Le financement des micro-entreprises agricoles au Burkina Faso

L'apport du financement chaîne des valeurs ajoutées


Tesis, 2018

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TABLE DES MATIERE

DEDICACE

REMERCIEMENTS

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

LISTE DES TABLEAUX

LISTE DES GRAPHIQUES

LISTE DES FIGURES

LISTE DES ANNEXES

RESUME

SUMMARY

TABLE DES MATIERE

INTRODUCTION GENERALE

PREMIERE PARTIE: CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

CHAPITRE I : CLARIFICATION DES CONCEPTS CLES
I.1. Concept de MEA et justification de son emprunt
I.1.1. Clarification du concept de MEA
I.1.2 Justification de l’emprunt du concept
I.2. Concept de financement de l’entreprise
I.2.1. Financement en zone rurale et spécificités
I.2.2. Microfinance et Micro-crédit
I.2.3. Crédit Agricole
I.3. Concept de CVA et concept de FCVA
I.3.1. Concept de CVA
I.3.2. Concept de FCVA

CHAPITRE II: THEORIE DES RELATIONS ENTRE LES IF ET LES MPME
II.1. Apports de l’économie de l’information
II.1.1. Imperfection de l’information
II.1.2. Modèle d’anti sélection
II.1.3. Modèle avec aléas moral
II.2. Comportement des IF dans l’octroi des crédits
II.2.1. Sélection des emprunteurs
II.2.2. Supervision des emprunteurs ou monitoring
II.2.3. Garanties
II.2.4. Scoring
II.2.5. Rationnement du crédit

CHAPITRE III: PARADIGME DE L’APPROCHE CVA
III.1. Origine et évolution du concept de CVA
III.2. Introduction du concept en Agriculture
III.3. Modèles de gouvernance de CVA
III.4. Analyse des chaînes de valeurs
III.5. Portées et limites de l’approche CVA
III.5.1. Portées de l’approche
III.5.2. Limites de l’approche CVA
III.6. Adoption de l’approche CVA par les praticiens
III.6.1. Approches pratiques
III.6.1.1. Approche augmentation de la compétitivité
III.6.1.2. Approche nœud de la pauvreté
III.6.2. Limites des deux approches pratiques
III.6.2.1. Limites de l’approche augmentation de la compétitivité
III.6.2.2. Limites de l’approche nœud de la pauvreté
III.6.3. Défis des praticiens de l’approche CVA

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

SECONDE PARTIE: D’UN ETAT DES LIEUX VERS UNE SOLUTION

CHAPITRE IV : DEMANDE DE CREDITS DES MEA
IV.1. Mobilisation et allocation de ressources financières par les MEA
IV.1.1. Structure financière type d’une MEA
IV.1.2. Schéma de financement type des MEA
IV.2. Caractéristiques des demandes de crédits des MEA
IV.2.1. Demande de crédit des MEA de fourniture d’intrants et d’équipements
IV.2.2. Demande de crédit des MEA de production
IV.2.2.1. Demande de crédit d’investissement des MEA de production
IV.2.2.2. Demande de crédit d’exploitation des MEA de production
IV.2.3. Demande de crédit des MEA de transformation
IV.2.4. Demande de financement des MEA de distribution
IV.3. Synthèse des principaux besoins en services financiers des MEA

CHAPITRE V: L’OFFRE DE CREDITS
V.1. Acteurs de l’offre
V.1.1. Secteur financier
V.1.1.1. Banques et les établissements financiers
V.1.1.2. Sociétés d’assurance
V.1.1.3. Fonds nationaux de financement
V.1.1.4. Systèmes financiers décentralisés ou institutions de Microfinance
V.2. Contributions de l’Etat et des ONG
V.2.1. Contributions de l’Etat au financement des MEA
V.2.2. Contributions des Organisations Non Gouvernementales
V.3. Offre de crédits du secteur financier
V.3.1. Grandes tendances de l’offre de crédits du secteur financier
V.3.2. Analyse de l’offre de crédit du secteur financier
V.3.2.1. Caractéristiques générales des crédits offerts par les IF
V.3.2.1.1. Montants des crédits proposés par les IF
V.3.2.1.2. Tarification des crédits par les IF
V.3.2.1.3. Modalités définies par les IF pour le remboursement des crédits
V.3.2.1.4. Garantiesexigées par les IF avant d’octroyer les crédits
V.3.2.2. Politique de distribution des crédits par les IF
V.3.2.3. Promotion des crédits des IF

CHAPITRE VI : RESULTATS ET RECOMMANDATIONS
VI. 1. Résultats et discussions des hypothèses
VI. 1.1. Résultats et discussion de la première hypothèse
VI.1.2. Résultats et discussion de la seconde hypothèse
VI.1.3. Résultats et discussion de la troisième hypothèse
VI. 2. Recommandations
VI. 2.1. Recommandation aux IF
VI.2.2. Recommandations aux supporteurs des CVA Agricoles
VI.2.2.1. Intégration de l’approche CVA dans les politiques de développement
VI.2.2.2. Amélioration de la réglementation et de sa mise en application
VI.2.2.3. Réduction des risques
VI.2.2.4. Renforcement de l’expertise en matière de mise à niveau de CVA
VI. 3. Proposition d’une démarche aux IF pour le FCVA

CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE

CONCLUSION GENERALE

ANNEXES

SOURCES ORALES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

LISTE DES TABLEAUX

Tableau N° 1:Structure de financement type des MEA

Tableau N° 2:Schéma de financement type d’une MEA

Tableau N° 3:Principaux objets des crédits d’investissement des MEA de production

Tableau N° 4:Synthèse des principaux besoins en produits et services financiers des MEA

Tableau N° 5: Les principaux instruments financiers pour le FCVA xiv

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique N° 1: Evolution des volumes de crédits octroyés par termes

Graphique N° 2: Série chronologique des volumes de crédits octroyés

Graphique N° 3: Représentativité des IF

LISTE DES FIGURES

Figure N° 1: Chaîne de valeur de M. PORTER

Figure N° 2: Modèles Types de gouvernance de CVA

Figure N° 3: Processus d’analyse de la chaîne des valeurs

Figure N° 4: Schéma de la démarche pour l’application du FCVA

Figure N° 5: Flux de production et flux financiers dans une CVA

Figure N° 6: Représentation d’une CVA dans son environnement

LISTE DES ANNEXES

Annexe N° 1: Proposition d’une démarche pour l’application du FCVA

Annexe N° 2: Principaux instruments financiers pour le FCVA

Annexe N° 3: Types de modèles économiques de CVA

Annexe 4: Guide des entretiens avec les personnes ressources

DEDICACE

Ce mémoire est dédié à mon père, BALOUM Noaga Basile journaliste et à la retraite et à ma mère, BALOUM Evelyne Rawidy Alice pour leur amour et leur soutien.

REMERCIEMENTS

J’exprime ma profonde gratitude au Docteur Nicaise Bruno MILLOGO pour avoir accepté de diriger mon mémoire dans une rigueur exceptionnelle et dans une ambiance cordiale tout au long de ces neuf mois de travail.

Mes remerciements sincères vont également de: M. Charles SAVADOGO; Dr Ouma ACHIMOU ; M. BOUDA Tasré ; M. Adama TIENDREBEOGO ; M. Aziz GADIAGA; M. Elie Marie OUEDRAOGO qui sont tous des Enseignants à l’Institut International de Management pour leurs conseils et soutiens.

Ma reconnaissance la plus grande s’adresse à l’agence d’expertise LESSOKON SARL, particulièrement à son Associé-Gérant, M. Moussa TASSEMBEDO et à son Administrateur et Gestionnaire, M. Abdoulaye TIEMTORE pour la confiance qu’ils m’ont toujours accordée. Que l’ensemble du personnel de ce bureau d’études, trouves-en ses quelques lignes, l’expression de ma profonde gratitude. Il me plait de rappeler que l’idée de ce projet de mémoire est née à l’occasion d’une expérience réussie dans le bureau d’études LESSOKON.

Mes remerciements les plus sincères vont à l’endroit de BALOUM W. Amélie; BALOUM S. Bertille; BALOUM N. Estelle Olga; BALOUM M. Innocent; BALOUM Pierre Olivier. N; BALOUM Emmanuelle; BALOUM Evelyne; SOUBEIGA Elysée; mes cousins, mes oncles et mes tantes pour leurs encouragements.

Je tiens à remercier vivement tous mes amis, en particulier le Colonel Yves BADO; NABALOUM Lassané; Karim OUEDRAOGO; Pierre BARRO; David TIONO; Jean. T KABORE; Julien KABORE; Aliazi M.TOURE; Modeste BATIONO; Abdoul Kader SAWADOGO, Ibrahim ZANGRE, Fousseni BAMBA pour leurs encouragements et soutiens.

Je reste reconnaissante envers les amis que j’ai pu me faire à .l’Institut, particulièrement, René OUEDRAOGO, Siaka OUADRAOGO, Diafock BLESSA, Seydou TAMBOURA, Jean Baptiste ILBOUDOU et Diane MILLOGO.

J’adresse un remerciement spécial à ma chère amie Mireille ILBOUDO pour sa compréhension, ses encouragements et sa tendresse sans lesquels ce projet ne saurait aboutir.

Que tous ceux qui, de près ou de loin, qui ont contribué à l’aboutissement de ce parcours et que j’aurais oubliés, trouvent ici l’expression de ma très profonde reconnaissance.

RESUME

Ce mémoire traite de la problématique du financement des micro-entreprises Agricoles et propose le financement chaîne des valeurs ajoutées comme une solution à cette problématique.

La méthodologie adoptée pour la rédaction de ce mémoire s’est appuyée sur la méthodologie générale de la recherche en sciences sociales avec un focus sur les techniques d’exploitation documentaire et de données qualitatives primaires.

L’étude a relevé que les micro-entreprises Agricoles ont besoin de crédits pour se financer et que cependant, l’offre de crédits développée par le secteur financier ne semble pas susceptible de répondre efficacement aux besoins spécifiques de crédits de ces micro-entreprises Agricoles. C’est ainsi que les micro-entreprises Agricoles ne peuvent que s’adresser à une offre de crédits non différenciée qui leur est par ailleurs difficilement accessible compte tenue de plusieurs raisons.

C’est suite à ce constat qu’il s’est avéré nécessaire d’envisager une solution qui s’inscrit en dehors des processus classiques de financement des acteurs économiques par les institutions de financement. Cette solution est le financement chaîne des valeurs ajoutées.

Le financement chaîne de valeurs ajoutées se distingue fondamentalement des processus classiques de financement employés par les institutions de financement de par son approche pour apprécier le risque crédit. En effet, dans l’approche de financement qui est proposée, le risque d’un crédit octroyé à une micro-entreprise Agricole s’apprécie à travers: les performances économiques de cette micro-entreprises Agricole et des autres de la chaîne de valeurs ajoutées ; le climat des affaires dans la chaîne des valeurs ajoutées; l’environnement holistique dans lequel évolue cette chaîne. La portée majeure de cette approche de financement est qu’elle substitue à la garantie matérielle, financière ou morale à mobiliser par la micro-entreprise Agricole, la recette escomptée de l’opération économique de la micro-entreprise Agricole qui a été financée.

A la proposition de l’approche financement chaîne des valeurs ajoutées, comme solution à la problématique du financement des micro-entreprises Agricoles, est associée une démarche méthodologique pour son implémentation.

Toutefois, afin de vulgariser cette approche tout en rendant son application efficace, la mise en œuvre de certaines mesures d’accompagnement s’avère indispensable.

Concepts clés: le concept de micro-entreprise Agricole; le concept de financement d’entreprise; le concept de financement chaîne des valeurs ajoutées.

SUMMARY

This thesis deals with the problem of financing agricultural micro-enterprises and proposes the chain financing of added values as a solution to this problem.

The methodology adopted for writing this brief relied mainly the general methodology of the research in social sciences with a focus on documentary exploitation technics and the exploitation of the primary qualitative data.

The study noted that agricultural micro-enterprises need credit to finance themselves and that, however, the supply of credit developed by the financial sector does not seem likely to respond effectively to the specific credit needs of these micro-enterprises. . Thus, agricultural micro-enterprises can only address an undifferentiated supply of credit that is also difficult for them to access due to several reasons.

It follows from this observation that it has proved necessary to consider a solution that falls outside the traditional processes of financing economic actors by funding institutions. This solution is the chain financing of added values.

Value chain financing fundamentally differs fundamentally from conventional financing processes used by financing institutions in its approach to assessing credit risk. In fact, in the financing approach that is proposed, the risk of a credit granted to an agricultural micro-enterprise is assessed through the economic performances of this micro-enterprises Agricultural and others of the chain of added values; the business climate in the value chain; the holistic environment in which this chain evolves. The major scope of this financing approach is that it substitutes for the material, financial or moral guarantee to be mobilized by the agricultural micro-enterprise, the expected revenue from the agricultural micro-enterprise economic operation that has been financed.

To the proposition of the approach chain financing of the added values, as solution to the problematic of the financing of the agricultural micro-enterprises, is associated a methodological approach for its implementation.

However, in order to popularize this approach while making its application effective, the implementation of certain accompanying measures is essential.

Key concepts: the concept of Agricultural micro-enterprise; the concept of corporate finance; the concept of chain finance added values.

INTRODUCTION GENERALE

L’une des évolutions les plus importantes que l’on peut relever sur les cinq dernières décennies au niveau du secteur Agricole du Burkina Faso est sans doute la croissance sans précédent de la production Agricole à la commercialisation. Cette dynamique a été impulsée initialement par l’État pour développer la production Agricole de rente destinée à l’exportation. Ainsi, on retrouve des exploitants Agricoles qui jadis produisaient uniquement en saison pluvieuse pour répondre aux besoins alimentaires de leurs ménages, qui s’orientent progressivement vers une production destinée entièrement à un marché solvable, juxtaposant ainsi à une production Agricole vivrière, une production Agricole marchande. C’est ainsi que ces unités économiques du secteur Agricole ne devraient plus être appréhendées uniquement comme de simples unités de productions Agricoles pour la subsistance des ménages mais plutôt comme des formes particulières d’entreprises évoluant dans des contextes particuliers. Nous avons désigné dans le cadre de cette étude, ces unités économiques qui constituent par ailleurs la majorité des acteurs de la production Agricole au Burkina Faso par le concept de Micro-Entreprise Agricole (MEA).

Ces MEA, pour relever le défi qui est de satisfaire une demande nationale et internationale en produits Agricoles qui croit continuellement, devraient affronter les aléas naturels, tout en se structurant et en améliorant leurs performances économiques. Pour se faire, ces MEA ont besoin de financement et, souvent, faute de ressources propres suffisantes, d’accéder à des crédits adaptés à leurs besoins. Or ces services financiers, et l’offre de crédit en particulier, semble être défaillante.

Nous nous nous proposons de traiter de la problématique de l’accès des micro-entreprises Agricoles à des crédits d’exploitation adaptés à leurs besoins.

Cette problématique recouvre l’ensemble des blocages auxquels se heurtent les MEA dans la mobilisation de crédits d’exploitation pour financer leurs modèles d’affaires. Elle est traitée dans la perspective où le Financement Chaîne des Valeurs Ajoutées (FCVA) peut constituer pour elle un élément de solution.

La problématique de l’accès des exploitations Agricoles à des crédits adaptés à leurs besoins constitue une préoccupation importante pour le gouvernement burkinabé et la plus part de ceux des Pays en Voie de Développement (PED).

Une des meilleures approches pour aborder la problématique du développement du secteur Agricole est de subdiviser ce secteur en plusieurs Chaînes de Valeurs Ajoutées (CVA). Dans l’optique du FCVA, nous nous intéressons particulièrement aux interactions financières entre les acteurs d’une CVA qui sont des MEA d’une part, et les interactions entre ces MEA et les Institutions de Financement (IF) d’autre part. En règle générale, les institutions de financement qui ont tendance à se méfier du secteur Agricole peuvent être spécifiquement intéressées par certaines des CVA des filières Agricoles. (C. MILLER et L. Jones, 2013, Page 142).1 Par exemple dans la filière du bœuf du Burkina Faso, des IF sont attirées par l’opportunité de financer les exportateurs de bœufs2.

La problématique traitée suscite la question principale suivante: Quel peut-être l’apport de l’approche financement chaîne des valeurs ajoutées au financement des micro-entreprises Agricoles au Burkina Faso?

L’appréhension de cette question principale du thème suscite les trois (03) questions spécifiques suivantes:

- Quelle est l’importance du crédit d’exploitation pour la MEA?
- Quelles sont les limites de l’offre actuelle de crédits du secteur financier en matière de financement des MEA?
- En quoi le financement chaîne des valeurs ajoutées peut-il constituer une solution à la problématique de l’accès des MEA à des crédits d’exploitation?

L’objectif général de cette étude est de relever les mérites du financement chaîne des valeurs ajoutées comme un élément de solution à la problématique du financement des micro-entreprises Agricoles.

Cet objectif général se décline aux objectifs spécifiques suivants:

- Relever que le crédit constitue une source importante de financement pour les MEA;
- Présenter l’insatisfaction des besoins en crédits des MEA par les crédits classiques des IF au regard de leurs spécificités ;
- Relever que le financement chaîne des valeurs ajoutées peut contribuer à améliorer le financement des MEA.

Les trois (03) hypothèses qui sont émises pour servir de feuille de route pour cette étude sont:

- Hypothèse N° 1: «Le crédit constitue une source importante de financement du business model de la micro-entreprise Agricole.»;
- Hypothèse N° 2: «Les crédits disponibles dans les institutions de financement ne sont pas adaptés aux besoins spécifiques en crédit des micro-entreprises Agricoles au Burkina Faso.»;
- Hypothèse N°3: «L’application du financement chaîne des valeurs ajoutée permet d’améliorer l’accès des micro-entreprises Agricoles à des crédits mieux adaptés à leurs besoins.».

La description de la méthodologie adoptée pour réaliser cette étude se décline en deux (02) parties qui sont : une description de la méthode de recherche adoptée et une présentation de la démarche séquentielle de l’étude.

La méthodologie globale adoptée pour conduire ce projet de recherche s’inspire de la méthodologie globale de recherche en sciences sociale et s’appuie sur les techniques d’exploitation documentaires d’une part, et d’autre part, sur les techniques d’exploitation de données primaires et qualitatives.

Au regard de la problématique traitée et des objectifs spécifiques de l’étude, celle-ci est conduite de manière opérationnelle et séquentielle en trois (03) phases qui sont : la phase N°1 : phase préparatoire ; la phase N°2 : Phase de collecte des données ; la phase N°3 : Phase d’analyse, de synthèse et de rédaction du document de mémoire.

La phase préparatoire comporte deux (02) étapes successives qui sont : l’élaboration d’un guide de synthèse de l’exploitation documentaire et l’identification des données primaires à collecter.

En vue de l’exploitation documentaire de base, un guide de synthèse ou une fiche d’informations sur d’une part, la problématique de financement des Micro-Entreprises Agricoles (MEA), et d’autre part, les outils et leçons en matière de Financement Chaîne de Valeurs Ajoutées (FCVA) est élaboré.

Il s’agira pour nous au niveau de l’étape N°2 de la phase préparatoire, de lister de façon exhaustive les données et informations à rechercher. La fiche d’information conçue à l’étape précédente pourra être valorisée à cette fin. Cette liste de données à collecter est le résultat du développement de manière détaillée des besoins en informations sur la problématique traitée et sa potentielle solution.

La phase de collecte des données se compose de deux (02) étapes. L’exploitation documentaire ou collecte de données secondaires et l’étape de la collecte de données primaires à travers les entretiens semi-structurés avec les personnes ressources pour le sujet traité. La collecte de données secondaires se constitue d’une exploitation documentaire de base et d’une exploitation documentaire transversale.

L’étape N° 2 de la phase de collecte de données ou étape de collecte de données de sources primaires comprend deux (02) étapes qui sont : la conception de l’outil de collecte des données et la collecte des données et leur validation. L’outil de collecte des données primaires employé est le guide pour les entretiens semi-structurés avec les personnes ressources. Les questions qu’il contient visent à compléter la grille de synthèse des données renseignée partiellement à l’issue de l’exploitation documentaire.

La dernière phase de la démarche méthodologique adoptée est la rédaction du document du mémoire par itération à partir de la synthèse des données collectées à la phase précédente.

Nous justifions le choix porté au thème par trois (03) raisons.

D’abords, nous escomptons à travers cet exercice académique, améliorer nos connaissances sur le paradigme des chaînes de valeurs ajoutées ainsi que sur l’approche de financement chaîne des valeurs ajoutées afin de pouvoir contribuer à leur vulgarisation au Burkina Faso.

Ensuite, nous souhaitons traiter d’un thème qui s’inscrit d’une part, dans le cadre de la formation professionnelle reçue à l’Institut et d’autre part, un thème qui a profondément trait à la réalité économique du Burkina Faso. Enfin, nous portons notre choix sur ce thème compte tenu de son caractère novateur et de l’actualité de sa problématique.

Ce document se structure en deux parties. La première partie qui porte sur le cadre théorique et des clarifications conceptuelles comporte trois chapitres. Le chapitre 1 est consacré à la clarification des concepts clés de l’étude ainsi qu’à la précision des termes clés qui leurs sont associés. Le chapitre 2 présente une revue de littérature sur le financement des micro-entreprises. Le chapitre 3 traite d’une revue de littérature sur le paradigme des chaînes de valeurs ajoutées.

La seconde partie du mémoire se constitue également de trois chapitres. Le chapitre 4 traite de l’analyse de la demande de crédits des micro-entreprises Agricoles. Quant ’au chapitre 5, il traite de l’analyse de l’offre des crédits des institutions de financement du Burkina Faso. Le chapitre 6 présente les résultats et les recommandations issus des constats auxquels ont abouti les analyses.

PREMIERE PARTIE: CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

Ce mémoire traite des apports du financement chaîne des valeurs ajoutées au financement des micro-entreprises Agricoles au Burkina Faso. Ainsi, dans la première partie de ce mémoire qui porte sur les fondements théoriques, il s’agira pour nous à travers le chapitre 1 de relever les définitions des concepts clés et des mots clés de la problématique avant de procéder dans le second chapitre à une mise en relief des pensées des auteurs académiques et professionnels sur la problématique du financement des micro-entreprises en général. Le chapitre 3, qui est le dernier de cette partie traite de l’état des connaissances sur le paradigme des chaînes de valeurs ajoutées étant donné que l’approche de financement chaînes des valeurs ajoutées provient de ce cadre.

CHAPITRE I : CLARIFICATION DES CONCEPTS CLES

En rappel, les concepts de la problématique de ce mémoire sont: le concept de micro-entreprise Agricole; le concept de financement d’entreprise; le concept de financement chaînes des valeurs ajoutées Agricoles.

Ainsi, dans ce chapitre, les concepts cités ci-haut ainsi que les termes clés y afférents seront définis dans un souci de précision et de délimitation du champ de l’étude.

I.1. Concept de MEA et justification de son emprunt

Etant donné que l’objet de notre étude est la Micro-Entreprise Agricole (MEA), il s’avère pertinent de préciser le concept de MEA. La précision de ce concept se fera à travers celle du concept de Micro-Entreprise (ME).

I.1.1. Clarification du concept de MEA

Dans le concept de micro-entreprise (ME), nous rassemblons toutes sortes d’activités créées ou reprises par des personnes pauvres ou non, se déroulant à petite échelle, dans le but de générer des revenus qui constituent soit la principale source de revenus du ménage soit une source secondaire. Quel que soit le profil du promoteur, la micro-entreprise (à cause de la petite échelle des activités économique qu’elle mène) a été créée afin de générer pour son promoteur des revenus qu’il utilise principalement pour satisfaire les besoins économiques de son ménage. La micro-entreprise est distincte de l’entreprise ordinaire ou de l’entreprise au sens classique du terme. Le préfixe«micro» qui précède le terme «entreprise» présente l’idée de la petite échelle de production des activités économiques menées.

Les deux concepts: micro-entreprise, d’une part; et d’autre part, entreprise ordinaire ou entreprise au sens classique du terme, se distinguent par le mode d’organisation de la production, le mode de fonctionnement des entités économiques, les profils des promoteurs, mais aussi et surtout par le positionnement des deux types d’entreprises vis-vis des lois nationales (Fred Fortune ITTADY, 2012, Page 183 ).

Quant au concept de Micro-Entreprise Agricole (MEA), il désigne une Micro-Entreprise (ME) qui mène des activités économiques relevant du secteur Agricole. Les activités économiques qui constituent les fonctions économiques des MEA peuvent être la productionAgricole; la transformation de produits Agricoles ou encore la commercialisation de produits Agricoles et d’intrants Agricoles.

Le secteur Agricole doit être perçu et traité au sens large du terme. C’est à dire qu’il comprend la production végétale, la production animale, la foresterie et la pêche.

I.1.2 Justification de l’emprunt du concept

Dans le cadre ce mémoire, c’est le concept de micro-entreprise Agricole qui est adopté pour désigner les unités économiques du secteur Agricole traitées par le sujet. Cette adoption se justifie par les trois (03) raisons suivantes: le souci de relever que la production des MEA est destinée à la vente d’une part et d’autre part, que celle-ci emploient des ressources dont elles se procurent dans un marché; la nécessiter de rappeler que les MEA ne peuvent pas être rangées dans la catégorie des Petites et Moyennes Entreprises ou des Petites et Moyennes Industries dans le contexte particulier du Burkina Faso; et enfin, le souci de rappeler la nécessité d’adopter un concept contenant la notion d’entreprise pour désigner les unités économiques du secteur Agricole.

Dans la littérature traitant de la forme la plus répondue au Burkina Faso des unités économique du secteur Agricole, c’est le concept d’Exploitation Agricole Familiale (EAF)4 qui est le plus souvent employé. Nous n’avons pas privilégié dans ce mémoire ce concept car il s’appuie sur la notion de famille. En effet, nous trouvons que la notion de famille rappelle plus une production Agricole réalisée essentiellement grâce des facteurs de production (capital financier; main d’œuvre; terre; etc.) mobilisés au sein d’un ménage ou d’une famille. Pour Ruth ROSSIER, l’exploitation Agricole familiale est non seulement une communauté de travail, mais aussi une communauté de vie5. Par ailleurs, nous jugeons que le terme famille renvoie également à une production Agricole destinée essentiellement à la consommation domestique (production Agricole vivrière ou de subsistance).

Cependant, toutes les unités économiques du secteur Agricole ne produisent pas grâce uniquement à des facteurs de production mobilisés dans les familles et que par ailleurs, toutes leurs productions ne sont pas destinées aux consommations par les ménages des micro-entrepreneurs Agricoles.

Les unités économiques dont il s’agit ici (MEA), pour produire emploient des facteurs de production qu’elles achètent dans un marché (rémunération d’une main d’œuvre permanente ou saisonnière; location des parcelles pour la culture; etc.). Aussi, de plus en plus, il existe des exploitations Agricoles qui ne produisent que pour la vente. Le cas des exploitations Agricoles du Burkina Faso ne produisant que des oléagineux ou des légumes est assez illustratif de cette catégorie d’unités économiques du secteur Agricole.

Au Burkina Faso, pour désigner les unités économiques caractérisées particulièrement par leur petite taille au regard des critères tels que le capital social, le nombre de travailleurs permanents, le chiffre d’affaire annuel; ce sont les concepts de Petites et Moyennes Entreprises (PME) et de Petites Moyennes Industries (PMI) qui sont généralement adoptés.

Cependant, la loi N° 015-2017/AN, portant loi d’orientation de promotion des petites et moyennes entreprises au Burkina Faso, la PME est définie comme toute personne physique ou morale, productrice de biens et/ou de services marchands, immatriculée ou ayant fait sa déclaration d’activités au registre de commerce et du crédit mobilier ou tout autre registre, lui conférant la personnalité juridique totalement autonome, dont l’effectif du personnel est inférieur à cent (100) employés permanents et le chiffre d’affaire annuel hors taxe inférieur à un milliard (1 000 000 000) de francs CFA et qui tient une comptabilité régulière. La notion de PME inclut celle de la Petite et moyenne industrie, (Assemblée Nationale du BF, 27 avril 2017).

Il est ainsi évident que cette dernière définition exclut de la catégorie PME/PMI, le type d’unités économiques étudiée dans le cadre de ce mémoire. En effet, la plupart des unités économique du secteur Agricole du Burkina Faso n’ont pas de personnalité juridique car non immatriculées.

Par ailleurs, les nouvelles approches adoptées par les praticiens et théoriciens de l’économie du développement exigent l’emploi de concepts et termes issues des domaines comme la finance d’entreprise et l’économie d’entreprise. Ainsi, dans la perspective où nous nous inscrivons dans cette dynamique, la nécessité pour nous d’adopter un concept intégrant la notion d’entreprise s’impose.

Au regard de tout ce qui précède, on peut dire que c’est le concept de MEA qui est le concept le plus adéquat pour désigner la plupart des unités économiques du secteur Agricole du Burkina Faso.

Ce positionnement se justifie par le fait que ce concept dépasse largement la conception dualiste des économies des pays en développement largement répandue dans la littérature qui fait de l’ombre à un secteur économique intermédiaire et plus dynamique. Par ailleurs, dans la réalité, on pourrait trouver que certaines unités économiques sont enregistrées malgré leur petite taille, fragilisant ainsi un peu plus la taille et l’existence juridique comme critères de distinction entre secteur formel et secteur informel.

En effet, les unités économiques du secteur Agricole du Burkina Faso constituent un groupe très hétérogène dans lequel on retrouve des agents économiques ne disposant pas de statut juridique et ne tenant pas une comptabilité régulière.

I.2. Concept de financement de l’entreprise

En partant du fait que toute entreprise est une Organisation qui combine des facteurs de production (capital, travail, matières) dans le but de produire des biens et/ou des services destinés à être vendus sur un marché solvable, le financement de l’entreprise se défini comme l’opération par laquelle l’entreprise mobilise les ressources financières dont elle a besoin compte tenu de ses capacités et de ses possibilités à accéder à des sources de financement. Ces ressources financières peuvent être mobilisées de l’intérieur de l’entreprise (financement interne ou emploi des fonds propres de l’entreprise) ou de l’extérieur de celle-ci (financement externe par recours à un crédit).

Dans ce mémoire, nous nous intéresserons au financement externe de l’entreprise, c’est-à-dire au financement de l’entreprise par recours aux crédits. Ces crédits peuvent être en liquidité comme un prêt classique qu’une IF accorde à une entreprise ou encore en nature comme le cas d’un crédit fournisseur quand un fournisseur d’intrants accorde un intrant Agricole à crédit à une MEA de production dans une CVA.

Les MEA qui se situent en général dans des zones rurales, faute de ressources propres suffisantes peuvent exprimer des besoins des crédits de montants modestes (aux yeux des banques). Ainsi, nous précisons ci-dessous les expressions et termes clés associées au financement d’une entreprise Agricole et rurale qui sont: le financement en zone rurale ; la Microfinance ; le micro-crédit ; le crédit Agricole.

I.2.1. Financement en zone rurale et spécificités

Le financement en zone rurale ou l’intermédiation financière rurale implique en théorie, la mobilisation de dépôts au niveau des épargnants ruraux pour les mettre à la disposition des emprunteurs ruraux. Le crédit rural implique que les prêts soient accordés à des emprunteurs résidants et menant des activités économiques dans des zones rurales d’un pays.

Le financement en zone rurale comporte plusieurs caractéristiques spécifiques qui rendent l’offre de services financiers souvent coûteuse et problématique (BAD, 2015, Page 11).6 Ces caractéristiques se réfèrent essentiellement aux:

- manques ou aux défaillances des infrastructures publiques structurantes comme le réseau d’énergie électrique, les routes, les services administratifs essentiels;
- risques inhérents au secteur Agricole comme les rendements aléatoires des exploitations Agricoles, les fluctuations défavorables des prix de vente des produits Agricoles, les aléas naturels;
- faibles densités de populations qui devraient constituer les masses critiques d’une clientèle pour les IF.

L’ensemble de ces caractéristiques qui constituent des contraintes pour le financement en milieu rural font de lui financement spécifique.

I.2.2. Microfinance et Micro-crédit

Les services deMicrofinancefournissent un ensemble deproduits financiersaux personnes exclues dusystème financierclassique ou formel7. Ils concernent en général leshabitants pauvresdespays en développement. (Hernando de Soto, 2015, Page 114)

De façon plus générale, la Microfinance réfère à une vision du monde où «le maximum de personnes à bas revenus peuvent avoir un accès permanent à une gamme de services financiers de grande qualité et adaptés à leurs besoins, incluant non seulement le crédit mais aussi l'épargne, l'assurance et les transferts de fonds.

D'une façon plus restrictive, la Microfinance se réfère à un certain nombre d'institutions privées ou publiques qui se réclament de la Microfinance.

Normalement, lesbanquesne fournissent pas de services financiers à des clients dépourvus d'un minimum de revenus. Pour gérer un compte clients, ces mêmes banques doivent supporter un coût fixe assez substantiel qui ne dépend pas du montant des sommes d'argent mises en jeu. Par exemple, le total des profits dégagés par une centaine decréditsde 50 000 FCFA chacun est à peu près égal au profit dégagé par un crédit de 5000 000 FCFA, alors que la gestion de cent crédits implique cent fois plus de travail et de diverses dépenses que la gestion d'un seul. La même équation de base régit l'économie d'autres services financiers. Il y a unseuil de rentabilitéassocié au crédit ou audépôtqui veut dire que la banque perd de l'argent lorsqu'elle effectue une transaction au-dessous d'un certain montant. Les besoins financiers des pauvres se situent généralement au-dessous de ce seuil.

De plus les pauvres ne possèdent pas suffisamment de biens qui puissent être considérés comme uncollatéral, c'est-à-dire qui puissent servir de garantie. Même lorsqu'ils possèdent leurs terres, ils n'en ont souvent aucun titre de propriété. Cela implique que les banques n'ont pratiquement pas de recours contre lesemprunteursdéfaillants.

D'un point de vue plus général, on a longtemps accepté l'idée que le développement d'unsystème financiernational prospère est un objectif intermédiaire important qui peut ensuite servir de catalyseur pour ledéveloppement économiquenational qui est l'objectif final. Cependant, tant les responsables de la planification des États concernés que les experts internationaux privilégient le développement dusecteur bancaire commercialspécialisé dans les opérations mettant en jeu des sommes importantes et négligent souvent les institutions à même de fournir des services aux ménages disposant de moyens limités, alors que ces catégories de ménage représentent la plus grande partie de la population.

À cause de ces difficultés, lorsque les pauvres sont amenés à emprunter, ils doivent souvent faire appel à leur famille ou à des prêteurs locaux qui pratiquent destaux d'intérêtstrès élevés. Une synthèse de 28 études portant sur les taux d'intérêt des crédits informels de 14 pays d'Asie, d'Amérique latine et d'Afrique conclut que 76% des taux d'intérêt pratiqués par les prêteurs8 locaux sont supérieurs à 10% par mois, et parmi ceux-ci, 22% dépassent les 100% par mois. Ces prêteurs pratiquent généralement pour les plus pauvres des taux plus élevés que pour les moins pauvres. Alors que ces prêteurs sont souvent stigmatisés et traités d'usuriers, leurs services sont accessibles, rapides et très flexibles lorsque les emprunteurs doivent faire face à des problèmes. Les espoirs qu'on a pu caressé de les éliminer du circuit se sont avérés irréalistes même dans des contextes où les institutions de Microfinance étaient très actives.

Le micro-crédit est un prêt à la création ou au développement de micro-entreprises, pour des publics non éligibles au système bancaire faute de garanties réelles ou d’apports personnels suffisants. Il existe une grande diversité de définitions du micro-crédit. Toutefois, malgré l’absence d’une définition unanimement acceptée, les différentes définitions proposées renvoient toutes aux mêmes caractéristiques quant’ aux faibles montants; à la pauvreté des emprunteurs et à la destination économique d’utilisation des crédits.

I.2.3. Crédit Agricole

Le crédit Agricole est cependant une composante du crédit ruralqui finance spécifiquement des activités et des services qui se situent dans le secteur Agricole. Il se subdivise en crédits de court terme, de moyen terme et de long terme. Le crédit de court terme se réfère généralement à une période inférieure à un (01) an. A titre d’exemple, nous pouvons citer les crédits de campagne servant à acquérir des intrants (semences, engrais, pesticide, etc.) et faciliter l’écoulement des productions sur le marché, les avances en compte courant, les facilités de trésoreries, etc. Ce type de crédit vise principalement des opérations d’exploitation. Le crédit de moyen terme couvre une période allant d’un (01) an à cinq (05) ans. Il sert à financer l’acquisition d’équipements et la réalisation d’infrastructures légères de production. Le crédit de long terme s’échelonne sur plus de cinq (05) ans. Il permet d’acquérir des terres, de construire des infrastructures lourdes comme les bâtiments de ferme, de réseaux d’irrigation, etc. Le crédit Agricole peut traiter également des transactions de montants très élevés lorsqu’il s’agit notamment de financer de grandes entreprises Agricoles.

On distingue principalement deux formes de crédit Agricole. Le premier type concerne les transactions en espèces. C’est de loin la forme la plus répandue pour au moins deux raisons: i) la gestion pour l’institution prêteuse est beaucoup plus simple et ii) les prêts sous forme monétaire donnent une plus grande autonomie et une plus grande souplesse d’utilisation de l’argent par les emprunteurs. Le second type fait référence au crédit en nature (bien corporels). Celui-ci peut prendre plusieurs formes comme les équipements Agricoles; les intrants Agricoles. Plusieurs IF choisissent cette forme de crédits parce qu’elle permet en principe de mieux cibler l’utilisation qui est faite du crédit octroyé en évitant tout détournement de ressource par rapport à l’objet du crédit.

I.3. Concept de CVA et concept de FCVA

I.3.1. Concept de CVA

Une Chaîne de Valeurs Ajoutées (CVA) est une suite successive et ordonnée de fonctions économiques s’exerçant sur un produit spécifique (la fourniture d’intrants spécifiques; la production; la transformation; la commercialisation sont les fonctions économiques types qui se retrouvent dans une CVA). Les agents économiques qui réalisent ces fonctions économiques et qui réalisent des transactions entre eux sur le produit spécifique sont appelés les acteurs directs de la CVA. Ces acteurs directs pour réaliser leurs fonctions économiques consomment des services. Les acteurs qui offrent ces services sont appelés les prestataires de services de la CVA. Pour les CVA Agricoles, les prestataires types les plus rencontrés sont les prestataires de services d’appui/conseil public ou privé comme les vétérinaires; les services étatiques de conseil Agricole aux producteurs ou aux transformateurs; les IF ou prestataires de services financiers …

Les acteurs de la CVA qui remplissent ces fonctions économiques sont liées par une série de transactions commerciales à travers lesquelles le produit passe des producteurs, jusqu’ aux consommateurs finaux. Une CVA se désigne par un couple produit et marché et constitue un cadre pour la compréhension des relations d’interdépendance entre les différents agents économiques qui participent au processus d’élaboration d’un produit (GIZ, Manuel du Values Link, 2011, Page 27).

Dans une CVA, l’ensemble des acteurs réalisant la même fonction économique constituent ensemble un maillon ou un segment de cette chaîne des valeurs ajoutées. La notion de valeur ajoutée qui est contenue dans le concept de CVA précise l’idée que chaque maillon de la CVA ajoute de la valeur au produit de celui-ci à travers l’activité économique qu’il réalise sur ce produit.

Chaque segment ou maillon de la chaîne entretient un ou plusieurs relations d’affaire (lien d’affaire) avec le segment suivant et précédent.

La solidité et la fiabilité d’une chaîne se mesurent au lien le plus faible et, par conséquent, plus les liens sont solides et plus les flux des produits et des services au sein de la chaîne seront stables.

I.3.2. Concept de FCVA

Le concept « financement de chaîne de valeurs ajoutée » est un concept en pleine évolution avec de multiples significations et connotations. Les mouvements de fonds vers une chaîne de valeur et entre les différents maillons qui la composent, constituent le financement d’une chaîne de valeur. Autrement dit, il s’agit d’une partie ou de l’ensemble des services financiers, des produits et des services de soutien qui transitent vers et/ou par le biais d’une chaîne de valeur pour répondre aux besoins et aux contraintes des acteurs impliqués dans la chaîne, qu’il s’agisse de la nécessité de pouvoir accéder à des financements, d’assurer les ventes, de se procurer d’intrants, de réduire les risques et/ou d’améliorer le rendement au sein de la chaîne. Compte tenu de la globalité du financement d’une chaîne de valeur, il est essentiel d’analyser et de comprendre pleinement la chaîne de valeur sous tous ses aspects. Dans ce mémoire, nous utilisons ce terme en nous référant aux formes de financement à la fois internes et externes qui se déploient tout le long des chaînes de valeur Agricoles qui en bénéficient :

- Le financement interne d’une chaîne de valeur intervient à l’intérieur de la chaîne de valeur, lorsqu’un fournisseur d’intrants accorde un crédit à un exploitant Agricole ou lorsqu’une entreprise chef de file consent une avance de fonds à des intermédiaires de marché;
- Le financement externe d’une chaîne de valeur est celui rendu possible par les relations établies et les mécanismes de la chaîne de valeur : par exemple, une banque accorde un prêt à des exploitants Agricoles, sur la base d’un contrat avec un acheteur fiable ou d’un warrant provenant d’une installation agréée pour le stockage (FAO, 2013, Page 23).9

La présente analyse du financement d’une chaîne de valeur ne prend pas en considération le crédit Agricole traditionnel tel qu’il est opéré par des institutions de financement comme les banques ou les SFD, sauf dans le cas où il existe un lien direct avec la chaîne de valeur tel que précédemment décrit.

Évidemment, il est inévitable qu’une définition ne soit pas parfaite et il convient d’admettre que les approches financières constituent souvent des continuums dans lequel il faut arbitrairement marquer des repères pour des raisons pratiques.

Dans une CVA, le financement est fourni par tous les acteurs qui se trouvent à l’intérieur même de la chaîne et par les différentes IF qui font affluer des financements vers la chaîne. Les produits circulent dans la chaîne dans une direction donnée, avec différents niveaux de valeur ajoutée à chaque niveau. À l’intérieur de la chaîne, les flux financiers circulent dans deux directions, selon le type de chaîne et/ou la région et les dynamiques générées par les entreprises et les participants impliqués

CHAPITRE II: THEORIE DES RELATIONS ENTRE LES IF ET LES MPME

Quand on traite de la problématique du financement des Micro, Petites et Moyennes Entreprises (MPME) en général, on ne peut occulter les relations d’affaires entre les Institutions de Financement (IF) et ces entreprises. Ce sujet particulier a fait l’objet de plusieurs recherches et la littérature en la matière est très riche.

La relation entre les Institutions de Financement (IF) et leurs clients est une relation complexe basée le plus souvent sur une information imparfaite et incomplète (Sylvie CIEPLY et Bernard PARANQUE, 1997, Page 48). Les IF ne possèdent pas toute l’information sur les projets présentés par les entreprises, notamment les ME qui ne peuvent publier des états financiers certifiés par des auditeurs compétents et assermentés. De même, les entreprises ne connaissent pas la méthodologie adoptée par les IF pour traiter leurs dossiers de demande de crédit.

Les asymétries d’information ont fait l’objet d’études par plusieurs auteurs à travers différentes théories dont la théorie de l’aléa moral et celle de la sélection adverse. Ces problèmes entraînés par l’existence d’asymétries d’information permettent de comprendre le comportement des IF dans l’octroi des crédits (sélection des emprunteurs, supervision des emprunteurs, exigence systématique de garanties aux emprunteurs, rationnement des crédits à octroyer…).

Dans ce chapitre, c’est la notion d’entreprise qui est employée (pour rester fidèle aux travaux qui ont fait l’objet de la présente revue de littérature) même si l’objet de notre étude reste la MEA. Par ailleurs, il est tout à fait concevable de retenir que si les relations entre les IF et les entreprises (entreprises au sens classique du terme ou grande entreprise capable de réduire l’asymétrie d’information à travers la publication d’états financiers certifiés) sont complexes, les relations entre ces IF et les ME, notamment les MEA le sont davantage.

Ce chapitre vise à présenter les différentes théories relatives à l’économie de l’information avant de traiter du comportement général des IF, quant à l’octroi de crédits, lorsqu’elles sont en présence d’asymétries d’informations.

II.1. Apports de l’économie de l’information

II.1.1. Imperfection de l’information

Au cours des années 1980, s’est développée une riche littérature théorique et empirique sur l’influence des contraintes de financement sur le comportement des agents économiques. Ces travaux ont surtout mis l’accent sur les déterminants de l’asymétrie de l’information entre les prêteurs (les IF) et les emprunteurs (les entreprises).

Une véritable vague de recherche sur l’économie en information imparfaite, appliquée aux marchés de l’assurance et du crédit a suivi l’article fondamental de Georges AKERLOF cité par A. MILON (Alain MILON, 1999, Page 102). Sur les marchés financiers, des transactions décentralisées basées uniquement sur le prix, c’est à dire sur le taux d’intérêt ou le rendement anticipé, ne permettent généralement pas d’atteindre l’équilibre pour le marché des actions (S. MYERS et N. MAJLUF, 1984, Page 77).

Sur le marché du crédit, le bien échangé n’est pas un bien homogène ; sa livraison et son paiement peuvent être très éloignés dans le temps. En fait, le crédit est délivré aujourd’hui contre une promesse de paiement dans le futur. Ce qui crée un risque de non-remboursement dont l’emprunteur et le prêteur ont des appréciations différentes. En effet, l’emprunteur connaît assez bien les caractéristiques de son projet (rentabilité, risque, etc.), tandis que le prêteur est confronté à un manque d’informations. Pour pallier cette lacune, le prêteur accroît le coût du crédit, ce qui décourage les emprunteurs les moins risqués et encourage les plus risqués, car ce sont ces derniers qui peuvent anticiper des rendements élevés. C’est à ce stade que l’on parle de phénomène d’anti sélection. Puisque le prêteur ne parvient pas à repérer les emprunteurs risqués, ou encore les projets risqués, il va préférer « rationner » le crédit (Joseph STIGLITZ et Andrew WEISS, 1981, Page 81-101).

II.1.2. Modèle d’anti sélection

Le cadre d’analyse généralement utilisé pour les modèles d’anti sélection, établit les hypothèses suivantes : Les « problèmes d’information » entre les gestionnaires d’entreprises emprunteuses et les prêteurs peuvent prendre diverses formes. Les gestionnaires disposent d’une information privilégiée sur le degré de risque de leur projet (Joseph STIGLITZ et Andrew WEISS, 1981, Page 121). En outre, ils sont les seuls à connaître l’usage qu’ils font des sommes d’argent empruntées pour financer un projet d’entreprise précis et leur mode de gestion peut différer de celui préconisé par les banques. Enfin, les gestionnaires observent sans coût le rendement ex-post de leur projet, alors que les prêteurs ne peuvent l’observer qu’en payant un coût fixe d’audit (Othman. JOUMADY, 2001, Page 22). Plus généralement, l’asymétrie d’information peut concerner non seulement les résultats ex-post mais aussi les types d’emprunteurs, selon que ce sont de réels entrepreneurs avec des projets d’entreprise réels ou non (S. MEYERS et al 1984, Page 22).

Le cadre d’analyse proposé par J. STIGLITZ et A. WEISS, suppose que le rendement moyen de tous les projets est identique et que les emprunteurs sont caractérisés par la neutralité envers le risque. En conséquence, le problème d’anti sélection se caractérise par des différences de niveaux de risques inhérents aux projets entrepris par les emprunteurs. Ces caractéristiques n’étant pas observables par le prêteur extérieur. Le taux d’intérêt agit alors comme un outil de sélection des emprunteurs. Selon J. STIGLITZ et A. WEISS une augmentation du taux d’intérêt, permet de compenser les pertes issues des défauts de remboursement. Cela se traduira premièrement par la démission des emprunteurs les plus enclins à rembourser leur prêt. En effet, les rendements des projets les moins risqués étant plus faibles que ceux des projets risqués, les emprunteurs ne pourront faire face au coût engendré par l’augmentation des taux d’intérêt appliqués par l’intermédiaire financier.

En revanche, les emprunteurs non disposés à rembourser leur prêt ne seront pas affectés par cette hausse du taux d’intérêt.

Ainsi, une augmentation du taux d’intérêt engendre une élévation du niveau de risque moyen des projets entrepris et donc, détériore les profits du prêteur extérieur. L’avantage du prêteur serait donc de rationner le crédit à un niveau d’intérêt plus faible et non pas de prêter à un taux plus élevé, car cela augmente le niveau de risque moyen de son portefeuille de prêts. Le taux d’intérêt agit donc, à travers deux mécanismes : d’une part, c’est lui qui permet d’équilibrer l’offre et la demande sur le marché du crédit et, d’autre part, il agit comme un outil de “sélection” des emprunteurs potentiels et par-là, il affecte la qualité du portefeuille de prêt du prêteur extérieur. Aussi, les prêteurs seront incités à utiliser le taux d’intérêt non pas pour équilibrer le marché mais pour rationner l’accès au crédit.

II.1.3. Modèle avec aléas moral

L’aléa moral ou le « hasard moral » est un effet d’incitation adverse (O. JOUMADY, 2001, Page 138). Il est défini comme l’ensemble des actions des agents économiques qui maximisent leur utilité au détriment de celles des autres dans les situations où les agents ne supportent pas toutes les conséquences (coûts) de leurs actions à cause de l’incertitude ou de l’incapacité des contrats utilisés à imputer l’ensemble des dommages à l’agent responsable. Dans le domaine du crédit, l’idée de « hasard moral » vient de ce que les prêteurs ne peuvent pas contrôler ou contrôlent mal les actions des emprunteurs et par conséquent le rendement des prêts (Sylvie CIEPLY et Bernard PARANQUE, 1997, Page 128). Pour Laurence BLOCH et Benoît COEURE cités par S. CIEPLY et B. PARANQUE, dans (Sylvie CIEPLY et Bernard PARANQUE, 1997, Page 142), il est artificiel de traiter séparément les questions de sélection adverse et de hasard moral parce que plusieurs environnements économiques sont caractérisés par un mixage des deux problèmes.

La présence d’emprunteurs à haut risque (sélection adverse) ou défaillants (aléa moral), non identifiables par les prêteurs, fait augmenter le coût du crédit et impose une externalité négative pour les bons emprunteurs et une externalité positive pour les mauvais. L’effet négatif du relèvement du taux d’intérêt contractuel lié à la sélection adverse et à l’aléa moral peut dominer son effet positif sur le profit du prêteur.

De leur côté, J. STIGLITZ et A. WEISS soulignent dans (J. STIGLITZ et A. WEISS, 1998, Page 141) qu’il n’y a pas de problème d’aléa moral car l’individu remboursera la banque s’il en a la possibilité. En plus la sélection adverse n’est pas non plus prise en compte, car le fait de rembourser ou pas ne dépend pas de la volonté de l’emprunteur mais de l’état de la conjoncture qui échappe à son contrôle. De ce point de vue, la nécessité de sélectionner les demandeurs de crédits et d’assurer le suivi des crédits n’est pas utile. Toutefois, la prise en compte des phénomènes de sélection adverse et d’aléa moral permettent de comprendre les principes que les IF appliquent pour garantir le remboursement des crédits qu’elles octroient. Le paragraphe suivant présente la réalité des risques encourus par les IF et montre comment elles y font face.

II.2. Comportement des IF dans l’octroi des crédits

L’objectif essentiel d’une IF est la maximisation de ses profits. Le préalable à l’octroi d’un prêt sera donc l’évaluation à priori des coûts et des gains espérés du prêt, le résultat de cette évaluation sera contingent au taux d’intérêt choisi. Pour être profitable, la banque doit éviter les problèmes de sélection contraire et d’aléa moral. Ces problèmes entraînés par l’existence d’asymétries d’informations permettent de comprendre le comportement des banques dans l’octroi du crédit, en particulier leurs stratégies de sélection (filtrage, screening) et de contrôle (supervision, monitoring).

II.2.1. Sélection des emprunteurs

En présence de sélection contraire, il est important d’identifier quels sont les emprunteurs qui ont le plus de chance de rembourser. La banque doit donc collecter des informations sur les emprunteurs potentiels. Ces informations peuvent être d’ordre comptable à partir par exemple du bilan, des comptes de résultats et des ratios financiers calculés à partir de ces états. La banque peut aussi s’intéresser à savoir la nature de l’activité de l’entreprise et l’environnement dans lequel elle évolue. La banque sera également attentive au montant des autres dettes déjà contractées par l’entreprise. En effet, une entreprise trop endettée, aura moins de capacités de rembourser tous ses crédits. De même, quand l’entreprise dispose d’un montant important de fonds propres, cela constitue un bon indicateur pour la banque. En fait, dans ce cas, l’endettement relatif au capital est faible et présente par conséquent moins de risque (B. BERNANKE et M. GERTLER, 1989, Page 19). Ces fonds propres donnent également aux entreprises la possibilité d’éviter le rationnement de crédit grâce à la forte garantie hypothécaire qu’ils permettent de mettre en place.

II.2.2. Supervision des emprunteurs ou monitoring

Une fois le crédit accordé, l’entreprise peut s’engager dans des activités plus risquées que celles pour lesquelles le crédit a été contracté. Pour éviter cet aléa moral, l’IF devra inscrire dans le contrat du prêt des clauses obligeant l’entreprise à ne pas s’engager dans des activités plus risquées.

La supervision des emprunteurs permet également pour la banque d’avoir des informations sur ses emprunteurs est de créer des relations d’affaire de long terme. En effet, si un emprunteur potentiel a déjà un compte bancaire depuis un certain temps dans la banque auprès de laquelle il demande le crédit, celle-ci pourrait dégager des informations intéressantes sur la situation financière de ce futur client. L’IF pourrait aussi avoir des informations sur le comportement de remboursement de l’emprunteur, si ce dernier a déjà eu à emprunter auprès de cette banque.

II.2.3. Garanties

Les garanties permettent aux banques de réduire les risques de non remboursement. En effet, si l’emprunteur ne rembourse pas, la banque peut vendre les actifs mis en garantie et récupérer une partie ou la totalité de l’emprunt non remboursé (B. BERNANKE et M. GERTLER, 1989, Page 47). Mais selon H. WAMBA dans (Henri WAMBA, 1999, Page 98), les types d’emprunteurs varient et donc la banque aura des coûts supplémentaires pour mettre en place de nouvelles variables de contrat et ainsi un classement complet n’est pas toujours possible.

II.2.4. Scoring

Le «crédit scoring» est une méthode d’évaluation du risque dans les demandes de crédit, en appliquant des techniques statistiques sur une base de données déjà existante. Le but de cette méthode est d’évaluer le pronostic de remboursement des entreprises candidates aux prêts et la probabilité que les emprunteurs déjà existants seront solvables. Cette technique permet aux IF d’évaluer plus finement le risque, grâce à une utilisation performante des ressources telles que le classement plus rapide des bons et des mauvais payeurs, l’identification des demandeurs de crédit situés en ‘‘zone grise’’. Cette évaluation plus rapide des demandes a permis à certaines IF d’aboutir à un service clientèle de meilleure qualité et à un portefeuille plus étoffé.

II.2.5. Rationnement du crédit

On parle de rationnement du crédit lorsque la quantité demandée excède la quantité offerte sur le marché du crédit et que le taux d’intérêt n’augmente pas jusqu’aux taux d’équilibre. Généralement, il se crée un marché de crédit informel lorsqu’il y a rationnement du crédit. Dans la littérature théorique, il a été suggéré que cet état est la résultante de certains déséquilibres temporaires ou de l’intervention de l’Etat. Toutefois, (J. Stiglitz et A. Weiss, 1981, Page 129-139) précisent « qu’il peut exister un rationnement du crédit à l’équilibre et ils expliquent que ce rationnement est dû soit à une sélection adverse soit à un aléa moral, ce qui ne permet pas à une variation du taux d’intérêt d’équilibrer le marché. Le prêteur, ne pouvant jouer ou choisir de ne pas jouer efficacement sur le niveau des prix, joue sur les quantités et limite, de manière rationnelle et indépendamment de tout contexte réglementaire, la quantité de crédit à octroyer (Marc BELLEMARE, 2000, Page 121).

S. CIEPLY dans (Sylvie CIEPLY, 1986, Page 99-101) confirme que « le prêteur se trouve confronté, sur un marché informationnellement imparfait, à l’existence d’un comportement opportuniste des emprunteurs ». Les actions menées par les prêteurs pour limiter ce comportement, l’effort de contrôle (le monitoring), ne permettent pas toujours de réduire de façon économiquement viable ce phénomène. Dès lors, lorsque les coûts de contrôle excèdent les bénéfices attendus de cette action, le prêteur peut préférer limiter son offre de financement aux entreprises. Le marché du crédit est alors dit rationné puisqu’il subsiste une demande excédentaire non satisfaite. Le niveau d’endettement optimal de la firme, pour le prêteur, correspond au concept de capacité d’endettement maximal de la firme.

Les études empiriques qui traitent directement du rationnement du crédit auquel font face les entreprises sont rares. Une des études qui a véritablement traité ce sujet est celle de Mayada BAYDAS, Richard MEYERS et Alfred AGUILERA, citée par M. BELLEMARE (Marc BELLEMARE, 2000, Page 118). Les premiers ont fait leur étude en Equateur sur 447 ME et ont constaté que celles-ci ont des difficultés pour se développer à cause de l’inaccessibilité ou des difficultés d’accès aux crédits. Pour résoudre ce problème, l’Etat a mis sur pied des programmes de crédit à ces ME, mais il arrive que même au sein de ces programmes, le rationnement du crédit existe toujours. Pour étudier les déterminants de ce rationnement, les auteurs ont développé un modèle à équations simultanées qui comporte deux équations, une pour l’offre et l’autre pour la demande. Le but de leur étude est de savoir si le rationnement est dû à une auto sélection de la part des entreprises, ou s’il y a vraiment rationnement du crédit du côté de l’offre. Après les traitements, les auteurs sont arrivés à la conclusion que la demande de crédit formel varie positivement avec le montant du prêt informel obtenu, les actifs de l’entreprise, les profits de l’entreprise, le statut du propriétaire de l’entreprise, le fait d’appartenir à une organisation professionnelle (OP). A l’opposé, la demande du crédit informel varie négativement avec l’ancienneté de l’entreprise et l’âge de l’entrepreneur. Pour ce qui est de l’offre du crédit formel, celle-ci varie positivement avec le taux d’intérêt nominal, la durée du prêt, les actifs de l’entreprise, les profits de l’entreprise, l’ancienneté de l’entreprise, le fait de posséder sa propre entreprise, le fait d’être une entreprise non Agricole, le niveau d’éducation et le fait d’être un homme. A l’opposé, l’offre de crédit formel varie négativement avec le fait que l’entreprise soit côtière et l’âge de l’entrepreneur. Il faut préciser enfin que BAYDAS, MEYERS et AGUILERA ont fait l’hypothèse que le taux d’intérêt est exogène puisque prédéterminé par l’Etat dans la plupart des programmes, ce qui n’est pas toujours le cas. Marc BELLEMARE évalue les déterminants du rationnement du crédit pour les ménages Agricoles du Nord de l’UTTAR PRADESH à l’aide de modèles probits univarié, bivarié et trivarié. Elle évalue en fait i) la probabilité d’avoir accès au crédit formel (probit univarié) ii) la probabilité d’avoir accès au crédit formel étant donné que le ménage ait déjà fait une demande (probit bivarié) et iii) la probabilité d’avoir accès au crédit formel sachant que le ménage ait déjà fait une demande et que le secteur formel prête au moindre coût (probit trivarié). Elle a pu aboutir aux conclusions suivantes : la probabilité d’avoir accès au crédit formel est de 19% dans le cas du probit univarié, de 60% dans le cas du probit bivarié et de 74% dans le cas du probit trivarié. L’analyse de P. KOCHAR montre donc l’importance de prendre en compte à la fois la demande et le fait que le secteur informel peut prêter à moindre coût.

De son côté, (N. MOURJI, 1998, Page 47-99) décrit les points de vue des gestionnaires de ME sur les sources de financement. Les ME sont défavorisées par rapport au grandes lorsqu’il s’agit d’obtenir un crédit formel. Il avance que l’encadrement du crédit, la réglementation sur les taux d’intérêt et la politique monétaire ont été la cause de ce rationnement du crédit. Statistiquement parlant, seules 19% des micro-entreprises enquêtées s’auto-sélectionnent et demandent un crédit formel. Parmi ces dernières, 67% obtiennent un crédit bancaire. On peut donc conclure que 33% des ME sont rationnées.

Le manque d’informations économiques et financières sur ces ME leur interdit dans la majorité des cas de bénéficier de prêts formels. En effet, 5% seulement des micro-entreprises enquêtées tiennent une comptabilité fiable et moderne pouvant être présentée en tant que telle à une banque. Cela signifie pour les banques un risque très élevé. Ce risque étant une perception à priori, puisque les banques n’ont pas d’expérience en matière de prêts aux ME. Cette perception du risque est liée à la difficulté qu’ont les banques de distinguer les bons emprunteurs et les mauvais parmi leurs débiteurs potentiels, et ceci en raison du manque d’information concernant la performance de leurs activités.

Sitou LAWALI dans (Sitou LAWALI, 1997, Page 111) liste les différents arguments qui poussent les banques à ne pas établir des relations financières avec les ME. Bien plus, les banques sont bien plus nombreuses à accepter les dépôts des ME qu’elles ne sont à leur octroyer des prêts. En effet, selon l’enquête du LASAARE10, citée par S. LAWALI (Sitou LAWALI, 1997, Page 111) 53% des ME détiennent un compte en banque alors qu’elles ne sont que 4% à avoir bénéficié d’un crédit bancaire. Les raisons qui sont les plus évoquées par les banques se résument ainsi :

- Les coûts d’opération par unité monétaire sont trop élevés au regard des sommes engagées ;
- Les entreprises sont incapables de présenter les informations requises par les banques (notamment comptables) ;
- Une probabilité de défaut élevée à attribuer à l’instabilité des ME (faible durée de vie) et à l’imprévisibilité de leur comportement face aux chocs conjoncturels ;
- Le manque de caution, en particulier le manque de sûreté relative aux droits de propriété;
- Le manque de liquidité pour absorber la clientèle supplémentaire;
- L’organisation interne des banques ne permet pas de traiter les petits emprunts, celles-ci étant organisées de manière à répondre aux besoins des grandes entreprises.

Du point de vue de la perception des ME en matière d’accès au crédit formel, (N. MOURJI, 1998, Page 99) avance que : «si la grande majorité des micro-entreprises expriment l’utilité de l’accès au crédit, elles sont 61,5% à considérer les procédures comme inopportunes et compliquées. 38,5% considèrent que la banque n’offre pas de services intéressants. Ce qui montre que l’offre en provenance du système formel est aussi inadaptée à la réalité des ME ». Enfin, dans un article inspiré de sa thèse de doctorat, M. BELLEMARE dans (Marc BELLEMARE, 2000, Page 21-25), précise que le recours au marché du crédit informel n’implique pas nécessairement l’existence d’un rationnement du crédit. En fait, l’entrepreneur peut se tourner d’abord vers les parents et amis puisque ces derniers lui consentiront un prêt sans intérêt et sans exiger de garanties. Il est fort probable qu’il se tourne aussi vers un prêteur local ou vers ses fournisseurs si ces derniers sont prêts à lui prêter de l’argent avec le moindre coût. En d’autres termes, les personnes qui n’obtiennent pas de crédit formel ne sont pas nécessairement rationnées quant à leur accès au crédit formel : Il se peut que parmi les Micro-entrepreneurs qui n’obtiennent pas de crédit formel, certains ne sont même pas au courant des services que peut offrir une banque, par contre d’autres n’ont pas besoin du crédit formel, d’autres encore ne font pas de demande (même en ayant une idée sur les services offerts par une banque) car ils ne croient pas qu’ils sont en mesure de répondre aux exigences de la banque et enfin, d’autres font des demandes mais reçoivent une réponse négative.

CHAPITRE III: PARADIGME DE L’APPROCHE CVA

Au cours de ces dix dernières années, l’approche chaîne de valeurs ajoutées s’est imposée comme l’un des principaux paradigmes pour la recherche et la pratique en économie du développement appliquée au secteur Agricole. Cette évolution s’est accompagnée de l’explosion du nombre de publications consacrées au concept de chaîne de valeurs ajoutée. L’analyse des chaînes de valeurs ajoutées a fait l’objet d’une attention particulière et de nombreux guides généraux et spécialisés ont été consacrés à ce sujet. La revue de littérature en la matière fournie une diversité de définitions du concept de chaîne de valeurs ajoutées et l’on peut classer ces définitions en deux grandes catégories qui sont : les définitions descriptives qui se réfèrent à ce qu’est une chaîne de valeur et les définitions normatives qui portent sur comment une chaîne de valeur devrait être.

Ce mémoire traite du financement des chaînes de valeur ajoutées qui constitue par ailleurs pour un projet de promotion ou de mise à niveau d’une CVA, un chantier. C’est ainsi que nous jugeons pertinentes de consacrer un chapitre de ce mémoire au paradigme des chaînes de valeurs ajoutées.

Le présent chapitre se structure en cinq sous-points. Le premier sous-point traite de l’origine et de l’évolution du concept de CVA. Quant ’au second, il rappelle le contexte de l’introduction du concept dans l’Agriculture. Le troisième sous-point présente les grands axes de l’analyse des CVA. Les deux (02) dernières parties de ce chapitre traitent respectivement des modèles de gouvernance des CVA; et des portées et limites du concept de chaîne de valeurs ajoutées.

III.1. Origine et évolution du concept de CVA

La chaîne de valeur est un concept provenant de la gestion d’entreprise et a été décrite pour la première fois par Michael. E. PORTER en 1985 lorsqu’il l’applique au secteur industriel. Elle décrit l’ensemble des activités nécessaires pour mener un produit ou un service de sa conception, à travers les différentes phases de sa production (impliquant une succession de transformations physiques et d’utilisations de divers services), jusqu’à sa distribution aux consommateurs finaux, puis à sa destruction après utilisation (Michael E. PORTER, 1985, Page 129). La chaîne de valeurs englobe ainsi toutes les activités à différentes phases de production d’un bien, y compris l'approvisionnement en matières premières et autres intrants, l'assemblage, la transformation physique, l'acquisition des services nécessaires tels que le transport ou le refroidissement, et, finalement, la satisfaction de la demande du consommateur final.

Ces différentes activités sont regroupées en deux catégories :

- les activités primaires qui concernent la phase de conception du produit, les différentes phases intermédiaires de sa transformation, la distribution jusqu’au consommateur final et le traitement des déchets après son usage;
- les activités secondaires ou de support qui contribuent aux réalisations des activités primaires (Michael E. PORTER, 1985, Page 135-137).

Figure N°1: Chaîne de valeur de M. PORTER

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

Source: Michael PORTER, 1985, l’avantage concurrentiel

De l’approche de Michael E. PORTER, on peut trouver ou créer l’avantage compétitif, et donc les possibilités de création de valeur (revenus financiers notamment), au moyen de cinq activités principales (logistique entrante, logistique sortante, production, commercialisation et service à la clientèle) et de quatre activités de soutien (infrastructure de l’entreprise, gestion des ressources humaines, développement technologique et les technologies de l’information et de la communication appelé TIC et achat) (Michael E. PORTER, 1985, Page 147).

La chaîne de valeur va du cadre national et régional au cadre international car plusieurs acteurs au niveau national, régional ou international peuvent intervenir dans la chaîne de création de valeurs ajoutées sur un produit.

La chaîne de valeur selon M. PORTER est un concept s’intéressant au niveau de l’entreprise. Son intérêt est qu’elle facilite l’évaluation systématique des caractéristiques uniques dont une entreprise dispose ou qu’elle peut développer pour créer des avantages compétitifs qui lui permettront de vendre, de façon rentable, un produit de qualité similaire pour un prix inférieur ou un produit différent pour un prix plus élevé que ses concurrents.

L’approche est de « décomposer l’activité de l’entreprise en séquences d’opérations élémentaires et d’identifier les sources d’avantages concurrentiels potentiels. Ces principales sources apparaissent en comparant la chaîne de valeurs ajoutées de l’entreprise avec les chaînes de valeurs ajoutées des concurrents, lorsque cela est possible.

Le concept de chaîne de valeur selon M PORTER est donc un outil de stratégie commerciale, dont le principal objectif est d’aider les dirigeants à décider comment renforcer de façon rentable la compétitivité de leur entreprise. Elle n’évalue pas la valeur ajoutée au niveau de la chaîne dans son ensemble, c’est-à-dire au niveau des partenaires de l’entreprise (fournisseurs, prestataires de services, distributeurs).

Les analyses de la gouvernance des chaînes de valeur se focalisent sur une approche techniciste de la coordination inspirée du réductionnisme de la théorie des coûts de transaction. Vu sous cet angle, dans une entreprise, les profits sont de plus en plus générés à travers des domaines tels que la conception, l’identité, la marque, la mise au point du produit, le marketing, etc. (Gary GEREFFI et al. 2005, Page 1-8).

Il s’agit là de nouvelles considérations car jadis, l’augmentation de la production était l’option privilégiée pour augmenter les profits économiques, sans suffisamment d’attention sur les marchés ni sur les rôles effectifs des partenaires de la firme (P VERMEULEN et al, 2008, Page 82-111). L’analyse des CVA permet justement de comprendre comment s’insérer dans les chaînes de valeurs ajoutées et y tirer des bénéfices de façon durable (R KAPLINSKY et M MORRIS, 2000, Page 46-81).

Le concept de chaîne de valeur de Porter a été ainsi élargi de façon à y intégrer le paradigme de la valeur partagée, qui offre une vision plus large et à plus long terme de la création de valeur compétitive (M. PORTER et L. KRAMER, 2011, Page 62-77).

Plus spécialement, ce paradigme intègre la valeur créée à d’autres points de la chaîne de valeur ajoutée, surtout pour la société dans son ensemble, ce qui permet à la fois de renforcer les liens essentiels entre le fournisseur et l’acheteur et de créer de la valeur pour les consommateurs. Le concept de valeur partagée rapproche les deux concepts de chaîne de valeur ajoutée, en particulier en termes de durabilité, même si le concept de valeur partagée de M. PORTER garde comme objectifs centraux l’évaluation de la compétitivité de l’entreprise et la facilitation de la prise de décisions par les dirigeants.

III.2. Introduction du concept en Agriculture

L’application du concept de chaîne de valeurs ajoutées a atteint au fil des ans, d’autres domaines que l’industrie. En Agriculture, le concept désigne une succession d’étapes (qui sont toutes sources de valeur ajoutée) et qui sont coordonnées, à plusieurs niveaux depuis la production du bien Agricole brut, jusqu’à sa consommation (CTA-SPORE, 2012, Page 21). Elle peut impliquer les fonctions suivantes: la fourniture d’intrants, les prestations de services financiers, le transport, le conditionnement, les études de marché, la publicité…. Les agents économiques réalisant ces fonctions économiques qui font intervenir une transaction sur le produit sont des acteurs directs de la CVA, les autres acteurs étant appelés des acteurs indirects de la CVA. Une chaîne de valeurs ajoutées Agricole n’est pas simplement le fait qu’un producteur vend sa production à un acheteur, quelle que soit la solidité de cette relation commerciale. Il ne s’agit pas non plus de la production et de la commercialisation d’un produit Agricole. La chaîne de valeur s’installe lorsque les acteurs tels que décrit ci-haut, collaborent pour améliorer la qualité du produit, accroître l’efficacité de leurs process ou diversifier leurs marchés pour engranger plus de bénéfices à chaque niveau de la chaîne (CTA, 2012, Page 18-21).

Selon John HUMPHEY, le concept de chaîne de valeurs réside dans le fait que les acteurs participant à la création de valeurs sur un produit (de sa première étape à la dernière) entretiennent des relations et qu’ils ont intérêt pour engranger plus de bénéfices, de gouverner l’ensemble des relations entre les acteurs au sein de la CVA (P HUMPHREY et R SCHUMITZ, 2000, Page 67).

En agriculture, la chaîne de valeurs ajoutées dépasse ainsi la simple recherche de productivité et insiste sur la manière de coordonner les activités en amont et en aval de manièreà satisfaire la demande et à tirer le maximum de valeur ajoutée. Elle permet de décrire la manière dont cette dernière est repartie entre les acteurs.

L’industrialisation de l’activité Agricole, tant au niveau des processus de production (mécanisation, intensification) qu’au niveau de la transformation (développement de l’agro-alimentaire), a conduit des économistes Agricoles aux Etats-Unis (P. GOLDBERG) puis en France (L. MALASSIS) à mobiliser les canevas employés en économie industrielle pour représenter les structures de l’agro-industrie. La nature périssable des produits Agricoles frais (lait, fruits, légumes, viandes) oriente dans un premier temps leurs travaux sur les processus de coordination et sur les jeux d’acteurs pour optimiser la gestion de la qualité, du risque et des flux tout au long de la chaîne de valeurs (R. PEREZ, 1992, Page 69-74).

Le comportement et la performance des acteurs d’une CVA sont fortement influencés par l’environnement commercial dans lequel ils évoluent. Le renforcement de la coordination est donc un élément de la modernisation des chaînes de valeurs ajoutées Agro-alimentaires dirigées par de grands acteurs de la transformation et de la grande distribution, mais il est aussi important aux fins du développement des chaînes de valeurs pour les produits Agricoles de base qui font pour l’heure l’objet d’échanges informels. L’adjectif « coordonnées » signifie ici que, au sein des chaînes de valeurs, la structure de gouvernance transcende une série de transactions commerciales traditionnelles au comptant, et qu’il existe un certain degré de coordination verticale non antagoniste, du moins dans une partie de la chaîne (J. E. HOBBS et al. 2000, Page 80-85). Il signifie aussi que la concurrence s’opère de plus en plus entre des chaînes entières (ou des réseaux) et non entre des entreprises à titre individuel qui participent à une CVA.

Pour sa coordination, une chaîne de valeur tient compte des relations de pouvoir entre les acteurs du marché, identifie les activités servant à uniformiser les règles du jeu entre les acteurs les plus riches et donc ayant plus de pouvoir et les acteurs pauvres qui sont faibles sur le marché. Une intervention sur les chaîne de valeur profitable aux acteurs les plus pauvres consiste en des approches les intégrant dans ces chaînes avec comme objectif d’augmenter leurs revenus, d’abord par l’amélioration des prix au producteur et la prise en compte, de manière coordonnée, des contraintes auxquels ils font face aux fins de les lever (Vineet RASWANT and Ravi KHANNA, 2010, Page 47).

III.3. Modèles de gouvernance de CVA

Au sein d’un modèle économique d’une chaîne de valeurs ajoutées, les rapports de force ou de pouvoir permettent d’identifier les acteurs dominants qui gouvernent la chaîne. Cette approche émane de l’économie institutionnelle développée, entre autres, par T. VEBLEN, K. POLANYI et W. KAPP qui fournit une vision plus large de l’économie réelle comparativement aux théories classiques. Selon ce cadre d’analyse, les pertes de bien-être social ne sont pas accidentelles et ne peuvent pas être considérées comme des perturbations mineures. Au contraire, elles résultent logiquement de la concurrence dans une société marchande, et sont étroitement liées aux relations de pouvoir entre les acteurs économiques alors que la théorie néo-classique se concentre uniquement sur les transactions entre acteurs. La théorie des chaînes globales de valeurs regarde l’ensemble des activités depuis la production de matières premières jusqu’à la consommation, et analyse les liens entre les différents acteurs sur ce même périmètre. La théorie néo-classique suppose que les acheteurs et les vendeurs se comportent comme des agents indépendants, les transactions étant guidées par les choix technologiques, les goûts et les différences entre les produits. Le modèle des chaînes globales de valeurs pose quant à lui un cadre d’analyse qui postule que les relations commerciales s’insèrent dans des relations de pouvoir plus larges, dont certains agents clés fixent les règles.

Comme l’a démontré Gary GEREFFI11, la concentration de pouvoir dans les chaînes globales de valeurs n’est pas accidentelle, mais structurelle. Elle conduit à des modèles de gouvernance qui permettent aux acheteurs dominants de contrôler leurs fournisseurs, de contrôler la répartition des activités le long de la chaîne et la structuration de la production et de la transformation, dans des dynamiques éloignées de la théorie de la concurrence pure et parfaite.

Ainsi, cinq (05) modèles de gouvernance des chaînes de valeurs ont été identifiés de manière récurrente. Ils décrivent « les types de relations d’autorité et de pouvoir qui déterminent comment les ressources financières, matérielles et humaines sont allouées dans la chaîne de valeurs » (Gary GEREFFI et Miguel. KORZENIEWICZ, 1994 Page 19-37).

Figure N°2: Modèles Types de gouvernance de CVA

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

Source: GARY Gareffi et al, 2007.

Le premier modèle de gouvernance est appelé « modèle du marché » car c’est celui qui se rapproche le plus de la théorie de la concurrence pure et parfaite. On peut l’illustrer dans la pratique par le fonctionnement des marchés « spots ». Dans ce modèle, les coûts liés aux changements de partenaires commerciaux sont très faibles pour les deux parties (acheteurs et vendeurs). Les liens commerciaux ne sont pas nécessairement transitoires, ce qui est le cas des marchés « spots » et peuvent durer dans le temps.

Les quatre (04) autres modèles illustrent la façon dont les acteurs dominants concentrent le pouvoir et peuvent ainsi prendre le contrôle des chaînes de valeurs.

Dans le modèle modulaire, des fournisseurs clés fabriquent des produits finis selon les spécifications de leurs clients (avec un degré variable de contraintes techniques). Ils assurent l’entière responsabilité pour l’ensemble du processus de fabrication ; ils utilisent des technologies génériques afin de limiter les investissements, et investissent parfois pour le compte de leurs clients. Dans ce système, les normes permettent souvent d’optimiser les interactions. Le modèle modulaire s’appuie sur un réseau de fournisseurs « interchangeables » ayant développé à leur niveau des relations de dépendances avec certains producteurs.

Le modèle relationnel s’appuie sur des interactions complexes entre des acheteurs et des vendeurs clés, qui se caractérisent souvent par une forte dépendance mutuelle et des niveaux élevés de spécificité des produits. Les relations sont basées sur la réputation des acteurs ou les liens personnels. Bien que la proximité spatiale joue un rôle important dans le maintien des relations, la confiance et la réputation peuvent également permettre le bon fonctionnement de réseaux géographiquement dispersés. Dans ce modèle, les relations de long terme développées entre les grands distributeurs et les négociants maintiennent les producteurs Agricoles dans une situation de dépendance.

Dans le modèle captif, les petits fournisseurs sont dépendants de leurs acheteurs principaux (qui sont de grande taille) en raison des coûts élevés que représente le fait de changer de client. Ces réseaux se caractérisent souvent par un degré élevé de surveillance et de contrôle de la part des acheteurs dominants. Dans ce type de modèle, par exemple, les producteurs Agricoles sont dépendants de grands acheteurs qui contrôlent la filière de la fourniture d’intrants spécifiques jusqu’à la distribution.

Enfin, le modèle hiérarchique se caractérise par une dynamique d’intégration verticale. Dans cette configuration, la forme dominante de gouvernance est le contrôle managérial des responsables sur les salariés, et du siège sur les filiales ou sociétés affiliées. Dans ce modèle, un acteur peut intégrer verticalement toutes les activités, de la production jusqu’à la fabrication des produits finis, la vente étant laissée aux distributeurs.

Dans le schéma ci-dessus, il est intéressant d'observer sur la ligne en bas, l'évolution concordante de la coordination et de l'asymétrie (le pouvoir fortement détenu) depuis la gauche, avec une situation de marché ouvert où la compétition règne (pas de coordination mais pas de position abusive supposée) jusqu'à l'autre opposé où un seul acteur détient tout le pouvoir et tous les acteurs travaillent de manière coordonnée. Il est clair que sans en faire une règle universelle, la situation médiane est plus profitable aux ME, mêlant distribution du pouvoir et coordination (Europe Aid, 2011, Page 19-101).

Dans la pratique, le chantier fondamental dans la mise à niveau d’un CVA est son analyse ou son diagnostic. Ces à partir des résultats de cette étape, qu’on peut envisager un financement d’acteurs de cette CVA à travers l’approche FCVA.

III.4. Analyse des chaînes de valeurs

L’analyse d’une Chaîne de Valeurs Ajoutées (CVA) identifie les liens dynamiques entre les agents économiques que comporte cette CVA. Elle montre comment ses segments ou maillons à des étapes particulières de l’élaboration du produit de la CVA ajoute de la valeur à celui-ci. Elle examine également les flux d’informations entre les acteurs de la chaîne de valeurs (R KAPLINSKY et M MORRIS, 2000 ; Page 139). Les principaux éléments d’analyse d’une chaîne de valeur sont: les coûts économiques (coûts de transaction) le long de la chaîne de valeurs; la valeur ajoutée générée à chaque stade; les acteurs les plus importants de la chaîne; le cadre institutionnel de la chaîne de valeur; les goulots d’étranglement dans la chaîne de valeur; la zone d’une potentielle croissance du marché; la taille de la chaîne; les synergies possibles.

L’analyse d’une CVA est très utile pour les nouveaux producteurs, y compris les producteurs pauvres et les pays pauvres pour le cas des CVA internationales, qui essayent de s’intégrer dans les marchés mondiaux de manière à assurer une croissance durable des revenus (R KAPLINSKY and M MORRIS, 2000, Page 209). L’analyse de la chaîne de valeurs peut être considérée comme un cadre pour concevoir des politiques de lutte contre la pauvreté. Le concept de croissance en faveur des pauvres (pro-poor growth), se fonde sur la conviction que seule la croissance économique et le succès commercial des pauvres sont capables de fournir une solution durable au problème de la pauvreté. Mais pour assumer cela, deux éléments devraient être pris en considération. D’une part, on peut comprendre le renouveau d'intérêt pour ce genre de démarches dans le cadre du « retour de l'agriculture à l'agenda du développement » (WEBBER et LABASTE, 2010, Page 18). Dans les processus de libéralisation des économies des pays en développement, dans les années 1980-1990, l’Agriculture a été relativement délaissée sur le plan des actions mais aussi de la recherche. Dans ce contexte, il peut exister un risque d’emballement ou du moins de surévaluation du rôle de l’analyse et du développement des CVA alors que le concept en soi existait déjà mais sous des formes un peu différentes (exemple le concept de filière dans la sphère francophone). Ainsi, ce sera la manière d'utiliser cet instrument refaçonné qui en fera éventuellement un instrument en faveur des pauvres. D’autre part, avec l'analyse des CVA, les rôles respectifs de l'Etat (relativement mineur) et du secteur privé sont forcément revisités. Ainsi, la manière d'intégrer l'approche CVA dans l'élaboration d'une politique de développement du secteur Agricole doit être observée avec attention.

L’analyse des CVA comporte différentes méthodes. Généralement elle implique la réalisation des activités suivantes présentées dans la figure 4.

Figure N°3: Processus d’analyse de la chaîne des valeurs

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

Source: Adapté de GTZ (2007) ; Matthias et al. (2009),

L’approche CVA se présente comme une approche prometteuse pour les praticiens du développement économique. Toutefois, comme évoqué ci-haut, l’approche comporte quelques limites avérées qu’ils convient de préciser dans la suite de ce chapitre.

III.5. Portées et limites de l’approche CVA

III.5.1. Portées de l’approche

Pour les micro-entreprises Agricoles des pays en développement, l’approche CVA est une approche qui leur permet d’accéder à l’information et au marché (Carlo PIETROBELLI et Roberta RABELLOTTI, 2002, Page 121). Elle est utilisée comme un outil de base de compétences, des avantages comparatif et compétitif, de l’externalisation, de l'intégration verticale et horizontale et des meilleures pratiques (Martin W. et al. 2007, Page 19). Les chaînes de valeurs peuvent être considérées comme des moyens d’introduction de nouvelles formes de production technologiques, logistiques, de travail, des relations et réseaux organisationnels. Dans le domaine du développement, l’approche chaîne de valeur est souvent utilisée par de nombreuses organisations internationales comme moyen d’identifier les stratégies de réduction de la pauvreté le long de la chaîne de valeur (J. MITCHELL, C. COLES, et J. KEANE, 2009, Page 27). Les recherches réalisées sur les chaînes permettent de définir l’environnement politique qui aiderait les producteurs et les pays pauvres à participer efficacement à l’économie mondiale (R KAPLINSKY et M MORRIS, 2002, Page 118).

III.5.2. Limites de l’approche CVA

Malgré ces portées prometteuses, l’approche chaîne de valeurs présente quelques limites. Tout d’abord, il y a de la confusion dans les terminologies et concepts dont les idées sont similaires et se chevauchent. En deuxième lieu, bien que de nombreuses études aient été menées dans le domaine, une définition claire du concept est toujours manquante, ce qui conduit à la contrainte de généralisation des résultats. En effet, selon de nombreux auteurs, la définition du concept ne permet pas de savoir si les résultats des études sur les chaînes particulières peuvent être appliquées à des conditions plus générales ou non.

La troisième lacune est le cadre théorique insuffisamment (GARY Gereffi et al. 2001, Page 212). Bien plus, l’approche présente des lacunes dues à son caractère « mono-produit » et pourrait peut-être, à l’avenir, évoluer vers des concepts encore plus larges car les chaînes de valeurs Agricoles ne sont pas séparées les unes des autres. En effet, les Agriculteurs ont souvent des exploitations diversifiées (production animale, production végétale, exploitation forestières) et doivent prendre des décisions interdépendantes sur ces activités.

III.6. Adoption de l’approche CVA par les praticiens

Les cinq (5) dernières années en particulier ont vu l'adoption rapide de l'approche de chaînes de valeurs par des praticiens, notamment les Organisations de développement partout dans le monde. Toutes ces organisations ont changé légèrement l’approche afin de l'adapter à leurs propres objectifs, et contextes locaux. En regardant de près le large éventail d'utilisateurs, il semble qu'il existe deux approches différentes, chacune d’eux ayant un point d'entrée différent et un objectif légèrement différent. On distingue l’approche «nœud de pauvreté» et l’approche «compétitivité».

III.6.1. Approches pratiques

III.6.1.1. Approche augmentation de la compétitivité

Pour cette approche, l'accent est mis sur l'amélioration de la compétitivité de toute la chaîne de valeurs, en particulier de la partie de la chaîne qui est située dans un pays en développement Par exemple, on pourrait citer le cas de la CVA du coton du Burkina Faso pour l’exportation. Le but ultime est d'augmenter la part de marché mesurée en valeur monétaire de la CVA, et de cette façon accroître les recettes totales de l'industrie. Cela peut se faire soit par l'amélioration de la valeur ajoutée par les acteurs du pays sur le produit, soit par l'augmentation des volumes de vente. La valeur ajoutée sur le produit au niveau du pays considéré peut être améliorée en délocalisant la transformation des pays développés vers les pays en développement, ou en cherchant des prix plus élevés à travers l'amélioration de la qualité, la recherche de différents marchés, etc. L’augmentation des ventes a beaucoup à voir avec les efforts de marketing et le fait d’être compétitifs sur le marché mondial en termes de prix et de qualité. L'hypothèse de cette stratégie est que l’augmentation des profits, par l’augmentation de la production et des volumes de ventes, en plus de la valeur ajoutée dans le pays et de meilleurs prix de vente, aura un effet positif sur l'économie locale, l'emploi et donc éventuellement les niveaux de la pauvreté. En d'autres termes, en augmentant la taille du gâteau (le chiffre d'affaires de la CVA mesurée en valeur), on suppose que les tranches individuelles du gâteau (les profits aux différents niveaux de la chaîne de valeurs) augmenteront également. Les gouvernements, les grands donateurs et les organisations telles que l'Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel (ONUDI), la Banque Mondiale (BM) et le Fonds des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) utilisent cette approche, qu’on pourrait appeler l'approche de la compétitivité. Dans cette approche, l'accent est souvent mis beaucoup plus sur les transformateurs et les exportateurs que sur les producteurs et les fournisseurs d'intrants.

III.6.1.2. Approche nœud de la pauvreté

Le point d'entrée de la deuxième approche est ce qu’on appelle«approche nœud de la pauvreté» : Cette approche cible les acteurs de la CVA les plus défavorisés. Le but ultime est d'améliorer les revenus de ces acteurs économiques pauvres, en améliorant leur position dans la chaîne de valeur. L'accent est souvent mis plus sur la redistribution des bénéfices dans une chaîne que sur la compétitivité de la chaîne dans son ensemble. Comme tel, il revient en partie au concept original de la chaîne de valeur de Porter qui se concentre sur l'organisation individuelle. Cette approche est généralement adoptée par les ONG actives pour améliorer les revenus des micro-entreprises Agricoles de production.

III.6.2. Limites des deux approches pratiques

III.6.2.1. Limites de l’approche augmentation de la compétitivité

Le piège de l'approche de la compétitivité pour la mise à niveau des CVA est que la redistribution des revenus de la chaîne au niveau des pays pauvre (où se réalise en général la production) pourrait ne pas suffisamment prendre en compte, en vertu de l'hypothèse selon laquelle la croissance est bonne pour tous, les intérêts des acteurs les plus défavorisés. Le danger est que, bien que la CVA puisse se développer à la suite des interventions, les pauvres peuvent ne pas profiter du tout de cette croissance. Ou encore certaines interventions peuvent conduire à une croissance des profits totaux dans le pays, au détriment des pauvres ou des acteurs les plus faibles de la chaîne. Cette situation est de nature à menacer la durabilité de la CVA à terme, à partir du moment où les acteurs plus défavorisés de la CVA peuvent à terme ne plus trouver d’intérêt (gain de revenus) à participer à cette CVA.

III.6.2.2. Limites de l’approche nœud de la pauvreté

La limite majeure de l’approche «nœud de pauvreté» se résume à celle du modèle économique de facilitation de CVA dans lequel le projet de mise à niveau de la CVA est impulsé par des acteurs externes à la CVA. Ces acteurs sont appelés facilitateurs et peuvent êtres des ONG ou des services étatiques. Cela peut conduire à des interventions inopportunes qui ne prennent pas suffisamment en compte les intérêts et les défis des autres acteurs de la chaîne (acteurs leaders ou acteurs les plus favorisés de la CVA), et donc n’améliorera pas la compétitivité de l'ensemble de la CVA. Au lieu d'un scénario gagnant-gagnant, ces interventions visent à améliorer la position d'un acteur au détriment d'un autre acteur de la chaîne. Par exemple supprimer les commerçants locaux et d'autres intermédiaires afin d'améliorer la marge du producteur est une stratégie utilisée par de nombreuses ONG. Mais souvent, les intermédiaires exercent des fonctions essentielles et les producteurs n'ont pas les compétences et les ressources financières nécessaires pour prendre en charge ces fonctions économiques. Le résultat est souvent que tout le monde perd, y compris les acteurs les plus pauvres, car la chaîne devient moins compétitive dans son ensemble.

Le manque d’accent mis sur le marché qui caractérise souvent cette approche conduit à des chaînes de valeurs qui ne fournissent pas des produits répondant aux demandes des clients. Ainsi, de nombreuses ONG ou Organisations gouvernementales tentent désespérément de trouver des marchés pour des produits qui ne sont pas attrayants du tout après avoir déstabilisé les CVA concernées à travers l’élimination d’intermédiaires commerciaux clés.

III.6.3. Défis des praticiens de l’approche CVA

Le principal défi pour les praticiens de l’approche CVA est de définir des interventions qui améliorent à la fois la compétitivité de la chaîne de valeur et le secteur dans son ensemble, en plus d’améliorer la situation des pauvres dans la chaîne de valeur. Malheureusement, les chercheurs semblent se concentrer plus sur la composante de la compétitivité, plutôt qu’à la répartition des revenus au sein de la CVA. La littérature et l'expérience font défaut sur ce point, et il est donc crucial de comparer et de documenter les différentes approches que les praticiens utilisent pour résoudre ces problèmes.

CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE

La recension de la littérature en vue de préciser les concepts clés et de définir les termes clés adoptés dans le cadre de ce mémoire nous a permis de nous rendre compte de la richesse de la littérature sur la typologie des entreprises. Nous avons opté de désigner par micro-entreprise Agricole, la majorité des acteurs économique qui évoluent dans le secteur Agricole au Burkina Faso.

On peut retenir de l’état des connaissances sur le financement de l’entreprise que la relation entre les entreprises, notamment les micro-entreprises et les institutions de financement reste marquée par une méfiance de part et d’autre. Cet état de fait qui conduit systématiquement les IF à développer des stratégies en vue de gérer les risques crédits qu’elles accordent aux entreprises. Parmi ces stratégies, le rationnement du crédit est la plus emblématique.

Quant à l’exposé de l’état des connaissances sur le paradigme des CVA, il révèle que le concept de CVA est l’aboutissement d’une longue succession de travaux universitaires sur les cadres d’interaction entre plusieurs unités économiques participant à la production d’un bien économique. L’intégration du concept de CVA ainsi que son adoption par l’économie du développement appliquée au secteur Agricole offre une nouvelle approche de développement aux praticiens.

L’approche CVA est adoptée différemment par les praticiens selon leurs centres d’intérêt et à ce niveau on peut distinguer : «l’approche nœud de pauvreté» et «l’approche compétitivités» qui ne s’opposent pas mais plutôt se complètent. Le développement du FCVA qui reste une approche pratique est tributaire des connaissances fournies par les études théoriques et empiriques sur les CVA.

Après la revue de littérature et la précision des concepts clés du thème, il convient pour d’introduire la seconde partie du mémoire par l’établissement d’un état des lieux du financement des MEA.

SECONDE PARTIE: D’UN ETAT DES LIEUX VERS UNE SOLUTION

L’état des lieux du financement des MEA au Burkina Faso est la situation de l’accès des MEA à des crédits adaptés à leurs besoins. La détermination de cette situation exige dans un premier temps une identification des besoins en crédits exprimés par les MEA et dans un second temps, un recensement de l’offre de crédits existant dans le secteur financier. C’est la mise en perspective de cette demande et de cette offre qui débouchera sur les insuffisances que présente l’offre de crédits du secteur financier. C’est une fois, ces limites relevées sur l’offre que l’on peut envisager la recherche d’une solution susceptible de combler les déficiences de cette offre. La solution qui sera proposée vise ainsi donc à combler les éventuelles limites révélées sur l’offre de crédits du secteur financier.

La dernière partie de ce mémoire se compose de trois (03) chapitres. Le chapitre 4 porte sur la description des besoins en crédits exprimés par les MEA. Quant ’au chapitre 5, il est consacré à l’analyse de l’offre de crédits du secteur financier du Burkina Faso. Le chapitre 6 quant ’à lui traite de la discussion des résultats auxquels ont abouti la démarche ici menée avant de présenter la solution préconisée face aux constats issus de l’état des lieux du financement des MEA au Burkina Faso.

CHAPITRE IV : DEMANDE DE CREDITS DES MEA

Nous désignons par demande de crédits des Micro-Entreprises Agricoles (MEA), la demande de crédits exprimée spécifiquement par les MEA, c’est-à-dire hormis la demande de crédits de leurs promoteurs pour financer les besoins économiques de leurs ménages, même s’il convient de rappeler que le micro-entrepreneur Agricole et la MEA constituent les deux faces d’une même médaille.

Les demandes de crédits des MEA sont diverses et la typologie de ces demandes découle des termes des crédits ainsi que des éventuels emplois de ces crédits.

Une demande de crédit d’une MEA est la mobilisation de ressources financières par celle-ci grâce au recours à une Institution de Financement (IF).

Ce chapitre traite des demandes de crédits des MEA dans le cadre d’une CVA type (où chaque maillon de cette CVA type sera représenté par un de ses acteurs) et se compose de trois (03) parties.

Dans sa première partie, ce chapitre traite de l’importance pour les MEA d’accéder à des crédits (rôle du crédit dans le financement des MEA). Par la suite, ce chapitre décrit les caractéristiques des demandes de crédits des MEA avant de se terminer par la présentation d’une synthèse des demandes de produits et services financiers des acteurs des maillons types d’une CVA.

IV.1. Mobilisation et allocation de ressources financières par les MEA

Toute entreprise quels que soient son degré de structuration, le profil de son promoteur ou le secteur économique dans lequel elle évolue, se finance. Cette fonction consiste pour l’entreprise à mobiliser les ressources financières dont elle a besoin et qui lui sont accessibles puis à affecter par la suite ces ressources financières à des emplois spécifiques. L’analyse du financement d’une MEA se fera à travers les analyses de la structure financière type et du schéma de financement type d’une MEA.

IV.1.1. Structure financière type d’une MEA

La structure financière d’une entreprise est la répartition de l’ensemble des ressources financières dont elle dispose selon leurs origines. En général, l’ensemble des ressources financières d’une entreprise se compose de fonds propres, de subventions et de dettes.

Le tableau ci-dessous (Tableau N° 1) montre que le crédit constitue une source importante pour le financement de la MEA. En effet, respectivement 78,70%; 19,50%; 17% et 2,40% des Organisations Professionnelles Agricoles (OPA) sondées dans le cadre de l’étude de faisabilité de la mise en place d’un Fonds de Développement de l’Agriculture (FDA) au Burkina Faso ont affirmé avoir eu recours à: un SFD; une banque; un Fonds National de Financement (FNF); ou encore un Etablissement Financiers (EF)pour financer leurs membres (MEA). Les demandes de crédits des OPA sont les agrégations des expressions de besoins en crédits de leurs membres qui sont ici les MEA.

Ainsi, les fonds propres des MEA (bénéfices cumulés sur les périodes antérieures d’exploitation ; revenus issus d’autres activités économiques; et dons reçus) s’avèrent insuffisants pour réaliser les financements de leurs besoins de fonds de roulement (BFR) et d’investissement.

Tableau N°1:Structure de financement type des MEA

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Source: BF- Rapport d’étude de la faisabilité de la mise en place d’une FDA, Février 2017

IV.1.2. Schéma de financement type des MEA

Le schéma de financement pour une entreprise reflète l’affectation de l’ensemble des ressources financières de cette entreprise en ses différents emplois. Les deux (02) grandes catégories d’emplois pour ces ressources sont le financement des besoins en fonds de roulement et le financement des investissements. Le tableau N° 2 montre que les ressources financières mobilisées par les MEA ont trois (03) affectations qui sont: la réalisation d’investissements, le financement de la campagne et la constitution d’une trésorerie permanente. Il convient de regrouper la constitution d’une trésorerie permanente et le financement de la campagne de production en financement du besoin en fonds de roulement.

Le tableau N° 2 montre que respectivement 28,60%; 68,90%; 11,80% et 0,70% des membres d’OPA de MEA ont déclaré avoir eu recours à un crédit pour financer leurs investissements; leurs campagnes Agricoles; leurs besoins de trésorerie; et d’autres besoins financiers.

Tableau N°2:Schéma de financement type d’une MEA

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Source: BF- Rapport d’étude pour la faisabilité de la mise en place d’une FDA, Février 2017

De l’interprétation du schéma de financement type d’une MEA, il ressort qu’en général, l’affectation majeure des crédits demandés par les MEA est le financement des besoins en fonds de roulement. Le recours aux crédits par les MEA en vue de financer leurs investissements venant loin derrière cette première affectation.

L’analyse de la structure de financement type d’une MEA ainsi que celle du schéma de financement type d’une MEA révèle que le crédit constitue pour la MEA, une source importante de financement et cette source est essentiellement destinée à financer les besoins en fonds de roulement.

IV.2. Caractéristiques des demandes de crédits des MEA

Le cadre adopté pour décrire les caractéristiques des demandes de crédits des MEA est la chaîne de valeurs ajoutées. Les fonctions économiques dans une CVA constituent les maillons de cette CVA. Les maillons types d’une CVA Agricole sont: la fourniture d’intrants et d’équipements spécifiques; la production; la transformation; la distribution/commercialisation. C’est ainsi que nous traitons des caractéristiques des demandes de crédits des: MEA de fourniture d’intrants et d’équipements spécifiques; MEA de production ; MEA de transformation du produit Agricole; MEA de distribution.

IV.2.1. Demande de crédit des MEA de fourniture d’intrants et d’équipements

Dans une CVA, les fournisseurs d’intrants et d’équipements sont les acteurs dont la fonction économique consiste en l’achat et la revente en l’état des intrants et équipements demandés par les acteurs des autres maillons. Ces acteurs constituent ensemble le maillon «Fourniture d’intrant et d’équipements». Le cycle d’exploitation de ces acteurs qui sont des distributeurs se constitue de l’achat/vente d’intrants et d’équipements. Ce cycle peut ainsi nécessiter des crédits de court terme (crédit dont l’échéance est inférieure à 1 année) pour financer la constitution des stocks d’intrants Agricoles et d’équipements spécifiques.

Quant au cycle d’investissement de ces acteurs, il porte essentiellement sur la construction du bâtiment servant de lieu de vente, les aménagements et agencements sur ce bâtiment commercial construit (pour les fournisseurs propriétaires de leurs boutiques). Pour les fournisseurs locataires de leurs bâtiments commerciaux dans un marché ou non, le cycle d’investissement se résume à l’acquittement de la caution de bail et aux travaux d’aménagements et d’agencements sur ces bâtiments. Le cycle d’investissement des acteurs du maillon fourniture d’intrant et d’équipements spécifiques peut requérir un crédit à moyen terme (crédit dont l’échéance est comprise entre 1 année et 5 années) et à long terme (crédit dont l’échéance est supérieure à 5 ans).

IV.2.2. Demande de crédit des MEA de production

Les MEA de production sont celles qui constituent le maillon «Production». Un acteur d’une CVA est du maillon «Production» quand ses activités économiques ont pour finalité la mise sur un marché d’un produit Agricole brut. Un produit Agricole brut est un produit Agricole qui n’a pas encore subi une transformation. Compte tenu de la spécificité du cycle d’exploitation (cycle agronomique) des MEA de production, il s’avère nécessaire de scinder la description de leurs demandes de crédits en demandes de crédit d’investissement et en demandes de crédit fonds de roulement.

IV.2.2.1. Demande de crédit d’investissement des MEA de production

Dans le cadre de ce mémoire, nous ne traitons pas des aménagements et infrastructures collectifs comme les aménagements hydro-Agricoles par exemple, qui sont généralement réalisés par l’Etat. Nous ne traiterons que des aménagements et infrastructures qui sont susceptibles d’être réalisés par les MEA dans le cadre de leurs modèles d’affaire.

Les aménagements les plus courants sont le défrichement; le dessouchage; le drainage, les plantations arbustives; l’apport de la fumure de fonds; les installations pour l’exhaure et l’irrigation des parcelles de culture.

Les infrastructures les plus réalisées par les MEA du Burkina Faso sont les bâtiments; les clôturesdes exploitations; les puitset les fosses fumières. Tous ces travaux impliquent des investissements lourds pour une MEA d’une part, et d’autre part, ils peuvent servir dans la MEA pendant plusieurs cycles de production ou plusieurs années. Ils justifient donc des crédits à Moyen ou Long terme et, dans le cas des nouvelles plantations (pour les MEA d’arboriculture), avec un différé d’amortissement jusqu’à l’entrée en production de la plantation.

Les équipements peuvent être extrêmement variés en fonction des cultures pratiquées et du niveau de modernisation des MEA.

A titre illustratif, le tableau ci-dessous (tableau N° 3) présente des équipements Agricoles faisant fréquemment partie des actifs des MEA.

Tableau N°3:Principaux objets des crédits d’investissement des MEA de production

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Source: PAMF-BF, rapport d’étude pour le développement de nouveaux produits financiers, Février 2017

L’acquisition de ces équipements constitue des investissements. Ces équipements ne peuvent s’amortir que sur plusieurs années. Leurs acquisitions par les MEA nécessitent en cas d’insuffisance de fonds propres, des crédits à moyen terme (crédit dont l’échéance de remboursement est comprise entre 01 et 05 ans), avec idéalement un différé d’amortissement d’une campagne minimum pour commencer à valoriser l’équipement par une extension des parcelles de cultures ou l’amélioration des rendements permise par l’amélioration des capacités techniques.

IV.2.2.2. Demande de crédit d’exploitation des MEA de production

Le cycle d’exploitation d’une MEA comprend la production des biens Agricoles bruts. Les intrants sont des produits entièrement consommés par l’exploitation au cours d’un cycle. Les intrants les plus employés sont: les semences; les fongicides et autres produits de traitement des semences; les plants et boutures; les engrains; les insecticides; les hormones ou régulateurs de fructifications (pour les MEA de production arboricole); les produits de traitement des récoltes; et les fournitures Agricoles assimilées (sacs; sachets; paniersetc.).

La fourniture d’eau d’irrigation est jusqu’ici généralement gratuite, en tous cas les redevances lorsqu’elles existent sont indépendantes de la consommation, il serait grand temps de prévoir une facturation à la quantité car l’eau va devenir de plus en plus un intrant rare qu’il conviendra de bien valoriser or sa gratuité actuelle se traduit par une mauvaise rentabilisation, voire un gaspillage important. A l’avenir le poste eau pourrait devenir un poste important des intrants.

Dans les charges d’exploitation des MEA de production, il convient d’inclure la rémunération de la main d’œuvre lorsque le calendrier cultural impose l’emploi d’une main d’œuvre importante à certaines phases de la culture, au moment de la récolte par exemple.

On devrait y inclure également la rémunération des services de techniciens (agronomes ou vétérinaires), qui prestent des services aux MEA dès lors que ces services essentiels ne sont plus obtenus gratuitement auprès des services publics. Les IF seraient d’ailleurs bien intéressées d’inclure l’obligation de passer un contrat d’assistance technique avec ces spécialistes qui sont par ailleurs, des garants de bonnes pratiques Agricoles et des diffuseurs de techniques améliorées susceptibles de conforter la bonne utilisation des crédits contractées.

Le financement du cycle d’exploitation des MEA de production nécessite des crédits de court terme (échéance inférieure à 12 mois) et dont le remboursement doit être arrimé aux flux d’entrée des liquidités des MEA. Autrement dit, l’échéancier idéal pour ces emprunteurs est le remboursement unique au moment de la vente du produit Agricole.

IV.2.3. Demande de crédit des MEA de transformation

La transformation des produits Agricoles qui sont généralement locaux est la production de produits Agricoles intermédiaires ou finis à partir de produits Agricoles brut. Les MEA de transformation constituent ensemble, le maillon «Transformation» de la CVA.

Au Burkina Faso, la transformation agro-alimentaire représente 12,8% de la valeur ajouté du secteur industriel ou secondaire qui reste dominée par la production textile qui représente 28% de la totale valeur ajoutée du secteur (DGDI, Rapport d’étude sur la dynamique du secteur industriel du Burkina Faso, 2011, Page 14). La transformation des produits Agricoles est très peu pratiquée par des MEA. Néanmoins, on pourrait relever les productions : d’huile de sésame; de riz blanc; de riz étuvé; d’attiéké (semoule issue d’une transformation du manioc); de produits de laits; de produits du soja et des produits dérivés des fruits et légumes.

Cette transformation locale présente un fort potentiel de création d’une valeur ajoutée intéressante pour les CVA Agricoles. La rendre ainsi performante, exigerait cependant à la fois une large diffusion de techniques simples et des matériels adaptés. En général, les produits Agricoles locaux ont leurs prix de vente qui croissent au fur et à mesure que l’on s’éloigne de la période de leurs récoles. Ainsi, ces MEA ont un intérêt économique certain à disposer d’une trésorerie conséquente au moment où les prix de ces produits sont les plus bas possible sur le marché (au moment des récoltes des produits Agricoles végétaux), afin de pouvoir s’approvisionner à des coûts avantageux.

Les besoins de financement des MEA de transformation se répartissent en:

- besoins de crédits de court terme pour financer l’approvisionnement en matière première (produits Agricoles brut) et produits assimilés ; pour rémunérer la main d’œuvre employée;
- besoins de crédit à moyen et de long terme pour financer d’une part l’acquisition/le renouvellement des équipements de production, et d’autre part, pour la réalisation des infrastructures et aménagements critiques.

IV.2.4. Demande de financement des MEA de distribution

Les MEA de commercialisation sont celles qui dans une CVA Agricole ont comme fonction économique l’achat et la revente en l’état des produits Agricoles. Ces produits Agricoles peuvent être bruts, intermédiaires ou finis. La commercialisation peut être locale ou internationale. Les commerçants de la CVA constituent son maillon «Commercialisation ou distribution» qui est en général très hétérogène car regroupant en son sein des collecteurs (acheteurs des produits auprès des producteurs généralement à bords champ), des grossistes et des détaillants.

L’exportation est actuellement effectuée par des commerçants privés qui travaillent le plus souvent pour de grands collecteurs ou négociants au niveau international et qui obtiennent des financements auprès des banques locales ou auprès de banques internationales en raison des accords passés avec de grandes sociétés internationales dans le cadre d’une intégration verticale de la CVA.

Cependant, les commerçants locaux et collecteurs primaires expriment aux moments des récoltes (grande disponibilité des produits Agricoles bruts correspondant au moment opportun pour eux de s’approvisionner), des besoins en liquidité pour effectuer des approvisionnements en vue de la constitution des stocks des produits relativement conservables. Ces besoins de trésorerie ou besoin en fonds de roulement doivent être satisfaits par des crédits de court terme dont l’échéancier de remboursement devrait idéalement coïncider avec les périodes opportunes de revente des produits.

IV.3. Synthèse des principaux besoins en services financiers des MEA

Les MEA qui animent les différents maillons d’une CVA expriment tous des besoins de financement. Le tableau ci-dessous résume les demandes éventuelles en crédits des MEA constituant une CVA type.

Tableau N°4:Synthèse des principaux besoins en produits et services financiers des MEA

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Source: Nous même

CHAPITRE V: L’OFFRE DE CREDITS

Dans la perspective d’établir un état des lieux de l’accès des MEA à des crédits adaptés à leurs besoins, et suite à l’analyse des demandes de crédits des MEA, il convient d’analyser à présent l’offre de crédits disponibles dans le secteur financier du Burkina Faso. Dans ce mémoire nous ne traitons que de l’offre de crédits disponible dans le secteur financier même s’il convient de souligner qu’au Burkina Faso, le secteur financier ne constitue pas le seul acteur dans le financement des MEA. Nous désignons par offre de crédits, l’ensemble des crédits offerts par les Institutions de Financement (IF), en faisant abstraction des subventions que les Organisations Non Gouvernementales (ONG) et l’Etat accordent aux IF dans le cadre des projets de développement du secteur Agricole. Le présent chapitre qui traite de l’analyse de l’offre de crédits disponibles dans le secteur financier du Burkina Faso se compose de deux (02) parties qui traitent respectivement des acteurs de l’offre de financement et des caractéristiques de l’offre de crédits au regard des besoins spécifiques des MEA en crédits.

V.1. Acteurs de l’offre

Au Burkina Faso pour le financement des MEA, il convient de distinguer au niveau des acteurs de l’offre, le système financier d’une part qui se compose d’IF privées et d’autre part l’Etat et les ONG qui interviennent dans ce financement à travers les subventions aux MEA pour l’acquisition d’intrants et d’équipements. Toutefois, il convient également de rappeler que l’Etat intervient indirectement dans le financement des MEA à travers les Fonds Nationaux de Financement (FNF) qui constituent une catégorie particulière de SFD. Dans le cadre de ce mémoire, nous traitons du financement des MEA par les IF. Toutefois, l’importance que revêtent les subventions de l’Etat et des ONG dans le financement des MEA ne peut être négligée. En effet, il est logique de penser que si ces subventions comblaient l’entièreté des besoins de financement des MEA, celle-ci pourraient abandonner le recourir aux crédits des IF.

V.1.1. Secteur financier

Le secteur financier du Burkina Faso est composé de 13 banques commerciales; de 4 établissements financiers; de 08 sociétés d’assurance-dommage; de 05 sociétés d’assurance vie; de 02 institutions financières à caractère spécifique (le Trésor Public et la SONAPOST); de 02 institutions publiques de prévoyance sociale (la CARFO et la CNSS); de 02 sociétés de gestion et d’intermédiation financière (la Société Burkinabé d’Intermédiation Financière et CORIS BOURSE); de 143 SFD ou IMF; de 09 Fonds Nationaux de Financement (FNF); de 88 promoteurs exerçant l’activité de change manuel et de 200 bureaux de transfert électronique de fonds. Le secteur bancaire burkinabé est dominé par les banques panafricaines. Cinq (5) des plus grandes banques détiennent plus de 72% des actifs du système bancaire. La situation de ce secteur demeure globalement stable et saine. Les fonds propres et réglementaires en rapport avec les actifs pondérés des risques atteignaient 9,1% en 2013. Les créances improductives représentaient 4%. Globalement les dépôts couvraient 94,7% des prêts. Les banques affichaient une bonne rentabilité en 2013, avec un rendement du capital total après impôts de 25,1%.

(Burkina Faso, MEFD, SPMF, Rapport d’étude sur l’inclusion financière, Juin 2016)

V.1.1.1. Banques et les établissements financiers

Dans le secteur financier du Burkina Faso, on dénombre plusieurs établissements de crédit qui effectuent des opérations de réception de fonds du public, des opérations de crédit ainsi que la mise à disposition de la clientèle des moyens de gestion de paiement. Le secteur bancaire est réglementé par la loi N° 058-2008/AN du 08 JANVIER 2009. Le paysage bancaire Burkina Faso est marqué par la présence de treize (13) banques et de quatre (04) établissements financiers. Sur le terrain des opérations, on note la présence de BOA–BF; BA–BF; BCB; BHBF; BICIAB; BSIC-BF; BDU-BF; CBI-BF; CBAO-BF; Ecobank-BF; Orabank-BF; SG-BF; UBA-Burkina.

Les établissements financiers sont Alios Finance; Fidelis Finance-BF; SOBCA; SOFIGIB. En 2014, l’agrément de la Banque Régionale de Solidarité a été retiré ainsi que celui de l’établissement financier Société Burkinabé d’Equipement (SBE). Il faut signaler que les établissements financiers à caractère bancaire sont habilités à effectuer les opérations de banque pour lesquelles ils sont agréés. Les banques dominent largement le secteur financier qui représente environ 90% des actifs de ce secteur.

(Burkina Faso, MEFD, SPMF, Rapport d’étude sur l’inclusion financière, Juin 2016)

V.1.1.2. Sociétés d’assurance

Le sous-secteur des assurances au Burkina Faso est animé par quatorze (14) sociétés d’assurances dont 08 de non Vie ou dommages et 06 de Vie. Les sociétés d’assurances de non Vie ou de dommage sont : La Société Nationale d’Assurances et de Réassurances (SONAR-IARD) ; la Société Allianz-Burkina (Allianz-IARD) ; l’Union des Assurances du Burkina (UAB-IARD); la Société Générale des Assurances du Burkina (GA-IARD); la Société SAHAM Assurances; la Société SUNU Assurances, la Société CORIS Assurances ; la Société Jackson Assurances.

Les sociétés d’assurances-Vie sont les suivantes : la Société Nationale d’Assurances et de Ré assurance-Vie (SONAR-Vie) ; la Société Allianz Burkina-Assurance-Vie (Allianz-Vie) ; la Société Union des Assurances du Burkina-Vie (UAB-Vie) ; la Société Générale des Assurances-Vie (GA-Vie) ; la Société CIF-Vie ; la société SUNU-Vie.

En matière d’intermédiation, les sociétés d’assurances sont appuyées par soixante-quinze (75) intermédiaires dont 23 courtiers et 52 agents généraux. Il ressort que le chiffre d’affaires du marché des assurances pour l’exercice 2014 est de 51,019 milliards de francs CFA contre 47,068 milliards de francs CFA en 2013, soit un taux de progression de 8%.

Les prestations et les frais payés aux assurés et aux bénéficiaires de contrats d’assurances s’élèvent à 25,008 milliards de francs CFA contre 23,206 milliards de francs CFA en 2013, soit un taux d’accroissement de 8%.

(Burkina Faso, MEFD, SPMF, Rapport d’étude sur l’inclusion financière, Juin 2016)

V.1.1.3. Fonds nationaux de financement

Les Fonds Nationaux de Financement (FNF) constituent l’instrument privilégié par l’Etat du Burkina Faso pour accompagner financièrement l’entreprenariat des personnes appartenant aux couches sociales les plus défavorisées sur le plan économique. Au nombre de neuf (09), les FNF sont régis par le décret n .2014- 610/PRES/PM/MEFD du 24 juillet 2014 portant statut général des fonds nationaux de financement. Bien que menant des activités d’octroi de micro-crédits, les FNF ne sont pas considérés comme des SFD au sens de la loi.

Les FNF sont: le Fonds d’Appui à l’Initiative des Jeunes (FAIJ); le Fonds d’Appui à la Petite Entreprise (FAPE); Le Fonds d’Appui Aux activités Rémunératrices des Femmes (FAARF); le Fonds d’Appui à la Promotion de l’Emploi (FAPE); le Fonds d’Appui au Secteur Informel (FASI); le Fonds Burkinabè pour le Développement Economique et Social (FBDES); le Fonds de Développement de l’Elevage (FODEL); l’Agence de Financement et de Promotion de la Petite et Moyenne Entreprise ( AFP/PME); Fonds National d’Appui aux Travailleurs Déflatés et Retraités ( FONADR).

(Cabinet d’Ingénierie et de Conseil en Développement d’Entreprise (ICDE), panorama des structures d’appui financier et non financier a l’entreprenariat au Burkina Faso, Juin 2016.

V.1.1.4. Systèmes financiers décentralisés ou institutions de Microfinance

Le sous-secteur de la Microfinance qui se constitue d’Institutions de Microfinance (IMF) ou Systèmes Financiers Décentralisés (SFD) est réglementé par la loi N° 023-2009 / AN du 14 mai 2009 portant réglementation des SFD, le décret N° 2009-839/PRES/P M / MEF du 18 décembre 2009 et les instructions de la BCEAO en la matière. Les SFD du Burkina Faso sont assujettis à la loi N° 18-97/AN du 30 juillet 1997 qui définit et réprime l’usure.

Au 31 décembre 2014, on comptait 143 SFD autorisés pour 371 points de services.

Les défis du sous-secteur de la Microfinance sont entre autres la viabilité financière des SFD, leurs capacités à répondre aux exigences des organes de contrôle et de surveillance, la couverture géographique et l’offre de services financiers adaptés aux besoins financiers de leurs cibles. L'objectif global de la Stratégie Nationale de Microfinance est de favoriser, dans une démarche de finance inclusive, l'accès d'une large proportion de la population à des produits et services financiers diversifiés et adaptés, offerts par des SFD pérennes, supervisés et évoluant dans un contexte légal, réglementaire et fiscal favorable.12

V.2. Contributions de l’Etat et des ONG

A la suite du Plan d’Ajustement Structurel (PAS) et compte tenu des enjeux du développement du secteur Agricole pour l’Etat, l’Etat et ses partenaires au développement se sont engagés à soutenir les acteurs du secteur Agricole. C’est ainsi qu’il s’avère nécessaire de présenter les contributions de ces deux acteurs au financement des MEA.

V.2.1. Contributions de l’Etat au financement des MEA

L’Etat a depuis l’avènement du Plan d’Ajustement Structurel (PAS) intervenu au début des années 1990, apporté son concours au secteur Agricole. Les quatre formes d’intervention de l’Etat dans ce domaine sont:

- Les subventions pour l’achat d’intrants Agricoles qui représentent 42 %des subventions de l’Etat aux acteurs du secteur Agricole ;
- Les subventions pour la réalisation d’infrastructures et l’acquisition d’équipements qui représentent 19%du total des subventions ;
- Les subventions pour le renforcement des capacités techniques des MEA qui représentent 18 %des subventions allouées par l’Etat aux acteurs du secteur Agricoles ;
- Le soutien à la commercialisation des productions par l’achat des produits Agricoles locaux qui représentent 10 %des subventions.

V.2.2. Contributions des Organisations Non Gouvernementales

Les Organisations Non Gouvernementales (ONG) interviennent également dans l’accompagnement des MEA au Burkina Faso. Ces appuis sont multiformes et on peut relever:

- Les formations visant la structuration des OPet le renforcement des compétences techniques des MEA;
- La réalisation d’infrastructures Agricoles (les aménagements de parcelles de culture, construction de magasins de stockage, …);
- Les dotations des MEA en intrant et les subventions accordées aux MEA pour l’achat de ces intrants;
- Le renforcement des capacités institutionnelles des services techniques de l’Etat.

Ces différents appuis sont relativement importants et participent à satisfaire dans une large mesure les besoins financiers et en appuis techniques des MEA.

Un constat qui s’impose de la description des acteurs de l’offre de crédit, est que dans l’ensemble des IF du Burkina Faso, il n’existe pas une seule qui soit spécialisée dans le financement Agricole et Rural. Cette situation augure une faible attractivité des IF par le secteur Agricole.

V.3. Offre de crédits du secteur financier

V.3.1. Grandes tendances de l’offre de crédits du secteur financier

Globalement, le secteur financier ne sert que de façon marginale le secteur Agricole. Les principales contraintes qui conduisent à cet état de fait et qui sont du côté des IF sont les suivantes :

- le coût élevé des services et l’éloignement ou la fragmentation des clients qui font que les banques ne sont pas disposées à se déployer dans les zones rurales ;
- la faible performance des pratiques des agriculteurs qui se livrent à des activités rudimentaires, du point de vue technologique, sur des parcelles de petite taille qui n’atteignent pas souvent la taille minimale pour être rentables, sans avoir accès ni à l’irrigation, ni aux engrais, ni à tout autre moyen pour maintenir ou améliorer leur productivité ;
- l’absence de technologie bancaire et de produits financiers adaptés aux besoins spécifiques des MEA ;
- l’absence de garanties fiables car très souvent la terre ne peut être détenue à titre privé et ne peut donc être présentée comme gage ;
- les risques exogènes liés à l’Agriculture, notamment les risques de production et de prix qui rendent les revenus des Agriculteurs aléatoires et imprévisibles.

Du côté des MEA, les contraintes concernent surtout :

- les difficultés liées à l’obtention de garanties matérielles ;
- la lenteur dans le traitement des dossiers et la non maîtrise des coûts prévisionnels dans le montage des dossiers;
- l’éloignement géographique des institutions financières des MEA;
- les taux d’intérêts élevés;
- les difficultés liées à la mobilisation de l’apport personnel (élevé);
- les difficultés à trouver un aval;
- le déficit d’informations sur les possibilités de financement;13
- les charges élevées liées aux crédits (frais de dossiers, TVA, etc.) ;
- certaines mentalités des micro-entrepreneurs Agricoles ne favorisent pas le développement d’une finance Agricole et rurale. En effet, une bonne partie de ces acteurs sont habitués pendant longtemps aux dons et aux subventions à tel point qu’ils ont développé un réflexe de pauvres ne demandant que des dons et des subventions et non un crédit. Cet état de fait est d’autant plus favorisé par l’existence d’une multitude de projets gouvernementaux et non gouvernementaux qui pratiquent l’octroi incontrôlé de dons et subvention éphémères.

Toutefois, l’analyse historique du volume des prêts octroyés aux acteurs du secteur Agricole montre une évolution en dents de scie sans doute imputable aux conditions climatiques et à l’environnement macro-économique. Le volume des prêts est passé de 720 millions de FCFA en 1980 à un montant de 69,07 milliards de FCFA en 2015 avec une accélération à partir de 2008.

Graphique N°1: Evolution des volumes de crédits octroyés par termes

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Source: Centrale des risques de la BCEAO, 2015.

Graphique N°2: Série chronologique des volumes de crédits octroyés

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Source: Centrale des risques de la BCEAO, 2015.

Le graphique N 1 montre que de 1985 à 2015, les crédits octroyés par le secteur financier aux unités économiques du secteur Agricole, ont été essentiellement des crédits de court terme. Même si la tendance globale des volumes de crédits aux entreprises du secteur Agricole est croissante, la faiblesse des poids relatifs des crédits de moyen terme et des crédits de long terme mérite d’être soulignée. Cela dénote le fait que les IF sont moins enclines à financer l’acquisition d’emplois durables et la réalisation d’infrastructures par les MEA, qu’à financer les cycles d’exploitation de ces même MEA.

Le graphique N 2 révèle également que sur la période de 1980 à 2014, la tendance globale des volumes de crédit octroyés par les IF aux exploitations Agricoles est croissante.

L’interprétation de ces deux graphiques conduit à retenir que les IF du Burkina Faso s’investissent de plus en plus dans le financement des entreprises du secteur Agricoles.

V.3.2. Analyse de l’offre de crédit du secteur financier

Après avoir présenté les tendances globales de l’offre de crédit des IF aux MEA, il convient pour nous de procéder à l’analyse de cette offre dans le but d’apprécier sa capacité à répondre aux besoins spécifiques de crédits des MEA.

Cette analyse se fait à partir de données extraites de rapports d’études sur la problématique du financement des MEA au Burkina Faso. Les points considérés pour cette analyse sont les caractéristiques générales des crédits; la distribution de ces crédits et enfin la promotion des crédits par leurs IF auprès des MEA.

V.3.2.1. Caractéristiques générales des crédits offerts par les IF

Un crédit développé par une IF présente plusieurs caractéristiques. En général, un crédit présente les caractéristiques types suivantes: le montant; la tarification; les modalités de remboursement; les garanties exigées.

Cette première partie de l’analyse de l’offre de crédit des IF s’appuie sur la mise en perspective des caractéristiques de l’offre de crédits et des caractéristiques de la demande de crédits des MEA.

V.3.2.1.1. Montants des crédits proposés par les IF

Les montants des crédits proposés par les IF sont exprimés en plafonds (montant maximal du crédit qui pourrait être octroyé à un emprunteur) ou en intervalle de montants (montant minimal et montant maximal du crédit qui pourrait être octroyé à un emprunteur).

D’une manière générale, les IF rationnent systématiquement les crédits qu’elles octroient par la réduction des montants de crédits demandés par les MEA.14

Cette pratique constitue pour les IF, un moyen pour minimiser le risque de crédit. Elle leur permet notamment d’allouer des montants raisonnables de crédits à plusieurs clients plutôt que de concentrer de gros montants entre les mains de quelques emprunteurs. Mais elle ne permet pas de répondre de façon adéquate aux besoins réels des MEA. Le montant du crédit à octroyer devrait être déterminé à l’issue d’une analyse rigoureuse du besoin exprimé par la MEA et cela idéalement à travers un compte d’exploitation de la MEA.

Un arbitrage systématique à la baisse du montant demandé peut aboutir à l’octroi d’un montant de crédit inférieur au besoin réel de financement du demandeur. L’inconvénient est qu’un sous-financement d’un besoin en fonds de roulement ou d’un investissement peut avoir pour conséquence des contre-performances au niveau des recettes attendues, et partant, des difficultés de remboursement.

V.3.2.1.2. Tarification des crédits par les IF

La tarification d’un crédit est le prix à payer par l’emprunteur ou le contractant de ce crédit. La tarification ou coût du crédit prend en compte en plus de l’intérêt (rémunération du loyer de l’argent), les éléments suivants: les frais de dossier ; les pénalités de retardet les frais d’assurance.

Au Burkina Faso, le taux d’intérêt nominal que peut pratiquer une IF sur un crédit est plafonné par la réglementation. Ces plafonds sont respectivement de 18% et de 24% pour les banques et pour les SFD.

Les MEA sont caractérisées par des rentabilités faibles. Hormis celles qui produisent certaines spéculations dont les marchés sont en fortes croissance15, les taux de rentabilité de la majeure partie des spéculations qu’elles produisent varient entre 10% et 20%16 ). Malheureusement, les taux d’intérêt appliqués aux crédits développées à l’attention de ces acteurs ne sont pas différenciés (ils ne tiennent pas compte des niveaux réels de rentabilité des MEA). Les IF appliquent les mêmes taux en vigueur (soit 10% à 24% en valeur nominale) que pour les acteurs des autres secteurs économiques dans lesquelles les marges bénéficiaires sont généralement élevées (parfois 30% et plus).

V.3.2.1.3. Modalités définies par les IF pour le remboursement des crédits

Du rapport d’étude sur le financement des exploitations Agricoles familiales, SN, 2017, Page 73-78), il ressort queles périodes de mise en place des crédits Agricoles et leurs modalités de remboursement arrêtées par les IF ne sont pas toujours en adéquation avec le cycle complet d’exploitation des MEA (cycle agronomique pour les MEA de production et cycle d’affaires ou de commercialisation pour les MEA des autres maillons).

D’une part, les crédits sont parfois placés trop tardivement (longtemps après le début de la campagne Agricole par exemple), ce qui ne permet pas aux MEA demandeurs de crédits de les investir dans l’activité prévue. Certains emprunteurs affectent ces crédits à d’autres activités, ce qui comporte de grands risques de non remboursement si ces activités ne sont pas suffisamment rentables. D’autre part, les modalités de remboursement ne sont pas toujours bien articulées avec la période de maturité de l’activité financée. L’inconvénient est qu’un délai de paiement trop court (induisant un cycle de commercialisation trop rapproché) ne permet pas à l’activité de générer des revenus suffisants pour rembourser le crédit.17

V.3.2.1.4. Garantiesexigées par les IF avant d’octroyer les crédits

Les politiques de crédits des IF exigent qu’avant que le crédit ne soit mis en place au profit de son demandeur, ce dernier devrait prouver l’existence d’une garantie acceptable dont la valeur est au moins supérieure au montant du crédit demandé. Les garanties systématiquement exigées par les IF afin de pouvoir octroyer un crédit sont pour les crédits individuels des garanties matériels ou financière (dépôt de garantie y compris); et pour les crédits de groupe, la caution morale ou solidaire.

Cependant, la plupart des MEA ne disposent pas des garanties financières ou matérielles répondant aux exigences définies par les IF dans les conditions d’accès au crédit. Faiblement monétarisées, il leur est par exemple quasi impossible de mobiliser les garanties financières (apport personnel, épargne nantie). Par ailleurs, les biens matériels que les MEA peuvent mobiliser comme garantie (terrain des cultures, maisons d’habitation, équipements de production ou de transport, actifs (stock de la productionou bétail) ne répondent ni aux exigences légales de sûretés réelles, ni aux exigences opérationnelles des IF (absence de titres de propriété, valeur juridique non conforme, faible valeur monétaire du bien,).

Ainsi, l’essentiel des MEA est exclue de l’accès aux crédits individuels des IF. Afin de pallier à cette situation, les MEA passent par les crédits de groupe à travers leurs Organisation Professionnelles (OP) afin d’accéder aux crédits des IF. Toutefois, cette alternative se révèle être limitée pour les MEA pour accéder à des crédits adaptés à leurs besoins. En effet, dans cette dernière situation, les MEA ne pourraient que se contenter des crédits que leurs OP peuvent mobiliser auprès des IF et éventuellement concourir au remboursement du crédit affectés par leurs OP à leurs membres défaillants.

V.3.2.2. Politique de distribution des crédits par les IF

Le graphique ci-dessous révèle que parmi les IF présentes sur le marché des crédits au Burkina Faso, ce sont les SFD qui sont les plus proches des MEA, suivi de très loin par les banques. Cela confirme le désintérêt des banques pour le financement Agricole et rural et également les contraintes (manque d’infrastructures et de services, impossibilité de réaliser des économies d’échelle, etc.) de celle-ci à s’installer dans les zones de concentration des MEA.

Cette situation traduit également le fait que les MEA n’ont pas à leur disposition une grande variété de solution de financement externe.

Graphique N°3: Représentativité des IF

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

Source: BF- Rapport d’étude pour la faisabilité de la mise en place d’un FDA18, Février 2017

V.3.2.3. Promotion des crédits des IF

Les MEA n’ont pas souvent une bonne connaissance de la gamme de produits et services financiers disponibles dans les IF. Cette méconnaissance est imputable àla faible promotion de des produits et services financiers des IF mais également à une faible culture financière au niveau des MEA19.

Dans ce contexte, les MEA se contentent d’exposer leurs besoins de financements et attendent des orientations de la part des agents de crédit des IF. En fin de compte, ils se contentent généralement de prendre ce qui leur est proposé par les chargés de prêt ou alors ils se réfèrent aux expériences de crédit d’autres MEA. Très souvent, les MEA prennent ces options sans vérifier au préalable ou a posteriori qu’elles sont en adéquation avec leurs besoins spécifiques. Il s’ensuit souvent des difficultés d’emploi des crédits aboutissant à des impayés de crédit et à des échecs.

Dans la perspective d’inclure les MEA dans la finance, il ne s’agit pas uniquement pour les IF de développer des produits et services financiers adaptés aux besoins des MEA. Il s’agit également pour les IF de faire connaître leurs produits à travers des politiques efficaces de promotion de ces solutions de financement. Au Burkina Faso, la promotion des produits et services financiers auprès des MEA ainsi qu’une éduction financière aux MEA fait largement défaut.

CHAPITRE VI : RESULTATS ET RECOMMANDATIONS

L’examen du financement au Burkina Faso des MEA par le secteur financier a permis de faire des constats sur la satisfaction des demandes de crédits des MEA par les crédits développés par les IF. C’est sur la base de ces constats que les résultats de l’état des lieux seront traités à travers une vérification des différentes hypothèses qui avaient été émises. Le dernier chapitre de ce mémoire traite des résultats et discussions des hypothèses et se termine par la présentation des différentes recommandations découlant des différents constats. La proposition d’une démarche pour la mise en œuvre du FCVA par les IF est présentée en annexe 1.

VI. 1. Résultats et discussions des hypothèses

En rappel, les trois (03) hypothèses qui avaient été émises et présentées en introduction sont:

Hypothèse 1: «Le crédit constitue une source importante de financement du business model de la micro-entreprise Agricole»;

Hypothèse 2: «Les crédits disponibles dans les institutions de financement ne sont pas adaptés aux besoins spécifiques en crédit des micro-entreprises Agricoles au Burkina Faso»;

Hypothèse 3: «L’application du financement chaîne des valeurs ajoutées permet d’améliorer l’accès des micro-entreprises Agricoles à des crédits mieux adaptés à leurs besoins.».

Ci-dessous, le traitement de ces différentes hypothèses à la lumière de l’analyse du marché des crédits au Burkina Faso, sous le prisme de la demande de crédits des MEA.

VI. 1.1. Résultats et discussion de la première hypothèse

L’hypothèse 1 : «Le crédit constitue une source importante de financement du business model de la micro-entreprise Agricole» est une hypothèse confirmée.

En effet, il ressort de l’analyse de la structure financière type d’une MEA, qu’en général, les MEA font recours aux IF pour la mise en œuvre de leurs modèles d’affaire.

Le recours aux crédits des IF par les MEA signifie que ces dernières se heurtent aux limites de leurs fonds propres dans la perspective de financer leurs business model (création; extension; diversificationet modernisation; financement du besoin en fonds de roulement permanent ou additionnel). Les crédits des IF constituent alors une source importante de financement pour les MEA.

VI.1.2. Résultats et discussion de la seconde hypothèse

L’analyse de l’offre de crédits des IF du Burkina révèle que celle-ci est incapable de satisfaire les besoins en crédit des MEA. Malgré l’absence d’une IF dédiée spécifiquement au financement des acteurs des CVA du secteur Agricole, il convient de rappeler la présence dans les gammes de crédits de plusieurs IF, des produits de crédit développés en vue de répondre aux besoins spécifiques des MEA. Toutefois, ce développement de produits financiers aux niveaux des IF s’avère limité au regard des constats issus de l’état des lieux sur le financement des MEA par les IF.

Au regard des insuffisances relevées sur l’offre de crédits des IF, l’hypothèse 2qui stipule que «les crédits disponibles dans les institutions de financement ne sont pas adaptés aux besoins spécifiques en crédit des micro-entreprises Agricoles » est également vérifiée.

VI.1.3. Résultats et discussion de la troisième hypothèse

Le Financement Chaîne de Valeurs Ajoutée (FCVA) est une approche qui adopte un point de vue systémique, en prenant en considération les relations d’affaire entre la MEA demandeuse du crédit et les autres acteurs de la CVA dans l’optique où la garantie est la recette escomptée de l’activité financée par ce crédit. Le FCVA se différencie ainsi donc des mécanismes de financement classiques des IF qui s’appuient essentiellement sur l’analyse de la solvabilité de la MEA demandeuse du crédit dans l’optique où le risque crédit est couvert par la réalisation de la garantie exigée par l’IF de la MEA.

Or de l’état des lieux du financement des MEA, figurait parmi les limites de l’offre de crédit du secteur financier, l’exigibilité systématique par les IF de garanties qui sont par ailleurs difficilement mobilisables par les MEA.

Ainsi, le FCVA se présente donc comme une approche susceptible de permettre aux IF de financer de manière sécurisée les MEA et cela, à travers une meilleure maîtrise du risque crédit qui devient possible grâce à la solidification des liens d’affaire dans la CVA, à l’amélioration des flux d’informations renseignant les IF sur les réalisations des recettes des MEA et le recouvrement des crédits sur ces recettes.

Partant de ce fait, cette approche constitue une solution à la problématique du financement des MEA en ce sens que le blocage pour les MEA lié à l’exigibilité systématique de garanties matérielles, financières ou morales se trouve ici levé. En effet, une meilleure connaissance de la CVA dans son ensemble, notamment des liens d’affaires entre les acteurs de celle-ciet des valeurs des marchés de ces acteurs pourraient permettre à l’IF de mieux se couvrir du risque crédit qu’elle encoure en accordant un crédit à une MEA. Cette possibilité que présente l’approche FCVA est de nature à éliminer le recours systématique aux garanties par les IF dans leurs politiques de crédits.

Par exemple, une IF peut aisément sans exiger une garantie matérielle ou financière consentir un crédit d’exploitation à un emboucheur de bœuf sachant que celui-ci approvisionne par contrat un exportateur de bœuf qui a un compte dans cette IF et qui s’engage à verser la recette de l’emboucheur dans son compte ouvert également dans la même IF.

Par ailleurs, le FCVA peut permettre d’améliorer l’efficience de tous ceux qui fournissent ou de tous ceux qui demandent un financement étant donné qu’ils participent à une CVA. En effet, il permet:

- l’identification des besoins en produits et services financiers des MEA ;
- le développement de produits et services financiers adaptés aux besoins des MEA;
- la réduction des coûts de transaction liés aux opérations de crédits grâce à des remboursements à partir des recettes des acteurs.

Au regard des mérites du FCVA relevés ci-haut, le FCVA constitue bien une des solutions à la problématique du financement des MEA au Burkina Faso.

Ainsi, l’Hypothèse 3: «Le financement chaîne des valeurs ajoutées permet aux IF de mieux financer les micro-entreprises Agricoles.» est une hypothèse vérifiée.

VI. 2. Recommandations

Partant du fait que le financement des MEA par les IF à travers leurs démarches classiques d’octroi de crédits aux acteurs économique s’est révélé limité pour le financement des MEA, il s’impose aux IF d’explorer puis éventuellement d’adopter de nouvelles solutions pour le financement des MEA. C’est ainsi que nous suggérons aux IF qui réalisent du financement Agricole d’adopter l’approche FCVA.

Pour que l’adoption de l’approche FCVA par les IF produise les résultats escomptés, il s’avère également nécessaire pour les IF ainsi que les acteurs intervenant dans le développement du secteur Agricole d’œuvrer au développement de l’approche FCVA. Les sous-sections qui suivent traient de ces recommandations.

VI. 2.1. Recommandation aux IF

Partant de la discussion des résultats faite ci-haut, nous recommandons aux IF qui souhaitent développer en leur sein le financement des Micro-Entreprises Agricoles (MEA), d’intégrer le financement chaînes des valeurs ajoutées (FCVA) comme un apport à leurs processus de financement des MEA.

De manière globale20, l’intégration de l’approche FCVA dans les méthodologies de crédit des IF consiste pour celle-ci à opérer un changement au niveau de leurs approches pour apprécier les risques crédits. En effet, dans l’approche de FCVA, le risque de non remboursement d’un crédit octroyé à une MEA s’apprécie au regard de la solvabilité de celle-ci mais également en tenant compte des performances économiques de la CVA à laquelle elle participe; du climat des affaires (respect des contrats essentiellement) au sein de celle-ci. Ce changement d’approche pour apprécier le risque crédit encouru par l’IF en octroyant un crédit à une MEA se justifie par le principe que dans le FCVA, la MEA remboursera le crédit dont il a bénéficié à partir de la recette de l’opération économique (achat/vente; achat/transformation/vente; etc.) qui a été financé par le crédit.

L’approche classique d’évaluation des risques crédit par les IF se limite à la première dimension d’appréciation qui est le résultat de l’analyse de la solvabilité de l’emprunteur, ici, de la MEA.

La considération des deux (02) nouvelles dimensions du risque crédit qui sont les performances économiques de la CVA et de ses acteurs d’une part, et de la qualité des relations d’affaire entre les MEA dans la CVA, d’autre part, permet à l’IF d’apprécier de manière plus affinée le risque crédit qu’il encoure.

Le respect des contrats dont il s’agit ici le respect des engagements pris entre les acteurs directs de la CVA d’une part, et d’autre part, le respect des engagements pris par les acteurs directs avec l’IF.

De manière pratique, le FCVA recouvre deux aspects qui sont:

- le financement interne de la CVA qui intervient à l’intérieur de la chaîne de valeur. Cet aspect peut s’illustrer par l’exemple d’un fournisseur d’intrants qui accorde un crédit à une MEA ou lorsqu’une entreprise chef de file (leader dans la CVA) consent une avance de fonds à des MEA de production pour sécuriser ses sources d’approvisionnement. Ce financement est le fait des acteurs directs de la CVA et se fait à l’occasion des relations d’affaire entre eux.;
- le financement externe d’une chaîne de valeur est celui rendu possible par les relations établies entre les acteurs directs de la CVA et les IF qui sont des opérateurs de service de la CVA. Un exemple de cet aspect est lorsqu’une IF accorde un prêt à des MEA, sur la base d’un contrat avec un acheteur fiable ou d’un warrant provenant d’une installation agréée pour le stockage.

C’est dans le cadre du financement externe d’une CVA que s’inscrit la présente recommandation qui porte sur l’adoption d’une nouvelle approche d’appréciation du risque crédit dans le cadre d’une CVA ainsi que sur les innovations qu’une IF pourrait opérer au niveau de ses processus de financement des MEA.

Toutefois, compte tenu du fait que les deux aspects du FCVA sont intimement liés (la crédibilité d’une MEA aux yeux d’une IF ne pouvant s’apprécier dans le cadre d’un FCVA en faisant abstraction du fonctionnement de la CVA à laquelle elle participe), il pourrait s’avérer indispensable pour l’IF de participer à l’amélioration des performances économiques et de la gouvernance de la CVA à travers sa participation à la mise à niveau de cette CVA.

VI.2.2. Recommandations aux supporteurs des CVA Agricoles

Le FCVA est conseillé comme une approche prometteuse pour améliorer l’accès des MEA à des crédits et ainsi accroître les performances du secteur Agricole dans son ensemble pour une meilleure contribution de celle-ci à un développement économique durable. Le FCVA reste avant tout une approche permettant aux IF de développer leurs portefeuilles de crédits et parallèlement pour les MEA, de mieux se financer.

Pour une meilleure exploitation des opportunités offertes par l’approche, son développement s’impose et cela devrait impliquer en plus des IF et de leurs clients, tous les acteurs intervenant dans le développement en général et dans le développement du secteur Agricole en particulier.

En effet, certaines de ces mesures d’accompagnement relèvent du domaine des politiques publiques. C’est ainsi qu’elles ne pourraient être mise en œuvre que par l’Etat avec éventuellement l’appui de ses partenaires techniques et financiers au développement.

Les mesures d’accompagnement les plus importantes à ce titre sont: l’intégration de l’approche CVA au niveau des politiques de développement du secteur Agricole; l’amélioration des réglementations des affaires et l’amélioration du suivi de leurs mise en œuvre; la réduction des risques inhérents au secteur Agricole; le renforcement de l’expertise en matière de mise à niveau des CVA, notamment en matière de FCVA; et enfin une reconnaissance des limites du FCVA. Ci-dessous, une description de ces différentes mesures d’accompagnement.

VI.2.2.1. Intégration de l’approche CVA dans les politiques de développement

L’intégration de l’approche CVA dans la conduite des politiques de développement du secteur Agricole consiste à considérer les MEA comme étant des éléments interdépendants dans les systèmes que constituent les CVA. Cela se traduira par les mises à niveau des CVA dans lesquels participent les cibles des projets et programmes. La mise en œuvre des projets de développement des marchés pour les produits Agricoles ou des projets de recherche scientifique au profit du secteur Agricole, ne peuvent pas être efficaces que s’ils impliquent les MEA dans le cadre des CVA.

Les interventions publiques innovantes devraient se concentrer sur la mise à niveau des CVA en s’appuyant sur des modèles économiques viables.

Ces innovations seront les résultats d’une synergie d’intervention entre le secteur public et le secteur privé, avec une politique de soutien, qui ouvre la voie à des MEA performantes au sein de CVA plus solides et plus performants et par conséquence plus attrayantes pour les IF.

VI.2.2.2. Amélioration de la réglementation et de sa mise en application

La solution à un problème d’accès à des crédits pourrait être un mécanisme impliquant des instruments qui ne peuvent être implémentés, faute d’une réglementation défaillante ou encore d’un suivi inefficace de sa mise en application. La possibilité d’appliquer ou non certains mécanismes innovants de financement est tributaire du contexte holistique dans lequel évoluent les MEA.

Pour un développement du FCVA, le rôle premier attendu de l’Etat est d’amélioration la réglementation des affaires et de veiller à sa mise en application. Ces ainsi que l’Etat contribuera à la mise en place d’un contexte holistique favorable au développement du FCVA.

Dans le contexte particulier du Burkina Faso, les défis majeurs à ce niveau peuvent être la certification et le contrôle de la qualité des intrants Agricoles.

VI.2.2.3. Réduction des risques

L’Etat qui s’engage pour développer le secteur Agricole peut faire usage de ses appuis financiers dans le cadre de programmes pour contribuer à réduire les risques dans le domaine de l’Agriculture. Par exemple, des financements gouvernementaux peuvent être utilisés pour soutenir des fonds de garantie, pour développer et promouvoir l’assurance Agricole ou pour appuyer la modernisation et le développement des MEA.

Un des facteurs clé de succès d’un mécanisme de FCVA serait sans doute un climat propice pour les affaires. L’élément le plus important pour un bon climat des affaires dans une CVA est le respect des contrats entre tous les acteurs de celle-ci. Ainsi, l’Etat est invité à contribuer à sensibiliser puis former les micro-entrepreneurs Agricoles afin qu’ils puissent établir des contrats écrits qu’ils respecteront par la suite21. Cela contribuera à un renforcement de la confiance au niveau des CVA, gage d’un financement développé dans une CVA.

Toutes ces actions doivent être menées en tenant compte des objectifs Agricoles du pays, de la nature des fonds, de l’impact à long terme et de la viabilité. L’utilisation de fonds dans ce sens permet de catalyser les financements et les investissements Agricoles, de promouvoir le développement de chaînes de valeur compétitives et des marchés financiers efficaces qui les soutiennent.

VI.2.2.4. Renforcement de l’expertise en matière de mise à niveau de CVA

La faiblesse des volumes de crédits octroyés aux acteurs du secteur Agricole peut s’expliquer par des contraintes économiques auxquelles se heurtent les IF pour le financement Agricole et rural mais également par une expertise assez limitée des IF en matière de finance Agricole et rural. Cependant, une meilleure appropriation de l’approche FCVA par les IF exigera obligatoirement l’appropriation par celles-ci de compétences en mise à niveau de CVA.

Par ailleurs, les méthodologies adoptées par les praticiens pour élaborer les projets de promotion des CVA (dans lesquels s’inscrivent les solutions de FCVA) ne sont pas suffisamment vulgarisées auprès de toutes les parties prenantes, notamment auprès des équipes des IF. C’est ainsi qu’il s’avère nécessaire d’accompagner le développement et la vulgarisation des méthodologies en la matière.

VI. 3. Proposition d’une démarche aux IF pour le FCVA

Par extension du vocabulaire de la mécanique, on appelle mécanisme, tout processus déterministe constitué d’actions successives de cause à effet. Ainsi, nous définissons un mécanisme de FCVA comme le processus par lequel, les acteurs d’une CVA accèdent dans le cadre de cette CVA à des crédits pour se financer. Ces crédits ont deux sources qui sont: la source interne qui provient des acteurs directs de cette CVA et la source externe qui provient des IF qui sont des opérateurs de services de la CVA. Le mécanisme de la CVA étant ici l’ensemble des interactions entre les acteurs directs d’une part et d’autre part, entre ces acteurs directs et les IF. Autrement dit, le mécanisme de FCVA est l’ensemble des liens d’affaire et les règles et principes régissant l’animation de ces liens d’affaire.

Le mécanisme permettant de résoudre le problème d’accès au crédit qui sera par ailleurs déterminé puis implémenté constitue ici le résultat de la démarche.

La présente démarche comporte plusieurs activités. La mise en œuvre de toutes ces activités impliquent la participation de tous les acteurs de la CVA. Les parties prenantes à ce projet constituent ensemble deux (02) groupes qui sont: le groupe des acteurs directs de la CVA (fournisseurs d’intrants spécifiques et d’équipements spécifiques aux autres acteurs; producteurs; transformateur du produit de la CVA; commerçants du produit de la CVA) et le groupe des acteurs indirects de la CVA qui se compose des opérateurs de services dont les IF.

La mise en œuvre du FCVA reste un projet participatif dont l’acteur leader ou l’acteur chef de fil est l’IF. Il est par ailleurs pertinent de relever que la mise en œuvre d’un tel projet implique une mobilisation de ressource humaines, matériels et financières. Ainsi, il revient à l’IF de supporter le coût engendré par le projet et de l’inscrire dans le coût de développement de son offre de produits et services financiers. Toutefois, force est de constater que le coût de ce projet peut s’avérer lourd pour une IF. C’est ainsi, qu’il est nécessaire pour celle-ci dans le cadre de ce projet de nouer des partenariats si cette alternative est possibleavec les Organisations en charge de la promotion des produits et services financiers dans une perspective d’inclusion financière ; et les agences gouvernementales et non gouvernementales de développement qui interviennent dans le développement de l’Agriculture.

Notre proposition d’une méthodologie pour l’implémentation de l’approche FCVA se structure en cinq (05) étapes successives et constituées chacune d’une ou de plusieurs activités. La figure N° 5 schématise la proposition d’une démarche pour l’application du FCVA. Les étapes de cette démarche sont : la reconnaissance de l'existence d'un problème d'accès au crédit dans la CVA et l’engagement à le résoudre; la compréhension de la CVA et de son environnement holistique; l’analyse du problème d'accès au crédit identifié dans la CVA; la détermination de la solution de FCVA en réponse au problème d'accès de crédit; et la mise en application et le suivi de la solution de FCVA retenue.

Figure N°4: Schéma de la démarche pour l’application du FCVA

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

Source: Nous même

La description des différentes étapes de la démarche ainsi que les activités constituant ces étapes est présentée en annexe N° 1.

CONCLUSION DE LA SECONDE PARTIE

L’offre de crédit du secteur financier telle qu’elle se présente actuellement se révèle être incapable de répondre aux besoins spécifiques en crédits des MEA malgré qu’elle comporte des crédits développés par les IF pour se rapprocher de la demande des MEA. La limite la plus importante que comporte cette offre est l’ensemble des conditions à remplir par les MEA afin d’accéder à un crédit. En effet, les MEA pour plusieurs raisons ne peuvent parvenir à satisfaire ces exigences.

C’est ainsi, qu’il s’est avéré pertinent pour les IF et les MEA de s’engager dans le FCVA. En effet, le mérite primordial de cette alternative de financement est de ne pas s’appuyer uniquement sur les garanties matérielles, financières ou morales mais également sur les qualités des CVA auxquelles participent ces MEA, demandeurs de crédits.

A cet effet, il s’est également avéré pertinent de proposer une démarche aux IF pour l’application de l’approche prometteuse.

C’est dans la perspective d’accompagner le développement de l’approche que nous avons jugé indispensable de formuler à l’endroit des acteurs du développement, des recommandations en termes de mesures d’accompagnement.

CONCLUSION GENERALE

Le concept de micro-entreprise Agricole a été retenu dans ce mémoire pour désigner la majorité des unités économiques du secteur Agricole orientées essentiellement ou intégralement vers le marché. Les MEA ont comme opportunité principale la croissance d’une demande en produits Agricole au niveau du marché national et international même s’il convient de relever qu’elles devraient affronter le défi de la concurrence des produits Agricoles importés.

Ces MEA sont handicapées dans leur dynamique d’amélioration de leurs performances économiques et dans leur dynamique de structuration progressive par des difficultés à accéder à des crédits adaptés à leurs besoins.

Dans la perspective de notre proposition de solution à la problématique du financement des MEA, que constitue le FCVA, il s’est avéré nécessaire de mener une revue de littérature sur le concept de CVA puisque le FCVA est une pratique qui s’appuie sur ce concept. Cette revue de littérature nous a permis de connaître le processus d’émergence du concept ainsi que son adaptions et appropriation par une diversité de praticiens aux centres d’intérêts différents.

La revue de littérature sur le financement des entreprises par les IF nous a permis d’entrevoir la difficile relation entre deux types d’acteurs économique qui ont pourtant des intérêts convergents.

Pour répondre aux questions suscitées par la problématique, une approche méthodologique s’appuyant sur les techniques d’exploitation documentaire et sur l’exploitation de données qualitative de source primaire a été retenue.

Dans le cadre pratique de l’étude, l’état des lieux sur le financement des MEA au Burkina nous a permis de nous rendre compte que malgré les spécifiés des besoins en crédit des MEA, celles-ci sont traitées à la même enseigne que les entreprises des autres secteurs. Ainsi, cette situation se traduit par une offre de crédits des IF inadaptée aux besoins des MEA. Nous avons pu par ailleurs démontrer cette inadéquation entre offre et demande sous les angles des caractéristiques majeures des produits et services financiers des IF.

La solution à cette problématique que constitue le FCVA est une approche qui peut être traduite en une démarche. La mise en œuvre de cette démarche consiste globalement à comprendre la CVA concernée et son environnement d’une part, et à employer des instruments de financement et de gestion des risques d’autre part. L’implémentation du mécanisme FCVA constituant la solution pourrait nécessiter des innovations dans divers domaines de l’environnement holistique de la CVA ainsi qu’au niveau des processus des IF pour octroyer du crédit.

Dans son ensemble, ce mémoire est construit dans un cadre théorique qui repose sur la mise en perspective de la littérature académique et pratique sur la problématique du financement des micro-entreprises Agricoles et sur les outils et leçons en matière de FCVA.

Cette étude a donc pour apport théorique par la synthèse des états de connaissances, la précision de concepts clés très souvent employés dans le cadre des études sur la problématique de financement des acteurs du secteur Agricole.

Au niveau pratique, la pertinence de notre travail est d’évoquer la nécessiter d’adopter le FCVA pour le financement des MEA et ensuite, de proposer une démarche pour la mise en application de cette approche prometteuse.

Cette étude comporte une limite qu’il convient de souligner. Cette limite est le biais de démonstration à partir des données qualitatives et quantitatives de source secondaire uniquement. En effet, ces données ont été extraites de rapports d’étude sur la problématique du financement des MEA au Burkina Faso, la méthodologie globale adoptée étant les techniques documentaires. Ainsi, une confirmation des données quantitatives de source secondaire par celles de source primaire n’a pas pu être réalisée.

En perspective, une première piste de recherche envisageable serait d’étudier les rôles d’un modèle de gouvernance d’une CVA sur l’accès des acteurs de celle-ci aux crédits. Un second élargissement de ce thème pourrait être pour nous d’étudier l’efficacité du modèle économique de facilitation de CVA.

Alors que le secteur financier se développe au Burkina Faso et que les nouvelles IF tout comme les anciennes ont tendance à s’inscrire dans la proposition d’une même offre à travers les mêmes process classiques, il existe des segments de marché négligés ou moins compris avec lesquels les IF pourraient s’engager dans la construction de relations d’affaire durables. C’est dans cette optique que le présent mémoire a tenté de proposer une solution à la problématique du financement des micro-entreprises Agricoles.

ANNEXES

Annexe N°1: Proposition d’une démarche pour l’application du FCVA

La mise en œuvre de l’approche financement chaîne de valeurs ajoutées consiste à emprunter une démarche. C’est ainsi que l’annexe N° 1 propose une démarche aux IF pour l’implémentation de cette approche. La méthodologie globale empruntée pour construire cette démarche s’inspire de la Méthode Active de Recherche Participative (MARP).

Etape 1: Reconnaissance de l'existence d'un problème

La première étape de l’approche FCVA est de reconnaître l’existence d’un problème de crédit d’une part et d’autre part de s’engager à résoudre ce problème. Le problème d’accès au crédit dans une CVA est une insatisfaction des besoins en crédits auxquels font face des acteurs d’un maillon ou de plusieurs maillons.

Pour l’IF la pertinence de s’engager à rapprocher les demandes de crédits de ses prospects (les MEA de la CVA) de son offre de crédit se justifie par la nécessiter pour elle d’accroître son chiffre d’affaires à travers la construction d’un partenariat financier durable.

Etape 2: Compréhension de la CVA et de son environnement

La compréhension d’une CVA se fait à travers son diagnostic ou son analyse. Il existe plusieurs méthodologies de promotion ou de développement de CVA qui ont été développées par des Agences Internationales de Développement. Dans ce mémoire, c’est la méthodologie de promotion des CVA développée par la GIZ et proposée dans le manuel du Values Link, édition 2001 qui est adoptée. La tâche la plus essentielle et le noyau de n'importe quelle analyse de chaînes de valeurs est la cartographie de celle-ci. C’est sur la base de la carte de la CVA que les analyses spécifiques de la CVA sont menées.

Activité 2.1: Cartographie de la CVA

Cartographier une CVA consiste à dessiner une représentation visuelle du système ou de la structure de celle-ci. Les cartes identifient essentiellement les acteursdirects ; les opérateurs de services, les supporteurs importants de la CVA ainsi que toutes les relations existantes entre ces acteurs.

Activité 2.2: Quantification et description en détail des relations

Quantifier et décrire de manière détaillée les relations dans une CVA consiste à identifier toutes les relations d’affaire entre tous les acteurs de cette CVA.

La description des relations entre les acteurs de la CVA consiste à:

- déterminer pour chaque relation identifiée, si elle est formelle ou informelles. Une relation est dite formelle quand elle est matérialisée par un contrat écrit ou non. La relation formelle sous-entend en général un lien d’affaire plus solide que ne présente une relation informelle.
- déterminer pour toute relation identifiée si elle est verticale ou horizontale. Dans une CVA, une relation d’affaire est dite verticale quandelle lie deux acteurs de deux maillons différents. Par contre, une relation d’affaire est dite horizontale quand elle lie deux acteurs d’un même maillon dans cette CVA. Dans une CVA, plus ils existent des relations verticales, plus l’intégration économique entre les acteurs est forte.
- d’identifier les flux dans la CVA : Le flux est la matérialisation d’une relation d’affaire. Il s’agit ici pour chaque flux identifié, de déterminer s’il est réel (flux de bien), s’il est un flux de service, ou encore s’il est un flux financier (flux de liquidité ou de dette/crédit).

Le résultat attendu de cette activité est de pouvoir formuler une opinion motivée sur le climat des affaires dans la CVA. Le climat des affaires dans une CVA est perceptible à travers les qualités des liens d’affaire dans la CVA qui peuvent être solidesou faibles. La qualité des relations d’affaire s’apprécie à travers le respect des contrats de transaction entre les acteurs de cette CVA.

Activité 2.3: Analyse économiquement de la CVA

L'analyse économique d’une CVA est l'évaluation des performances économique de celle-ci ainsi que les performances économiques de ces acteurs.

Quantifier le marché de la CVA consiste à déterminer la valeur du marché actuel du produit de la CVA ainsi que la valeur du marché potentiel du produit de cette CVA en termes de volume et en termes de valeur monétaire.

L’analyse économique des acteurs de la CVA consiste à déterminer les valeurs suivantes pour chaque groupe d’acteur ou maillon.

- les coûts d’acquisition (coûts d’achat des intrants ou du produit à un stade donné dans la CVA) supportés par les acteurs ;
- les coûts des consommations intermédiaires et les coûts des prestations de services supportés par les acteurs de ce maillon;
- le prix de cession pratiqués par les acteurs (le prix de cession pour un maillon est le prix auquel ces acteurs vendent le produit de la CVA à un stade intermédiaire aux acteurs du maillon suivant ou aux consommateurs finaux);
- les valeurs ajoutées par les différents maillons sur le produit de la CVA aux différents stades de son élaboration;
- les marges obtenues par les acteurs des différents maillons.

L’analyse économique des acteurs de la CVA permet d’élaborer leurs comptes d’exploitation type. Ces comptes d’exploitation sont nécessaires pour les analyses financières des modèles économiques des MEA dans les perspectives de FCVA et d’élaboration d’offres de produits et services financiers adaptés aux besoins de ces MEA. Quant ’à l’analyse économique de la CVA, elle permet de déterminer la durabilité de la CVA en termes de perspective de marché.

Activité 2.4: Identification du modèle économique de la CVA

Pour une entreprise, le terme modèle économique se réfère à la façon dont elle crée et génère une valeur au sein d’un circuit commercial dans lequel évoluent ses partenaires (clients; fournisseurs; IF; etc.). « ­l’activité qu’une entreprise exerce et comment elle gagne de l’argent en exerçant cette même activité­ » (Vorley, 2008, Page 123).

Pour une CVA, l’expression«modèle économique» ou «business model» se réfère à l’ensemble du système, qui comprend tous les principaux acteurs, les processus et les ressources, ainsi que l’environnement holistique de ce système.

Etant donné que le modèle économique d’une CVA est tributaire du maillon dont les acteurs ont pris l’initiative de piloter cette CVA (sauf le cas de la facilitation de modèle économique ou l’initiative de la structuration et du développement de la CVA est le fait d’un facilitateur de la CVA), l’identification du modèle économique de la CVA s’avère indispensable.

Pour que le financement soit une réussite, la CVA doit être envisagée comme une structure unique et le modèle de cette structure doit fournir un cadre propice à une analyse approfondie.

En effet, dans une perspective de FCVA, c’est à partir des acteurs leaders de la CVA que l’IF peut construire le mécanisme visant une amélioration du financement des acteurs. En effet, ce sont les acteurs qui ont pris l’initiative de piloter la CVA qui sont les plus susceptibles de conduire à bien les éventuels changements que pourraient exiger le mécanisme de FCVA (inscription dans les éventuelles innovations requises; appui à la mise en œuvre de mesures d’accompagnement). Par ailleurs, ce sont ces acteurs qui dans la CVA, réalisent les fonctions clés qui présentent de grandes barrières à l’entrée telles que l’approvisionnement en intrants spécifiques importés; la transformation du produit de la CVA et l’exportation du produit de la CVA. Enfin l’importance de déterminer ces acteurs clés réside dans le fait que ce sont eux qui détiennent très souvent les informations capitales sur tous les autres acteurs.

Activité 2.5. : Compréhension de l’environnement de la CVA

Dans une économie donnée, les éléments constitutifs d’un contexte favorable sont de natures différentes et peuvent concerner, entre autres, l’état de droit, la gouvernance du secteur public, les conditions globales macro-économiques, les infrastructures, la réglementation des activités commerciales et le contexte socioculturel.

La mise en pratique du FCVA est liée au contexte dans lequel opèrent les MEA. Comme pour toute activité financière, le point de départ est d’avoir des conditions qui favorisent des activités commerciales rentables, avec un certain niveau de stabilité. Dans le cadre d’un financement, certains instruments financiers ne peuvent être appliqués qu’en présence d’une réglementation ou du respect de certaines règles.

Ci-dessous, sont présentées les grandes composantes d’un contexte global favorable à la mise en pratique du FCVA.

Réglementation, certification et leurs mises en application

Parmi tous les éléments constitutifs d’un contexte favorable, les normes relatives à la qualité et à la sécurité sanitaire des aliments constituent un des points les plus en plus importants. En effet, un des principes directeurs pour l’intégration des CVA a pour origine l’introduction de normes de qualité, de sécurité et l’exigence d’un strict respect des règles de la part des acheteurs. Les normes concernant les produits alimentaires peuvent être classées en deux catégories :

Celles qui se réfèrent à la sécurité sanitaire des aliments et qui peuvent exiger la certification du respect des conditions normatives minimales;

Celles qui se réfèrent à la valeur intrinsèque du produit. Ces dernières comprennent la qualité, la variété, la taille, la forme, etc., ainsi que la marque, généralement définie par la réglementation commerciale et industrielle et les sociétés elles-mêmes.

Le gouvernement doit jouer un rôle important dans la mise en place des principes généraux directifs pour l’agriculture et les activités agro-alimentaires, tout comme pour la réglementation en matière financière. Dans le financement des CVA, le point le plus délicat concernant la réglementation et l’obligation de la respecter est, sans aucun doute, celui de l’exécution des contrats, point essentiel au bon déroulement continu des accords contractés. Dans les cas, par exemple, où les exploitants Agricoles peuvent rompre un contrat et vendre à une autre partie parce que le prix est plus avantageux ou lorsqu’un acheteur peut renoncer à des achats (ou créer de nouvelles entraves par des contrôles par exemple) quand le prix contracté ne lui convient plus, c’est tout l’ensemble du système qui s’écroule, affectant tous les acteurs de la chaîne.

Contexte macro-économique et contexte social.

Comme énoncé précédemment, le contexte global est l’un des principaux éléments dont il faut tenir compte concernant le FCVA. Certaines Organisations internationales, comme la Banque Mondiale, considèrent les politiques relatives à un contexte favorable comme le facteur le plus important. L’ensemble des composantes socio-économiques d’un pays et les caractéristiques propres à chaque chaîne de valeur jouent également un rôle important dans la nature du financement affluant à l’intérieur ou vers les CVA. Des facteurs tels que le sexe, les origines ethniques, les castes, les classes et la religion peuvent avoir un impact sur le rôle et le statut des acteurs, leur capacité à accéder à des services, y compris financiers, et sur la façon dont les services peuvent être proposés. Dans certains pays, par exemple, le secteur des fruits et légumes et le secteur des produits laitiers forment des chaînes de valeur principalement menées par des femmes alors que les secteurs des produits Agricoles de base et de l’élevage le sont par les hommes. Certains produits plus récents peuvent plus facilement être organisés sous forme de chaîne moderne alors que d’autres, moins récents, le sont moins. C’est par exemple le cas des CVA de la filière du bœuf du Sahel du Burkina Faso, pour lesquelles le maillon «production primaire» est foncièrement traditionnel. Cette situation rend potentiellement difficile la conduite des éventuelles innovations qui pourraient être nécessaires dans une perspective de FCVA.

Les deux précédentes étapes fournissent aux acteurs qui s’inscrivent dans une dynamique de FCVA des connaissances en vue de la compréhension de la CVA ainsi que sur son environnement. C’est sur la base de ces connaissances qu’on peut envisager d’analyser le problème d’accès au crédit à l’étape 3.

Etape 3: Analyse du problème d’accès au crédit identifié

En rappel et comme le montre la figure 7, dans le cadre conceptuel de CVA, les MEA ont deux (02) sources de crédits qui sont:

- La source de crédits interne à la CVA qui se constitue des crédits en espèce et en nature que s’octroient les acteurs directs de la CVA dans le cadre de leurs relations d’affaire;
- La source de crédits externe à la CVA qui se constitue des crédits qui sont octroyés par les IF aux MEA. Les IF constituent ici des opérateurs de services de la CVA car leurs transactions avec les autres acteurs de la CVA ne portent pas sur le produit de celle-ci.

Figure N°5: Flux de production et flux financiers dans une CVA

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

Source: FAO, 2013

Ainsi, une MEA qui participe à une CVA éprouve dans celle-ci des difficultés à accéder à un crédit parce qu’elle ne peut accéder à aucune des deux sources de crédit évoquées ci-haut.

Un problème d’accès au crédit survient dans une CVA si des acteurs dans cette CVA (acteurs directs pour le financement interne; et opérateurs de services pour le financement externe) ne se font pas mutuellement et suffisamment confiance au point de s’octroyer des crédits et par la suite ne disposent pas de solutions sûres pour recouvrir de manière sécurisée ces crédits dans la situation où le crédit devrait être remboursé à partir des recettes des débiteurs plutôt qu’à partir de la réalisation des garanties financières et matérielles mobilisées par le débiteur. Les recettes dont il s’agit ici sont les recettes dont la réalisation a nécessité la mobilisation du crédit.

Comme précisé ci-haut, nous traitons spécifiquement de l’accès pour les MEA aux crédits des IF, c’est-à-dire de l’accès de ces MEA à des crédits de sources externe.

Dans ce cadre précis, pour que l’IF accorde un crédit à une MEA qui devrait par ailleurs régler cette dette à partir de la réalisation d’une recette provenant de l’activité pour laquelle le crédit a été mobilisé, il faudra que les deux (02) conditions suivantes soient remplies:

- Condition 1: L’IF à une certitude que la MEA encaissera effectivement la recette de l’activité économique. L’activité économique dont il s’agit est celle pour laquelle la MEA a contracté le crédit.

Cette condition est remplie si la MEA parvient à rassurer l’IF sur la certitude que la recette sera effectivement réalisée et que parallèlement l’IF trouve cette preuve valable. C’est à la suite de ces interactions que l’IF pourra octroyer effectivement le crédit tout en jugeant son risque crédit maîtrisé.

Pour l’IF le moyen d’apprécier le risque de non réalisation effective de cette vente (risque dont la survenance effective compromettra le remboursement de la dette) est de disposer d’informations sûres sur l’acheteur de la MEA. Ces informations qui devraient être justes peuvent être attestées grâce à la présentation par la MEA d’un contrat de vente qu’il a établi avec l’acheteur pour la vente concernée à une date prévue. Par ailleurs, cette présentation de contrat de vente ne rassurera effectivement l’IF que si celle-ci est convaincue que dans la CVA, les contrats signés entre acteurs sont effectivement respectés. C’est à ce niveau que la MEA exploitera les connaissances qu’elle a acquises sur les qualités des liens d’affaire dans la CVA ainsi que sur la réglementation et son application au niveau de la CVA.

- Condition 2: L’IF dispose de moyens qui lui permettront de recouvrer de manière sûre et certaine le crédit octroyé à la MEA quand celle-ci aurait encaissé sa recette.

Quant à la seconde condition, elle ne sera remplie que si l’IF parvient à mettre en place une solution qui lui permettra de recouvrer le crédit qu’elle a octroyé à la MEA afin qu’elle puisse réaliser l’activité qui devrait engendrer la recette.

La MEA après avoir encaissé la recette de la transaction pour laquelle elle a contracté le crédit, pourrait directement (à travers le remboursement classique d’un crédit par paiement unique) rembourser la dette auprès de l’IF. Toutefois, cette première alternative présente un risque évident, le risque crédit ou le risque que la MEA n’honore pas effectivement l’engagement qu’elle a pris avec l’IF.

C’est ainsi que pour l’IF, le moyen le plus sûr de recouvrer le crédit qu’elle a octroyé à la MEA est d’exiger de la part des acteurs directs de la CVA (ici, la MEA qui vend et l’acheteur de celle-ci), que la recette de la vente transite par elle. C’est à partir de cette transaction de liquidité que l’IF peut se faire rembourser en effectuant une déduction dans la recette de la MEA versée par son acheteur dans son compte, d’un montant équivalent au montant du crédit (principal du crédit et intérêts compris) que devraient rembourser la MEA.

Cette alternative pour l’IF de recouvrer le crédit qu’il a octroyé à la MEA est évidemment plus sécurisée que la précédente. Toutefois, elle exige:

- que la MEA demandeuse d’un crédit ait au préalable un compte courant actif qu’il a ouvert dans cette IF;
- que le client de cette MEA qui peut être un agro-industriel; une société de négoce ou encore une MEA dispose également d’un compte courant actif qui est ouvert au sein de cette IF;
- que les deux acteurs directs de la CVA (MEA débitrice et son client) s’engagent par contrat à faire transiter la recette de la MEA qui vend par l’IF;
- que la MEA autorise formellement l’IF à recouvrer le crédit octroyé en effectuant un prélèvement correspondant au montant du crédit dans la recette versée.

La solution pour l’IF de recouvrer le crédit octroyé comporte plusieurs exigences dont les satisfactions impliquent des transactions ou des opérations qui peuvent être nouvelles (c’est-à-dire qui ne faisaient pas partie des pratiques dans les relations d’affaire au sein de la CVA) entre les MEA de la CVA d’une part ; et d’autre part entre ces MEA et l’IF. Dans le cadre conceptuel de la CVA, ces transactions sont matérialisées par des flux. L’existence d’un flux de bien, de service, d’information ou de liquidité entre des acteurs d’une CVA suppose l’existence de liens d’affaire entre ces acteurs.

Les différentes interactions décrites ci-haut impliquent des flux d’informations, de liquidités et de biens. Certains de ces flux sont nouveaux, car ils ont été engendrés par les nouvelles interactions nécessaires entre les MEA et l’IF en vue de la mise en place et du recouvrement du crédit.

C’est ainsi que l’analyse d’un problème d’accès au crédit dans une CVA s’appuie sur l’analyse des liens d’affaires dans cette CVA et cela afin d’identifier les modifications qui s’imposent.

Pour l’analyse d’un problème d’accès au crédit dans une CVA, le préalable est de déterminer le ou les liens d’affaire comportant ce problème. Les flux étant perceptibles à travers les liens d’affaire matérialisés sur la carte, il est possible d’identifier tous les acteurs de la CVA participants aux flux concernés.

Les données pour l’analyse des problèmes d’accès au crédit dans une CVA sont la carte de la CVA; la description et la quantification des relations d’affaire dans cette CVA; les résultats de l’analyse économique de cette CVA et de ses acteurs.

En effet, la cartographie d’une CVA représente tous les liens qui matérialisent les relations d’affaires entre tous les acteurs de cette CVA. La description des liens d’affaire fait ressortir leurs qualités (liens forts; liens assez forts; liens faibles; etc.) qui renseignent sur l’existence ou non de contrats ainsi que leur application.

Ainsi, la détermination de la solution qui sera traitée dans l’étape 3, ne pourrait se faire sans une modification du mécanisme actuel qui régit les relations financières entre la MEA et l’IF étant donné que ce mécanisme se constitué des liens d’affaire et de l’animation de ces liens d’affaire.

Etape 4:Détermination de la solution

La détermination de la solution au problème de crédit analysé consiste à la détermination d’un nouveau mécanisme. Le nouveau mécanisme étant le résultat des changements intervenus dans l’ancien mécanisme.

Etant donné que le problème d’accès à un crédit de source interne ou de source externe à la CVA que peut rencontrer des MEA dans une CVA provient de l’existence ou non de certain flux qui s’avéreraient nécessaires (il s’agit essentiellement de flux d’informations visant à rassurer l’IF sur la réalisation de la recette et le remboursement du crédit à partir de cette recette), le problème peut alors être résolu par l’introduction des nouveaux flux nécessaires. Ce sont ces nouveaux flux qui permettront la circulation d’informations, de services, de biens ou de liquidité nécessaires à la mise en place et au recouvrement des crédits rendus possibles dans le cadre de la CVA.

Ces modifications visent la mise en place des conditions permettant aux IF participant à cette CVA de pouvoir octroyer de manière sécurisée des crédits en espèce aux MEA de la CVA.

Cela se réalise au besoin à travers une analyse et une comparaison des options de FCVA dans le but de déterminer l’option adéquate. Les options de mécanismes de FCVA sont des choix possibles de couples ou binômes d’outils de financement et d’instruments de gestion des risques.

Ainsi, il s’agit ici d’identifier un instrument de financement dont l’implémentation améliorera un flux de liquidité ou de biens de sorte à résoudre le problème de financement identifié dans la CVA, puis d’identifier également un instrument de réduction du risque inhérent à cet instrument de financement.

C’est à travers une analyse et une comparaison des différents instruments de financement compte tenu des spécificités du problème, de la CVA ainsi que de son environnement holistique que les parties prenantes, identifient l’instrument de financement adéquat, le choix de l’instrument de gestion des risques étant tributaire de l’instrument de financement.

Pour cette étape, un brainstorming ou remue-méninges peut constituer une méthodologie efficace. Ainsi, il devra réunir entre 05 et 08 personnes qui devraient représenter les acteurs concernés par le problème d’accès au crédit, l’équipe technique de l’IF, et les acteurs leader de la CVA.

Pour conduire, cette étape, l’IF qui s’est engagée dans la recherche d’une solution de FCVA pourrait emprunter laMéthode d'Analyse et deRésolution deProblèmes (MARP) qui est une méthode à la fois rigoureuse et participative.

Les quatre (04) critères majeurs d’analyse et de comparaison des options de FCVA sont: la pertinence de l’option; la force de l’option; le risque encouru par l’IF en implémentant l’option et les coûts engendrés par l’option qui seront supportés par les acteurs de la CVA impliqués.

Il existe une multitude et une diversité d’outils de financement qui peuvent être utilisés pour construire un mécanisme de FCVA. A une configuration donnée d’une CVA (combinaison entre le contexte holistique favorable; le modèle économique de la CVA; marges existantes pour les innovations) l’application d’un des outils présentés ci-dessous pourrait s’avérer pertinente. Les quatre (04) catégories d’outils sont: les outils de financement commercial; les outils de financement par créance; les outils de nantissement corporel; et les instruments de réduction des risques.

La présente étape se constitue de trois (03) activités qui sont: le choix d’un instrument de financement parmi les instruments disponibles; le choix d’un instrument de réduction des risques inhérents à l’instrument de financement et enfin, la détermination des innovations requises pour rendre efficace les outils.

Activité 4.1: Choix d’un d’instrument de financement

Le choix d’un instrument de financement comme élément de la solution au problème de crédit analysé pourrait porter sur un instrument de financement commercial; ou un instrument de financement par créance ou encore un instrument de nantissement d’actifs corporels. Ci-dessous, une description des différents types d’instruments de financement qui pourraient être employée pour la définition d’un mécanisme de FCVA.

- Choix d’un instrument de financement commercial

Le financement commercial constitue la forme la plus courante du financement des chaînes de valeur. Ce type de crédit prend le plus souvent la forme de :

1. « ventes préfinancées », dans le cas d’un prêt consenti à une MEA par un fournisseur d’intrants Agricoles

2. « paiements anticipés » effectués par ceux qui achètent les produits Agricoles.

De nombreux types et instruments de financement commercial sont utilisés depuis des siècles et ils se présentent souvent sous la forme de prêts en nature (par exemple, fourniture de semences ou engrais).

Les instruments de financement commercial examinés ici n’ont rien de nouveau. Ce qu’il faut plutôt noter, c’est la façon dont l’approche de la chaîne de valeur Agricole peut concevoir et améliorer ces instruments, avec l’aide de liens renforcés au sein de la chaîne de valeur et la possibilité de disposer d’une meilleure information, de systèmes de communication et d’autres technologies aujourd’hui disponibles.

Choix d’un instrument de financement par créances

Le financement par créances (fréquent dans le cas des exportations) est un terme générique qui comprend tous les financements garantis par des créances à recevoir et des contrats de vente. Ce type de produit financier consiste généralement en un financement consenti en liquide ou en nature, garanti par la remise des créances à recevoir et dont le remboursement est assuré par les sommes retirées des ventes et qui seront remises directement au prêteur. Ce type de financement est comparable au mécanisme du financement sur stocks dans la mesure où la vente future d’un bien ou d’un produit Agricole constitue pour l’emprunteur le moyen de remboursement. Le financement par créances comprend les opérations relatives aux effets escomptés, aux factures d’avoir et à la garantie des remboursements. Il est souvent l’objet d’ajustements visant à satisfaire les exigences individuelles de chaque fournisseur ou acheteur impliqué, ce qui permet de réduire les risques et de rendre les flux de trésorerie relatifs aux ventes plus rapides. Un autre objectif des instruments financiers commerciaux intégrés est celui de servir de moyen de médiation dans la façon dont les divers acteurs de la chaîne procèdent aux acquisitions, aux transactions, aux opérations de suivi et de contrôle et aux opérations financières.

Choix d’un instrument de nantissement d’actifs corporels

Un des concepts clés du financement d’une chaîne de valeur est celui d’utiliser les produits et les transactions commerciales de la chaîne elle-même pour garantir les financements. Dans le domaine Agricole, cela concerne certains biens matériels ou produits Agricoles. Garantir des financements en utilisant des produits Agricoles ou des biens matériels est souvent possible, y compris dans les cas où les liens existants dans la chaîne de valeur sont faibles ou fragmentés. Il est évident que ce type de garantie (par le biais de biens matériels), facilite dans les chaînes de valeur modernes qui offrent des liens solides, des débouchés et/ou des possibilités de stockage, des critères normatifs et qualitatifs largement acceptés et respectés et un fonctionnement gouverné par des contrats ou des accords précis et durables, et mieux acceptée par les banques et par les organismes de contrôle, permet de bénéficier de nouveaux financements moins coûteux et/ou plus souples en réduisant ou redéfinissant les besoins de garantie, quelle qu’en soit la nature.

Activité 4.2: Choix d’un instrument de réduction des risques

Nous pouvons constater au niveau de l’offre des IF, un manque de connaissance et de sensibilisation à l’égard des techniques de gestion des risques et de maîtrise des fluctuations des prix, comme par exemple les techniques d’assurance et autres options possibles, qui pourraient être utilisées pour compenser certains risques dans les CVA. L’expérience a montré qu’il existe plusieurs moyens de réduction des risques (recueil d’informations, intelligence des marchés, bonne connaissance des CVA et liens créés au sein des chaînes). (Tiffen dans Quiros, 2007, Page 71-81). La réduction des risques est un point crucial en matière de financement. Il existe trois types de risques qui sont:

- les risques liés à la production;
- les risques liés aux prix;
- les risques liés au crédit ou risque client.

L’annexe 2 présente des outils de FCVA et des instruments de réduction des risques utilisés dans plusieurs expériences de FCVA dans plusieurs régions du monde.

Activité 4.3: Détermination des innovations à mettre en ouvre

Afin de mettre en place un mécanisme de FCVA déterminé, il peut s’avérer indispensable d’opérer des innovations pour accompagner l’implémentation du mécanisme de FCVA et cela dans un souci d’efficacité.

Les sous-parties qui suivent, traitent des innovations qui pourraient être entreprises par les parties prenantes dans le cadre de la mise en place d’un mécanisme de FCVA. Les diverses innovations possibles ont été regroupée en trois (03) catégories à savoir: les innovations dans la CVA; les innovations financières; les innovations technologiques.

Détermination d’éventuelles innovations dans la CVA

Les progrès accomplis en termes de connaissance et d’expérience sur les CVA ont été parallèles à l’évolution des services financiers, même si ces deux secteurs ont suivi des processus séparés. Plus précisément, une chaîne de valeur Agricole n’est plus considérée comme le simple cheminement d’un produit, de la ferme jusqu’au marché, mais plutôt comme une chaîne complexe avec ses nombreux liens, son contexte économique, les services et moyens disponibles allant de la technologie aux matières premières et, qui subit avant tout les modifications de la demande des marchés.

Le schéma N° 9 montre les différentes structures et les différents liens qui ont une incidence sur le développement des CVA. Les flèches indiquent les flux de circulation des produits, des informations et des services. Les théoriciens et praticiens du développement des chaînes de valeur ont permis de mieux connaître les mécanismes de base d’une chaîne tout comme les relations complexes établies entre les différents acteurs de celle-ci, la viabilité des CVA, les contraintes et les entraves existantes dans le fonctionnement d’une chaîne et les solutions potentielles et durables susceptibles de renforcer les possibilités de réussite. Cela signifie que le développement d’une chaîne de valeur peut nécessiter l’application d’un ensemble d’approches, de méthodes et d’outils absolument nouveaux.

En matière d’innovation dans une CVA, les éventuels chantiers les plus importants sont: la formation des OP de MEA; le développement de ces OPA; le lobbying pour les intérêts de la CVA; le développement de services de base; la vulgarisation des techniques et technologies; les formations et sensibilisations sur la réglementation, son application, le respect des contrats; etc.

Figure N°6: Représentation d’une CVA dans son environnement

Abbildung in dieser Leseprobe nicht enthalten

Source: FAO, 2013

Détermination d’éventuelles innovations dans le financement

Les innovations dans le financement de la chaîne de valeur ont été largement conditionnées par le développement général des chaînes de valeur elles-mêmes, avec l’intégration et la formalisation des liens existants, la mondialisation des chaînes des produits Agricoles, l’intérêt manifesté par les donateurs, les facilitateurs et d’autres acteurs à l’égard du rôle que peuvent remplir les MEA dans ces chaînes et la volonté des Organisations d’appui de développer de nouveaux moyens de soutien. De plus, avec le développement de la Microfinance, des investissements sociaux et d’autres formes de financements non traditionnels, de nouvelles formes innovantes de financement sont en train de se développer, les institutions financières existantes réagissent plus souplement et emploient plus de ressources. Ces efforts sont soutenus par les donateurs qui proposent fréquemment des prêts ou des dons, des garanties, un renforcement des capacités et d’autres formes d’assistance qui peuvent apporter un soutien aux institutions financières dans les cas de risques élevés et d’activités de prêts sans garanties suffisantes. Les inquiétudes croissantes concernant la pauvreté et son éradication, auxquelles se superposent une crise alimentaire de plus en plus sérieuse et la prise de conscience de l’importance de la contribution des MEA à la sécurité alimentaire mondiale, le développement et le financement des chaînes de valeur va continuer à évoluer et à progresser. Les besoins d’adaptation seront à l’origine de nouvelles solutions et de nouvelles innovations dans le domaine du financement des chaînes de valeur, créant ainsi de nouveaux produits et services en mesure de répondre aux situations et au contexte, et de continuer à réduire les risques pour les institutions de crédit. De nombreuses innovations, dont il est question dans ce mémoire, n’en sont encore qu’à leurs balbutiements et demandent à être rationalisées et constamment améliorées.

Le fait que les institutions financières soient disposées à prendre en considération les relations établies au sein des chaînes de valeur et à prendre des décisions financières basées sur des accords entre tiers plutôt que sur la fourniture traditionnelle de garanties est une des innovations les plus importantes concernant le développement des financements Agricoles en faveur des MEA les plus démunis. L’offre potentielle d’un ensemble de services financiers repose sur la solidité de la chaîne de valeur et la répartition des risques entre plusieurs producteurs et entre de multiples chaînes. Les innovations réalisées dans le domaine des assurances contre les aléas climatiques, des assurances/récolte et des assurances maladie ont permis d’accroître la diffusion et l’utilisation de ces dernières, entraînant une réduction des risques, y compris pour les MEA qui peuvent, de ce fait, concentrer leurs efforts sur la productivité et les récoltes commerciales.

Bien que la Microfinance soit une approche financière s’adressant plutôt aux personnes « à faible revenus », celle-ci commence à jouer un rôle plus actif dans le domaine des prêts Agricoles. Les SFD ont généralement concentré leurs activités de crédit dans des secteurs où les risques étaient faibles et les rendements rapides, comme le petit commerce. Mais plus la compétitivité a augmenté dans l’industrie, plus l’intérêt s’est renforcé pour prêter aux MEA, en assumant des risques plus importants. Des stratégies et des instruments pour réduire les risques liés aux prix ont aussi fait l’objet d’innovations importantes, avec des mécanismes très fortement structurés comme les marchés au comptant nationaux et les échanges sur les marchés à terme. Une des innovations les plus importantes est l’utilisation d’Internet et des applications offertes par les téléphones portables, qui permet non seulement de partager beaucoup plus largement des informations sur les prix en vigueur et à venir, y compris parmi les MEA, mais aussi d’utiliser ces informations pour conclure des contrats de ventes à terme de gré à gré. Cela crée à son tour la possibilité d’emprunter des fonds sur la base des contrats de vente et, également, de couvrir les risques de réduction des prix au moment de la récolte ou de la livraison des produits.

Détermination d’éventuelles innovations technologiques

Les nouvelles technologies, et les applications innovatrices qui en sont faites, ont soutenu et favorisé le développement général des services financiers, et, plus particulièrement, celui du financement des chaînes de valeur. En s’étendant de l’utilisation de systèmes d’information de gestion (SIG) permettant de contrôler et de suivre les biens stockés au sein d’un réseau de magasins d’entreposage jusqu’à la possibilité d’effectuer des versements avec un téléphone portable, la diffusion des nouvelles technologies a accéléré le développement des financements Agricoles disponibles. Le rôle facilitateur des nouvelles technologies a fait l’objet de nombreuses études et analyses et, cette section, ne traitera donc que les tendances et les applications particulièrement significatives observées dans les développements récents du financement des chaînes de valeur Agricole.

Eventuel développement du SIG

Les systèmes d’information de gestion (SIG), ainsi que des logiciels et applications spécifiques sont très importants pour la gestion et l’analyse des données et pour établir des rapports pertinents sur le financement des chaînes de valeur. En ce qui concerne les chaînes de valeur à proprement parler, les SIG ont constitué un grand soutien pour leur développement et ont permis de documenter des processus très élaborés comme la traçabilité des produits Agricoles, le suivi des produits entreposés et la consolidation des produits pour la vente. Pour ce qui relève plus précisément du financement, les SIG permettent de gérer les portefeuilles clients, de mettre en œuvre des instruments de financement structurés, de procéder à la commercialisation des produits, à l’analyse des risques, à la détection des fraudes et à des contrôles. Un autre aspect important des SIG est le niveau de sophistication de plus en plus élevé des systèmes de gestion financière et des portefeuilles, à la fois pour les institutions financières et les institutions non financières, qui permettent de gérer et de suivre les prêts, les investissements, les apports en liquide et les créances en nature. Avec de tels systèmes de traitement, de nombreux outils et processus de financement de la chaîne de valeur peuvent désormais être mis en application.

Eventuel développement du réseau d’échanges commerciaux

Les progrès réalisés concernant l’accès à Internet et une meilleure couverture des zones rurales ont facilité la mise en place de réseaux et d’échanges commerciaux qui profitent aux chaînes de valeur Agricoles. Concrètement, cela prend deux formes principales : la transmission d’informations cruciales aux MEA, comme les informations sur la demande liée aux marchés, sur les prix et sur des conseils techniques, et la mise en place de liens commerciaux qui stimulent le commerce des produits Agricoles.

Emploi éventuel des téléphones portables

Dans le cadre de mise en place de solutions de SIG, les téléphones portables et tous les appareils mobiles peuvent être utilisés pour recueillir des données et pour mettre en place le transfert des informations en temps opportun vers les SIG les plus importants. Par exemple, dans des cas d’application liés à la traçabilité, les agents de crédit des SFD présents sur le terrain peuvent suivre chaque MEA, saisir les données sur un appareil mobile et transmettre à distance les informations vers une base de données centralisée. En sens inverse, les informations peuvent être envoyées d’un SIG vers des téléphones portables ou d’autres appareils portables. Par exemple, les MEA équipés peuvent être alertés très rapidement sur les évolutions de prix d’un produit Agricole.

Etape 5: Application et suivi de la solution

L’application de la solution au problème de crédit traité consiste pour l’IF à octroyer des crédits aux acteurs ciblés de la CVA en empruntant le mécanisme déterminé.

Etant donné que le FCVA consiste à mettre en place au sein d’un CVA un mécanisme pour financer ses acteurs ou à améliorer un mécanisme existant et qui présentait par ailleurs des faiblesses, il s’avère nécessaire de suivre l’efficacité du mécanisme. Ce suivi de l’efficacité de la solution de financement trouvée vise à déceler d’éventuelles limites que pourrait présenter le mécanisme afin d’apporter les corrections requises.

Le suiviest ici le processus systématique de recueil, d’analyse et d’utilisation d’informations visant à déterminer en continu l’efficacité du nouveau mécanisme. L’efficacité du mécanisme se mesure en termes de nombre de MEA l’ayant emprunté pour se financer et réaliser avec succès des activités économiques.

Le suivi est entrepris une fois que le mécanisme est implémenté et devrait se poursuivre sur une période jugée relativement longue pour permettre de tirer des leçons.

Annexe N°2: Principaux instruments financiers pour le FCVA

Tableau N°5: Les principaux instruments financiers pour le FCVA

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Source: Adapté de FAO, 2013

Annexe N°3: Types de modèles économiques de CVA

1. Le modèle économique de CVA pilotées par des MEA de production

Les OP de MEA de producteurs sont souvent une composante essentielle pour de nombreuses CVA. Dans certains cas, une telle OP peut devenir un acteur leader pour le développement de la chaîne en fournissant une assistance technique, ou en soutenant la commercialisation du produit.

Les modèles pilotés par les producteurs sont des modèles pilotés par le bas de la chaîne. Ils peuvent conduire à de véritables réussites mais ils doivent affronter deux difficultés majeures. Premièrement, les producteurs peuvent ne pas bien saisir les besoins du marché et comprendre les acteurs de la chaîne qui sont proches de l’utilisateur final. Deuxièmement, les producteurs doivent souvent lutter pour obtenir des financements, à moins qu’ils aient des partenaires solides et/ou qu’ils jouissent d’une aide financière et de liens avec des marchés et des partenaires fiables et compétitifs. Si ces difficultés, et d’autres, rendent les premières années d’existence difficilespar exemple, les modèles pilotés par les producteurs peuvent se renforcer jusqu’à pouvoir accéder à des financements, grâce à la solidité de leurs flux de transaction et au sérieux de leurs partenaires commerciaux.

2. Le modèle économique de CVA pilotées par des MEA de commercialisation

Les modèles pilotés par les commerçants sont à la base de nombreuses mises en pratique du FCVA. Il est souvent dans l’intérêt du commerçant de garantir les flux des produits et de faire usage du financement comme moyen pour inciter et/ou engager les producteurs, les transformateurs agro-alimentaires et d’autres acteurs de la chaîne à leur vendre à des conditions particulières. Le plus souvent, quand un financement est en jeu, ces conditions sont formalisées dans un contrat et, qu’ils soient ou pas formalisés par un enregistrement officiel, ces accords peuvent toujours servir de base pour le recouvrement de prêts.

L’agriculture sous contrat est le modèle le plus fréquent de chaîne de valeur pilotée par les acteurs du maillon commerce.

3. Le modèle économique de facilitation de CVA

Des facilitations mises en œuvre par des ONG et Agences gouvernementales ont prouvé qu’un soutien externe pouvait encourager le financement et l’intégration des MEA dans des chaînes de valeur. En effet, les MEA peuvent:

- ne pas toujours être bien organisées ;
- ne pas faire preuve d’un engagement suffisant ;
- occasionner des coûts de transaction plus élevés ;
- rendre les risques plus élevés, comme dans le cas de ventes parallèles ;
- manquer à la fois de capacité technique et de technologie permettant d’assurer une quantité et une qualité de production élevées et adéquates ;
- manquer de ressources et de capacités organisationnelles permettant une livraison des produits dans les délais habituellement requis.

Pour toutes ces raisons, les coûts d’organisation et de formation des MEA sont jugés trop élevés pour pouvoir être pris en charge par des producteurs leaders, des commerçants leaders ou encore des transformateurs leaders qui ont intérêt et qui souhaitent développer la CVA à travers le FCVA.

Ainsi, les agences gouvernementales de développement et les ONG peuvent fournir une aide afin de faciliter l’intégration des MEA dans les CVA.

Des modèles de facilitation pour le développement des chaînes de valeur ont été développés avec succès dans le monde entier (FAO, 2013, Page 41)

4. Le modèle économique de CVA intégrée

Le quatrième modèle est le modèle intégré de chaîne de valeur. Sa caractéristique majeure est la mise en relation de tous les acteurs de la CVA. Le modèle intégré possède plusieurs caractéristiques appartenant aux autres modèles présentés, comme des relations solides établies par des accords multipartites, l’assistance technique et le strict respect des règles prévues.

Le modèle intégré le plus fréquent suppose une intégration verticale à l’intérieur de la chaîne. L’intégration est généralement recherchée par un gros détaillant ou grossiste-exportateur qui concentre tous ses efforts sur la demande des consommateurs et qui souhaite s’assurer que les intrants, la production et les opérations post-récolte généreront des produits qui répondront à la demande. Le cas de la CVA du coton du Burkina Faso illustre parfaitement ce cas de figure.

La compréhension de la CVA faite à l’étape 1 devrait être complétée par une compréhension de l’environnement globale de la CVA à travers la seconde étape.

Annexe 4 : Guide des entretiens avec les personnes ressources

BALOUM T Louis Charles-IIM- Mémoire de masteur professionnel en AFE

Guide des entretiens avec les personnes ressources

I. Identification de la personne ressource

Date:

Localité:

Service / Structure:

Répondant (identité, fonction / poste ou titre, Contact):

II. Etat des lieux du financement des MEA au Burkina Faso

2.1. Quels sont les principaux besoins financiers des MEA?
2.2. Quel poids accorder vous au crédit dans le financement des MEA au BF?
2.3. Pouvez-vous nous décrire les relations entre les IF et les MEA au BF?
2.4. Quels sont les obstacles au financement des MEA au BF par les IF: côté offre et côté demande?
2.5. Avez-vous des solutions à nous proposer pour résorber cette problématique?

III. Etat des lieux de l’application de l’approche FCVA au BF

3.1. Quelles sont les principales expériences de FCVA que vous pouvez relever au Burkina Faso?
3.2. Comment jugez-vous le degré d’appropriation de l’approche de développement des CVA au Burkina Faso, notamment l’approche de FCVA?
3.3. Quels peuvent être selon vous les apports du FCVA dans le financement des MEA au Burkina Faso?

IV. Perspectives

4.1. Pouvez-vous nous nous donner des pistes pour le développement du FCVA au Burkina Faso?
4.2. Peut-il être pertinent de proposer une démarche pour la conception de mécanismes de FCVA
4.3. Quelles éventuelles précautions devraient prendre une IF qui souhaiterait adopter le FCVA?

Je vous remercie pour votre disponibilité et vos apports!

SOURCES ORALES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. Sources orales

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2. Ouvrages spécialisés

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[...]


1 C. MILLER et L. Jones, 2013, Financement des chaînes de valeurs Agricoles: outils et leçons

2 G. SOMDA, 2017, Rapport de diagnostic de la filière du bœuf du Sahel du Burkina Faso

3 ITTADY Fred Fortune, (2012), le micro entrepreneuriat en Afrique subsaharienne : confusion et délimitation conceptuelles, Séminaire CREAM, Page 1-47.

4 Organisation Néerlandaise de Développement (SNV), (2017), financement des exploitations Agricoles familiers au Burkina Faso, Rapport final d’étude, Page 11-102.

5 Ruth ROSSIER, (2013), l’exploitation agricole familiale: le modèle idéal, Page 10.

6 [6] BAD, 2015, notes sur les expériences de la BAD en finance Agricole et en Microfinance

7 Le système financier classique ou formel est la partie du secteur financier représentée uniquement par les banques.

8 Hernando de Soto (2005),Le Mystère du capital: pourquoi le capitalisme triomphe en Occident et échoue partout ailleurs, Page 27.

9 C. MILLER et L. Jones, 2013, le financement des chaînes de valeurs ajoutées: outils et leçons

10 Laboratoire de Statistique Appliquée à l’Analyse et à la Recherche en Économie

11 Gary Gareffi, (2001), Globalisation de chaînes de valeurs, IDS Bulletin, volume 3, Page 1- 32.

12 Burkina Faso, MEFD, SPMF, Rapport d’étude sur l’inclusion financière, Juin 2016

13 Extrait de l’entretien semi-structuré avec François BOGNOUNOU, janvier 2018.

14 SNV, Rapport d’étude sur le financement des exploitations Agricoles familiales, 2017, Page 52-62.

15 Exemples: la production sésame, la production de l’anacarde, …

16 Source: PAFASP, PADDAB, GIZ, …

17 Extrait des résultats de l’entretien semi-structuré avec Moussa TASSEMBEDO, septembre 2017.

18 Fonds de Développement de l’Agriculture

19 Extrait de l’entrevue avec Noufou KOUSSOUBE, janvier 2018

20 Extrait de l’entrevue avec Georges SOMDA, novembre 2017

21 Extrait de l’entretien semi-structuré avec Nasser. K BILA, décembre 2018.

Final del extracto de 94 páginas

Detalles

Título
Le financement des micro-entreprises agricoles au Burkina Faso
Subtítulo
L'apport du financement chaîne des valeurs ajoutées
Curso
Audit et finance des entreprises
Calificación
1
Autor
Año
2018
Páginas
94
No. de catálogo
V456323
ISBN (Ebook)
9783668897847
ISBN (Libro)
9783668897854
Idioma
Francés
Notas
Fruit d'une profonde recherche sur la problématique de financement des entreprises au Burkina et sur les mérites de l'approche "financement chaîne de valeurs ajoutées". Document rédigé dans une rigueur scientifique.
Palabras clave
Microentreprise Agricole, Financement ;, Financement chaîne des valeurs ajoutées
Citar trabajo
Charles Tebketa Louis Baloum (Autor), 2018, Le financement des micro-entreprises agricoles au Burkina Faso, Múnich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/456323

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