Les relations franco-allemandes entre 1949 et 1963


Trabajo de Investigación (Colegio), 2000

24 Páginas, Calificación: 12 Punkte


Extracto


Table des matières :

I. La naissance du conflit entre la France et l`Allemagne en 1870/71 et la légende des ennemies héréditaires

II. L`évolution des relations franco-allemandes entre 1949 et 1963

1) 1949 - 1954: Phase du rapprochement circonspect
- Création du Conseil de l`Europe .
- Création de la République Fédérale d`Allemagne (RFA)
- Adenauer devient chancelier de la RFA .
- Fondation de la République Démocratique Allemande (RDA)
- Accords du Petersberg .
- Le Plan Schuman et la création de la Communauté européenne du charbon et de l`acier (CECA)
- Échec de la Communauté européenne de défense (CED)
- L`offre de Staline
- Accords de Bonn
- Admission de la RFA au sein de l`UEO et de l`OTAN
2) 1955 - 1958 : Phase du rapprochement constructif
- Relance européenne
- Le problème sarrois
- L`intégration de la Sarre à la RFA
- Création de la CEE et de l`Euratom
- Traité de Colomb -Béchar
- Crise de Suez
- Traités de Rome
- projet européen d`une bombe atomique
3) 1958 - 1963 : Phase de la réconciliation .
- De Gaulle devient Président
- Le mythe du couple de Gaulle - Adenauer
- Négociations pour l`Union européenne
- Échec du Plan Fouchet
- Le Traité franco-allemand
- Une analyse du Traité d`un _il critique
- Création de l`office franco-allemand pour la jeunesse
- Les réactions au Traité de l`Élysée
- Erhard devient chancelier allemand

III. Les relations franco-allemandes entre 1949 et 1963 vues par la population des deux nations pendant cette période

Bibliographie

La naissance du conflit entre la France et l`Allemagne en 1870/71 et la légende des ennemies héréditaires

La haine héréditaire : depuis longtemps on utilise cette expression pour caractériser les rapports entre la France et l`Allemagne. Mais, en fait, ce terme n`a de justification que depuis 1870/71. Bien sûr, il y avait des guerres et des conflits avant, comme entre pays voisins, mais pas de cette façon fondamentale.

En 1870, il existe initiée par Bismarck, une grande disposition à créer le cliché de l`ennemi français. Il sait bien que l`antagonisme franco-allemand sert à édifier une nouvelle Allemagne unie et forte. Les pays du Nord et du Sud doivent être unis dans la lutte contre l`ennemie extérieure. De la part de la France, ce sont l`imprudence et la politique du prestige de Napoléon III (il considère la France comme une nation sure de soi, parfaite et prospère), qui permettent les actions de Bismarck. Le motif apparent, qui mène à la déclaration de guerre de la France le 19 juillet 1870, est l`affaire autour de « la dépêche d`Ems ». En mai 1871, après plus d`une année de guerre, la paix de Versailles et le Traité de Francfort mettent fin à la guerre. Mais, cela implique que la France, la perdante, doit rendre l`Alsace et la Lorraine à l`Allemagne. Et cette annexion, étant remportée ensemble par les états du Nord et du Sud de l`Allemagne, est le moyen le plus sûr de perpétuer la nouvelle unité allemande. De plus, le système européen d`Etats, élargi à l`Italie et à l`Allemagne, absorbe la prédominance française. Tout cela constitue une grande blessure pour la France. Ce ne sont plus seulement les régents français et allemands qui se n`aiment pas, mais ce sont les deux peuples. Il semble donc que toute vraie réconciliation franco-allemande est rendue impossible.

A ce moment, la France est isolée. L`Allemagne, au contraire, a toujours des alliées. Les alliances à l`Autriche, à l`Italie (Triple Alliance de 1882) et partiellement à la Russie (Entente des Trois Empereurs de 1881, Traité de Réassurance de 1887) servent à stabiliser l`Europe et à protéger l`Allemagne. Mais, en 1890 l`ère bismarckienne avec sa politique de statu-quo est terminée. Le jeune empereur Guillaume II suit une nouvelle politique extérieure. Il veut s`allier avec la Grande-Bretagne contre la France et la Russie. Cependant, en 1894, la France et la Russie créent une convention militaire défensive. La tentative allemande en 1898 d`établir une liaison entre la Grande-Bretagne et la Triple Alliance par sa grande flotte de guerre échoue. De plus, l`Allemagne unifiée est devenue dans les années précédentes la grande puissance économique et militaire de l`Europe. Ce fait alimente la crainte des Européens vis-à-vis

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de l`Allemagne impériale. Un climat de tension s`installe en Europe. La façon de penser de Guillaume II n`aide guère à calmer cette tension. En 1887, il refus de renouveler le traité de Réassurance avec la Russie et conserve la Triple-Alliance avec l`Autriche et l`Italie. Essuyant la rebuffade, les Russes s`entendent en 1907 avec les Anglais et les Français sur la Triple-Entente. Ainsi, l`Europe est divisée en deux camps armés. Le cauchemar de Bismarck s`est donc réalisé.

De la première à la deuxième guerre mondiale

Entre 1905 et 1914, la France et l`Allemagne s`affrontent de plus en plus. Dans le cadre de la première guerre mondiale l`Allemagne déclare la guerre à la France le 3 août 1914. Au cours des quatre prochaines années, Français et Allemands se livrent plusieurs combats sanglants, particulièrement à la Somme, à la Marne et à Verdun. Jusqu`à l`armistice de Compiègne le 11. novembre 1918, l`Allemagne et ses alliés perdent 740000 soldats, les Alliées 765000. Enfin, la paix de Versailles le 18 juin 1919 rend l`Alsace et la Lorraine à la France, oblige l`Allemagne à payer des réparations pour les destructions qu`elle a causées et exige la démilitarisation de la Ruhr. La Rhénanie est occupée jusqu` en 1930. Comme les conditions du Traité sont très dures, l`indignation parmi les Allemands augmente. En 1921, les Alliées occupent même quelques citées de la Rhénanie pour obtenir de l`Allemagne une augmentation des concessions de réparations. En France, le Ministre Président Aristide Briand démissionne le 12-1-1922, étant critiqué par le sénat. Ce changement de gouvernement mène à un tournant en politique étrangère. Briand a toujours essaié de créer un système collectif de sécurité par une politique de réconciliation et de démilitarisation. La France devait y prendre une position dominante. Cependant, Poincaré, le successeur de Briand, poursuit la réalisation inconditionnelle du Traité de Versailles. En 1923, l`Allemagne se dote d`un nouveau gouvernement sous Gustav Stresemann. Il aspire même à la réconciliation et à abandonner la résistance passive, qui a été suivi par Cuno à cause de l`occupation de la Ruhr par des séparatistes français jusqu`en juillet 1925. Jusqu` en 1931, la réconciliation franco-allemande paraît s`établir sous Stresemann et Briand, ministre des affaires étrangères (pacte Briand- Kellogg).

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Quand Hitler arrive au pouvoir en 1933, les rapports franco- allemands recommencent à se détériorer, car Hitler fait de la revanche sur la France, un des thèmes dominants de sa propagande. L`apogée du pouvoir d'Hitler en France est atteint en juin 1940 après six semaines de guerre. La France est divisée en zone occupée et en zone libre, dont la capitale est Vichy et qui sera aussi occupée en novembre 1942. D'abord, le régime de Vichy sous maréchal Pétain collabore avec les Nazis en créant le service du travail en Allemagne, la déportation des Juifs et la lutte contre la Résistance. Mais, en même temps la Résistance, soutenue par le général de Gaulle, devient plus forte. Après la libération de la France en 1944, il reste le sentiment de la grande humiliation causée par les Allemands.

L'immédiat après guerre

A cause des dégâts causés par la guerre, les puissances européennes perdent leur prédominance économique, militaire et technique dans le monde. Dans l'immédiat après- guerre, l'équilibre global ne dépend plus de la paix en Europe, particulièrement de celui entre la France et l'Allemagne, mais dépend des relations entre les Etats-Unis et la Russie. La force explosive des relations franco-allemandes se perd. Le point litigieux de ces rapports est l'organisation des structures du pouvoir en Europe et la réalisation des intérêts nationaux.(1) De 1945 à 1949, l'attitude française à l'égard de la voisine outre-Rhin est encore très négative. La France craint que l'Allemagne redevienne un pays puissant à cause de sont développement économique très fort. En particulier, elle ne veut pas que l'Allemagne devienne plus puissante que la France. De ce fait, la dépendance allemande des Alliées est très importante pour les Français.

La Phase du rapprochement circonspect de 1949 à 1963

En 1949, dans la mesure ou le conflit Est-Ouest s'amplifie et que la France se trouve attirée, malgré elle, dans la politique hégémoniale américaine, une acceptation du fait accompli, c`està-dire que la RFA regagne lentement un statut autonome, devient de plus en plus certain.(3) Car, en fait, les Français, comme les Allemands, dépendent de

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l'aide américaine pour la reconstruction du pays. La France comprend donc qu`elle choisit le moindre mal en se rapprochant de l'Allemagne Ce rapprochement franco-allemand se fait le plus souvent dans le cadre du mouvement européen. C'est aussi dans l'organisation du Mouvement européen qu'on trouve les personnes les plus importantes de la réconciliation franco-allemande. Ce sont, d`une part le Président allemand de 1949 à 1963 Konrad Adenauer, d` autre part le Président français de 1958 à 1969 Charles de Gaulle, Robert Schuman, le Ministre français des affaires étrangères de 1948 à 1953 et Jean Monnet, à la tête du Commissariat général au plan, par qui le plan Schuman est rédigé.

Voilà les premières étapes sur la voie du nouvel esprit européen de 1949 : La création du Conseil de l'Europe le 5 mai, dont la RFA ne ferra partie que le 5 mai 1951, constitue une première instance qui s'occupe de la coopération entre les états européens. Le changement du statut d`occupation de l'Allemagne donne le pouvoir exécutif dans une large mesure à l'Allemagne. Le statut de la Ruhr est également modifié. Elle se trouve maintenant sous le contrôle international, pour que « les ressources de la Ruhr ne soient pas utilisées à des fins d'agression, mais dans l'intérêt de la paix ».(4) Le 7 septembre, la République Fédérale d`Allemagne (RFA) est fondée. En septembre, Adenauer devient son premier Chancelier, Theodor Heuss son premier Président. Un mois après, la République Démocratique Allemande (RDA) sous le Président Wilhelm Pieck est proclamée.

En France, on entend de plus en plus de paroles qui proclament une étroite coopération franco-allemande, représentant ensemble le centre d'une Europe libre et neutre. Même le nationaliste de Gaulle est obligé par la raison d'état d`envisager une amitié plus intime avec la RFA et à accepter sa fondation.(5) Cela veut dire que les Français reconnaissent lentement que la création d'une Europe avec l'Allemagne est plus rassurante que l'isolement, car on peut, jusqu'à un certain point, contrôler le voisin. Cependant, le maintien par l'Assemblée nationale de l'internationalisation de la Ruhr après le sommet de Petersberg montre que chez la plupart des Français la confiance dans la RFA est encore très ébranlée. Dans les Accords de Petersberg les Alliés décident en plus la prévision de l`accueil de « ...l`Allemagne au sein de la communauté européenne,...(la diminution du)... nombre des démantèlements prévus... (et l`appartenance de la RFA à )...l`Autorité internationale de la Ruhr...»(6)

Le Plan Schuman et la création de la CECA

Au cours de l'année 1950, l'Europe sert encore plus fortement comme planche de salut pour les rapports franco-allemands. (7) Ils se posent deux problèmes importants aux deux antagonistes : Le problème de l'acier et du charbon et celui de la Sarre. A cause d'une crise de surproduction dans le secteur acier en 1949, la France craint la supériorité de la RFA en ce domaine. Elle exige donc un commissariat supranational, pour que le marché soit régulé. C'est le plan Schuman du mai 1950 qui offre une solution. Ce plan est en réalité un concept alternatif de Jean Monnet, engendré depuis 1945. Monnet et sa commission y proposent l'unification de l'Europe de l'Ouest par la méthode fonctionnelle. C'est à dire il doit être créée une région économique européenne, être installé le libre-échange en Europe, l'industrie minière de la France et de la RFA doit être soumise à une haute autorité européenne (d'autres domaines et pays peuvent suivre) et les industriels français doivent vaincre leur malthusianisme à cause de la coopération directe.(8) Ce plan est présenté lors d'une conférence de presse le 9 mai. Robert Schuman et Adenauer sont spontanément d'accord, car le plan fait d'une pierre plusieurs coups.(9) Il suit la « Déclaration (...) à l'origine de la création de la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) »(10) La CECA commence son travail le 18 avril 1951 sous la direction de Jean Monnet. Mais, le plan Schuman ne peut être imposé que par la vitesse et par la surprise avec laquelle il est soulevé. Car, l'industrie française craint la concurrence et souffre encore de son complexe d'infériorité envers l'industrie allemande. De la part de l'Allemagne, on désapprouve le plan parce qu'on pense que le marché commun du charbon et de l'acier sert seulement à la France pour assurer son alimentation en charbon.(11) Malgré tout, après 18 mois le plan est ratifié par l'Assemblée nationale, mais le plan Schuman ne mène pas tout de suite à la suppression de la méfiance à l'égard de l'Allemagne. Le problème de la Sarre ne sera être résolu qu'en 1955.

Pendant tout le temps de cette discussion autour du plan Schuman, l´atmosphère est déjà tendue à cause du problème du réarmement allemand, qui sera certainement une rude épreuve pour les rapports franco-allemands.(12)

En juin 1950, lors de l`éclatement da la guerre en Corée et donc l`intensification de la guerre froide, Adenauer accepte la proposition de l`OTAN de renforcer les «...troupes d`occupation (...) et la création d`une armée européenne intégrée qui devait, entre autres, comporter des unités allemandes de moindre importance... ».(13) En 1950, les Français font une proposition pour une armée européenne avec le plan Pléven. Il n y a aucun doute que ce plan est une tentative française d`éviter la satellisation de la France et de conserver une certaine prépondérance en Europe.(14) A contrec_ur, les représentants benelux, français, allemands et italiens signent enfin un contrat de la Communauté européenne de Défense (CED) le 27 mai 1952. Mais, le rejet du traité par l`Assemblée nationale française, dans une large mesure influencé par la protestation de de Gaulle, en août 1954, fait échouer la CED.

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Le 3 octobre 1952, Staline essaie par une note de « barrer la route à la conclusion de traités entre les Occidentaux » et l`Allemagne. «...Il propos(e) une solution panallemande... » avec des troupes autonomes. (15) Adenauer refuse cette offre de Staline. Pour le développement des relations franco-allemandes, cette action montre que l`Allemagne et la France, comme un représentant occidental, se trouvent de plus en plus dans le même bateau. En mai de la même année, l`Allemagne et les trois puissances signent le Traité de Bonn. Il contient des accords sur les rapports entre la RFA et les trois puissances. Il remplace le statut d`occupation de 1949. Les buts les plus importants sont l`intégration de la RFA dans la communauté des Etats européens sur la base de l`égalité en droits et le maintien de l`ordre librement démocratique et fédéraliste garanti dans la constitution.

En 1954, la RFA regagne de plus en plus de décisions autonomes. Lors de la Conférence des Quatre sur l`Allemagne en février, le ministre des affaires étrangères Georges Bidault, déclare que la RFA aurait « la liberté du choix de ses alliances »(16) et rejette aussi la note de Staline. Enfin, la RFA est admise au sein de l`UEO (Union de l`Europe occidentale) et de l`OTAN le 20 septembre. Cela implique le réarmement allemand et l`aide et l`assistance des autres partenaires en cas d` attaque.

Pour les relations franco-allemandes, les démêlés autour de la CED et puis la participation à l`OTAN des deux pays signifie un rapprochement. Car, les deux pays sont obligés de réduire leurs objectifs nationaux et ainsi regagnent une vue réaliste de leurs possibilités. De plus, sur le parquet politique français on n`entend plus tant de voix germanophobes après l`échec de la CED, qui est pour la France plus un signe de faiblesse que de puissance.(17)

La phase du rapprochement constructif de 1955 à 1958

Ce revirement de l`opinion en France à l`égard de la RFA fait débuter la phase du rapprochement constructif des rapports franco-allemands.

L`année 1955 est la première année de la relance européenne et par ailleurs celle par excellence. Cette relance est positivement influencée par la croissante volonté de concertation du peuple et par le développement du système international, dans lequel se manifeste une bipolarisation en Europe. La France ne montre plus tant de volonté d`indépendance des EtatsUnis, mais est contente de la sécurité, qu`offre une Allemagne divisée, qui prospère dans le miracle économique. Il n y a donc pas d`émotions hostiles.(17a)

La solution du problème sarrois

Le problème de la Sarre est également résolu de la façon suivante : Après l`échec de la CED, les Allemands et les Français considèrent la Sarre comme une charnière entre les deux nations, par laquelle on peut bien dissimuler les objectifs nationaux et arriver aux compromis. Pour cette raison un statut européen semble raisonnable. Malgré tout, il y a des divergences d`opinion entre Adenauer et Mendès-France, le Ministre Président français. Adenauer veut, par exemple, que le statut sarrois soit provisoire, Mendès-France au contraire veut qu`il soit

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définitif. A cause du climat croissant en faveur des Allemands en Sarre, Adenauer essaie de retarder un référendum sur le statut, tandis que les Français le veulent immédiatement. Enfin, le référendum a lieu le 22-10-1955. Le peuple sarrois y contrarie les plans gouvernementaux, en votant pour l`intégration de la Sarre à l`Allemagne et contre le statut européen à 67,7 %. Le traité de la Sarre est ratifié par le Bundestag le 1-1-1957 et la Sarre fait donc partie de la RFA. La France obtient quelques compensations : livraisons de charbon sarrois, accord sur la canalisation de la Moselle et sur l`aménagement du Rhin supérieur. Malgré l`échec de ses plans en 1955, les deux côtés sont décidés à ne pas mettre en danger le développement positif des rapports franco-allemands. On s`occupe donc rapidement des problèmes de la vie courante.(18)

La création de la CEE et de l`Euratom

La vie quotidienne contient à ce temps-là une série de négociations. Lors de la Conférence de Messine en juin 1955, J.W. Beyen, le ministre des affaires étrangères des Pays Bas, propose «...(l`)intégration économique dans un cadre supranational...(et)... l`utilisation pacifique de l`énergie nucléaire. »(19) Comme Schuman soutient cette idée, à cause de l`indépendance du pétrole, il y est formée une commission sous Paul Henri Spaak, Ministre des affaires étrangères en Belgique, pour créer un marché européen commun. En novembre 1955, à la Conférence de Genève, l`Union Soviétique ne veut pas discuter sur la question allemande. Elle considère comme plus important de modérer ses problèmes avec les Etats-Unis. Mais cela stimule indirectement le mouvement Européen. Adenauer constate que la réunification allemande est un problème européen et qu`« ...il n`y a pas à attendre de concessions sérieuses de la part de l`Union Soviétique aussi longtemps que la désunion de l`Europe lui donnera l`espoir de pouvoir faire éclater la cohésion occidentale .» (20)

Mais, les négociations pour le Marché commun et l`Euratom ne sont pas toujours faciles. Pour équilibrer la faiblesse de sa position économique, la France demande beaucoup de privilèges. Elle désire par exemple réaliser l`ancienne idée d`une région économique euro-africaine dominée par la France, elle se réserve le droit d`avoir ses propres armements nucléaires et elle veut une lente transition à un marché commun. La France suit dans cette question une politique défensive. La RFA au contraire favorise une politique offensive, préférant que le marché commun soit rapidement installé avec beaucoup de libertés de commerce intérieur comme extérieur. En mars 1956, le traité de Colomb-Béchar entre Adenauer et Guy Mollet prévoit une «...collaboration industrielle et technologique dans le domaine atomique, civil comme militaire...»(20a) incluant l`Italie. Mais en l`automne 1956, les négociations semblent échouer.

Ce qui aide au succès des négociations, c`est l` aggravation de la crise au canal de Suez à la fin du mois d`octobre. Français et Anglais, qui se comprennent comme puissances protectrices du canal, attaquent des positions égyptiennes pour contraindre l`Israël et l`Egypte à terminer leurs combats. Dans la mesure où il y a la menace d`un conflit global, les Etats- Unis et les Nations Unies forcent les ennemis à mettre fin aux combats. La diplomatie d`Adenauer pendant la crise de Suez mène à ce que la commission sous Paul Henri Spaak trouve enfin des compromis. C`est à dire Adenauer souligne l`amitié de la RFA et de la France et fait des concessions en ce qui concerne les armements nucléaires français.

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Le 25 mars 1957, les Traités de Rome créent la Communauté européenne économique (CEE) et l`Euratom qui comprend moins d`éléments supranationaux que les traités du Charbon et de l`Acier. Le protocole annexé déclare que le commerce interzone est considéré comme une partie du commerce dans la zone de la CEE. Il n`est donc pas nécessaire de modifier le système existant en Allemagne. Les Traités de Rome,

La signature des Trait é s de Rome même s`ils sont d`un caractère de compromis, constituent l`apogée d`une phase extrêmement constructive dans les relations franco-allemandes de 1956 à 1958 où on ne se perd pas dans des phrases et des symboles. Mais il y a une vraie relation confidentielle appuyée sur des résultats concrets.(21)

Il serait pourtant exceptionnel dans le domaine difficile des rapports franco-allemands s`il y avait une époque sans difficultés. C`est ainsi qu`il y a dans les années de 1956 à 1958 des discussions échauffées. Maintenant, il s`agit d`un projet commun de la France, de la RFA et de l`Italie sur la construction d`une bombe atomique pour renforcer la puissance militaire européenne en raison des circonstances globales. A la fin de l`année 1957 et au début de l`année 1958, on arrive en fait à la décision de réaliser ce projet. Mais, le général de Gaulle, le futur Président français étouffera cette avance juste après son arrivée au pouvoir.

La phase de la réconciliation de 1958 à 1963

L`insurrection à Alger le 13 mai 1959 suscite le nouvel engagement politique du général de Gaulle, l`ancien chef de la Résistance. Pour être utile à sa patrie il reprend le poste de Ministre Président français le 1 juin 1958 et devient le premier Président de la V. République en 1959. L` arrivée au pouvoir de de Gaulle est accueillie avec inquiétude en Allemagne. Le chancelier allemand et son peuple se méfient des anciens buts du général de 1946/47. Celui a strictement opposé une Europe supranationale, la création de la CECA, de la CED et de la CEE.

Comme, pendant les années 50, l`intégration européenne sert de véhicule pour le rapprochement franco-allemand et vis versa (22), le nouveau Président tente de réaliser son objectif d`une France indépendante par la coopération entre la France et l`Allemagne. Mais dès le début de sa régence, de Gaulle suit une tactique finement conçue. Il veut se servir de la République fédérale pour la politique étrangère de la France. Voici, les arrières pensées de de Gaulle intégrées dans son concept :

Pour la France, de Gaulle envisage la consolidation de son indépendance, prépondérance et direction en Europe. De plus, il veut la coopération franco-allemande pour être capable d`utiliser le potentiel allemand pour la politique étrangère française et pour pouvoir contrôler dans une certaine mesure la voisine outre-Rhin. En ce qui concerne le statut de l`Etat allemand, il reconnaît la frontière Oder-Neisse, il défend le statut de Berlin contre l`URSS et affirme même le droit allemand à la réunification.

Pour l`Europe et le monde, de Gaulle veut mettre fin à la « double hégémonie » franco- américaine en Europe, l`établissement de l`Europe comme « troisième force » dans le monde (une Europe des Six sans la Grande-Bretagne), la création d`un meilleur équilibre global et, à long terme, la dissolution des blocs de l` Est et de l`Ouest .(23)

Lors de sa première rencontre avec Adenauer à Colombey-les-deux-Eglises le 14/15 septembre 1958, de Gaulle expose son concept au chancelier allemand, car il cherche son appui. Etant venu avec beaucoup de réticences, Adenauer part de la maison de campagne du général avec confiance. Il montre même de l`admiration pour lui. Le Président français se comporte tout à fait en homme d`Etat, conciliant, généreux et prévoyant envers Adenauer,

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Le mythe du couple de Gaulle - Adenauer

qui de sa part est très impressionné de de Gaulle.(24) Ici, on voit déjà la différence de rôle entre les deux hommes, différence marquée par un sentiment discret d`infériorité d`Adenauer par rapport de de Gaulle.(25)

Cependant, on ne comprend pas facilement pourquoi Adenauer prétend que de Gaulle n` est pas un nationaliste intransigeant ni obstiné dans ses exigences. Adenauer, quant à lui, interprète les paroles de de Gaulle à son aise. Il accepte même de ne pas avoir été informé de de Gaulle sur sa proposition aux Etats-Unis et à la Grande-Bretagne d`un « directoire à trois » dans l`OTAN le 17 septembre 1958.

Un commentaire d`Adenauer après la seconde rencontre à Bad Kreuznach le 20 novembre 1958 rend bien clair quel changement d`attitude s`est passé :

« J` é tais plein d`inqui é tude, car je craignais que la fa ç on de penser de de Gaulle ne soit si fondamentalement diff é rente de la mienne qu`une compr é hension mutuelle en devienne extr ê mement difficile... Sous ce rapport, j`ai trouv é tr è s int é ressant la remarque suivante de de Gaulle : La t â che la plus difficile qui m`attend est de faire redescendre de leur ciel nationaliste les nationalistes fran ç ais sur le sol de la r é alit é . Dans sa conception de la situation mondiale, il se trouva en accord avec moi. Et surtout pour penser que l`Allemagne et la France devaient ê tre li é es par une é troite amiti é . C`est seulement gr â ce à cette amiti é entre l`Allemagne et la France qu`il sera possible de sauver l`Europe de l`Ouest. » (26)

Mais Adenauer oublie-t-il complètement ses intérêts primaires de 1949 ? La RFA voulait faire partie intégrante d`une alliance atlantique forte. Et cela semble seulement possible sous la protection des Etats-Unis. Car, la RFA est, contrairement à la France, une voisine directe du bloc soviétique, ce qui la rend plus menacée et plus réduite dans sa marge de man_uvre. A part cela, Adenauer lui-même admet l`existence d`un conflit qui concerne l`intégration militaire au sein de l`OTAN. Lors d`une conversation, ayant lieu a dessein, avec Michel Debré, il déclare qu`une liaison étroite aux Etats-Unis est une condition essentielle à un renforcement interne des partenaires de l`Alliance. Par ailleurs, le chancelier allemand ne craint pas autant la puissance de la commission supranationale de la CEE que le fait de Gaulle. (27) Les paroles de de Gaulle d`une « autodéfense européenne » ne peuvent donc pas être prises au sérieux par Adenauer. Mais que fait le chancelier ? Il essaie de persuader Kennedy que l`attitude de refus de la part de Gaulle envers l`OTAN résulte de la faiblesse de l`Alliance et qu`à long terme, un changement de politique envers les Etats de l`Est apporterait à la France sa place dans l`Alliance.

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Ces deux aspects sont des exemples de la grande contradiction, presque schizophrène, dans la politique étrangère allemande, qui tente de jouer le jeux aux deux boules (28) et de dissimuler avec un tel comportement les divergences fondamentales et les intérêts différents de la France et de l `Allemagne. Les conséquences en seront ressenties après la signature du Traité franco- allemand.

« Négociations pour l`Union européenne »(28a)

La prochaine étape sur le chemin du Traité franco-allemand est l`initiative de de Gaulle d`une union politique européenne à Six sous la direction franco-allemande. L`échec du sommet de Paris, au sujet d`armes intercontinentales, fait que de Gaulle propose à Adenauer le 29/30 juillet 1960 au château de Rambouillet son concept d`une union politique. De Gaulle veut transformer la puissance économique de la CEE en puissance politique. Bien que quelques points restent incertains (politique de défense, de finances etc.) et bien qu`Adenauer n`approuve pas la prépondérance française dans la conception, il soutient la proposition de de Gaulle.

Mais, il y a beaucoup de critique, surtout de Bonn, qui force de Gaulle à atténuer ses propositions. On critique le manque de supranationalité, craint le danger de concurrence entre les organisations établies et on trouve inacceptable la réforme de l`OTAN.(29) En mars 1961, une commission sous Christian Fouchet est constituée pour discuter de la conception. Au printemps 1962, les Six, c`est-à-dire la France, la RFA, l`Italie, la Hollande, la Belgique et le Luxembourg, décident enfin d`un concept selon les idées de

de Gaulle. Ils veulent créer une « ...Union « indissoluble » des États...(européens, dont)...la plus haute instance...(est)...un Conseil des Chefs d`Etats et de Gouvernements...».(30) Mais, l`initiateur lui-même fait échouer le plan à cause de son veto contre l`intégration de l`Angleterre, exigence absolue des pays du Benelux.

Entre-temps, de Gaulle continue à se faire des amis en Allemagne. L`échec du Plan Fouchet et la fin de la guerre en Algérie renforcent son engagement pour l`amitié franco-allemande, car il décide de faire de nécessité vertu en voulant appliquer les idées du Plan Fouchet aux relations franco-allemandes.(31)

Il en suit une série de voyages des deux hommes d`Etats en France et en Allemagne. En juin 1962, de Gaulle fait un voyage à travers l`est de la France, du 2 au 8 juillet, Adenauer va en France et enfin du 4 au 9 septembre 1962, de Gaulle fête un vrai triomphe à cause de sa popularité pendant son voyage en RFA. Ultérieurement, on perçoit cette énorme man_uvre démagogique de de Gaulle afin de séduire le peuple allemand et d`attaquer l`intégration européenne. Lors de ses discours théâtraux à plusieurs occasions, il couvre l`idée de la coopération franco-allemande de fleurs, quelquefois en écartant les plus anciens traumatismes français comme anachroniques,(32) par exemple lors de l`allocation prononcée aux usines de Thyssen :

« J`ai souhait é venir vous saluer sur le lieu de votre travail et vous exprimer l`amicale pens é e des Fran ç ais... Pour que Charles de Gaulle soit ici et pour que vous lui fassiez cet accueil cordial et é mouvant, il faut vraiment que la confiance existe entre nos deux peuples... Eh bien ! Oui ! Aujourd`hui, ce qui se fait dans la Ruhr, ce qui se produit dans des usines- mod è les comme celles-ci, n` é veille plus dans mon pays que sympathie et satisfaction... A vous tous, je demande de vous joindre à moi pour c é l é brer un fait nouveau, l`un des plus grands de notre si è cle : l`amiti é de l`Allemagne et de la France !... » (33)

Le 19 février 1962, la France propose à la RFA un mémorandum sur la politique commune étrangère, économique, de défense, d`armement, de la Presse et de l`information, qui constitue le prédécesseur du Traité franco-allemand.

Cela et la crise des relations germano-américaines en hiver 1962/63 (Conférence de Nassau) décide Adenauer de faire avancer la réconciliation franco-allemande. On travaille maintenant sur un traité franco-allemand à toute vitesse, ce qui irrite les autres Etats. Le 14 janvier 1963, de Gaulle refuse de nouveau l`adhésion de la Grande-Bretagne à la CEE. Cela fait échouer le concept Kennedy de partager les fardeaux globaux plus équitablement entre les Etats-Unis et l`Europe.(34)

Le traité franco-allemand

Le Traité entre la République française et la République fédérale d`Allemagne sur la coopération franco-allemande est donc signé le 22 janvier 1963 dans un climat tendu et sans l`euphorie des mois précédents.

Ci-après les intentions principales, exprimées par le texte du Traité :

Par un programme de rencontres régulières entre les dirigeants français et allemands, on aspire à harmoniser ses positions et à coopérer efficacement dans tous les domaines importants. En politique étrangère, « Les deux gouvernements se consulteront, avant

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toute décision, sur toutes les questions importantes...(d`intérêt commun,)...en vue de parvenir, autant que possible, à une position analogue. »(35) Les questions d`intérêt commun sont surtout la politique européenne, «...les relations Est-Ouest...», les organisations internationales et la politique d`alliances. « En matière de défense ...(le Traité)...prévoit une harmonisation sur le plan stratégique, des échanges de personnel et l`élaboration de projets d`armement communs. Dans le domaine de l`éducation et de la jeunesse, il propose des efforts dans l`enseignement de la langue du partenaire, l`adoption d`équivalences pour les diplômes et une coopération dans la recherche scientifique. »(36) On envisage même une coopération sur le Marché commun dans les domaines de l`agriculture, de l`énergie, du transport, du développement industriel, de l`exportation et du crédit.(37)

Dans la déclaration commune du 22 janvier 1963, le général de Gaulle et Konrad Adenauer expliquent leurs objectifs communs fixés dans le Traité de l`Élysée. Ils sont « Convaincus que la r é conciliation du peuple allemand et du peuple fran ç ais, mettant fin à une rivalit é s é culaire, constitue un é v é nement historique qui transforme profond é - ment les relations entre les deux peuples, Conscients de la solidarit é qui unit les deux peuples tant du point de vue de leur d é veloppement é conomique et culturel, Constatant en particulier que la jeunesse a pris conscience de cette solidarit é et se trouve appel é e à jouer un r ô le d é terminant dans la consolidation de l`amiti é franco-allemande, Reconnaissant qu`un renforcement de la coop é ration entre les deux pays constitue une é tape indispensable sur la voie de l`Europe unie, qui est le but des deux peuples... » . (38)

Une analyse du Traité d`un _il critique (39)

En tout bien considérant, le Traité se compose seulement de déclarations d`intention. A vrai dire, il n`est qu`un calendrier de consultations n`exigeant pas d`engagements obligatoires. C`est-à-dire les deux partenaires continuent à décider souverainement de leur politique. Il y a même quelques clauses dans le Traité qui sont incompatibles avec la politique des deux pays. Par exemple sur le plan de la défense où la France se réserve le droit de conserver sa liberté d`action et où la RFA est liée aux Etats-Unis. Ici le texte n`est jamais pris au sérieux et n`est jamais exercé, parce que les deux Etats devraient complètement changer leurs priorités quant à la politique étrangère. Le Traité ne permet pas de réaliser les arrière-pensées des deux chefs d`Etats : le contrôle de la politique étrangère allemande par la France et l`empêchement d`une entente franco-russe par la RFA.

Le seul point concret dans le Traité, qui prouve son efficacité jusqu`à nos jours, c` est la création de l`Office franco-allemand pour la jeunesse (OFAJ). Cette organisation, créée le 4/5 juillet 1963, permet aux personnes de toutes les couches sociales de faire des jumelages et de faire la connaissance de leur pays voisin.

Ce qui est un affaiblissement du contenu du Traité, c`est le préambule, ajouté par le parlement allemand. Les représentants du peuple allemand craignent que, à cause du Traité la continuité de la politique étrangère allemande soit en danger. Le texte suivant contredit dans une large mesure les objectifs suivis par la France. Mais le parlement

allemand ne ratifie le Traité que sous la condition « ... à savoir le maintien et la consolidation de l`union des peuples libres, en particulier d`une association é troite entre l`Europe et les Etats-Unis d`Am é rique, la r é alisation du droit à l`autod é termination pour le peuple allemand et le r é tablissement de l`unit é allemande, la d é fense commune dans le cadre de l`Alliance de l`Atlantique Nord et l`int é gration des forces des Etats group é s au sein de cette Alliance, l`unification de l`Europe dans la voie ouverte par la cr é ation des Communaut é s europ é ennes, en y associant la Grande-Bretagne et d`autres Etats d é sireux d`y adh é rer, et le renforcement plus pouss é de ces

Communaut é s, ... » .(40)

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L`Assemblée nationale française ratifie le Traité le 13 juin 1963 sans préambule, parce qu`elle trouve que celui-ci détruit la substance du texte.

L`esprit et l`application du Traité restent incertains. Déjà des consultations sont lieu entre la France et la RFA, les options fondamentales ne s`harmonisent pas, il n`existe pas de projet commun, et malgré tout le rapprochement à la base entre les populations a déjà beaucoup avancé.

Les réactions au Traité de l`Élysée (39a)

Les réactions de l`étranger sont aussi négatives. La Russie voit dans le Traité une nouvelle menace militaire, les Etats-Unis le perçoivent comme un affront contre l`intégration atlantique et les représentants de la CEE critiquent la création des relations privilégiées parmi les partenaires européens.

En somme, après les grands espérances de 1962, la concorde simulée du Traité peut être interprétée comme un acte de résignation vis-à-vis des divergences fondamentales franco- allemandes et vis-à-vis des forces globales que la France et l`Allemagne ne sont pas capables de changer. Après la signature du Traité, l`enthousiasme pour la coopération franco- allemande cède aux problèmes de tous les jours. Adenauer continue à jouer un double jeu et se rallie à la Force atomique multilatérale (MLF), proposée par Kennedy. C`est aussi celui-ci que les Allemands font un accueil triomphal lors de sa visite en RFA. De Gaulle perd de plus en plus d`intérêt pour le Traité. Avec le nouveau chancelier allemand Ludwig Erhard, l`ère de l`enthousiasme pour la coopération franco-allemande cède à une époque de refroidissement.

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Les relations franco-allemandes entre 1949 et 1963 vues par la population des deux nations pendant cette période

On a jusqu`ici longuement parlé des engagements politiques pendant les années de 1949 à 1963. Pourtant, c`est aussi important et intéressant de s`occuper de l`opinion publique vis-à- vis du couple franco-allemand. Car, c`est naturellement l` amélioration de la situation des citoyens d`un pays, pour laquelle la politique existe. La réconciliation entre la France et la République fédérale d`Allemagne est d`une grande importance pour la normalisation de la vie après la guerre.

Dans ce contexte, on doit distinguer les donnés sur les deux côtés. En France, la population est encore extrêmement touchée par les crimes nazis. C`est donc normal, que la germanophobie y est très répandue. Le comportement opportuniste du peuple allemand pendant le III. Reich nourrit les anciens préjugés envers les Allemands. Les Français craignent que l`Allemagne s`éloigne de l`Occident pour coopérer avec la Russie (complexe de Rapallo) ou qu`elle abuse du conflit Est-Ouest croissant pour regagner sa puissance.(42) L`espoir de pouvoir mieux contrôler le pays explique que la plupart des Français sont pour la division de l`Allemagne en 1945. Mais, en France, on est tellement occupé par la reconstruction du pays, que la question comment juger les Allemands se posent surtout aux politiciens.

Les Allemands se voient, à cause de la responsabilité collective, qu`on leur donne, contraints de refouler toute sorte de francophobie. Cette possibilité de développer une nouvelle attitude envers l`étranger est la grande chance qui s`offre aux Allemands après la guerre. (43) Au cours de temps, on reconnaît une lente amélioration des opinions publiques vis à vis du pays et du peuple voisin. Ce qui y contribue, c`est l`existence des groupes en France, dont les journaux « Esprit » et « Documents » ou le « Comité d`échanges avec l`Allemagne », qui ne croient pas à une responsabilité collective de l`Allemagne, mais qui se sentent dans une certaine mesure responsable pour le destin de la voisine.(44)

Dans l`évolution des relations franco-allemandes de 1949 et 1963 il y a quelques points qui émeuvent les deux populations. D`abord, le plan Schuman ne constitue pas encore une avance dans le rapprochement des deux nations. Jusqu`à la signature de la CECA en 1951, l`opinion publique française est encore marquée par la méfiance vis-à-vis de la RFA. La question du réarmement allemand, qui se pose lors de l`élaboration de la CED, suscite des réactions très fortes des Français. Ils trouvent inacceptable, qu`une nation guerrière (51% des Français en 1954) (45) regagne le statut d`une puissance qui peut influencer la stratégie de l`OTAN. La France craint d`être utilisée enfin pour des intérêts allemands.(46) Un grand sondage en juillet 1954 révèle que l`opinion française ne fait pas confiance aux Allemands. 51% des Français pensent que le peuple allemand aime en principe la guerre, 61% que les Allemands sont encore capables de construire des camps de concentration, 52% que le traité de Versailles n`était pas assez sévère et 32% que Français et Allemands ne peuvent pas se réconcilier à long terme. (47)

La crise de la CED change complètement l`opinion publique. L`échec de la défense commune fait taire tout d`un coup toutes le voix germanophobes. Un climat de volonté de rapprochement s`installe. (48) Dans la mesure où la phase du rapprochement constructif avance et que le marché commun et l`Euratom constituent des buts communs, l ´ opinion publique s`améliore énormement.

L`enthousiasme pour la France est à l`apogée en septembre 1962, quand de Gaulle fait son voyage triomphal en RFA. Cela est dû à son adulation théâtrale envers les Allemands Mais, aussi vite que s`installe un climat francophile en RFA, l`admiration de la voisine cède à l`enthousiasme pour les Etats-Unis.(49) . Le veto de de Gaulle à l`adhésion de l`Angleterre à la CEE suscite même une indignation énorme en RFA.(50) Ce qui s`y ajoute, c`est le manque de compréhension du Traité franco-allemand par la population. On a dans les deux pays un sentiment de malaise (51), qui plus tard est encore augmenté par le fait que de grandes parties du Traité ne sont jamais mises en pratique.(52)

Mais, tous ces vacillements de l`opinion publique ne cachent pas la tendance dominante de ces années. Réciproquement, l`opinion française et allemande s`améliore beaucoup, comme les tableaux suivants montrent bien (53):

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Quoique les anciens préjugés existent encore, à la base, les deux peuples se rapprochent très vite. On apprécie beaucoup la création de l`Office franco-allemand pour la jeunesse en 1963 qui continuera ce rapprochement pour les générations suivantes. Ainsi, la caricature suivante n`est pas seulement un matériel d`illustration éducatif, mais il reflète bien la vérité.

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Bibliographie:

- Ziebura, G., Die deutsch-französischen Beziehungen seit 1945, Verlag Günter Neske, 1997

(1) p. 36 ; (2) p. 37 ; (3) p. 61 ; (5) p. 69 ; (7) p. 74 ; (8) p. 80 ; (9) p. 81 ; (11) p. 97 ;

(12) p. 98 ; (14) p. 102 ; (17) p. 115 ; (17a) p. 119, 121, 122 ; (18) p. 121-124 ;

(21) p. 126-131 ; (22) p. 141 ; (23) p. 137-140 ; (24) p. 144 ; (25) p. 175 ; (27) p. 156 ;

(28) p. 155/156 ; (29) p. 159-160 ; (31) p. 162 ; (32) p.164 ; (34) p. 165 ; (37) p. 167 ;

(39) p. 166-171 ; (39a) p. 175 ; (41) p. 169-171 ; (42) p. 57 ; (43) p. 86 ; (44) p.68 ;

(45) p. 109 ; (46) p. 105/106 ; (47) p. 109 ; (48) p. 117-118 ; (49) p. 173) ; (50) p.166 ;

(51) p. 170 ; (52) p. 174 ; (53) p. 119-121

- 1948-1988, France-Allemagne, Un nouveau chapitre de leur histoire, Documentation, Europa Union Verlag, Bonn,1988

(4) p. 6 ; (6) p. 6 : (13) p. 10-12 ; (15) p. 14 ; (16) p. 16 ; (19) p. 18 ; (20) p. 20 ; (20a) p. 20 ; (26) p. 24 ; (28a) p.28 ; (30) p. 28 ; (33) p. 30 ; (35) p. 34 ; (40) p. 34

- Leblond, L., Le couple franco-allemand depuis 1945, Le Monde-Editions, 1997 (10) p. 261

- Fischer, W., Grundwissen Landeskunde La France, Ernst Klett Verlag, 1996 (36) p. 98

- Traité franco-allemand, La déclaration commune (voir le document à la page 23) (38)

Illustrations :

- Couverture, Rovan J., Zwei Völker Eine Zukunft, Piper, 1986
- Caricature, page 4, Le Figaro Magazine, 27 février 1999, Collection Viollet
- Tour Eiffel, page 5, Le Figaro Magazine, 27 février 1999, Collection Kharbine-Tapabor
- Adenauer, page 6, Ebert J., Das Jahrhundertbuch, ADAC Verlag, Bertelsmann Lexikon Verlag, 1999, p. 624
- de Gaulle, page 6, Ebert J., Das Jahrhundertbuch, ADAC Verlag, Bertelsmann Lexikon Verlag, 1999, p. 733
- Schuman, page 6, Das große Personenlexikon zur Weltgeschichte in Farbe, Band 2 L-Z, Chronik Verlag, 1983, p. 1236
- Monnet, page 6, Unser Jahrhundert im Bild, Bertelsmann Verlag, 1987, p. 727
- l `OTAN, page 8, Ebert J., Das Jahrhundertbuch, ADAC Verlag, Bertelsmann Lexikon Verlag, 1999, p. 688
- la Saar, page 10, Ebert J., Das Jahrhundertbuch, ADAC Verlag, Bertelsmann Lexikon Verlag, 1999, p. 716
- Trait é s de Rome, page 11, Ebert J., Das Jahrhundertbuch, ADAC Verlag, Bertelsmann Lexikon Verlag, 1999, p. 719
- Adenauer et de Gaulle, page 13, Unser Jahrhundert im Bild, Bertelsmann Verlag, 1987, p. 726
- Caricature d`Adenauer, page 14, Unser Jahrhundert im Bild, Bertelsmann Verlag, 1987, p. 592
- Signature du Trait é franco-allemand, page 16, 1948-1988, France-Allemagne, Un nouveau chapitre de leur histoire, Documentation, Europa Union Verlag, Bonn,1988, p. 33/34
- Caricature, page 18, Mots et contexte, Ernst Klett Schulbuchverlag, 1997, p. 176
- Caricature d`Erhard, page 18, Unser Jahrhundert im Bild, Bertelsmann Verlag, 1987, p. 594
- Caricature, page 21, Etudes Françaises Horizons, Ernst Klett Schulbuch Verlag, 1996, p. 180

Document:

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Final del extracto de 24 páginas

Detalles

Título
Les relations franco-allemandes entre 1949 et 1963
Calificación
12 Punkte
Autor
Año
2000
Páginas
24
No. de catálogo
V98337
ISBN (Ebook)
9783638967884
Tamaño de fichero
867 KB
Idioma
Alemán
Palabras clave
Punkte
Citar trabajo
Marion Schumacher (Autor), 2000, Les relations franco-allemandes entre 1949 et 1963, Múnich, GRIN Verlag, https://www.grin.com/document/98337

Comentarios

  • visitante el 14/6/2003

    Struktur?.

    Struktur ein bisschen unklar, aber sonst gut! Danke!

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Título: Les relations franco-allemandes entre 1949 et 1963



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