La préposition DE


Term Paper (Advanced seminar), 2008

22 Pages, Grade: 1,5


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Table des matières

Introduction

1 Le terme de préposition

2 La préposition de
2.1 Analyse détaillée des exemples
2.2 Problème sémantique et entourage syntaxique de de…
2.3 Regroupement sémantique des exemples
2.4 L’invariant de de /sa signification de base

3 Conclusion

Bibliographie

Introduction

Conformément aux trois principaux modes d’approche du langage, des aspects syntaxiques, morphologiques et sémantiques vont entrer dans le travail présent. Mais c’est surtout ce dernier domaine qui va jouer un rôle prépondérant, car le but de cette dissertation consiste en une détermination sémantique de la préposition de. En poursuivant ce but, je vais m’occuper tout d’abord du terme de préposition afin de délimiter cette catégorie grammaticale par rapport à d’autres éléments de relation. Ensuite, j’essaierai d’analyser l’emploi concret du de à l’aide des exemples déjà présentés dans l’exposé ci précédent[1], auquel un regroupement sémantique va suivre. Finalement, je discuterai l’invariant de de proposé dans les œuvres consultées pour en venir à une conclusion générale sur les traits caractéristiques de la préposition de, en tenant compte des connaissances acquises lors des chapitres précédents.

Le cadre théorique exposé et la terminologie employée seront en majeure partie guidés par le linguiste Bernard Pottier et surtout par son œuvre Systématique des éléments de relation de 1962 ainsi que par la publication nommée Die französischen Präpositionen (1991) de Jürgen Lang, linguiste allemand, qui renvoie le lecteur aussi souvent aux travaux de Pottier.

Selon les trois niveaux de la langue, la signification d’une préposition peut être décrite à au moins trois niveaux différents[2]: aux deux niveaux extrêmes de ses significations du discours d’un nombre infini et de sa signification du langage homogène, ainsi qu’au niveau moyen où les différents significations du discours peuvent être regroupées sous certains aspects sémantiques. (Lang 1991 : 222) Pour chacun de ces niveaux des exemples vont être donnés dans ce travail.

Je renvoie de plus au fait qu’une analyse des syntagmes prépositionnels incluant de ainsi que le phénomène de de comme préverbe vont être exclus de ce travail parce qu’ils dépasseraient largement le cadre habituellement prévu.

1. Le terme de préposition

Tout d’abord il est nécessaire de souligner que le terme de préposition n’est pas bien choisi pour désigner la catégorie grammaticale intentionnée car il renvoie au mot latin praepositio et donc à la position devant quelque chose. Il est vrai – et on va le voir à un moment ultérieur – que toute préposition fait partie d’un groupe prépositionnel et qu’elle se réfère à son deuxième élément mais celui-ci ne lui succède pas forcément du point de vue syntaxique. Dans les exemples choisis plus bas cette pré -position est en effet respectée mais il ne faut pas pour autant en tirer de conséquence à l’égard d’un trait caractéristique général des prépositions. Seulement, ce dernier, en quoi consiste-t-il alors ?

Regardons la définition introductive d’Arrivé et al. (1986 : 557) : « Mots invariables, les prépositions sont généralement présentées comme n’ayant pas, à proprement parler, de fonction : il s’agirait de simples outils de relation. De liens ou de pivots entre deux termes : termes qui, eux seuls, sont porteurs d’une fonction. »

D’autres linguistes comme par exemple Cervoni (1991 : 5) estiment que les plus abstraites des prépositions françaises, dont de et à font incontestablement partie, résistent le plus à une analyse sémantique. Non seulement les articles des dictionnaires en témoignent, explique l’auteur, mais aussi les études linguistiques qui tournent autour de ce sujet. Cervoni admet que l’accessibilité difficile des prépositions est surtout due à leur nature des mots dits « grammaticaux », ce qui renvoie de manière affaiblie à l’idée des mots vides présentée plus haut, et rend la tâche très délicate lorsqu’il s’agit de filtrer un signifié de l’ensemble signifiant auquel chacune des prépositions participe. Malgré certains emplois essentiellement grammaticaux, elles ne sont pas interchangeables sans qu’une telle substitution ne différencie le contexte respectif[3]. Et c’est exactement ce dernier qui doit être intégré à une analyse sémantique de quelconque préposition, surtout d’une analyse dont la variété des effets de sens et le degré d’abstraction sont aussi grands que ceux de la préposition de.

Comme troisième définition j’aimerais me référer à celle proposée par Le nouveau Petit Robert (2006 : 2055) : « Mot grammatical, invariable, introduisant un complément (d’un substantif, d’un verbe, d’un adjectif, d’un adverbe) en marquant le rapport qui unit ce complément au mot complété. » Plus que les deux précédentes, cette définition souligne le caractère relationnel des prépositions, mais n’étant pas la seule catégorie grammaticale à l’avoir, il est nécessaire d’analyser cette configuration comprenant trois éléments principaux d’un peu plus près. Pour ce faire Pottier – et d’après lui aussi Lang – ont eu recours à des éléments structuraux abstraits comme le terme A, le terme B et le morphème de relation R qui représente la préposition respective et sert à situer le contenu du A – le complément selon Le Nouveau Petit Robert – envers le contenu du B – le mot complété : Dans un exemple comme Savoir qqc de source sûre[4] , on a la préposition de qui relie non seulement le fait de savoir quelque chose et sa source, mais elle situe le premier (le A) envers le dernier (qui correspond dans la terminologie ici employée au B). Par conséquent, c’est un schème du type suivant qu’on reçoit dans un premier temps : A – R – B. (Lang 1991 : 23).[5]

2. La préposition de

Reprenons l’exemple déjà cité plus haut : Savoir qqc de source sûre. Dans un premier temps, j’en ai relevé une relation du type : A – R – B. Mais un regard plus attentif permet de constater que la liaison R – B est plus intime au niveau de la syntaxe que la liaison A – R. (Il est peut-être maladroit de dire De source sûre savoir qqc cependant il est complètement faux et incompréhensible de dire Source sûre, savoir qqc de.). La formule citée plus haut devient ainsi : A = (R – B).

Quant à de, Pottier (1962 : 67) a formulé cette relation entre R et B de la façon suivante : « ‘De’ précède toujours le déterminant dans la relation établie par de entre un déterminé et un déterminant »:

Le fils du précepteur vs. Du précepteur le fils, ce qui correspond à des variantes stylistiques.

C’est surtout la fonctionnalité de cette formule qui va être étudiée lors des exemples suivants :

(1) Rien de nouveau ne s’est produit.
(2) La ville de Genève.
(3) Venir de l’école.
(4) L’avion de Berlin.
(5) Savoir qqc de source sûre.
(6) Jean de La Fontaine
(7) Du 1er janvier au 31 décembre.
(8) Travailler de nuit.
(9) Être puni de ses fautes.
(10) Dommages de guerre.
(11) « Ellénore éprouva quelque joie de ce que je paraissais plus tranquille » (Constant)
(12) Être coiffé d’un bonnet.
(13) Citer de mémoire.
(14) Avancer d’un pas.
(15) De…en : De temps en temps.
(16) Les œuvres de Beckett.
(17) Système de Taylor
(18) Le fils de Pierre.
(19) Le prix d’une maison.
(20) Sac de papier.
(21) Tas de sable.
(22) Objet de luxe.
(23) « Des yeux d’ardeur et de passion » (Mauriac)
(24) Paquet de cigarettes.
(25) Troupeau de moutons.
(26) Les cigarettes du paquet.
(27) Les moutons d’un troupeau.
(28) La plupart des hommes.
(29) Large d’épaules.
(30) Parler de tout.
(31) La pensée de la mort.
(32) La tonte des moutons.
(33) La ville de Paris.
(34) Le mot (de) liberté.
(35) Il qualifie ce journal de tendancieux.
(36) Comme de juste.
(37) Ce ciel est d’un bleu !
(38) Il est ennuyeux de rester chez soi.
(39) (à valeur active de narration) Et les enfants de sauter et de crier.
(40) Nous avons trois jours (de) libres.
(41) « Il y avait eu six mille barbares de tués » (Flaubert)
(42) En voici une de terminée.
(43) Cinq minutes de plus.

[...]


[1] Les exemples utilisés sont sans exception extraits du Robert, P. (2006). Le nouveau Petit Robert.

[2] La terminologie des niveaux de la langue ici employée s’oriente au linguiste Prof. Dr. Lüdtke, présentée ainsi dans son cours magistral « Einführung in die romanische Sprachwissenschaft » lors du semestre d’hiver 2003/04

[3] Déjà présenté sur le polycopié de mon exposé, Grevisse & Goosse (1993 : 427-430) proposent quelques contextes précis lors desquelles de et à peuvent exceptionnellement être interchangés. Quand même la question s’y pose si cette substitution ne modifie pas le contenu respectif.

[4] Cet exemple correspond au numéro cinq des exemples qui seront explicités de façon plus détaillée dans un deuxième temps de cette dissertation.

[5] Après une délimitation sémantique de la catégorie de la préposition il en résultent 24 prépositions simples pour le français : à, après, avant, avec, comme, dedans, de, depuis, derrière, dès, devant, en, entre, hors, jusque, par, parmi, pendant, pour, sans, selon, sous, sur, vers. À part des prépositions simples il y existent encore des syntagmes prépositionnels comme par exemple à partir de, autour de, etc. (cf. Lang 1991 : 57/58)

Excerpt out of 22 pages

Details

Title
La préposition DE
College
University of Heidelberg
Grade
1,5
Author
Year
2008
Pages
22
Catalog Number
V87148
ISBN (eBook)
9783638012768
File size
449 KB
Language
French
Keywords
Präposition, préposition, de, von
Quote paper
Anna Kozok (Author), 2008, La préposition DE, Munich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/87148

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