downloads/141_2001_Typen_und_Konzepte_des_Spracherwerbs.pdf> [ consulté le 24 avril 2017].p.3

[12] Ibid.,p.3

[13] Stephen D. Krashen, « Principles and practice in second language acquisition » (Pergamon, 1982).

[14] Infra chap. 2 & 3

[15] Annie LHERETE, Le document authentique en classe de langue, 2010 <http://crdp.ac- bordeaux.fr/cddp33/langue2/JDL/Le document authentique_ALherete_JDL2010.pdf> [consulté le 25 avril 2017]. p.3

[16] Ibid., 2010, p.3

[17] Ministère de l´éducation nationale, Bulletin officiel sp é cial n ° 4 du 29 avril 2010, 2010 <http://cache.media.education.gouv.fr/file/special_4/72/7/langues_vivantes_143727.pdf> [consulté le 25 avril 2017].

[18] Ibid., p. 4

[19] Merrill Swain et Sharon Lapkin, « Problems in output and the cognitive processes they generate: A step towards second language learning » (The Ontario Institute for Studies in Education, 1995) <https://span670rw2010.wikispaces.com/file/view/Swain+Output.pdf> [consulté le 25 avril 2017]. p. 371

[20] éduscol, « Langues vivantes - Cadre européen commun de référence (CECRL) » <http://eduscol.education.fr/cid45678/cadre-europeen-commun-de-reference-cecrl.html, consulté le 19/04/2017> [consulté le 25 avril 2017].

[21] Conseil de l´Europe, « CADRE EUROPEEN COMMUN DE REFERENCES » <https://rm.coe.int/CoERMPublicCommonSearchServices/DisplayDCTMContent?documentId=09000016802fc 3a8> [consulté le 25 avril 2017].

[22] Michael Long, « The role of the linguistic environment in second language acquisition », in Handbook of Second Language acquisition, éd. par W.Ritchie et T.Bhatia (San Diego: Academic Press, 1996), p. 413

[23] Ministère de l´Education nationale, « Bulletin officiel spécial n° 4 du 29 avril 2010 » <http://media.education.gouv.fr/file/special_4/72/7/langues_vivantes_143727.pdf> [consulté le 8 mai 2017].

[24] Ibid.,page 4

[25] Frederic. Vester, Denken, Lernen, Vergessen ͗ was geht in unserem Kopf vor, wie lernt das Gehirn und wann laßt es uns im Stich? (Dt. Taschenbuch-Verl, 1998).

[27] A Kolb, David, Learning Style Inventory, éd. par McBer and Company (Boston, 1985).

[26] Steven R. Kavale, Kenneth A.|Forness, « Substance over Style: Assessing the Efficacy of Modality Testing and Teaching. », in Exceptional Children, 1987, LIV, 228-39.

[28] Modèle de Kolb. < http://www.move-up- consulting.net/fileadmin/user_upload/Articles_thematiques/Modele_de_Kolb.pdf> [consulté le 21.0.2017]

[29] Ibid., p.3-6, consulté le 21.0.2017

[30] Robert. Griesbeck et Maximilian. Teicher, Pimp your brain : spielerisches Gehirntraining fur mehr beruflichen Erfolg (Campus, 2008). p.57

[31] Conseil de l´Europe. http://www.coe.int/T/DG4/Linguistic/Source/Framework_FR.pdf> [consulté le 21 avril 2017],p. 18

[32] Ferdinand de Saussure et al., Cours de linguistique generale (Payot, 1985). p. 97s.

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Detalles

Título
L´analyse publicitaire dans l´enseignement de l´allemand au lycée, un outil privilégié de la formation de citoyens critiques
Subtítulo
Werbeanalyse im Deutschunterricht
Calificación
1
Autor
Año
2017
Páginas
51
No. de catálogo
V446681
ISBN (Ebook)
9783668847903
ISBN (Libro)
9783668847910
Idioma
Francés
Notas
Diese Masterarbeit ist zum Teil auf Französisch verfasst.
Palabras clave
Werbeanalyse, Manipulation, Spracherwerb, kritisches Denken, Argumentation, analyse publicitaire, esprit critique, lycée, Werbung, enseignement, Deutschunterricht, Deutsch als Fremdsprache, Espe, Didaktisierung
Citar trabajo
Franziska Gensior (Autor), 2017, L´analyse publicitaire dans l´enseignement de l´allemand au lycée, un outil privilégié de la formation de citoyens critiques, Múnich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/446681

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